M. le président, je me lève aujourd’hui pour commémorer un anniversaire important dans l’histoire de notre Parlement et des collectivités sino-canadiennes pionnières.
Il y a 65 ans aujourd’hui, le Parlement a abrogé la Loi de l’immigration chinoise, aussi appelée la Loi d’exclusion des Chinois, mettant ainsi fin à des générations de discrimination à l’endroit des personnes d’origine chinoise.
La Loi de l’immigration chinoise est entrée en vigueur en 1923 dans le but d’empêcher quiconque en provenance de la Chine d’immigrer au Canada. Cette loi a été adoptée malgré le fait que le gouvernement avait, pendant 38 ans, recueilli 23 millions de dollars en impôt de capitation auprès des immigrants chinois.
Cette loi injuste empêchait toute personne venant de la Chine d’immigrer au Canada. Les hommes d’origine chinoise qui avaient pendant 20 ans fait l’objet de préjugés devaient rester loin de leur famille et ne pouvaient jouir des droits réservés aux sujets de la Couronne. Il s’agit d’une mesure indigne de notre pays, si l’on tient compte du fait que nombre de ces hommes ont contribué à l’union du Dominion en bâtissant une des sections les plus dangereuses du chemin de fer canadien du Pacifique dans les Rocheuses.
Malgré ces injustices, les immigrants chinois ont continué à faire preuve d’une loyauté sans borne. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux sino-Canadiens se sont bravement portés volontaires pour joindre les rangs de l’armée canadienne. Ayant servi avec abnégation, ils n’ont en général participé à des combats qu’à la fin de la guerre, les Britanniques les ayant recrutés dans l’exécutif des opérations spéciales. Ils ont servi à l’étranger avec honneur, défendant la liberté et venant à bout du fascisme et de l’impérialisme japonais.
Douglas Jung fut l’un de ces volontaires remarquables. Le gouvernement du dominion, en partie en raison des efforts d’hommes comme Douglas Jung, s’est rendu à l’évidence que ces politiques inéquitables n’avaient plus leur place. Ainsi, le 14 mai 1947, la Loi de l’immigration chinoise a été abrogée.
La journée d’aujourd’hui marque le 65e anniversaire de cette réalisation historique. Le 22 juin 2006, notre gouvernement a contribué à mettre définitivement fin à cette triste période, le premier ministre ayant fait des excuses officielles concernant la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois et exprimé son profond regret.
Depuis ce moment-là, le gouvernement a versé des paiements symboliques à titre gracieux aux personnes ayant été soumises à la taxe d’entrée et qui sont encore vivantes, et aux conjoints de celles qui sont décédées. Dans le cadre du Programme de reconnaissance historique pour les communautés, notre gouvernement a également approuvé l’octroi de plus de 4,5 millions de dollars à des projets en reconnaissance de l’injustice dont ont été victimes les sino-Canadiens par le truchement de la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois et de la Loi de l’immigration chinoise.
En juin 1957, Douglas Jung est devenu le premier député canadien d’origine asiatique et chinoise. Il a ultérieurement représenté le Canada aux Nations Unies.
Nous honorons sa mémoire et celle de toutes les personnes qui se sont levées avec dignité et ont surmonté des décennies de discrimination contre les personnes d’origine chinoise ou asiatique. Un édifice fédéral à Vancouver a été nommé l’édifice Douglas Jung en 2007.
Dans son premier discours prononcé à la Chambre des communes, Douglas Jung a dit ceci :
‘‘Je ne doute pas que les honorables députés, de quelque côté de la Chambre qu’ils siègent, se réjouiront de l’existence dans notre pays d’un régime de gouvernement qui ne fait pas étalage bruyant de ses vertus, mais qui exprime sa foi dans nos principes par l’action plutôt que par la parole seulement.’’
En ce 65e anniversaire de l’abrogation de la Loi de l’immigration chinoise, arrêtons-nous un instant pour réfléchir aux personnes qui ont su conjurer l’adversité et qui ont contribué à édifier une nation où règnent la liberté, la démocratie et l’égalité des chances pour tous.