Conseils de santé aux voyageurs
Mise à jour: février 28, 2006
Chaque année, des milliers de Canadiens en quête de soleil
rapportent de leur voyage davantage que de beaux souvenirs. Nausées,
crampes abdominales, vomissements et diarrhée peuvent être quelques
uns des effets désagréables d'un séjour sous les
tropiques. Bon nombre de voyageurs courent un risque élevé de
contracter une maladie gastro-intestinale dans une destination tropicale
ou sub-tropicale.
La diarrhée, aussi appelée « tourista »,
est le problème médical le plus fréquent des Canadiens
voyageant dans des pays en développement et autres destinations touristiques.
La diarrhée des voyageurs est une infection intestinale causée
par des bactéries, des parasites ou des virus transmis par l'eau
ou les aliments contaminés.
Les bactéries sont la principale cause des infections gastro-intestinales.
Les plus fréquentes sont Escherichia coli, Campylobacter jejuni et
des espèces de Salmonella et de Shigella. Les
bactéries Aeromonas,
Pleasiomonas et Yersinia et les espèces de vibrions autres
que celle causant le choléra sont parfois en cause tandis que la
bactérie Vibrio cholerae est rarement en cause.
Les parasites qui provoquent une diarrhée aiguë chez les voyageurs
sont notamment Giardia lamblia, entamoeba histolytica et cryptosporidium.
La giardiase est la forme la plus commune de diarrhée; elle peut
persister pendant plusieurs semaines après le retour du voyageur la maison.
Les novovirus sont des causes communes de gastroentérite virale
dans le monde. Ils sont présents toute l'année, mais ont une
activité accrue pendant l'hiver. Il est commun d'assister à des
flambées qui se produisent généralement là où de
nombreuses personnes sont rassemblées dans des endroits fermés
pendant de longues périodes (p. ex., dans des colonies de vacances,
des écoles, des centres d'hébergement et de soins de longue
durée et des paquebots de croisière). Au Canada, on a signalé des éclosions
dans divers types de milieux, notamment des départements d'urgence
d'hôpitaux, des résidences pour personnes âgées,
des garderies et des écoles.
Le tableau qui suit donne des exemples de cas de maladies diarrhéiques
(confirmés en laboratoire) observés chez des voyageurs canadiens
de retour au pays et signalés au Programme de médecine des
voyages de L'Agence de santé publique du Canada en 2003. Il
ne s'agit pas ici d'un rapport exhaustif mais cette liste est
présentée dans le but de souligner que les voyageurs canadiens
peuvent être affectés par des maladies diarrhéiques.
Causes de maladie diarrhéique
Pays où les
voyageurs ont contracté la maladie
Bactéries
Salmonella
Cuba, Mexique, République dominicaine, Indonésie,
Thaïlande, Sainte-Lucie, Costa Rica, Maroc, République
Tchèque, Pakistan, Inde, Népal, Bangladesh, El Salvador,
Hong Kong, Congo
Campylobacter
Cuba, République dominicaine, Mexique, Équateur,
Inde, Maroc, Roumanie
Shigella
Mexique, Cuba, Costa Rica, Inde, République dominicaine,
Congo, Inde, Chili
Yersiniaenterocolitica
Cuba, Équateur, Tonga
Vibrio
Cuba, République dominicaine, Mexique, Inde
Parasites
Giardia , Entamoeba, Cryptosporidium, Hymenolepsisana
Haïti, Brésil, Inde, Mexique, Thaïlande,
Roumanie
Source : Programme national de surveillance
des maladies entériques
Les épisodes de diarrhée chez le voyageur se présentent
habituellement de façon abrupte, soit pendant le voyage ou peu après
le retour à la maison. Quoique généralement bénigne
et se résorbant d'elle-même, la diarrhée du voyageur
peut nuire à la qualité des vacances ou à la réussite
d'un voyage d'affaires.
Il est possible d'éviter la diarrhée du voyageur.
Le risque de maladie dépend de la qualité et de la pureté des
aliments et de l'eau consommés et du recours à de bonnes pratiques
d'hygiène personnelle.
Maladie gastro-intestinale transmise par les aliments
Les aliments contaminés constituent la principale cause de diarrhée
chez les voyageurs. Les aliments à risque élevé sont
les crèmes pâtissières, les mousses, les salades de pommes
de terre, les sauces hollandaises, les mayonnaises et les fruits de mer.
Il est préférable
d'éviter les buffets à salades, les légumes crus et
les fruits qui ne peuvent être pelés facilement comme les
raisins, les fraises et les framboises. Le fait de goûter à des aliments
vendus dans la rue peut constituer une nouvelle expérience culturelle
pour le voyageur; toutefois, il faut toutefois se rappeler que nombreux
sont les postes de vente qui n'ont pas d'installations sanitaires
ou d'équipement de réfrigération adéquats
et que cela augmente, par le fait même, le risque de contracter la diarrhée
du voyageur.
Maladie gastro-intestinale d'origine hydrique
S'il est vrai que presque partout au Canada on traite l'eau
potable pour éliminer les micro-organismes qui pourraient causer
des infections, ce n'est pas toujours le cas dans d'autres pays.
Ainsi, si l'on utilise de l'eau non traitée pour laver
ou préparer des aliments, ces derniers risquent d'être contaminés
par des micro-organismes causant des maladies.
La diarrhée d'origine hydrique est généralement
causée par l'ingestion de virus ou de parasites présents
dans l'eau contaminée par des déchets fécaux
d'origine agricole ou humaine. L'eau est moins souvent en cause
dans la diarrhée du voyageur car la concentration des organismes
pathogènes est relativement moins élevée dans l'eau
que dans les aliments solides.
Prévention des maladies gastro-intestinales
Nombreuses sont les autorités nationales des pays où le tourisme
est important qui ont pris des mesures particulières pour minimiser le
risque des voyageurs de contracter une maladie gastro-intestinale. Les programmes
nationaux visant à améliorer les conditions peuvent inclure :
la formation des employés des sites touristiques et des hôtels
en vue d'instaurer des pratiques sanitaires de base et des procédures
sécuritaires de manipulation des aliments; des inspections sans préavis
des installations hôtelières visant tout particulièrement les
procédures de manipulation des aliments; des recommandations pour
chacun des hôtels et des sites touristiques inspectés.
Recommandations
L'agence de santé publique du Canada rappelle aux Canadiens
voyageant dans des climats tropicaux et subtropicaux et dans des pays en
développement qu'ils courent un risque élevé de
contracter une maladie gastro-intestinale. L'agence de santé publique
du Canada invite les voyageurs à consulter leur médecin ou
une clinique de médecine des voyages avant leur départ pour
connaître
les précautions à prendre relatives à l'eau et aux aliments.
L'Agence de santé publique du Canada rappellent également
aux voyageurs de suivre de strictes mesures d'hygiène, notamment
de bien se laver les mains. Puisque les microorganismes causant les maladies
se retrouvent fréquemment sur les mains, le moyen le plus important
de prévenir les infections demeure de bien se laver les mains avec
de l'eau chaude et savonneuse pendant au moins 20 secondes. Les
voyageurs peuvent aussi utiliser une solution antiseptique sans eau, à
base d'alcool.
L'Agence de santé publique du Canada recommande fortement
aux voyageurs d'observer les principes élémentaires
qui suivent concernant l'eau et les aliments afin de minimiser leurs
risques d'exposition à la maladie.
La consigne élémentaire dont il faut se rappeler est de « ne
rien ingérer qui n'ait été bouilli, cuit ou pelé »
Ne consommez que des aliments qui ont été bien cuits
et qui sont encore chauds lorsqu'on vous les sert.
Ne buvez que de l'eau purifiée qui a été bouillie
ou désinfectée avec du chlore ou de l'iode ou encore
de l'eau embouteillée commercialement dans des contenants
bien scellés.
Les boissons gazeuses sans glaçon, y compris les bières,
sont habituellement sûres.
Évitez les glaçons, à moins qu'ils aient été fabriqués
avec de l'eau purifiée.
Le lait non pasteurisé devrait être bouilli.
Évitez les produits laitiers non pasteurisés et la crème
glacée.
Évitez les aliments non cuits - tout particulièrement
les mollusques - et les salades. On peut habituellement manger sans
danger les fruits qui peuvent être pelés.
Évitez les aliments vendus dans la rue.
Lavez-vous les mains avant de boire ou de manger.
Les boissons sûres sont les boissons gazeuses, l'eau gazeuse
embouteillée, les jus de fruits embouteillés, les boissons
alcoolisées sans glaçon et les boissons chaudes comme
le thé. Au besoin, on peut purifier l'eau par la chaleur, la
filtration ou la désinfection chimique. Faire bouillir l'eau
est sans doute le meilleur moyen de la rendre potable. Le seul fait
d'amener l'eau à ébullition suffit pour tuer tous les
organismes communs qui peuvent causer la diarrhée du voyageur.
On rappelle également
aux voyageurs que l'abus de soleil, d'alcool ou de mets épicés
peut déranger leur
processus de digestion habituel. On recommande de se protéger
du soleil et d'éviter de consommer de l'alcool et des
mets épicés, ou d'en consommer avec modération.
Si vous souffrez de nausées, de crampes abdominales, de diarrhée
ou de vomissements pendant votre voyage ou à votre retour, vous devriez
consulter un médecin si les symptômes persistent pendant
plus de 48 heures ou si vous présentez une diarrhée
sanglante. La plupart des cas de diarrhée du voyageur guérissent
spontanément en quelques jours. La diarrhée peut causer
de la déshydratation si les fluides et électrolytes
perdus ne sont pas remplacés. La réhydratation est donc
l'aspect le plus important du traitement de la diarrhée et
il est essentiel d'augmenter sa consommation de liquides aux premiers
signes de diarrhée.
Le Comité consultatif de la médecine tropicale et de
la médecine des voyages (CCMTMV) de L'Agence de santé publique
du Canada recommande les solutions maison de réhydratation
orale suivantes :
Solutions maison de réhydratation
orale
Ingrédients
Quantité
Recette 1
Jus de fruit
Miel (pasteurisé)
Sel
Bicarbonate de soude
240 ml (1 tasse)
2,5 ml (½ c. à thé)
0,5 ml ( c c. à thé)
1 ml (¼ c. à thé)
Recette 2
Eau purifiée
Sel
Sucre
1 litre
5 ml (1 c. à thé)
40 ml (8 c. à thé)
* Il est généralement facile
de se procurer les Sels pour réhydratation orale de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) dans les pays en développement.
Source : Comité consultatif
de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, « Une
déclaration d'un comité consultatif (DCC) sur la diarrhée
du voyageur », RMTC, vol. 27 (DCC-3), le 15 mars
2001.
Les voyageurs peuvent apporter avec eux des médicaments antidiarrhéiques
en vente libre au cas où ils seraient malades. Plusieurs produits
sont disponibles. Le médecin ou la clinique santé-voyage peut
recommander le produit approprié. Imodium® (loperamide HCL)
est un agent antimotilité efficace pour diminuer la durée
et la gravité de la diarrhée dans les cas bénins
à modérés, et ce chez les adultes et les enfants âgés
de plus de deux ans. On doit cependant être prudent lors de l'administration
d'agent antimotilité aux enfants car le risque de complication
grave est accru chez ces derniers.
Le sous-salicylate de bismuth a des propriétés antisécrétoires,
antibactériennes et anti-inflammatoires; ce produit est également
efficace pour le traitement des cas bénins ou modérés
de diarrhée du voyageur chez les adultes. Cependant son efficacité peut
être retardée, exigeant la prise fréquente de
doses. En outre, si le voyageur prend de la doxycycline, un médicament
antibiotique pour la prévention du paludisme, il y aura interférence
avec l'absorption du sous-salicylate de bismuth.
Tout voyageur qui a de la fièvre et de la diarrhée pendant
son voyage ou à son retour d'une région où le paludisme
est endémique devrait subir une épreuve sanguine pour
exclure la présence de paludisme dans son système.
L'Agence de santé publique du Canada ne recommande pas la prise
d'antibiotiques à titre préventif. Toutefois, suite à une évaluation
des risques individuels encourus, un médecin pourrait prescrire des
antibiotiques à certains voyageurs à risque très élevé partant
pour un court laps de temps, tels que ceux chez qui une maladie ne peut
être tolérée, aux voyageurs ayant une susceptibilité accrue
à la diarrhée du voyageur et aux personnes immunodéprimées
ou qui souffrent d'une maladie chronique, au cas où ils auraient la
diarrhée ou une maladie gastrique dans un endroit où l'aide
médicale n'est pas disponible.
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