le 01 juillet 2009, Victoria, Colombie-Britannique
Naguère, les astronomes étaient perçus comme des insomniaques solitaires fourbissant leur télescope. De nos jours cependant, la majorité d'entre eux poursuivent leurs travaux au sein d'" organisations virtuelles ", en l'occurrence de vastes groupes nationaux et internationaux composés d'une gamme de gens et d'institutions qui recourent à Internet pour troquer et traiter la somme considérable de données émanant des divers télescopes disséminés partout sur la planète.
Selon David Schade, responsable du Centre canadien de données en astronomie (CCDA) à l'Institut Herzberg d'astrophysique du CNRC (IHA-CNRC) de Victoria, le Canadian Advanced Network for Astronomical Research (CANFAR) adaptera les installations de calcul scientifiques existantes au Canada afin de rendre ces collaborations virtuelles encore plus productives pour les astronomes des universités du pays. L'Université de Victoria et l'Université de la Colombie-Britannique sont d'importants partenaires dans ce projet, que pilote Chris Pritchet, professeur à l'Université de Victoria.
" À l'échelon international, l'astronomie dispose d'une infrastructure très bien développée lui permettant de gérer les technologies de l'information, la documentation et les publications, ainsi que les données directement issues des télescopes, explique M. Schade. Les astronomes ont pour politique de partager très librement leurs données. "
Cependant, le volume de données numériques échangées en astronomie est énorme, et il ne cesse de prendre de l'ampleur. Partager et traiter efficacement une telle masse de données est la condition essentielle à la réalisation de nouvelles découvertes. Autrefois, les grands observatoires ne produisaient que quelques clichés au cours d'une nuit, mais ils recueillent désormais chaque nuit quelque 100 gigaoctets de données brutes.
Le CCDA est actuellement le plus grand centre de données astronomiques au monde pour ce qui est du volume. En effet, il détient environ 400 téraoctets de données (un téraoctet équivaut à 1 000 gigaoctets) et 2 téraoctets de données s'y ajoutent chaque semaine. Tous les ans, le CCDA dessert approximativement 2 500 astronomes professionnels - soit le quart des astronomes dans le monde.
Le Canada a déjà assemblé une puissante infrastructure de calcul scientifique en connectant les réseaux régionaux et nationaux à celui de CANARIE, qui raccorde les universités, les laboratoires gouvernementaux, les instituts de recherche et d'autres organismes. Selon M. Schade, CANARIE est un " fabuleux réseau de recherche ", car il permet aux scientifiques canadiens de partager installations et services en réseau.
Les astronomes espèrent que Canadian Advanced Network for Astronomical Research (CANFAR) leur permettra de reconfigurer virtuellement leur accès à la grille de calcul via CANARIE, de sorte qu'ils pourront échanger et traiter les données presque immédiatement et de manière interactive. Canadian Advanced Network for Astronomical Research (CANFAR) agira à la manière d'une plaque tournante donnant accès à la grille de calcul. Cela s'avère nécessaire, car la plupart des astronomes traitent leurs données au moyen de logiciels spéciaux consacrés à cette tâche. Il s'agit de logiciels qu'ils ont bâtis et perfectionnés eux-mêmes à grand-peine, parfois au terme de plusieurs années de labeur, et qui ne peuvent être exploités directement sur la grille.
Canadian Advanced Network for Astronomical Research (CANFAR) deviendrait une sorte de pont virtuel - de trait d'union - entre les puissants systèmes et réseaux informatiques de CANARIE, d'une part, et les logiciels des astronomes, d'autre part. Par la même occasion, il accroîtrait l'efficacité des installations actuelles de réseautage et de stockage des données de CANARIE grâce à un effet de levier, laissant les astronomes utiliser leurs propres systèmes sur de l'équipement plus performant.
À l'étape pilote, on s'efforcera de répondre aux exigences de trois projets prioritaires de l'astronomie virtuelle. Une fois bien rodé, le système principal sera petit à petit élargi à l'ensemble des utilisateurs canadiens. Canadian Advanced Network for Astronomical Research (CANFAR) trouvera alors sa juste place dans le " mouvement des observatoires virtuels " articulé sur Internet, qui se dessine dans le monde et définira les normes internationales en vertu desquelles on recourra aux ressources informatiques en réseau du monde entier pour faire progresser l'astronomie.
" D'importants éléments de l'infrastructure astronomique sont déjà en place, affirme M. Schade. Il reste à les réunir. Nous disposons d'une infrastructure fantastique, d'un réseau et d'organisations virtuelles. Il n'y a plus qu'à réunir ces dernières par l'Internet à haute vitesse. Si le projet réussit, nous aurons un moyen très économique de diffuser des données d'une valeur considérable aux astronomes poursuivant des recherches dans les universités. "