Frederick Albert Tilston

Comme l’indique l’extrait suivant du London Gazette, Frederick Albert Tilston est récipiendaire de la Croix de Victoria. Cette médaille est décernée pour un acte de bravoure remarquable, un acte de vaillance ou d’abnégation audacieux ou extraordinaire, ou un dévouement extrême au devoir face à l’ennemi.

Croix de Victoria - Seconde Guerre mondiale, 1939-1945

Frederick Albert Tilston

Frederick Albert Tilston naît à Toronto, en Ontario, le 11 juin 1906. Il sert avec l'Essex Scottish Regiment durant la Seconde Guerre mondiale. Avant de se voir décerner la Croix de Victoria, le Major Tilston avait déjà été blessé à deux reprises : la première fois à l’entraînement, et la deuxième fois par une mine terrestre durant les combats autour de Falaise, en France, à l’été de 1944.

Fin février, début mars 1945, la 1re Armée canadienne lutte afin d’éliminer la résistance ennemie dans la forêt de Hochwald, dernière position défensive de l’Allemagne sur la rive occidentale du Rhin. En fait, les défenses de Hochwald protègent une voie d’évasion vitale pour les forces terrestres allemandes qui cherchent à battre en retraite en traversant le fleuve. Tôt le matin du 1er mars 1945, soutenu par un tir d’artillerie et un escadron de chars du Sherbrooke Fusiliers Regiment, l'Essex Scottish Regiment attaque la partie nord de la forêt. Sur le flanc gauche de l’attaque, le Major Tilston fait franchir à la Compagnie « C » un terrain découvert de 500 mètres suivi de 3 mètres de fils barbelés pour se rendre à la première ligne de tranchées ennemies, à l’orée du bois. La progression se fait malgré un tir de mitrailleuse intense et sans l’appui des chars, en raison du terrain mou. Bien que blessé à la tête, le Major Tilston est le premier à pénétrer dans les tranchées allemandes, utilisant une grenade pour réduire au silence une mitrailleuse qui retarde la progression d’un de ses pelotons. Il continue avec sa compagnie à attaquer et à dégager la deuxième ligne des défenses ennemies et subit une deuxième blessure à la cuisse. Alors qu’ils s’emploient à occuper ce deuxième objectif, les hommes du Major Tilston renversent les positions de poste de commandement de deux compagnies de parachutistes allemands qui défendent la forêt. Cependant, avant que le reste de la Compagnie « C » ne puisse renforcer sa position, les Allemands contre-attaquent, abondamment soutenus par des tirs de mitrailleuses et de mortiers. Le Major Tilston se déplace calmement à découvert, d’un peloton à l’autre, au milieu d’un intense tir ennemi, et organise la défense. À six autres reprises, il brave le feu intense afin de transporter des munitions et des grenades qu’il obtient d’une compagnie de l’Essex à proximité et dont ses hommes ont grand besoin. Quand il est blessé plus gravement aux jambes, le Major Tilston refuse les soins médicaux jusqu’à ce qu’il ait transmis le plan de défense au seul officier qui reste et qu'il l'ait convaincu de la nécessité de tenir la position. Ce n’est qu’après s’être acquitté de ces tâches qu’il abandonne le commandement. La position est conservée. Pour le courage et le leadership exemplaires dont il a fait preuve à cette occasion, le Major Tilston mérite la Croix de Victoria.

Le Major Tilston s’éteint à Toronto, en Ontario, le 23 septembre 1992.

Citation

La 2e Division canadienne s'est vu confier la tâche de défoncer la ligne de défense très fortifiée de la forêt de Hochwald. Cette ligne couvre Xanten, dernier bastion allemand situé à l'ouest du Rhin protégeant la voie d'évasion vitale du pont de Wesel.

L'Essex Scottish Regimenta reçu l'ordre de briser la ligne de défense située au nord-est d’Udem et de dégager la moitié nord de la forêt, où passera le reste de la brigade.

À 7 h 15, le 1er mars 1945, l'attaque est lancée, mais en raison du sol mou, on juge qu'il est impossible de la soutenir avec des chars comme prévu.

Franchissant quelque 500 verges de champ plat et exposé au tir intense de l'ennemi, le Major Tilston dirige personnellement sa compagnie au cours de l'attaque, restant dangereusement près de nos propres obus de manière à obtenir la protection maximale du barrage. Malgré une blessure à la tête, il continue à faire avancer ses hommes, à travers des barbelés de 10 pieds de profondeur jusque dans les tranchées ennemies en criant ses ordres et ses encouragements et en se servant très efficacement de son pistolet-mitrailleur Sten. Lorsque le peloton de gauche est assailli par un tir nourri de mitrailleuse ennemie, il se précipite lui-même pour la réduire au silence avec une grenade. Il est le premier à atteindre la position ennemie et il capture le premier prisonnier.

Résolu à maintenir l'élan de l'attaque, il ordonne au peloton de réserve d’éliminer ces positions et, avec un courage exceptionnel, il se rend avec sa force principale jusqu'à la deuxième ligne des défenses ennemies, situées à l'orée de la forêt.

En s'approchant de la forêt, il est blessé gravement à la hanche et tombe au sol en criant à ses hommes de poursuivre l'attaque sans lui et en leur ordonnant de pénétrer dans la forêt. Il réussit à se relever et à les rejoindre au moment où ils atteignent les tranchées de leur objectif. Là, un réseau complexe de tranchées et d'abris souterrains est infesté de soldats ennemis et un violent corps à corps s'ensuit. Malgré ses blessures, sa volonté inflexible de se battre contre l'ennemi est une source d'inspiration extraordinaire pour ses hommes puisqu'il les amène à vider systématiquement les tranchées des forces qui résistent férocement. Lors de ce combat, les postes de commandement de deux compagnies allemandes sont envahis et les défenseurs fanatiques subissent de nombreuses pertes de vie.

Le combat est si âpre et la résistance de l'ennemi si sauvage que la compagnie ne compte plus que 26 hommes, soit le quart de son effectif de départ. Avant que la consolidation soit terminée, l'ennemi contre-attaque à plusieurs reprises, soutenu par un tir nourri de mortiers et de mitrailleuses provenant du flanc ouvert. Le Major Tilston se déplace rapidement d'un peloton à l'autre pour organiser leur défense et diriger le tir contre l'ennemi qui s'avance. Les attaques ennemies se rapprochent tellement des positions que des grenades sont lancées dans les tranchées occupées par ses troupes. Cependant, la confiance indéfectible et l'enthousiasme intarissable du major inspirent tellement ses hommes qu'ils résistent fermement à l'assaut alors que tout les défavorise.

Lorsque les provisions de munitions viennent à manquer sérieusement, il traverse à plusieurs reprises le champ de bataille sous le feu des balles, jusqu'à la compagnie à sa droite, pour apporter des grenades, des fusils et des munitions Bren à ses hommes et remplacer un appareil radio sans fil endommagé afin de rétablir les communications avec le poste de commandement du bataillon. Il effectue au moins six fois ce dangereux trajet, traversant chaque fois une route criblée par un tir nourri provenant de nombreux postes de mitrailleuses bien situés.

Lors de son dernier voyage, il est blessé pour la troisième fois, à une jambe cette fois. Il est retrouvé dans un cratère d'obus en bordure de la route. Très gravement blessé et à peine conscient, il refuse tous les soins médicaux avant d'avoir donné toutes ses instructions relativement au plan de défense, souligné la nécessité absolue de tenir la position et ordonné à son dernier officier de prendre sa relève.

En raison de son courage exemplaire, de sa bravoure et du mépris total qu’il affiche pour sa propre sécurité, le Major Tilston commande ses hommes avec une volonté inflexible. Grâce à la grande détermination de ceux-ci, le régiment a pu accomplir sa mission consistant à fournir à la brigade une base solide pour l’aider à lancer d'autres attaques réussies en vue de dégager la forêt et d’ainsi permettre à la division d'accomplir sa mission.

(London Gazette, no 37086, le 22 mai 1945)

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