29 septembre 2012
Toronto (Ontario)
LE DISCOURS PRONONCÉ FAIT FOI
Le Premier ministre Stephen Harper a prononcé l'allocution suivante à l'occasion du 40e anniversaire de la Série du siècle de 1972 :
« Bonsoir.
« Mes salutations tout d'abord à mon ami et collègue Bal Gosal, ministre d'État pour les sports, à tous mes collègues du Parlement du Canada et des autres paliers de gouvernement, aux invités de marque et à vous, mesdames et messieurs.
« Bienvenue à tous et à toutes.
« Laissez-moi commencer par féliciter tous les organisateurs. Je sais que Ronnie Ellis et Dennis Hull ont participé, et par souligner le soutien généreux de George Georgopoulos et de Vito Frijia.
« Merci à tous ceux qui ont joué un rôle dans l'organisation de cette formidable célébration.
« Mes amis, nous sommes ici pour se parler du bon vieux temps et pour honorer des gens incroyables, notre Équipe Canada 1972, ainsi que des amis du Canada de l'ancienne équipe nationale soviétique.
« Et je sais qu'il y en a beaucoup ici ce soir.
« Je veux d'abord dire que je suis très honoré de me trouver ici ce soir.
« C'est un euphémisme de dire que je suis réellement honoré d'être ici.
« Comme bon nombre d'entre vous le sait, j'ai toujours ressenti pour le hockey une passion qui a enrichi ma vie, en tant que partisan et qu'historien, et non pas comme joueur.
« Je suis l'un des pires joueurs de toute l'histoire de ce sport.
« Mais cela a été une merveilleuse partie de ma vie, et comme la plupart des Canadiens, mon amour pour ce sport est né quand j'étais jeune.
« Et je me souviens très bien de cette journée, il y a quarante ans, où j'ai regardé à la télévision le huitième match dans le gymnase de l'école intermédiaire John G. Althouse, à Etobicoke.
« Les enseignants avaient abandonné depuis longtemps tout espoir de nous garder en classe.
« Je crois que mon père regardait aussi le match à son travail, que ma mère avait cessé de passer l'aspirateur pour la journée et qu'elle regardait le match à la maison, et nous étions tassés comme des sardines.
« Vous savez, les pompiers auraient probablement dû être appelés, mais ils étaient trop occupés à regarder le match à la caserne et ils ne répondaient pas au téléphone.
« La tension, comme nous nous en souvenons tous, nous qui sommes assez vieux pour avoir ce souvenir, la tension pendant trois heures était incroyable, jusqu'aux tous derniers instants lorsque Foster Hewitt et René Lecavalier ont lancé ces mots que nous pouvons tous réciter comme s'ils avaient été prononcés hier …
« Et le but de Henderson …
« Henderson has scored for Canada!
« Je crois que presque tous les Canadiens et Canadiennes qui vivaient à cette époque se souviennent encore où ils étaient quand c'est arrivé.
« Et maintenant, quatre décennies plus tard, le fait de se trouver parmi nos héros, quel réel privilège pour chacun d'entre nous.
« Je demanderai des autographes plus tard, sans blague, je vais le faire.
« Malheureusement, certains membres d'Équipe Canada 1972, comme il a été souligné, ne sont plus parmi nous:
« Gary Bergman, Bill Goldsworthy, John Ferguson et Rick Martin.
« Ils nous ont quittés, mesdames et messieurs, mais nous ne les avons certainement pas oubliés.
« Et au nom de tous les Canadiens, j'aimerais également rendre hommage aux anciens joueurs de l'Union soviétique qui nous ont aussi quittés.
« Ils sont, eux aussi, dans nos pensées ce soir, et la légende continue.
« Maintenant, j'aimerais réfléchir brièvement à trois choses avec vous.
« La première des choses, c'est ce que la Série du siècle a fait à nos relations.
« Aujourd'hui, naturellement, grâce à des hommes et à des femmes de bonne volonté du Canada, de l'Occident dans son ensemble et de l'ancien bloc de l'Est, il est vraiment difficile d'expliquer aux jeunes d'aujourd'hui le contexte de guerre froide dans lequel toute cette série s'est déroulée.
« Une toute nouvelle génération, plus d'une génération, a grandi sans percevoir les gouvernements de l'Europe de l'Est comme des ennemis.
« Et cela, mes amis, est une bonne chose; c'est une très bonne chose.
« Mais la vérité est que, durant la Série du siècle, il se produisait beaucoup plus de choses que ce qui se passait sur la glace.
« De plus en plus, les Canadiens ont commencé à voir plus que de simples matchs de hockey; ils ont vu se confronter différentes conceptions de la société, différents régimes de gouvernement, et cela a suscité bien des émotions.
« Je m'en souviens presque comme s'il s'agissait d'une atmosphère en temps de guerre – quelque chose que les Canadiens n'ont pratiquement jamais ressenti depuis je crois.
« Mais néanmoins, les contacts personnels et sociaux que cette série a permis, particulièrement avec les milliers de Canadiens qui se sont rendus à Moscou, ont réellement provoqué le début du démantèlement des barrières culturelles et politiques qui s'est poursuivi par l'entremise de la diplomatie du hockey des années 1970 et 1980 et qui nous a amené vers la situation moins tendue que nous connaissons aujourd'hui dans le monde.
« Nous en sommes très reconnaissants.
« La deuxième chose que j'aimerais souligner, c'est ce qu'a fait de la Série du siècle pour la fierté canadienne nationale.
« À mesure que septembre 1972 avançait, la gravité de la menace qui pesait sur notre conception plutôt complaisante de notre suprématie au hockey devenait naturellement plus apparente, et elle a mis notre équipe et notre pays au défi de se surpasser.
« Et à cet égard, je sais que je ne devrais pas viser personne, mais je veux adresser directement mes félicitations à Phil Esposito.
« Toutes les situations comme celle-là exigent un leader, et Phil, vous êtes devenu ce leader.
« Nous nous souvenons tous de ce moment inspirant à la fin du quatrième match, lorsque les choses n'auguraient pas tellement bien, que les gens étaient bien malheureux, bien fâchés, pratiquement désespérés, et alors Phil a rappelé à tous : « Nous sommes venus ici parce que nous aimons le Canada. »
« Quelle déclaration inspirante.
« Phil, vous n'avez pas seulement rallié une équipe quand nous en avions besoin.
« Vous avez rallié le pays en entier.
« Je ne crois pas que, de toute ma vie, les Canadiens aient été aussi unis et aussi fiers qu'ils ne l'ont été après ce moment, lorsque l'équipe de 1972 était à Moscou et qu'elle luttait désespérément pour l'honneur du Canada et son grand sport national.
« La troisième chose que je veux noter, c'est la dette de gratitude que le hockey a envers les Russes à cause, justement, de la rencontre de 1972.
« Et je crois, mes amis, je crois que nous devons le dire en tant que Canadiens, et je crois qu'il s'agit souvent de l'aspect le plus négligé de toute cette aventure.
« Vous savez, lorsque la poussière est retombée, je pense que de nombreux Canadiens ont admis à contrecœur que nous avions eu de la chance de remporter cette série.
« Nous avons fini par gagner grâce à la réelle détermination, à la sincère émotion ainsi qu'au talent des joueurs.
« Mais il était évident que les Soviétiques avaient montré qu'on pouvait pratiquer ce sport d'une tout autre façon.
« La créativité, l'offensive organisée, les entrecroisements, l'accent sur le jeu de transition.
« J'ai parlé de la complaisance dont nous faisions preuve à l'égard de notre suprématie au hockey à cette époque.
« Il existait bien quelques légendes, vous savez.
« L'une d'entre elles était le légendaire Cyclone Taylor.
« Certains d'entre vous ont probablement déjà lu à son sujet. Il est revenu de l'Union soviétique dans les années 1950 et nous avait avertis que le nouveau programme de hockey soviétique faisait progresser ce sport davantage que chez nous.
« Mais, comme d'autres personnes à cette époque, il a été ignoré, parfois ridiculisé, voire vilipendé.
« Après avoir vu les joueurs soviétiques à l'œuvre, cependant, nous avons tous commencé à entrevoir de nouvelles possibilités pour ce sport, un sport amélioré dont nous profitons aujourd'hui.
« Alors cela a été, mes amis, une période de transformation, et à nos amis hockeyeurs ici ce soir venus de Russie, j'aimerais dire avec reconnaissance Spasiba, merci.
« Mesdames et messieurs, en conclusion , nous sommes ici ce soir pour honorer tous ces hommes, ces grands Canadiens, grands joueurs de hockey, Phil et Paul Henderson et Yvon Cournoyer et tous les membres des deux équipes.
« Il y a quarante ans, vous étiez sans doute des héros, mais maintenant, vous êtes des légendes.
« Et chaque garçon et fille, du Canada anglais ou français, de la Russie ou de n'importe où ailleurs dans le monde, qui lace une paire de patins et prend un bâton de hockey honore la contribution que vous avez faite au sport et à la page d'histoire que vous avez écrite pour nous tous en 1972.
« Félicitations et merci beaucoup. »
« Que Dieu bénisse le Canada, que Dieu vous bénisse tous. »