Notes d’allocution
pour
l’honorable Diane Finley,
ministre des Ressources humaines et du
Développement des compétences
Traiter les problèmes sociaux en habilitant les personnes et les collectivités
Conférence de réseautage Manning de 2012
Le 9 mars 2012
Centre des congrès d’Ottawa
Ottawa (Ontario)
Le texte prononcé fait foi
Bonjour à tous, et merci, Nick, pour cette aimable présentation.
Je désire souhaiter la bienvenue à mes deux interlocuteurs, Ray Pennings et Kate Bahen. Je sais que nous aurons une discussion des plus intéressantes et que j’aurai plaisir à entendre vos opinions.
Tout en me rendant ici aujourd’hui, je me suis souvenue d’une vieille blague. Un commerçant est consterné lorsqu’un tout nouveau commerce ouvre ses portes à côté du sien et pose une affiche annonçant « LES MEILLEURES AUBAINES ». Il est ensuite scandalisé lorsqu’un concurrent ouvre un commerce de l’autre côté du sien et annonce son arrivée en posant une affiche encore plus grande sur laquelle on lit : « LES PRIX LES PLUS BAS ». Le commerçant alors panique, jusqu’à ce qu’une idée lui traverse l’esprit : il installe une plus grande affiche que les autres au-dessus de sa boutique sur laquelle on peut lire : « ENTRÉE PRINCIPALE ».
Je vous raconte cette histoire du fait que d’une certaine façon, elle cadre avec ce dont je vais vous parler aujourd’hui, soit le potentiel largement inexploité en matière d’innovation et de résilience de nos collectivités locales.
Alors, si vous le voulez bien, débutons.
Je crois avoir la réputation de dire ce que je pense.
Je dis ce que je pense et je pense ce que je dis.
Je commencerai donc par dire certaines choses qui, d’après moi, sont importantes.
Je crois que la famille est le fondement de notre société et qu’aucun programme gouvernemental ne pourrait la remplacer sur le plan du soutien, des soins et de la croissance.
Ce sont les parents qui savent le mieux ce qui convient à leurs enfants et ce sont les dirigeants communautaires qui comprennent le mieux les problèmes locaux et qui sont les mieux placés pour les résoudre et obtenir des résultats.
Et je crois que la responsabilité personnelle au sujet de la famille, de la collectivité et de nos concitoyens moins fortunés, est essentielle pour qu’une vie soit empreinte de dignité, de sens et de respect.
Et, au bout du compte, en l’absence de dignité, de sens et de respect, aucun programme social ne pourra être efficace.
Je vous fais part de cela car nous avons un défi à relever dans ce pays et c’est ce dont je veux vous parler aujourd’hui.
Les gouvernements ne peuvent pas tout faire pour résoudre les problèmes sociaux.
Les gouvernements ne sont pas en mesure de financer tous les services nécessaires sans tenir compte de la capacité de payer des contribuables.
Les gouvernements peuvent, toutefois, aider les citoyens et les habiliter afin qu’ils puissent composer avec les problèmes sociaux.
Comme l’a déjà dit Ronald Reagan :
« The nine most terrifying words in the English language are: I’m from the government and I’m here to help. », ce qui pourrait se traduire en français par ceci : « La phrase la plus terrible en langue anglaise est la suivante : je suis fonctionnaire, comment puis-je vous aider? »
Cela peut sembler un peu cru, mais peut-être que cela ne l’est pas. Il est évident que des problèmes sociaux complexes et persistants demeurent, malgré les diverses approches prises par tous les ordres de gouvernement. Certaines d’entre elles ont réussi, d’autres non.
L’élimination de la pauvreté a toujours été une priorité de tous les gouvernements du monde industrialisé, dont le Canada, et ils consacrent une partie considérable de leurs ressources budgétaires à l’atteinte de cet objectif.
Les gouvernements continuent de lutter contre des problèmes sociaux complexes et persistants qui semblent insolubles.
Lorsque j’ai été nommée ministre de RHDCC pour la première fois en 2006, j’ai demandé aux fonctionnaires du Ministère : combien y a-t-il de sans-abri au pays, et ils m’ont répondu 150 000.
Trois années plus tard, lorsque j’ai été nommée de nouveau ministre de RHDCC, après avoir été ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, j’ai encore posé la même question, à savoir combien y a-t-il de sans-abri au pays, et encore une fois on m’a répondu 150 000.
Des millions de dollars ont été dépensés dans le cadre d’ententes de financement déjà en place sans que des changements importants ne se produisent.
Mettons tout de même les choses au clair. Il y a de nombreuses personnes sincères et dévouées qui déploient tous les efforts nécessaires pour résoudre les problèmes sociaux. En effet, il s’agit notamment de fonctionnaires, d’organisations professionnelles et d’organismes sans but lucratif, en plus de milliers de bénévoles, qui s’efforcent de faire évoluer les choses.
Cependant, il appert également que certaines des approches traditionnelles à ces problèmes n’ont pas toujours engendré les résultats escomptés.
En toute franchise, nous ne pouvons pas toujours recourir aux mêmes processus et nous attendre à obtenir des résultats différents.
Dans de telles circonstances, l’innovation n’est pas une option, mais une nécessité.
Cependant, une chose doit être vraie : les programmes gouvernementaux traditionnels et uniques permettent d’accomplir certaines choses adéquatement; toutefois, ils ne peuvent pas résoudre tous les problèmes de société d’une grande complexité.
Alors, que peut-on faire?
Nous devons adopter de nouvelles approches si nous voulons progresser.
Le temps est venu pour le gouvernement de se rapprocher des personnes et des collectivités. Le temps est venu pour le gouvernement de laisser libre cours aux initiatives personnelles afin que les personnes motivées puissent aider les autres et assumer davantage de responsabilités pour elles-mêmes et pour leurs familles.
Le temps est venu, comme nous l’avons dit dans le Budget de 2011, de prendre des mesures « en complément des efforts déployés dans les collectivités, en favorisant l’établissement de partenariats gouvernementaux-communautaires, en donnant aux collectivités des moyens de s’attaquer aux problèmes locaux et en mettant à l’essai de nouvelles approches qui permettraient d’améliorer le rendement des activités. »
REEI
Le gouvernement peut être extrêmement efficace en tant que facilitateur et motivateur.
En 2006, au cours de ma première année en tant que ministre et de la première année au pouvoir du gouvernement actuel, le ministre Flaherty et moi-même avons eu l’honneur d’annoncer la création du Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI).
Le REEI aide les Canadiens handicapés et leurs familles à épargner pour l’avenir. Les gains qui s’accumulent sont exempts d’impôt jusqu’au moment de retirer de l’argent de votre REEI. Les parents et les tuteurs peuvent ouvrir un REEI pour un mineur. Avec la permission écrite du détenteur, n’importe qui peut contribuer à un REEI.
Le REEI a beaucoup influé sur la façon dont le gouvernement soutient les personnes handicapées et il a été bien accueilli par les familles des personnes handicapées et la communauté.
Autres progrès
Les gouvernements peuvent faciliter les activités, cependant, au bout du compte, nous avons besoin du leadership des organismes sans but lucratif novateurs et autres organismes non gouvernementaux pour soulever l’élan à l’égard de l’économie sociale.
Les discussions sur les partenariats sociaux vont bon train, et déjà, certains échanges intéressants ont lieu en ce sens.
Pour débuter, j’ai mis sur pied, l’année dernière, un comité consultatif volontaire sur les partenariats sociaux et je suis très satisfaite du travail, de l’énergie et de l’enthousiasme de ses membres.
Le comité est formé de dirigeants et d’innovateurs des collectivités du financement social, du secteur sans but lucratif et du monde des finances. Il fournit des conseils sur un grand nombre de sujets liés aux nouvelles approches envers les problèmes sociaux.
Cela comprend des discussions sur le financement social, où le secteur privé et les particuliers font plus que soutenir les organisations sociales et communautaires; en effet, ils investissent de façon stratégique pour que les répercussions soient plus grandes et plus tangibles.
Si vous ignorez ce qu’ils font comme travail ou n’en avez pas entendu parler, je vous invite à vous informer sur le Groupe de travail canadien sur le financement social. Essentiellement, le Groupe de travail cherche à changer notre conception de l’investissement et de la philanthropie au Canada.
Il a publié un rapport en 2010 ainsi qu’un rapport d’étape l’année dernière.
Récemment, le Centre de la découverte MaRS à Toronto a annoncé la création du centre national d’investissement d’impact qui servira de plateforme au financement social.
Nous examinons déjà de nouvelles façons de conclure des arrangements financiers novateurs qui constitueront des éléments clés d’une stratégie générale sur les partenariats sociaux, soit une stratégie qui prévoit la possibilité de conclure des ententes de rémunération au rendement qui lient le financement aux résultats mesurables.
Dans le cadre de ces ententes, le financement complet n’est fait que lorsque les objectifs sont atteints, et des paiements plus élevés sont versés lorsque les objectifs sont dépassés.
Partenariats avec le secteur privé
Nous constatons déjà des innovations dans les stratégies de financement de nombreux organismes sans but lucratif qui cherchent activement d’autres partenaires pour soutenir leur travail afin de s’assurer qu’ils peuvent tirer le meilleur parti des dollars qu’ils investissent.
Le fait d’encourager le secteur privé à participer à la recherche de solutions relativement aux problèmes sociaux engendrera de nouvelles perspectives et approches.
Certaines des pratiques exemplaires du secteur privé pourraient assurément s’appliquer aux organismes sans but lucratif.
Permettez-moi d’ajouter qu’il est tout à fait faux de croire que les gens d’affaires s’intéressent seulement aux profits à court terme et qu’ils ne sont pas prêts à investir dans la collectivité.
Nous avons tous entendu parler du mécénat d’entreprise, comme celui de la Bill and Melinda Gates Foundation.
Toutefois, en réalité, ce ne sont pas seulement les grandes sociétés qui appuient les causes qu’elles estiment importantes.
Même dans les plus petites villes du Canada, il y a habituellement un propriétaire d’entreprise de la région qui achète de l’équipement pour une équipe de sport mineur, qui fait don d’ordinateurs usagés aux écoles secondaires, qui permet à des personnes handicapées d’acquérir une expérience de travail réelle ou qui effectue gratuitement des réparations à domicile pour les aînés, etc.
La volonté d’aider est déjà bien présente dans le milieu des affaires; il s’agit simplement de mieux l’orienter.
Obligations socialement responsables
Dans le cadre de l’examen de cette question, nous avons découvert l’existence d’un certain nombre d’arrangements financiers novateurs qui sont en fait des outils de financement social. Lors d’un voyage à Londres l’automne dernier, j’ai rencontré des têtes dirigeantes du financement social mondial qui m’ont parlé de l’obligation socialement responsable.
L’obligation socialement responsable est un contrat entre le gouvernement et des investisseurs privés aux termes duquel les investisseurs fournissent le capital initial nécessaire pour financer une organisation, souvent sans but lucratif, en vue de la réalisation d’un programme social.
Un paiement du gouvernement est lié aux résultats du programme. Seulement lorsque les résultats souhaités sont atteints, le gouvernement verse aux investisseurs la prime convenue, en plus de rembourser l’investissement initial.
En plus d’optimiser l’expertise locale et du secteur privé, l’obligation socialement responsable a comme résultat de déplacer le risque de l’état actuel des affaires, où le gouvernement (et les contribuables) paient sans garantie de rendement, au groupe social qui sera « payé en fonction des résultats ». Les investisseurs, les groupes communautaires qui réussissent sont gagnants, les bénéficiaires sont gagnants et les utilisateurs du service et les contribuables sont gagnants.
Cette façon de faire n’est pas sans comporter ses propres problèmes.
Pour qu’un programme comme celui propre à une obligation socialement responsable fonctionne, le programme concerné doit s’accompagner de résultats précis et mesurables ainsi que d’une structure de paiement clairement définie et harmonisée aux objectifs établis; ces objectifs devront être transparents et être clairement « importants ».
Le gouvernement, pour protéger les investissements des contribuables, devra disposer d’une méthode rigoureuse d’évaluation.
Cependant, le défi le plus important pourrait bien résider dans la nature même des partenariats du gouvernement avec des groupes non gouvernementaux pour offrir des services sociaux. Lorsqu’un gouvernement conclut un partenariat avec une petite organisation de services sociaux, est-ce que cela habilite l’organisation et lui permet de faire « un bon travail »? Ou est-ce que le fait d’être en partenariat favorise tout simplement le déploiement de pratiques gouvernementales et bureaucratiques dans le secteur du bénévolat et des organismes non gouvernementaux, créant ainsi une dépendance plutôt qu’un renforcement de l’autonomie?
D’après moi, cela dépend de la façon dont sont élaborées les ententes de facilitation, d’habilitation et de partenariat, ainsi que de l’intention du gouvernement lorsqu’il le fait.
C’est pourquoi notre approche sera progressive et respectueuse de la situation financière du gouvernement. Le gouvernement n’a pas les moyens de tout faire et nous devrons tirer parti de tout ce qui est à notre portée pour obtenir une incidence maximale.
Conclusion
Margaret Thatcher a déjà dit [traduction] « qu’une nation croît et se développe grâce à d’innombrables décisions prises par des gens ordinaires en quête d’espoir et de rêves. »
Et si ces rêves aident les collectivités, alors le gouvernement devrait les appuyer.
Et si ces rêves contribuent à bâtir de meilleures collectivités où les moins fortunés retrouvent l’espoir et le respect de soi, alors le gouvernement devrait les faciliter.
Et si ces rêves signifient assumer plus de responsabilités personnelles à l’avenir pour eux-mêmes et leurs familles, alors le gouvernement devrait indéniablement aider à les réaliser.
Nous continuerons de nous assurer que les personnes vulnérables sont protégées et que les Canadiens et les Canadiennes reçoivent les services dont ils ont besoin.
Nous n’abandonnons aucune de nos responsabilités.
Ce que nous faisons consiste à créer plus d’espace et plus de liberté, en créant notre propre affiche « ENTRÉE PRINCIPALE » comme cet astucieux commerçant, ce qui permet aux bonnes idées de s’épanouir et aux particuliers et aux collectivités d’assumer leur autonomie.
Merci.
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