BG 11.012 - le 15 novembre 2011
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble psychiatrique qu’on pourrait décrire comme étant une réaction extrême au stress. Il se classe dans la catégorie des troubles anxieux, tout comme le trouble panique, les phobies et le trouble obsessionnel-compulsif.
Le TSPT peut survenir à la suite d’une expérience extrêmement traumatisante qui comporte une menace, réelle ou perçue, à la sécurité ou à la vie de la personne qui en souffre, ou à celle de quelqu’un d’autre. De ce fait, la personne évoque un intense sentiment de peur, de terreur ou de désespoir.
Le trouble se caractérise par une variété de symptômes qu’on peut généralement regrouper en trois catégories :
- réviviscence (cauchemars, flashbacks et pensées intrusives);
- évitement (évitement des gens, des lieux ou des circonstances qui rappellent à la personne l’événement traumatisant);
- hyperexcitation (hypervigilance, réaction de sursaut exagéré, sautes d’humeur et/ou irritabilité et troubles du sommeil).
Pour établir un diagnostic de TSPT, il faut que ces symptômes soient présents pendant au moins un mois et qu’ils soient assez sévères pour interférer avec la capacité de la personne à bien fonctionner au travail, à la maison ou en situation sociale.
Comme c’est le cas pour la majorité des maladies psychiatriques, les causes exactes du TSPT ne sont pas totalement comprises. On ne peut expliquer pourquoi chez des personnes qui vivent le même événement, certaines développeront le TSPT tandis que d’autres ne ressentiront aucuns symptômes.
Il n’en demeure pas moins que l’on comprend de mieux en mieux les aspects psychologiques et biologiques du TSPT. Les Forces canadiennes (FC) mènent d’importantes recherches concernant les facteurs de risque et de résilience associés à la maladie. Les services de santé des FC s’appuient également sur les résultats de recherche et les connaissances actuelles pour procéder à des tests de dépistage du TSPT, et pour offrir de la formation à ce sujet.
Le TSPT est d’abord traité par les médecins des cliniques des FC, qui sont chapeautées par sept centres de soins pour trauma et stress opérationnels régionaux. Les médecins des FC ont le souci d’offrir des traitements fondés sur l’expérience clinique qui incluent de la médication et une thérapie d’exposition adaptée à chaque patient. La plupart des patients ayant reçu un diagnostic de TSPT réagissent bien au traitement. Dans les cas où un rétablissement complet n’est pas envisageable, les fournisseurs de soins aident les patients à atteindre la meilleure qualité de vie possible au moyen de stratégies qui contribuent à atténuer leurs symptômes.
Le TSPT dans les FC
La grande majorité des militaires des FC qui se déploient ne développent pas le TSPT. Selon une étude réalisée en 2001 sur l’incidence cumulative du TSPT et d’autres troubles mentaux, on estime que huit pour cent (8 %) des militaires déployés ont reçu un diagnostic de TSPT. Cette étude, qui comprend l’examen des dossiers médicaux d’un échantillon aléatoire stratifié de 2 045 militaires, permet d’obtenir une estimation scientifique des plus rigoureuses des militaires des FC ayant reçu un diagnostic de TSPT après avoir été déployés en Afghanistan. La population à l’étude incluait l’ensemble des 30 518 militaires de retour de mission en Afghanistan du 1er octobre 2001 au 31 décembre 2008. Il s’agit de la première étude qui s’appuie sur les diagnostics cliniques établis par des professionnels en santé mentale plutôt que sur un questionnaire d’autoévaluation.
Le TSPT lié à l’Afghanistan était plus commun chez ceux qui ont été déployés dans des zones à haut risque, comme Kandahar ou Kaboul, que dans les zones à plus faible risque comme le golfe Persique ou le camp Mirage. On observe chez militaires de l’Armée de terre et les militaires du rang ont subalternes une plus grande incidence cumulative du TSPT lié à la mission en Afghanistan.
Bon nombre des militaires des FC ayant reçu un diagnostic de TSPT sont en mesure de retourner au travail et d’assumer la totalité de leurs fonctions, tandis que d’autres restent dans les FC mais voient leurs tâches modifiées. D’autres encore sont libérés pour raisons médicales et pris en charge par Anciens Combattants Canada (ACC).
Les services de santé des FC et ACC ont conclu un partenariat et ont bâti une solide relation pour veiller à ce que la transition vers les services fournis par ACC se fasse sans heurt. Avant d’être libéré, chaque militaire des FC se voit assigner un infirmier ou une infirmière gestionnaire de cas, qui s’assure que tous les soins nécessaires fournis par ACC sont en place et qu’ils sont couverts par le régime d’assurance-maladie provincial.
Dépistage, surveillance et prévention
Les militaires des FC subissent un test de dépistage en santé mentale dans le cadre de leur évaluation pré-déploiement. Les militaires qui se déploient subissent également un test de dépistage psychosocial, mené par un aumônier ou par un spécialiste de la santé mentale.
Avant d’être déployés, les militaires participent au programme En route vers la préparation mentale (RVPM)des FC, qui consiste en un programme d’éducation et de formation en résilience psychologique qui combine l’apprentissage en salle de cours et l’apprentissage interactif pour aider les participants à comprendre :
- l’impact de la santé mentale sur le déploiement;
- la réaction physiologique au stress et la façon de l’atténuer;
- l’importance et la mise en application de la fixation d’objectifs, de la visualisation, du monologue intérieur et de la gestion de l’activation;
- les problèmes qui peuvent survenir en cours de déploiement et leur impact potentiel;
- l’impact des valeurs, des croyances et des motivations profondes sur l’état de préparation mentale;
- l’importance d’avoir un réseau de soutien social;
- comment prévenir et gérer le stress;
- les stresseurs familiaux associés au déploiement (la famille est invitée à participer).
Le site Web du programme RVPM offre aux soldats déployés et à leur famille un accès facile à divers renseignements sur le processus de déploiement. Il ne s’agit pas seulement d’un outil servant à obtenir des renseignements plus concrets en ce qui a trait aux familles, il offre un aperçu général de la formation que reçoivent les militaires des Forces canadiennes. Pour en savoir plus, veuillez consulter le site Web du programme RVPM.
Les soldats qui reviennent au Canada après un long déploiement participent au programme de décompression dans un tiers lieu (DTL), qui dure cinq jours. Tout au long du programme, les militaires sont sensibilisés aux troubles de stress post-traumatique (TSPT) et aux blessures de stress opérationnel. Pour aider à faciliter leur retour à la maison, l’équipe spécialisée en santé mentale donne également aux militaires des renseignements sur leur vie familiale, professionnelle et communautaire. Durant la période de DTL, chaque militaire déployé a l’occasion de s’entretenir avec un spécialiste en santé mentale et de lui faire part de ses préoccupations.
Par ailleurs, les militaires des FC qui reviennent d’une opération internationale d’au moins 60 jours passent par un processus amélioré de dépistage postdéploiement. Ce processus a lieu de trois à six mois après leur retour au Canada. Le dépistage postdéploiement vise à mieux identifier les personnes qui ont des problèmes liés au déploiement, particulièrement des problèmes psychologiques. Les militaires remplissent un questionnaire détaillé sur la santé et passe une entrevue avec un professionnel de la santé mentale. Si nécessaire, un suivi est recommandé et mis en place.
Les résultats du dépistage postdéploiement (effectué de trois à six mois après le déploiement) ont démontré qu’environ quatre pour cent (4 %) des militaires déclarent ressentir des symptômes du TSPT au moment de leur test de dépistage.
En outre, la santé mentale des militaires des FC est évaluée constamment au moyen d’examens médicaux périodiques. On leur pose régulièrement des questions de dépistage portant sur le TSPT, la dépression, la dépendance, le suicide et sur d’autres problèmes de santé mentale, et on consigne leurs réponses, qui sont ajoutées à leur dossier dans le cadre d’un examen régulier
Les programmes de sensibilisation en matière de santé mentale constituent également une partie importante du continuum en matière de santé mentale dans les FC parce qu’ils incitent les militaires à reconnaître les signes de stress et à aller chercher de l’aide rapidement, ou à encourager quelqu’un d’autre à le faire.
Les Services de santé des FC offrent de nombreux programmes dont l’objectif consiste à prévenir ou à atténuer les effets du stress. Ces programmes sont offerts à divers niveaux de leadership et couvrent l’ensemble du cycle de déploiement et de la vie professionnelle. Les cours visent à améliorer les connaissances sur la santé mentale et à réduire la stigmatisation chez les militaires des FC. On y enseigne diverses techniques de gestion du stress à utiliser avant, pendant ou après un événement stressant comme un combat. Les cours portent notamment sur la gestion de la colère et du stress, sur l’institution d’une vie de famille saine, sur diverses techniques d’intervention en cas de suicide, et sur la sensibilisation aux dépendances.
Traitement
Les FC ont un solide programme en matière de santé mentale qui permet de fournir des soins spécialisés pour les militaires des FC malades ou blessés et de mettre l’accent sur l’élimination des obstacles en matière de santé mentale. À l’heure actuelle, les programmes des FC sont réalisés par environ 350 fournisseurs de soins militaires et civils en plus du personnel de soutien. En outre, une part importante des soins de santé mentale est donnée par des fournisseurs de soins de première ligne.
La prestation des soins de santé mentale dans les FC est guidée par des pratiques fondées sur l’expérience clinique. Les soins sont fournis par des équipes multidisciplinaires formées de cliniciens en soins primaires, de psychiatres, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’infirmiers en santé mentale, de conseillers en dépendance et d’aumôniers.
Les Services de santé des FC offrent des soins complets et individualisés aux militaires, notamment la psychothérapie (individuelle, en groupe, en couple) et l’accès aux médicaments au besoin. Dans les cas où une hospitalisation s’avèrerait nécessaire, les FC entretiennent des relations de longue date avec divers établissements de soins civils pour s’assurer que les militaires obtiennent les soins dont ils ont besoin.
Les FC offrent aux militaires une vaste gamme de services en matière de santé mentale. La prestation de ces services s’effectue par l’entremise de :
- Vingt-six cliniques spécialisées en santé mentale dans les bases à l’échelle du Canada. Ces cliniques sont plus ou moins grandes selon la dimension de la base qu’elles desservent. Les plus petites cliniques offrent des services de réadaptation psychosociale par le truchement d’un travailleur social.
- Les cinq plus importantes cliniques spécialisées en santé mentale sont les cliniques régionales (Halifax, Valcartier, Ottawa, Edmonton et Esquimalt). Ces cliniques fournissent un éventail complet de soins, notamment des soins généraux en santé mentale, des services de soutien en matière de traumatismes et de stress opérationnels, des services de réadaptation psychosociale, ainsi que des services de consultation en matière de dépendance.
Les centres de soins pour trauma et stress opérationnels (CSTSO) sont les centres d’excellence des FC dans le domaine du SSPT, notamment. Les centres ont quatre mandats : évaluation, soins, sensibilisation (éducation) et recherche. Ils sont situés à Edmonton, à Esquimalt, à Gagetown, à Halifax, à Ottawa, à Petawawa et à Valcartier.
En plus de fournir des soins directs aux militaires des FC, les centres jouent également un rôle de leader au sein de la communauté dans le domaine de la santé mentale. Ainsi, ils ont établi des partenariats avec divers institutions civiles et établissements d’enseignement. Les spécialistes des FC participent à divers projets d’avant-garde en matière de recherche, et se tournent continuellement vers leurs collègues du secteur civil et d’autres pays pour saisir toutes les occasions d’approfondir et d’enrichir les soins fournis.
En plus de déterminer l’incidence du TSPT parmi les militaires des FC qui ont été déployés dans le cadre de la mission en Afghanistan de 2001 à 2008, l’étude de 2011 sur l’incidence cumulative du TSPT et d’autres troubles mentaux s’est aussi intéressée à la proportion de ces militaires qui ont fait appel aux services spécialisés en santé mentale à leur retour de mission. Ce chiffre est rassurant, puisqu’il démontre que les militaires des FC vont chercher de l’aide pour soigner leurs potentielles blessures de stress opérationnel sans craindre d’être stigmatisés ou de nuire à leur carrière.
Soutien
Au-delà des différents traitements énumérés ci-dessus, il existe un certain nombre de programmes visant à soutenir les militaires des FC souffrant du SSPT et d’autres affections. En voici quelques-uns :
- le Programme d’aide aux membres des FC : Ce programme offre aux militaires des FC et à leur famille des conseils et un service d’orientation. Il offre également, en toute confidentialité, un service de consultation externe (civil) à court terme (maximum de neuf séances) pour ceux qui en ont besoin.
- le programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO) : consiste à offrir du soutien par les pairs et des consultations familiales aux militaires des FC souffrant du SSPT ou d’autres blessures de stress opérationnel (BSO).
- le programme En route vers la préparation mentale (RVPM) : le programme et le site Web RVPM permet aux soldats déployés, à leur famille et aux fournisseurs de service d’accéder facilement aux renseignements sur le processus de déploiement.
- les centres de ressources pour les familles des militaires (dans toutes les grandes bases des FC) : Les quarante centres de ressources pour les familles des militaires (CRFM) sont situés à proximité des installations des FC à l’échelle du pays, aux États-Unis, et en Europe. Ces centres peuvent fournir des renseignements sur un large éventail de sujets qui intéressent les familles de militaires, notamment la santé mentale. Le personnel de ces centres est en mesure de diriger les membres des familles de militaires qui en ont le plus besoin vers les fournisseurs de services appropriés. Les CRFM peuvent fournir des services urgents d’hébergement, de financement et d’aide à l’enfance, ainsi que du soutien psychologique par l’entremise de services de consultation et d’aiguillage vers des programmes complémentaires offerts au grand public.
- un service d’intervention en cas de crise offert par un réseau composé de policiers militaires, de personnel médical, de travailleurs sociaux et d’aumôniers interconfessionnels
- les militaires des FC et leurs personnes à charge ont accès à l’ensemble des programmes, agences et maisons d’hébergements de la communauté civile.