Transcription
Je suis la capitaine Leslie Anne Bailliu et je travaille comme médecin militaire dans les Forces armées canadiennes.
Je venais de terminer mon cours de médecine opérationnelle de l’air et j’étais de retour à la clinique de l’hôpital Montfort pour trois jours. Quand je suis partie le vendredi, c’était tranquille. Puis, j’ai reçu un appel vendredi soir pour m’informer que je devais me rendre lundi à la clinique de dépistage de la COVID au Centre médical de la Défense nationale, et que nous allions procéder à l’évaluation de tous les membres des Forces armées canadiennes qui présentaient des symptômes de la COVID.
Nous examinons les militaires et nous prélevons un échantillon au besoin. Si nous déterminons qu’il ne s’agit pas de la COVID, nous posons un diagnostic et nous leur prescrivons un traitement pour qu’ils se rétablissent.
Je crois que j’étais surtout contente de faire partie de la solution. J’aime vraiment prendre soin des gens, être auprès d’eux et me trouver au cœur de l’action. Je pense aussi que ma plus grande crainte n’était pas d’attraper la COVID, mais bien de ramener le virus et de le transmettre aux gens que j’aime. Il a certainement été question que je m’installe dans un Airbnb ou que je loue un logement pour la durée de ce travail afin d’éviter que mes proches soient contaminés.
Le virus de la COVID est invisible. On peut se trouver à proximité en tout temps. Je dois avouer quelque chose : j’étais au Mali l’an dernier et nous nous trouvions dans une zone dangereuse. J’avais en tout temps mon pistolet de 9 mm chargé avec moi, mais je crois tout de même que je me sentais plus en sécurité là-bas qu’ici!
Nous formons une équipe; ce sont pratiquement toutes les mêmes personnes qui travaillent ici depuis mars et nous avons vraiment appris à nous connaître les uns les autres et à nous appuyer. Quelques-uns d’entre nous ont perdu des proches qui vivaient dans des établissements de soins de longue durée. Nous étions donc là pour nous soutenir mutuellement.
Mon partenaire, le Dr Micevski, et moi faisons le point sur la situation chaque matin et nous veillons à offrir notre aide, à favoriser la compréhension et à renforcer la confiance. Mais c’est plaisant; c’est une façon pour nous de préserver en quelque sorte cette unité familiale et le très bon fonctionnement de cette équipe.
C’est malheureux que la pandémie soit survenue et je sais que beaucoup de gens ont été infectés, sont tombés malades… Il y a eu beaucoup de décès, beaucoup de morts dans les établissements de soins de longue durée, mais j’ai fait le choix de devenir professionnelle des soins de santé et médecin militaire pour pouvoir vraiment aider les gens, les soutenir dans leur rétablissement, leur fournir un diagnostic, les appuyer sur le plan de la santé mentale et les guider vers la guérison.
Je crois qu’il faut simplement prendre conscience que la vie est précieuse. Nous devons profiter de la vie au jour le jour. Même si la possibilité d’attraper la COVID nous stresse, tout cela est dans l’avenir et nous devons vraiment tenter de vivre pleinement le moment, quel qu’il soit. Que ce soit ici à la clinique ou à la maison avec ma famille, c’est réellement ça qui compte : profiter du moment présent.