Récit des FAC | Une mer terrifiante, mais magnifique
Transcription - Une mer terrifiante, mais magnifique
Il y avait des gens qui pleuraient, et d’autres qui criaient, qui hurlaient. J’ai pensé en moi-même que c’était la fin. Je me suis dit : « Je vais mourir ici ».
Je suis la capitaine de corvette Kim Poirier. Je travaille actuellement dans l’équipe du Directeur – Stratégie de la Marine.
Mon père était un riche entrepreneur. Suite à la guerre du Vietnam, il ne voulait pas s’enfuir, car il croyait qu’il n’était qu’un homme honnête menant des affaires honnêtes. De nombreuses familles riches avaient vu leurs biens confisqués.
Je me rappelle très bien ce jour-là. Un gros camion s’est arrêté devant notre commerce. Nous avons été rassemblés et envoyés dans une ferme pour travailler parmi les paysans, selon le principe que tous les gens sont égaux.
Mon père a réalisé que notre survie était en jeu. Il a finalement décidé que nous allions fuir le Vietnam en famille.
Nous avons traversé des champs. Il s’est mis à pleuvoir et à tonner. Je me rappelle que mon cousin a dit : « Tu dois être brave. Tu ne dois pas pleurer, car il ne faut pas qu’on nous entende. »
Nous sommes éventuellement montés à bord d’un navire. Il était très tard dans la nuit, et nous avons mis les voiles. Il y avait des gens qui pleuraient, et d’autres qui criaient, qui hurlaient. J’ai pensé en moi-même que c’était la fin. Je me suis dit : « Je vais mourir ici ».
Il y a eu ce que je crois être des pirates à bord. Des gens sont venus nous voler. Ma mère a dû leur donner son jonc de mariage.
Nous avons ensuite atteint une plateforme pétrolière, mais le personnel ne voulait pas nous laisser monter. Nous avons refusé de partir. Nous voulions monter à bord de la plateforme.
Les responsables du périple ont décidé de saborder le navire. Le personnel de la plateforme n’allait pas simplement laisser les gens périr, non?
Les responsables ont donc fait des trous dans le navire et informé le personnel de la plateforme pétrolière que nous allions couler. À contrecœur, le personnel nous a laissés monter à bord, puis le navire a coulé. Un navire de charge est ensuite passé et nous a conduits vers une île de la Malaisie.
Je me souviens d’avoir rencontré des représentants officiels qui nous ont demandés : « Voulez-vous aller au Canada? » On nous a dit : « Ne faites que hocher la tête ». Alors nous avons répondu : « Oui, oui, nous voulons aller au Canada ».
Je me rappelle très clairement le jour où nous sommes arrivés à St-Walburg, en Saskatchewan. Tout était blanc. Je voyais de la neige dans les arbres. C’était très beau.
C’est peut-être mon subconscient, mais j’ai choisi la Marine, car même si j’ai vécu une expérience terrifiante en tant que réfugiée de la mer, la beauté de la mer... est tout simplement indescriptible.
C’est tellement enrichissant d’être en déploiement. On contribue à aider les gens.
Tirez profit de ce que vous avez, soyez-en reconnaissant et si vous le pouvez, redonnez à la communauté.
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