Je suis ravi de me trouver à Beijing et tout particulièrement d’être ici aujourd’hui, à l’Institut de Diplomatie de Chine.
Pour ceux qui sont sur le point d’entreprendre une carrière diplomatique, sachez que l’époque dans laquelle nous vivons est particulièrement exaltante. Pour relever les nombreux et importants défis auxquels le monde fait face, il ne fait aucun doute que le rôle de la Chine sera crucial.
Ces défis mondiaux auxquels tant le Canada que la Chine sont confrontés représentent également pour nos deux pays l’occasion de travailler ensemble.
Comme je l’ai dit hier au vice-président Xi [Jinping] et au ministre des Affaires étrangères Yang [Jiechi], nous souhaitons que nos relations avec la Chine soient franches, amicales et tournées vers l’avenir. Nombreuses sont les questions sur lesquelles nous pouvons bâtir un partenariat constructif et ouvert sur le futur.
Nos deux pays ont été durement touchés par la crise financière mondiale et le ralentissement économique. Même si, contrairement à d’autres pays, nous n’avons pas connu d’effondrement du secteur financier, le ralentissement marqué du commerce international a eu des répercussions profondes sur nos économies. Cette situation met en relief toute l'importance d'une réglementation financière efficace, mais quand même respectueuse de l’économie.
Il est donc important d’unir nos efforts afin de faire face aux actuels problèmes économiques mondiaux urgents et de prêter attention aux règles et aux institutions qui sous-tendent le système financier mondial.
Je voudrais souligner que dans le contexte de la crise économique mondiale, le Canada a su retenir l’attention du monde, tant par la force de ses institutions financières que par la solidité de son régime de réglementation.
Il a été largement reconnu par des organisations telles que le Forum économique mondial que le système exceptionnellement résilient du Canada était un modèle à suivre.
Depuis le début de la récession mondiale, le Canada a conservé des conditions de crédit relativement saines. Nos banques et nos autres institutions financières sont bien capitalisées et moins endettées que celles des autres pays.
Le Canada et la Chine peuvent renforcer leur collaboration et se faire mutuellement profiter de leur expérience dans ce secteur clé.
Il va sans dire que pour nos deux pays, le secteur du commerce et de l’investissement constitue un centre d’intérêt majeur.
Il ne fait aucun doute que des relations commerciales saines entre le Canada à la Chine sont essentielles à notre prospérité.
De surcroît, le Canada et la Chine comprennent tous deux que le temps du protectionnisme est révolu. Il s’agit d’une voie tentante à court terme, mais l’expérience a démontré qu’elle était source de problèmes à long terme.
Nous devons travailler ensemble afin de nous assurer que les marchés restent ouverts et que les gains de la mondialisation ne soient pas perdus.
Le Canada investit 50 millions de dollars chaque année pour faire avancer sa stratégie commerciale mondiale, élément central de sa politique commerciale internationale.
L’Asie, un des moteurs de l’économie mondiale, a un rôle essentiel à jouer dans le cadre de cette stratégie.
Mon collègue, Stockwell Day, ministre du Commerce international, est allé en Chine il y a quelques semaines. À cette occasion, il a annoncé l’ouverture de six nouveaux bureaux commerciaux afin de faciliter le commerce et les investissements bilatéraux.
Je souhaite que le succès de sa visite ne soit que l’amorce du renforcement de notre coopération économique bilatérale.
Le Canada et la Chine ont tous deux fortement intérêt à prendre des mesures à l’égard des questions mondiales liées à l’environnement.
Le Canada est conscient du fait que le monde entier sera touché par les changements climatiques et qu’il lui faudra s’y adapter.
Nous croyons qu’une entente sur les changements climatiques après 2012 devrait s’assortir d’obligations contraignantes à l’égard de la réduction des gaz à effet de serre pour tous les principaux pays émetteurs et devrait fournir toute la souplesse nécessaire à l’atteinte de ce but grâce à diverses politiques et mesures.
Face aux changements climatiques, il se peut que le Canada et la Chine proposent des solutions différentes, mais il n’en reste pas moins que l’environnement demeure une de nos préoccupations communes.
Le renforcement de notre engagement bilatéral à l’égard des questions environnementales devrait être une autre priorité commune importante afin de trouver des solutions dont nous bénéficierons tous.
Il existe un fort potentiel de coopération bilatérale accrue dans les domaines de l’élaboration des politiques, de la coopération technique et des partenariats scientifiques et technologiques, particulièrement en matière d’efficience énergétique et d’énergie propre.
Une des priorités principales de la politique étrangère du Canada est certainement l’Arctique. Notre région nordique occupe une place importante dans notre passé, notre présent et notre avenir. Elle se trouve au cœur même de notre identité. L’Arctique recèle de nombreux défis et de nombreuses opportunités. Il s’agit d’une région en émergence à l’aube de changements profonds. Notre gouvernement a annoncé une stratégie intégrée pour le Nord, fondée sur quatre piliers : la protection du patrimoine environnemental, la promotion du développement socio-économique, la confirmation de notre souveraineté et l’amélioration et la délégation de la gouvernance.
Grâce à une politique étrangère vigoureuse en Arctique, le gouvernement du Canada va de l’avant en ce qui concerne la dimension internationale de chaque élément de cette stratégie.
Aussi suis-je déterminé à faire en sorte que les possibilités et enjeux liés à l’Arctique demeurent au centre des préoccupations internationales.
L’un des moyens d’y parvenir consistera à recentrer l’attention sur le rôle et l’importance du Conseil de l’Arctique, première tribune internationale sur la coopération dans l’Arctique.
Par ailleurs, il sera essentiel de renforcer le dialogue sur le Nord avec nos partenaires bilatéraux, comme la Chine.
Les récents évènements ont souligné à quel point était importante, sur cette planète mondialisée, la bonne gestion des maladies, des épidémies et des pandémies.
Le Canada et la Chine ont tous deux pour objectif d’améliorer la santé publique, et le moment est propice pour faire progresser ce dossier.
Le dialogue ministériel Canada-Chine sur les politiques doit avoir lieu au Canada en juin de cette année. Il représente pour nos deux pays une excellente occasion de promouvoir nos intérêts en matière de santé internationale et de coordonner les actions de nos agences et ministères respectifs chargés des questions de santé.
De tels dialogues, qui s’inscrivent dans une communication continue, sont particulièrement pertinents au moment d’épidémies, comme celle due au virus H1N1 à l’heure actuelle, ainsi qu’à d’autres préoccupations mondiales en matière de santé.
Le gouvernement du Canada se réjouit également des déclarations des autorités sanitaires de Beijing et de Taïpei, confirmant que Taïwan a été invité à participer à l’Assemblée mondiale de la Santé en tant qu’observateur.
Le régime de soins de santé du Canada a beaucoup à offrir à la Chine.
Le modèle canadien est doté de techniques de planification et de gestion éprouvées et peut faciliter la prestation de soins dans les collectivités éloignées.
En outre, le Canada est à la fine pointe de la technologie dans le domaine de la santé, et une collaboration accrue entre le Canada et la Chine en matière de recherche pourrait se révéler très bénéfique pour les deux pays.
Le fait de faire progresser nos intérêts communs ne signifie pas pour autant que nous n’aurons pas de désaccords sur des questions délicates.
La clé de voûte de toute relation parvenue à maturité est la capacité à discuter des divergences avec franchise et ouverture.
Nous avons exprimé nos préoccupations au sujet de la réforme législative et judiciaire, de la détention administrative et des cas de détention arbitraire.
Le Canada est heureux de continuer à coopérer avec la Chine dans le domaine des droits de la personne.
Les priorités canadiennes au chapitre de la politique étrangère concernent également les gens et les valeurs.
Les valeurs que les Canadiens ont en commun nous ont menés aux quatre coins de la planète, où nous avons consacré tous nos efforts à la promotion de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit, contribuant ainsi au maintien de la sécurité internationale.
Une autre priorité de notre politique étrangère est l’Afghanistan, sans doute notre engagement le plus visible en matière de politique étrangère. L’Afghanistan est aussi le principal récipiendaire de notre programme d’aide à l’étranger. Des Canadiens et des Canadiennes ont fait des sacrifices substantiels en Afghanistan, mais il reste encore beaucoup à faire. Le Canada veut permettre une importante amélioration de la vie des citoyens de la province de Kandahar. Le but ultime de notre engagement en Afghanistan demeure le même; laisser aux Afghans un Afghanistan mieux gouverné, plus pacifique et plus sécuritaire.
Le Canada maintiendra le cap et prolongera sa mission jusqu’en 2011.
Des représentants des autorités canadiennes et chinoises se sont rencontrés cet hiver et se rencontreront bientôt de nouveau afin de discuter de la meilleure façon de coopérer à assurer une plus grande stabilité, non seulement en Afghanistan, mais aussi dans toute la région.
La Chine, en tant que proche alliée du Pakistan, est particulièrement bien placée pour coopérer avec ce pays afin de renforcer la sécurité en Afghanistan, d’aider à établir des institutions et de contribuer aux efforts de réconciliation politique menés par l’Afghanistan dans le but d’affaiblir l’insurrection et de promouvoir une paix durable.
L’année prochaine marquera le 40e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et la République populaire de Chine.
La reconnaissance diplomatique rapide de la Chine par le Canada en 1970 a permis aux nations occidentales de sortir de l’impasse, et nombreuses sont celles qui ont emboîté le pas au Canada dans les années qui ont suivi.
Toutefois, l’origine de nos relations est bien plus ancienne. Des liens personnels existaient entre les peuples du Canada et de la Chine bien avant le début de nos relations officielles.
Très tôt dans l’histoire de notre pays, des travailleurs chinois ont aidé à construire, dans des conditions de travail très difficiles, la voie ferrée qui a unifié le Canada.
Ils sont restés pour bâtir le Canada, amenant leurs enfants et leurs familles vivre dans ce nouveau pays.
Les premiers contacts du Canada avec la Chine se sont faits aussi par l’entremise des missionnaires. En fait, les enfants de ces missionnaires sont souvent devenus diplomates, jouant des rôles clés dans la promotion des relations bilatérales.
Le docteur [Norman] Bethune, dont le nom pour beaucoup de citoyens chinois est synonyme de Canada, a incarné un idéal de dévouement. Ce même esprit humaniste a refait surface à plusieurs reprises depuis l’époque où le docteur Bethune a travaillé en Chine.
Par exemple, à la fin des années 1950, le Canada a fait de grands efforts pour fournir du blé à la Chine au moment où elle en avait besoin.
Plus récemment, après le tremblement de terre qui a secoué la province du Sichuan il y a un an, le Canada a été le deuxième donateur, versant plus de 72 millions de dollars en aide humanitaire afin de fournir des refuges d’urgence aux milliers de Chinois touchés par le tremblement de terre.
Depuis plus d’un siècle, l’immigration en provenance de Chine crée au Canada une communauté chinoise dynamique et florissante, forte aujourd’hui de plus de 1,3 million de personnes.
Plus de 35 000 Chinois poursuivent actuellement leurs études au Canada.
La réussite des établissements d’enseignement canadiens actifs en Chine est évidente lorsqu’on voit les nombreux programmes d’études secondaires et postsecondaires offerts dans les provinces chinoises. On compte plus de 40 centres et programmes d’études canadiennes dans les universités chinoises.
Cela démontre hors de tout doute que la grande communauté de chercheurs que se partagent nos deux pays représente un atout précieux dans nos relations.
Nous continuerons à œuvrer ensemble à l’accroissement des échanges universitaires entre nos deux pays.
Les relations qui unissent le Canada et la Chine datent de loin, et comme il arrive inévitablement dans toute relation à long terme, elles ont connu des hauts et des bas. Étant donné leur étendue les désaccords sont inévitables.
Toutefois, nous sommes capables de discuter de ces problèmes avec franchise, dans un climat de respect mutuel. Nous sommes en outre déterminés à établir un dialogue positif et constructif à l’égard de ces questions.
Les liens d’amitié qui unissent les peuples du Canada et de la Chine se renforcent avec chaque visite, chaque entente commerciale et chaque effort conjoint en vue d’améliorer le monde dans lequel nous vivons.
La force de nos liens est le fondement d’un partenariat axé sur l’avenir, qui veut répondre aux besoins du XXIe siècle.
Ensemble, nous pouvons relever ces défis pour le bien de la Chine et du Canada.
Je vous remercie.