Récit des FAC | Le petit garçon qu’elle n’oubliera jamais

Transcription

Encore aujourd’hui, j’aimerais savoir s’il s’appelle toujours Samuel. Si au moins je connaissais son nom de famille, je pourrais savoir s’il s’en est bien tiré. Ce petit garçon-là… je ne l’oublierai jamais.

Je me souviens de n’avoir vu que des décombres. C’était un désastre. Je me rappelle d’avoir regardé par le hublot au moment de l’atterrissage et d’avoir pensé : « Wow! Dans quoi nous embarquons-nous?

Je suis arrivée à Haïti quatre jours après le tremblement de terre. Nous nous sommes installés dans ce qui restait de l’aérodrome. Nous avons pu en

utiliser une partie pour faire un genre d’aérogare de passagers.

Je pense que c’était alors la seule façon d’entrer au pays.

Quelques orphelinats administrés par le Canada se trouvaient à proximité. Beaucoup d’adoptions avaient lieu à ce moment-là parce que de nombreux enfants avaient perdu leurs parents lors du tremblement de terre, et ces enfants-là s’en allaient principalement au Québec. Nous avons donc fait atterrir quelques hélicoptères qui sont venus chercher les enfants pour les amener à l’ambassade de Port-au-Prince, puis au Québec, pour qu’ils soient adoptés.

Je suis certaine que les enfants haïtiens avaient peur. Plusieurs avaient la jambe ou le bras cassé. Ils ne savaient pas trop non plus quoi faire en cas de séisme. C’est donc l’un des domaines dans lesquels les militaires canadiens les ont aidés : l’évacuation, les exercices, des choses du genre…

Nous étions si fatigués et, comment dire, épuisés après avoir passé autant de temps là-bas.

Puis ces enfants sont venus et nous étions tous tellement contents qu’ils soient là. Nous voulions jouer avec ces enfants. Ça a été un moment de pur bonheur pour nous.  Jouer avec les enfants nous a complètement remonté le moral.

Samuel est le petit garçon avec lequel j’apparais dans la photo publiée dans plusieurs journaux. Il avait deux ans et demi, presque trois à l’époque, et il a été adopté par une famille de Montréal.

Nous lui avons donné un t-shirt portant l’inscription « J’aime le Canada » et nous avons rempli à ras bord son petit sac à dos d’articles puisés dans nos colis réconfort, comme de la réglisse, des suçons et d’autres trucs du genre.

Il avait très peur de monter à bord de l’hélicoptère au moment de partir, mais vous savez, c’était un enfant qui aimait les câlins et je crois qu’il voulait simplement qu’on le prenne dans nos bras et qu’on le serre. Il n’avait pas du tout peur d’aller vivre avec des étrangers. Je pense qu’il voulait seulement une maman.

Si Samuel ou n’importe quel autre enfant en provenance de ces orphelinats regarde cette vidéo, je leur demanderais de se souvenir des Canadiens qui sont venus dans leur pays et qui les ont aidés. J’espère qu’ils se souviendraient de nous.

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