Récit des FAC | Je suis une femme

Vidéo / Le 17 mars 2023

Transcription

(BG) J'ai écrit un poème, le titre était « Note de suicide ». Dans ce poème, je m'excusais à mes enfants et je m'excusais à mon épouse. Parce que je savais que je ne pouvais plus vivre…parce que je suis une femme.

Et je reconnais que c'est inacceptable, que le monde ne comprendra pas, et pour cette raison, je mourrai probablement.

La puberté a été assez déconcertante pour moi. Les changements qui se produisaient en moi ne reflétaient pas vraiment ce que je ressentais. Je savais que j'étais différente. J'ai toujours été… je me suis toujours sentie plus à l'aise avec des formes féminines. Je me suis vraiment acharnée à le réprimer. Je me suis vraiment acharnée à le cacher.

Je ne révélais pas aux gens ce contre quoi je me battais; mais, j'ai trouvé des façons de m'exprimer d'une manière qui était sécuritaire.

(BG) [Rire] J'adorais vraiment la musique punk. J'étais le chanteur d'un groupe de musique punk, et une partie de ce personnage punk sur scène était que je portais une jupe et des collants. Je me sentais moi-même de cette façon.

Ce n'est qu'à 35 ans que je me suis rendu compte que ça n'allait pas s'en aller, et à 40 ans, c'est devenu une crise. Il n'y a pas si longtemps que… que… eh bien, non, mon épouse le savait à ce moment-là, mais vraiment, il semblait que ça ferait tout simplement partie de ma vie privée.

On n'avait pas encore atteint un certain niveau d'éducation sur l'identité et l'expression de genre. Ce n'est qu'à 43 ans que j'ai été en mesure de dire : c'est quelque chose que je vais faire. Je vais faire mon coming out public.

Cette vie qu'on nous a tous donnée se trouve entre nos mains. [traduction]

(BG) C'était terrifiant, et ce qui m'a véritablement surprise, mais aussi bouleversée, c'est qu'autant de personnes m'ont acceptée, parce que je m'étais moi-même rejetée pendant SI longtemps. Lorsque j'ai fait mon coming out à ma famille, à mes enfants en particulier, les deux plus vieux m'ont acceptée immédiatement. Mon plus jeune a été très affecté, mais vous savez, il ne lui a pas fallu très longtemps pour m'appeler « maman ».

La vérité, c'est que la vaste majorité des personnes transgenres n'ont pas le même soutien que j'ai. La plupart d'entre elles perdent leur mariage, et plusieurs perdent même leur famille et leurs amis. J'ai de la chance. Je pensais vraiment que tout le monde allait me rejeter. Je suis toujours mariée. Je pensais aussi que j'étais la seule, ce qui est bizarre puisque je suis arrivée à Kingston et, vous savez, il y a bon nombre de militaires transgenres ici.

C'était vraiment libérateur pour moi. Ça m'a permis, pour la première fois de ma vie, de sortir de cette boîte qui n'était pas pour moi.

Ce que j'apporte aux élèves-officiers ici est la même chose que tout autre aumônier leur apporterait. La plupart des élèves-officiers à qui je parle ne me voient pas comme une personne transgenre, en fait. Ils me voient comme une aumônière. Pour moi, c'est une véritable leçon d'humilité de pouvoir être ici pour discuter avec des gens de leurs préoccupations, de leurs craintes.

Faire connaître nos défis nous rend plus forts, et je souhaite que le fait d'être une aumônière transgenre envoie un message à la communauté 2 E L G B T Q I + : vous êtes importants pour le Service de l'aumônerie royale canadienne. Cette communauté lui importe. Je sais que l'aumônier général veut savoir si des aumôniers continuent de discriminer la communauté 2 E L G B T Q I +.

Je pense que nous sommes sur la bonne voie; mais je pense que le progrès est fragile, et je pense aussi qu'il y a beaucoup de douleur. Je souhaite que… je souhaite que nous puissions honorer cette douleur et que nous tentions de ne plus l'infliger.

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