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Le présent rapport est le fruit du travail entrepris dans le cadre de l'enquête indépendante sur la listériose, qui a été commandée afin que l'on examine les facteurs qui ont contribué à l'éclosion de listériose de 2008. Cet événement tragique a touché gravement 57 personnes vulnérables et a coûté la vie à 221 Canadiens.
L'enquêteure indépendante, chargée d'examiner la façon dont l'éclosion est survenue et les raisons connexes, et de formuler des recommandations sur les mesures qui peuvent être prises pour prévenir un incident similaire à l'avenir, a été nommée en janvier 2009. L'objectif premier était de trouver des réponses à ces questions pour les familles et les amis des victimes, ainsi que pour les autres personnes qui ont été directement touchées par cette crise. Pour comprendre le processus qui a mené à la production du présent rapport, veuillez lire l'introduction, car elle décrit les étapes de cette enquête et la meilleure façon de prendre connaissance de l'ensemble du rapport. Les efforts déployés dans le cadre de cette enquête ont été complétés par le précieux travail accompli par le Sous-comité de la Chambre des communes sur la salubrité des aliments, qui a également examiné de nombreux aspects de ce dossier important.
« Selon toute vraisemblance, l'éclosion de listériose n'aurait pas pu être causée par un seul élément; c'est pourquoi chaque composante du système de la salubrité des aliments doit être aussi efficace que possible. »
Dr John Carsley
Médecin conseil en santé publique pour la Vancouver Coastal Health Authority (Colombie-Britannique)
Membre du Groupe d'experts conseil de l'enquête sur la listériose
Ce rapport décrit la suite des événements qui a mené au rappel de 191 produits de viande fabriqués à l'usine de transformation des Aliments Maple Leaf du chemin Bartor . Il détermine également dans quelle mesure les organismes fédéraux et leurs partenaires de la salubrité des aliments sont intervenus efficacement. Il relève de plus les pratiques exemplaires d'autres autorités compétentes qui ont été intégrées dans les recommandations.
Le rapport met surtout l'accent sur les secteurs qui doivent être améliorés sans délai, formulant des recommandations qui appellent l'adoption de mesures concrètes. L'enquête exige des gouvernements et de l'industrie qu'ils prennent rapidement des mesures adéquates pour qu'une tragédie similaire ne se répète pas.
Puisque ces points clés, comme le rapport complet, doivent répondre aux questions d'un large éventail de publics cibles - des chercheurs et professionnels de la santé, journalistes et parlementaires (et fonctionnaires), aux membres de l'industrie de l'alimentation et aux familles - ils mettent en évidence nos principales constatations et renvoient aux principales recommandations qui sont dignes d'intérêt pour tous les Canadiens. Dans le but d'orienter les lecteurs, les nombres entre parenthèses correspondent aux recommandations énoncées dans la section intitulée « Liste de toutes les recommandations », ainsi que dans l'ensemble du rapport.
Pourquoi est-ce important?
Les éclosions de maladie d'origine alimentaire comme celle de 2008 ne surviennent pas souvent au Canada. On a toutefois constaté une augmentation constante de cas de listériose au cours des dernières années. Depuis 2005, le nombre de cas de listériose signalés par année au Canada a doublé. Les personnes âgées sont parmi les gens les plus à risque de contracter la maladie - l'un des segments de la population canadienne qui croît le plus rapidement. Près de 40% des personnes affectées par la listériose lors de la crise de 2008 sont décédées de la maladie. La moyenne d'âge des personnes dont le décès est directement ou indirectement attribuable à la listériose était de 76 ans.
De plus, près de 80% des personnes qui ont contracté la listériose séjournaient dans un établissement de soins de longue durée ou avaient été admises dans un hôpital qui servait de la charcuterie contaminée provenant d'emballages surdimensionnés de produits fabriqués spécialement pour ces établissements.
Les risques de maladie d'origine alimentaire sont aussi plus élevés qu'auparavant. L'agriculture et la transformation alimentaire à grande échelle, ainsi que les répercussions de la mondialisation, qui donnent aux consommateurs accès à des aliments provenant de partout dans le monde, augmentent les risques de contamination. En outre, il est aujourd'hui plus difficile de retracer la source d'une maladie d'origine alimentaire, car, dans le passé, les éclosions étaient habituellement associées à des sources alimentaires locales.
Une maladie complexe
D'abord, la listériose peut être difficile à détecter. Les premiers symptômes de la maladie apparaissent entre trois et soixante-dix jours après qu'une personne ait consommé un aliment contaminé. Ensuite, les symptômes sont difficiles à reconnaître, car ils ressemblent à ceux de la grippe. C'est souvent uniquement lorsque les gens sont gravement malades que des analyses de laboratoire sont effectuées et qu'un résultat positif confirme qu'une personne est atteinte de la maladie. Contrairement à une série télévisée, où les analyses scientifiques donnent des résultats instantanés, il peut s'écouler plusieurs jours avant que les résultats des empreintes génétiques de la bactérie soient disponibles.
Le plus grand défi consiste à associer la maladie à la consommation d'un aliment en particulier, un processus qui peut prendre plusieurs semaines. De multiples analyses sont nécessaires, exigeant souvent les services de laboratoires spécialisés et, par conséquent, une coopération intergouvernementale. Les collectivités ne sont pas toutes équipées pour effectuer les analyses qui permettent de confirmer qu'il s'agit bien de la listériose et, si c'est le cas, que c'est un aliment particulier qui est contaminé. Il est important d'effectuer des analyses et de produire des résultats rapidement pour que les enquêteurs en matière de santé publique et de salubrité des aliments puissent identifier la maladie exacte et sa source dans le cadre d'une urgence alimentaire nationale. En raison de la fréquence de plus en plus grande des maladies d'origine alimentaire, il s'agit d'un élément tout aussi important pour tous les Canadiens.
By Symptom Onset Date or Estimated Date
Comment le système canadien de salubrité des aliments fonctionne-t-il?
Une urgence alimentaire est complexe en raison des différents secteurs concernés et de la façon dont les systèmes canadiens de salubrité des aliments et de santé fonctionnent. Il y a de nombreuses étapes et personnes concernées à chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, y compris les consommateurs.
Trois ordres de gouvernement sont chargés de superviser les activités de tous ces groupes, chacun ayant des responsabilités différentes en matière de santé publique et de salubrité des aliments. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de même que les entités locales administrent leurs lois et règlements respectifs et utilisent leurs propres systèmes et procédures.
Au sein du gouvernement fédéral, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) et l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) se partagent la responsabilité de la salubrité des aliments. Des fonctions similaires sont aussi assumées à l'échelon provincial et, parfois, à l'échelon local. Par conséquent, il est important d'établir des relations de travail étroites et de définir clairement les voies hiérarchiques et de communication lors d'une urgence alimentaire.
étant donné qu'il est exceptionnellement complexe de coordonner les mesures d'intervention en cas d'une éclosion de maladie d'origine alimentaire à l'échelle nationale, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont adopté un protocole conjoint, le Guide d'interventions lors d'éclosions d'intoxication alimentaire, qui définit les rôles et les responsabilités de chacun lors d'une enquête et de la supervision d'une urgence nationale en santé. Il a été mis en place à la suite d'une urgence alimentaire nationale antérieure.
Comment les événements se sont-ils déroulés?
Avec le recul, nous avons réussi à comprendre les mesures prises quotidiennement, étape par étape, au cours de l'urgence. Une version abrégée de la chronologie, que l'on trouve au chapitre 6 (« Comment les événements se sont-ils vraiment déroulés? »), ainsi qu'une version détaillée (annexe B), ont été préparées pour orienter les lecteurs.
Dates clés de l'éclosion
De février à juillet (2008) - On obtient sporadiquement des résultats positifs de dépistage de la bactérie Listeria à l'usine de transformation du chemin Bartor.
3 juin - Premier cas connu de la maladie chez l'humain associé à l'éclosion de listériose.
17 juin - Premier décès associé à la listériose à la suite de la consommation d'un aliment contaminé fabriqué par les Aliments Maple Leaf.
10 juillet - Les deux premiers cas de listériose sont confirmés au moyen des empreintes génétiques.
18 juillet - Les Aliments Maple Leaf est identifié pour la première fois comme la source possible des produits alimentaires contaminés.
22 juillet - Onze échantillons d'aliments provenant d'un centre de soins de longue durée de Toronto sont envoyés aux fins d'analyse.
29 juillet - Plus du double du nombre de cas de listériose habituel (24 par opposition à 11 prévus) sont signalés par près de la moitié des services de santé publique de l'Ontario.
4 août - Les échantillons d'aliments provenant d'un centre de soins de longue durée obtiennent des résultats positifs à l'épreuve de dépistage de la Listeria monocytogenes
7 août - L' ACIA lance une enquête sur la salubrité des aliments.
12 août - Les empreintes génétiques de cas signalés dans plusieurs provinces correspondent.
13 août - Les Aliments Maple Leaf demande à leurs distributeurs de retenir certains produits.
16 août - L'ACIA confirme la présence de la Listeria monocytogenes dans des produits des Aliments Maple Leaf (Sure Slice).
Quels sont les résultats de l'enquête?
Avec le recul, il est facile de voir les différentes variables qui ont créé les conditions à l'origine de l'éclosion de listériose (chapitre 5). La Listeria a déjoué les efforts déployés par tous ceux chargés de prévenir l'introduction de la bactérie dans l'approvisionnement alimentaire, y compris les travailleurs qui ont tenté de maîtriser la situation à l'usine de transformation des Aliments Maple Leaf du chemin Bartor. Elle a également échappé aux systèmes de surveillance mis en place par les Aliments Maple Leaf et le gouvernement fédéral (ACIA). Par conséquent, les segments de la population les plus vulnérables ont été exposés à ses effets néfastes et parfois mortels.
Lorsque les gens sont tombés malades, il a fallu surmonter de nombreux obstacles afin de gérer cette urgence qui a frappé en plein été. Cette crise a réuni plusieurs compétences et deux secteurs du gouvernement fédéral qui n'ont pas l'habitude de travailler en étroite collaboration sur une base quotidienne : le secteur de la santé publique et celui de la salubrité des aliments. En ce qui concerne le secteur de la santé publique, l'objectif premier consiste à déterminer ce qui rend les gens malades. Quant au secteur de la salubrité des aliments, son objectif premier consiste à déterminer le produit alimentaire à l'origine de la maladie afin que le bon aliment soit retiré du marché. Ces éléments, conjugués à la rareté de ce type d'urgence, ont rendu plus difficile la gestion de cet événement (chapitres 7 et 8).
à la lumière d'une analyse approfondie et des conseils de cinq autorités en matière de salubrité des aliments et de santé publique, l'enquête a révélé des points faibles, résumés ci-après, dans quatre secteurs importants du système de salubrité des aliments. Notre analyse a aussi permis de cibler d'autres points à améliorer, qui sont énumérés dans les différentes recommandations.
1. La haute direction des secteurs public et privé doit mettre l'accent sur la salubrité des aliments.
Voici nos principales constatations :
Aliments Maple Leaf
- La direction de l'usine de transformation des Aliments Maple Leaf du chemin Bartor savait qu'il y avait eu des cas de Listeria dans l'usine en 2007 et en 2008 et a tenté de corriger le problème en appliquant les méthodes d'assainissement normalisées de l'industrie. La direction de l'usine pensait donc avoir maîtrisé la Listeria (chap. 5, rec. 5 et 15a-d).
- Les Aliments Maple Leaf n'a pas effectué l'analyse des tendances exigée dans sa politique de lutte contre la Listeria. L'entreprise n'a donc pu connaître l'existence de résultats positifs répétés ni savoir si ces résultats avaient été vérifiés pour déterminer la présence ou l'absence de la Listeria monocytogenes. Entre-temps, l'entreprise produisait des emballages surdimensionnés pour les produits de charcuterie qu'elle vendait à des institutions, notamment des hôpitaux et des établissements de soins de longue durée. Elle avait créé une recette contenant moins de sodium, ce qui attirait le marché des institutions, bon nombre de ses clients devant suivre des diètes faiblesen sodium. Cette combinaison de circonstances a exposé les populations vulnérables aux risques de contracter la maladie (chap. 5, rec. 15e et 21).
- Les employés des Aliments Maple Leaf ont avisé leurs supérieurs de la présence répétée de Listeria : non seulement ceux de l'usine du chemin Bartor mais aussi, ceux de la direction du siège social. L'information ne s'est toutefois pas rendue au bureau du président et chef de la directions parce que l'usine croyait que ses interventions avaient permis de maîtriser le problème (chap. 5, rec. 1).
- Les inspecteurs de l'ACIA n'ont pas demandé aux employés de l'usine de transformation des Aliments Maple Leaf du chemin Bartor de leur fournir de l'information au sujet des cas répétés de Listeria dans l'usine et ceuxâ€'ci n'en ont pas non plus fourni de leur plein gré (chap. 5, rec. 6).
Agence canadienne d 'inspection des aliments
- Une nouvelle approche fédérale en matière d'inspection, le Système de vérification de la conformité (SVC), est entrée en vigueur au printemps 2008 au moment où les analyses d'environnement des Aliments Maple Leaf détectaient la Listeria à l'usine du chemin Bartor (chap. 5, rec. 10).
- Bien que le SVCsoit considéré comme un système solide et qu'il bénéficie d'un soutien étendu, des améliorations essentielles doivent y être apportées sur le plan de la conception, de la planification et de la mise en oeuvre (chap. 5, rec. 10).
- Les inspecteurs de l'ACIA n'avaient pas l'obligation, selon les tâches prévues relativement au SVC, de demander les résultats des analyses effectuées par l'entreprise pour détecter la présence de Listeria ni de les examiner (chap. 5, rec. 20).
- Dans la période qui a précédé l'éclosion, le nombre, la capacité et la formation des inspecteurs affectés à l'usine de transformation des Aliments Maple Leaf du chemin Bartor semblent avoir été stressés en raison des responsabilités que ceuxÂci assumaient dans d'autres usines, de la complexité de l'usine du chemin Bartor, notamment sa taille et ses heures de fonctionnement, et des rajustements qu'exigeait la mise en oeuvre du SVC (chap. 5, rec. 7)
- En raison de l'absence de renseignements détaillés et des opinions divergentes que nous avons entendues, nous n'avons pu déterminer ni le niveau actuel des ressources ni les ressources nécessaires pour mener efficacement les activités du SVC. Pour la même raison, nous n'avons pu tirer de conclusion au sujet du caractère adéquat de la conception du programme, du plan de mise en oeuvre, de la formation et de la supervision des inspecteurs ainsi que des activités de supervision et de suivi du rendement (chap. 5, rec. 7).
- Les plus récentes mesures de contrôle de Listeria de l'ACIA ne font pas de distinction entre les aliments qui présentent moins de risque d'être contaminés par la Listeria (p. ex. saucissons secs) et les aliments qui posent de plus grands risques (p. ex. saucisses à hotÂdog). De plus, elles n'établissent pas d'exigences de contrôle des produits (analyse et retenue) (chap. 5, rec. 15d).
- Il faut améliorer la coordination et les communications portant sur l'équipement de transformation des aliments entre le fabricant, le transformateur et l'ACIA en ce qui concerne les données techniques de conception et la validation des procédures d'hygiène (chap. 5, rec. 14).
Santé Canada
- La politique de Santé Canada sur la Listeria monocytogenes (en cours d'examen) ne fournit aucune directive adéquate sur les résultats escomptés ce qui laisse place à l'interprétation au sein de l'industrie. Le manque d'intégration avec les politiques de l'ACIA donne lieu à des lacunes et à des chevauchements (chap. 5, rec. 11).
- Pour l'approbation des additifs et des technologies alimentaires, Santé Canada ne tient pas compte des considérations liées à la salubrité des aliments dans l'établissement des substances et des procédés à approuver en priorité (chap. 5, rec. 12).
Interventions intergouvernementales en cas d'urgence
- Les éclosions de maladie d'origine alimentaire à l'échelle nationale sont rares au Canada. Néanmoins, le Guide d'interventions lors d'éclosions d'intoxication alimentaire (GIEIA) et des accords auxiliaires qui prévoient la gestion de pareils événements existent, mais n'étaient pas très bien connus ou compris des hauts dirigeants lors de l'éclosion de 2008 (chap. 5, rec. 24).
2. état de préparation des différents gouvernements
Voici nos principales constatations :
Interventions intergouvernementales en cas d'urgence
- L'éclosion de 2008 s'est d'abord manifestée en Ontario et relevait donc du gouvernement provincial.
- Au début, l'éclosion n'a pas été considérée comme un grave cas d'urgence alimentaire, ce qui a laissé un vide dans la direction de la gestion de la crise. Il a fallu près de trois semaines avant que les hauts dirigeants de chaque organisation clé participent pleinement aux interventions (chap. 7, rec. 24b-i).
- Le Guide (GIEIA), qui doit être mis à jour, n'a pas été reconnu comme étant le protocole qu'il fallait suivre . Le manque de vision claire des rôles des organisations gouvernementales - notamment quelle organisation doit diriger les interventions de crise - a entraîné des incohérences dans la gestion de l'éclosion. Parmi ceux qui sont intervenus lors de l'éclosion de 2008, notamment les hauts dirigeants, peu connaissaient bien le GIEIA (chap. 7, rec. 24).
- Puisque les éclosions de maladie d'origine alimentaire d'une telle envergure à l'échelle nationale sont rares au Canada, il y a très peu d'occasions de pratiquer cette stratégie de gestion d'un cas d'urgence (chap. 7, rec. 24 c).
- Les laboratoires de santé publique ne constituent pas un réseau officiel et pourraient être mis à contribution plus efficacement durant une urgence attribuable à une maladie d'origine alimentaire (chap. 7, rec. 33).
- L'Agence de la santé publique du Canada a amélioré sa collecte et son analyse des données épidémiologiques concernant les maladies humaines (p. ex. : H1N1), mais l'intégration de la collecte et de l'analyse des données provenant d'échantillons d'aliments (p. ex. : listériose) doit encore être améliorée (chap. 7, rec. 35 c).
- Une meilleure coordination des épreuves (p. ex. : codage croisé d'échantillons prélevés sur des êtres humains et d'échantillons alimentaires liés au même patient) pourrait accélérer davantage l'analyse et le processus décisionnel nécessaires lors de la gestion des éclosions de maladie d'origine alimentaire (chap. 7, rec. 35 a).
- Selon les résultats de notre enquête, pour conserver la confiance du public dans le système de salubrité des aliments, il faut faire une enquête indépendante après chaque cas d'urgence alimentaire à l'échelle nationale, en plus des rapports sur les leçons apprises produits par chaque organisation (chap. 7, rec. 27).
- La plupart des organisations qui sont intervenues lors de l'éclosion de 2008 avaient une capacité de pointe planifiée très limitée (chap. 7, rec. 24 b-iii et 34 b).
3. Le sentiment d'urgence au début de l'éclosion
Voici nos principales constatations :
Les Aliments Maple Leaf
- Les Aliments Maple Leaf n'a pas initialement signalé la présence de la bactérie Listeria à son usine de transformation du chemin Bartor ou fourni des registres de distribution des produits (chap. 5, rec. 6).
Agence de santé publique du Canada
- L'Agence de santé publique du Canada ne croyait pas qu'elle devait jouer un rôle de direction à l'échelle fédérale; elle a mis du temps à reconnaître que l'éclosion était une urgence sanitaire publique (chap. 7, rec. 24 b.i).
Santé Canada
- L'équipe de l'évaluation des risques pour la santé de Santé Canada n'était pas organisée pour assurer une réponse 24 h sur 24, sept jours par semaine, durant l'été 2008, ce qui a créé des lacunes au chapitre de la couverture durant l'intervention (chap. 9, annexe C).
Secteurs de la santé publique et de la salubrité des aliments
- Les points de vue divergent concernant la qualité des preuves qui sont nécessaires pour aviser la population de la contamination ou du rappel d'un produit alimentaire. Certains attendent la confirmation d'un laboratoire pour ainsi veiller à ce que le bon produit soit retiré du marché. D'autres privilégient le principe de précaution, fondé sur des preuves épidémiologiques, pour protéger le public contre de possibles effets néfastes (chap. 7, rec. 24 b-iv et 29).
4. Communication avec le public à l'échelle nationale
Voici nos principales constatations :
- Les Canadiens ont cherché à obtenir auprès du gouvernement la garantie que la santé publique était protégée.
- La population n'a pas reçu les renseignements dont elle avait besoin concernant l'éclosion; ils étaient parfois non uniformes en raison du grand nombre d'autorités compétentes en cause, d'autres fois ils étaient difficiles à trouver, et à d'autres moments ils étaient difficiles à comprendre (chap. 8, rec. 26 et 40).
- La plupart des Canadiens ignoraient quels segments de la population risquaient le plus d'être malades si exposés à la Listeria monocytogenes et quels aliments ces groupes vulnérables devaient éviter (p. ex. indiquant la nécessité d'adopter des mesures comme l'inscription de mentions préventives sur les étiquettes) (chap. 8, rec. 42).
- On a constaté l'absence d'une stratégie de communication préliminaire et d'un plan de mise en oeuvre connexe, comprenant des produits d'information prêts à utiliser et l'utilisation de supports publicitaires nouveaux et traditionnels (chap. 8, rec. 41).
- Les messages du gouvernement fédéral au public n'étaient pas toujours diffusés à temps, n'étaient pas appropriés et n'ont pas été diffusés de façon régulière assez longtemps. De plus, l'absence d'un coordonnateur des communications désigné a donné lieu à une approche fragmentée et à des messages en apparence non uniformes (chap. 8, rec. 37).
- Le fait que le ministre responsable du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et de l'ACIA agisse en tant que porte parole ministériel principal était considéré par certains comme un « conflit d'intérêts », nonobstant son rôle légitime dans le domaine de l'industrie de l'alimentation. Ce choix semblait restreindre la capacité du gouvernement de communiquer les renseignements sur la santé demandés par la population. L'absence de leadership perçue dans le domaine de la santé publique au gouvernement fédéral, durant l'éclosion, a également suscité de nombreux commentaires (chap. 8).
- Le manque de documentation adaptée à la clientèle (77 %), le manque de connaissances au sujet de l'éclosion (69 %) et le manque de temps (69 %) constituent les principaux défis auxquels les médecins doivent faire face lorsqu'ils informent leurs clients sur les moyens de minimiser les risques de maladie d'origine alimentaire (chap. 8).
Ce que nous avons appris de plus
L'enquête a permis de relever d'autres questions au chapitre de la capacité, de la gouvernance et de la structure qui influent sur notre faculté d'intervention et qui méritent un examen approfondi. Depuis l'éclosion de 2008, nous avons fait des progrès sur plusieurs fronts; cependant, il faut continuer d'améliorer le système fédéral de salubrité des aliments et le cadre législatif qui le régit. Pour mieux comprendre les recommandations supplémentaires, nous encourageons fortement les lecteurs à consulter le chapitre 10 (rec. 43, 44 et 52).
Passer de la parole aux actes
Bon nombre des questions, et même certaines des recommandations découlant de l'enquête, ont déjà été mentionnées dans des rapports antérieurs sur la salubrité des aliments au Canada. Les recommandations ne sont que de simples mots sur papier tant qu'elles ne sont pas concrétisées.
Les maladies d'origine alimentaire constituent maintenant la catégorie la plus importante de maladies infectieuses au pays, et la listériose est une maladie grave qui peut entraîner la mort chez les personnes vulnérables. Les gouvernements ne peuvent se permettre d'ignorer les conclusions de l'enquête.
C'est pourquoi l'enquête recommande que lorsque le gouvernement du Canada établira son programme de l'automne 2009, il devrait avoir à l'esprit que la salubrité des aliments nécessite une attention accrue. Bien que le Canada soit considéré comme un chef de file sur le plan des pratiques et des systèmes de salubrité des aliments, son gouvernement devrait désigner clairement la salubrité des aliments comme l'une de ses priorités absolues (chap. 10, rec. 56).
Toutes les personnes concernées par les événements qui ont mené à l'éclosion de listériose de 2008 et par la gestion des mesures d'intervention doivent considérer que les leçons tirées de cet incident tragique et les recommandations subséquentes imposent l'obligation de rechercher l'innovation et l'amélioration.
L'enquêteure indépendante vous invite tous à lire le rapport intégral.
1 Le nombre de cas signalés a changé au fil du temps, à mesure que les résultats étaient confirmés, un processus qui a pris un certain temps.
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