No 2010/1 – Montréal (Québec) - Le 25 janvier 2010
Sous réserve de modifications
Mes chers amis, je suis heureux que nous soyons réunis aujourd’hui à Montréal, ville où se trouve la plus grande diaspora haïtienne au Canada et qui est aussi l’une des plus importantes dans le monde.
Avant de commencer, j’aimerais d’abord remercier l’Organisation de l’aviation civile internationale qui nous donne accès à ses installations et nous permet ainsi de tenir notre réunion dans un si court délai.
Monsieur le Secrétaire général Benjamin, votre collaboration et celle de votre personnel est grandement appréciée.
L’engagement du Canada en Haïti a été, et demeurera, un élément central de sa politique étrangère. Unis par la langue, la culture et une histoire partagée en Amérique, nos pays jouissent d’un lien fraternel hors du commun.
Le malheur actuel nous rappelle l’importance de l’amitié et de la solidarité face à l’épreuve.
Se trouvent parmi nous ce matin, des représentants de divers milieux, habités par un sentiment de profonde tristesse mais animés d’une volonté indéfectible de venir en aide à Haïti.
Ils proviennent de différents pays, de nations de toutes tailles, tant de pays donateurs que de ceux qui contribuent largement à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Sont également présents dans la salle des organisations multilatérales et régionales, des institutions financières internationales, des membres de la diaspora haïtienne et de la société civile – tous se sont réunis aujourd’hui.
Nous sommes venus travailler ensemble pour donner notre appui à nos amis d’Haïti qui se tournent vers l’avenir, vers une vie nouvelle et des jours meilleurs pour ce peuple qui a déjà tant souffert, plus que nous ne pourrons jamais imaginer.
Mes pensées vont aux Haïtiens qui, tous, ont perdus des êtres chers et qui, aujourd’hui encore, souffrent des dégâts provoqués par le tremblement de terre.
Les voix qui devraient nous émouvoir aujourd’hui sont celles que nous n’entendrons plus jamais. Celles enterrées sous les décombres.
Mes pensées et mon soutien infaillible vont aux familles et aux amis de ceux qui, par amour de leur prochain, sont partis en Haïti pour participer aux efforts collectifs mais qui n’en reviendront jamais.
Je souhaiterais que nous prenions le temps de nous souvenir de nos amis et de nos collègues des Nations Unies dont l’engagement à faire le bien dans le monde ne sera pas oublié.
Face à un tel sacrifice, nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre la cause qui comptait tant pour eux. Nous devons reprendre leur flambeau et le porter jusqu’où ils l’auraient souhaité.
Leur contribution et leur exemple survivront.
Moins de deux semaines après la terrible tragédie qui a secoué Haïti et touché le monde entier, je vous suis très reconnaissant, à vous, Amis d’Haïti, d’avoir accepté si rapidement de participer à cette rencontre.
Monsieur le Premier ministre Bellerive, je souhaite vous exprimer mon admiration pour le courage que vous et votre gouvernement démontrez dans cette épreuve. Sachez que nous, le Canada, le Groupe des Amis, la communauté internationale et les ONG, nous engageons à vous offrir notre soutien dans cette période de crise mais aussi par la suite.
À l’évidence, tel que l’ont démontré les autres ministres des Affaires étrangères rassemblés aujourd’hui et qui ont participé à l’appel conférence de la semaine dernière, la souveraineté d’Haïti et son indépendance sont au cœur de notre démarche.
Votre rôle est prépondérant et votre voix se fait clairement entendre. Nous sommes entièrement disposés à vous aider.
Les organisations et les gouvernements ici présents aujourd’hui sont intervenus rapidement et généreusement depuis cette crise qui a profondément ébranlé Haïti. Le Canada travaille en étroite collaboration avec votre gouvernement, les Nations Unies et la communauté internationale pour réagir à cette catastrophe d’une manière coordonnée et efficace. À ce jour, le Canada a annoncé qu’il s’engageait à verser 135 millions de dollars en aide humanitaire, que recevront les organismes des Nations Unies et leurs fidèles partenaires, qui ont toujours été présents en Haïti.
Les Canadiens se sont montrés généreux : ils ont contribué à ce jour 67 millions de dollars dans un fonds de contrepartie que notre gouvernement s’est engagé à constituer.
Le Premier ministre Harper a demandé à l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe (EICC) d’agir rapidement. L’Équipe est actuellement déployée à Jacmel, l’une des villes situées dans l’épicentre du séisme. Les Forces canadiennes fournissent de l’eau et une aide médicale à la population haïtienne et, à la demande du gouvernement d’Haïti, travaillent à remettre l’aéroport sur pied pour qu’il soit utilisé à pleine capacité.
Deux milles Canadiens, hommes et femmes, ont été déployés en Haïti afin d’apporter une aide humanitaire.
Les autorités canadiennes, à tous les paliers de gouvernement, fédéral, provincial et municipal, sont prêtes à contribuer à la reconstruction d’Haïti. À cet égard, le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, dont la ville est jumelée à celle de Port-au Prince, a offert les services et l’expertise de sa ville pour venir en aide aux villes haïtiennes.
En période de crise, ce sont souvent les municipalités qui sont les premiers acteurs confrontés à l’urgence des situations. Nous devons garder à l’esprit les besoins précis des municipalités, grandes et petites, et nous assurer qu’elles disposent des ressources adéquates.
Par ailleurs, nous devons également reconnaître, saluer et appuyer l’action menée par les organisations non gouvernementales, dont plusieurs représentants se trouvent parmi nous ce matin. Ces organisations sont souvent en première ligne pour fournir aide et solidarité à la population haïtienne durant cette période éprouvante. Elles permettent à l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin. Leur présence en Haïti ne date pas d’hier et sera d’autant plus nécessaire pour aider les Haïtiens et les Haïtiennes à reprendre une vie normale.
Se sont également joints à nous aujourd’hui quelques représentants du secteur privé qui ont répondu généreusement à l’appel humanitaire et qui joueront un rôle important dans l’avenir d’Haïti. Ils seront à nos côtés pour nous soutenir dans la reconstruction des infrastructures nationales telles que les ponts, les routes et la production d’énergie, sans oublier les services essentiels, qu’il s’agisse de fournir de l’électricité, des services bancaires ou des services de communication.
L’argent ne suffit pas à combler les besoins actuels d’Haïti, et ceux auxquels il faudra satisfaire au fur et à mesure de la reconstruction de cette nation fortement éprouvée par des difficultés sans pareilles.
Il importe maintenant de donner à cette bonne volonté une forme très concrète qui repose sur une planification solide et stratégique, et qui s’inscrira dans le prolongement des priorités établies par le gouvernement haïtien à l’égard de l’aide humanitaire, du redressement et de la reconstruction.
Ce faisant, nous sommes bien conscients que les solutions devront être efficaces et responsables. Elles ne seront envisageables que si elles tiennent compte de toutes les facettes de la réalité haïtienne et que si elles sont issues de l’engagement des nombreux volontaires disposés à aider le peuple haïtien à se bâtir un avenir meilleur.
Nous devrons sous peu passer de l’étape de l’aide humanitaire à court terme à celle de la reconstruction; de l’étape de la recherche d’éventuels survivants à celle de la prévention des maladies et à celle des traitements médicaux et de l’aide à plus long terme. Nous devons nous doter d’un plan, même si l’ampleur de la catastrophe est toujours inconcevable, en joignant nos forces à celles du peuple haïtien afin d’adopter une vision commune, d’apporter l’espoir là où il y a de la détresse et d’entrevoir un avenir meilleur.
À cette étape cruciale, notre engagement commun ne suffit plus. Il est essentiel pour nous de développer une vision claire, de coordonner nos efforts et de souscrire aux principes fondamentaux de l’efficacité de l’aide si nous voulons que notre assistance profite rapidement au peuple haïtien, tout en évitant les dédoublements.
Nous avons voulu nous créer un espace de discussion, ici à Montréal, pour amorcer un dialogue et échanger nos perspectives afin de mieux préparer l’importante conférence qui suivra sur la reconstruction. Y participeront la société civile, la diaspora, les institutions financières internationales, les organisations multilatérales, les pays donateurs et surtout, le peuple haïtien.
Nous unissons nos ressources et nos engagements afin d’énoncer des mesures cohérentes qui se traduiront par un apport constant au plan de redressement à long terme pour Haïti. Ce plan sera élaboré à partir des priorités exprimées par le peuple haïtien.
Nous avons envers nos amis d’Haïti, les survivants et les disparus, l’obligation de mener ces mesures à terme, quelles que soient les difficultés. Je suis impatient de voir les fruits de nos discussions, et je donne ma parole à tous ceux qui sont venus de loin et qui ont dû surmonter tant d’épreuves pour nous livrer leurs témoignages, auxquels se joindra l’union de nos forces, afin d’aider à rebâtir un Haïti encore plus fort en unissant nos efforts.
Et maintenant, j’ai l’honneur de donner la parole à Jean-Max Bellerive, premier ministre d’Haïti et chef de la délégation aujourd’hui.
Ces derniers temps, le premier ministre et moi avons eu plusieurs échanges. Il y a seulement six semaines, alors qu’on ne pouvait pas envisager la catastrophe à venir, je l’ai accueilli à Ottawa. J’avais alors réitérer la volonté du Canada à accompagner Haïti vers un avenir meilleur.
Monsieur le Premier ministre, je vous accueille aujourd’hui dans de toutes autres circonstances, mais je tiens à vous réaffirmer que l’engagement canadien, et, comme vous pouvez le constater, celui de vos amis et de vos alliés, demeure inébranlable.
Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir le Premier ministre Jean-Max Bellerive.