Votre Majesté,
Monsieur le Premier ministre,
Distingués invités,
Estimés anciens combattants,
Mesdames, Messieurs,
Merci à tous de nous honorer de votre présence.
Nous, les Canadiennes et Canadiens présents ici, sommes très loin de chez nous.
Mais aucun endroit au monde ne nous donne l’impression d’être plus canadiens.
Parce que nous sentons, autour de nous, la présence de nos aïeux.
En fermant les yeux, nous pouvons les voir vêtus de leur uniforme kaki, le fusil à l’épaule et coiffés du casque canadien typique à large bord.
Ils émergent des tranchées souillées. Parmi les squelettes d’arbres et les cratères d’obus inondés de sang, ils avancent laborieusement dans la boue épaisse pendant qu’éclate autour d’eux le vacarme horrible de la guerre.
Au dessus de leur tête, le Red Ensign flotte dans la brise.
Cent mille courageux canadiens se sont battus ici il y a quatre-vingt-dix ans. Trois mille cinq cent quatre-vingt-dix-huit y sont morts.
Chaque pays a une histoire de sa création. La Première Guerre mondiale et la bataille de la crête de Vimy sont un point tournant de l’histoire du Canada.
Parce que c’est ici, pour la première fois, que notre armée toute entière s’est battue sur un même champ de bataille.
Et le résultat fut une victoire spectaculaire, une percée formidable qui a changé le cours de la guerre en faveur des alliés.
La Somme, Ypres, Passchendaele, Beaumont-Hamel, sont toutes de grandes batailles bien connues des Canadiens et des Terre-Neuviens.
Mais Vimy est la plus connue de toutes.
Souvent, on comprend l’importance des événements une fois que l’histoire a été écrite.
Mais à Vimy, tout le monde a immédiatement compris l’ampleur de ce que les Canadiens avaient réalisé.
Le brigadier-général Alexander Ross a décrit de manière célèbre ce qu’il a vu en regardant le champ de bataille : « Le Canada de l'Atlantique au Pacifique défilait », selon lui « la naissance d'une nation ».
Un an après la fin de la guerre, Sir Arthur Currie, un brillant commandant canadien qui était à Vimy, a décrit la scène d’une autre façon dans un discours à l’Empire Club de Toronto.
« Avant 1914, le Canada était une nation d’immigrants […], mais les hommes qui vous reviennent aujourd’hui sont vos frères canadiens. » [traduction libre]
Les anciens combattants de Vimy ont transmis leur histoire à leurs enfants, et de génération en génération, nous la transmettons à nos enfants, dont les milliers qui sont ici avec nous aujourd'hui.
Certains d’entre eux reviendront ici un jour avec leurs enfants et leurs petits-enfants, car rien ne raconte l’histoire des Canadiens à Vimy lors de la Première Guerre mondiale avec autant d’éloquence et de puissance que cet extraordinaire monument de Walter Allward, un monument en l’honneur des 11 285 Canadiens qui ont péri en France et qui n’ont pas de tombe.
Il nous rappelle de l’immensité de leur sacrifice et l’ampleur de la tache qui nous incombe à tous de suivre leur exemple : aimer notre pays et défendre sa liberté pour toujours.
Walter Allward a dit que l’inspiration lui était venue dans un rêve.
Il y voyait des Canadiens combattre et mourir par milliers sur un vaste champ de bataille.
Puis, dans une avenue bordée d’immenses peupliers, une puissante armée venir à leur secours.
« C’étaient les morts qui se levaient en masse », a dit Walter Allward. « Ils couraient à l’aide des vivants.
« C’est ce que j’ai tenté d’évoquer dans ce monument en l’honneur des Canadiens tombés au combat – ce que nous leur devons, ce que nous leur devrons à jamais. » [traduction libre]
On dit parfois que les défunts parlent aux vivants.
En ce jour spécial, en cet endroit spécial, écoutons ensemble la dernière prière de ceux dont nous honorons le sacrifice aujourd’hui.
Nous les entendrons peut-être murmurer : « Parce que j’aime ma famille, mes camarades et mon pays, à jamais je défendrai leur liberté. »