Bon après-midi, Mesdames et Messieurs. Je vous remercie de votre aimable présentation.
C'est la deuxième fois que j'assiste au Forum sur la politique scientifique et technologique, et je remercie l'Association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS) de m'avoir invité. Lors de ma première visite en 2009, la conjoncture était un peu différente. L'économie mondiale était mal en point et de nombreux pays étaient encore en récession. Je suis heureux d'être de retour ici maintenant que la situation s'est améliorée. J'en suis vraiment enchanté.
À titre de ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, j'encourage l'adoption de politiques qui font progresser les intérêts économiques et sociaux du Canada. Cela comprend les politiques qui stimulent la croissance des entreprises grâce à l'innovation, à la recherche-développement (R-D) menée dans les établissements d'enseignement supérieur et aux partenariats de recherche établis tant au Canada qu'en dehors de ses frontières.
Je suis donc heureux d'être ici pour vous expliquer comment le Canada accroît son bien-être économique et social grâce aux sciences et à la technologie (S et T).
Le Canada voue une grande importance à sa relation avec les États-Unis. Nos deux pays ont des défis communs et explorent de nouveaux horizons, tant chez eux qu'ailleurs dans le monde. Nous sommes fiers de créer des partenariats qui enrichissent notre travail et améliorent notre vie. Nos partenariats en S et T chevauchent diverses disciplines scientifiques et misent aussi sur la participation du monde des affaires.
En 2011, j'ai assisté au dernier lancement de la navette spatiale à Cap Canaveral. Ce programme spatial a été un grand exploit canado-américain.
Le mois dernier, je me suis rendu à Cleveland pour participer au lancement du Conseil des Grands Lacs et j'ai participé à BIO 2013 à Chicago. Cette semaine, j'ai visité le MIT et l'Université Harvard, à Cambridge. J'ai mis en lumière l'investissement de plus de 200 millions de dollars fait par IBM au Canada pendant que j'étais à New York plus tôt cette semaine. Aujourd'hui, je suis à Washington (D.C.) pour mettre en valeur le partenariat de recherche canado-américain.
Je peux vous affirmer aujourd'hui que ce partenariat se porte fort bien.
Notre gouvernement soutient les sciences, la technologie et l'innovation au Canada grâce à une gamme de mesures au chapitre de l'investissement et de la fiscalité. Mon portefeuille comprend des conseils subventionnaires, des fondations et des organismes gouvernementaux qui mènent directement de la recherche.
Le Canada possède trois conseils subventionnaires fédéraux qui financent la recherche postsecondaire dans les domaines des sciences naturelles et sociales, de la santé, du génie et des sciences humaines. Ensemble, ils administrent nos Réseaux de centres d'excellence, qui réunissent des partenaires du milieu universitaire, des secteurs public et privé et du secteur sans but lucratif dans le cadre de programmes pluridisciplinaires. Ces centres se penchent sur divers domaines, dont la santé, les mathématiques, les ressources naturelles et les médias numériques.
Le Conseil national de recherches du Canada est l'organisme fédéral par excellence en R-D. Je dois souligner que 11 lauréats de prix Nobel y ont travaillé. Le Conseil est à l'origine de percées de portée internationale dans des domaines tels que la médecine nucléaire, la technologie cardiovasculaire, la phytotechnie et l'animation informatique. Le Conseil est présent dans chaque province canadienne; il intervient activement dans les secteurs des sciences de la vie, de la physique et du génie et il fournit aide et conseils à l'industrie.
L'Agence spatiale canadienne aide à enrichir nos connaissances au sujet de l'espace et elle collabore de près avec la NASA sur un certain nombre de plans. Elle a aussi aidé l'industrie à mettre au point des technologies de pointe, par exemple le Canadarm et le manipulateur Dextre, deux appareils utilisés pendant les missions des navettes de la NASA et à bord de la Station spatiale internationale (SSI). Au moment où je vous parle, l'astronaute Chris Hadfield supervise la SSI à titre de premier commandant canadien. Il a de nombreux admirateurs. En effet, plus d'un demi-millionde personnes lisent ses abondants commentaires diffusés sur Twitter depuis l'espace et profitent de ses vidéos fantastiques montrant la vie de tous les jours à bord de la SSI.
Une bonne partie de la riche histoire du Canada dans les secteurs spatial et aérospatial est imputable directement à la collaboration entre les secteurs public et privé. L'automne dernier, par exemple, le Conseil national de recherches a franchi une étape importante pour l'industrie aéronautique en faisant voler pour la première fois un avion à réaction civil consommant uniquement un biocarburant non mélangé. Ce vol historique a marqué une étape déterminante pour l'aéronautique et pour l'avancement des sources durables d'énergie renouvelable. Il a rappelé à tous ce que la coopération et les partenariats peuvent permettre d'accomplir dans la poursuite d'un objectif commun.
J'aimerais aussi attirer l'attention sur certaines de nos réalisations récentes, ici sur la terre ferme.
Notre pays excelle dans le domaine de la physique. Nos scientifiques ont participé à certaines des grandes découvertes de l'an dernier, par exemple la mesure des propriétés intrinsèques des atomes d'antimatière et l'identification de l'insaisissable boson de Higgs.
Le laboratoire de physique des particules TRIUMF, installé à Vancouver et liant le Canada au CERN, a mis au point une méthode pour fabriquer un important isotope médical dans les cyclotrons existants; cela signifie que l'isotope pourrait être produit sans le recours à des réacteurs nucléaires.
Le Canada excelle également en physique théorique. C'est dans ma circonscription de Kitchener-Waterloo (Ontario) que l'on trouve le plus vaste institut de physique théorique du monde, soit l'Institut Perimeter. Stephen Hawking y est professeur invité. En fait, notre gouvernement a investi dans un grand établissement qui porte le nom de M. Hawking et qui a ouvert ses portes en 2011. L'Institut Perimeter collabore de près avec l'Institut de l'informatique quantique de l'Université de Waterloo. Ce dernier a participé l'an dernier à un exploit record, quand un quantum a été télétransporté sur une distance de 143 kilomètres, soit la plus grande distance jamais franchie dans le cadre d'une telle expérience.
En médecine, des scientifiques de l'Institut et Hôpital neurologiques de Montréal ont créé un nouvel outil qui analyse les examens par IRM pour détecter les aspects de l'atrophie cérébrale caractérisant la maladie d'Alzheimer. La technique informatisée appelée SNIPE peut faire la distinction entre cette maladie et les effets du vieillissement normal avec un degré d'exactitude de 93 %.
Notre gouvernement est convaincu que les sciences et la technologie constituent les fondements de la productivité, de la compétitivité et de la croissance. Nous établissons donc les conditions nécessaires pour rehausser le savoir et munir les Canadiens des compétences nécessaires pour prospérer dans l'économie du savoir.
Notre stratégie des S et T, présentée par le premier ministre Stephen Harper en 2007, oriente l'ensemble de nos efforts. Nous savons que le Canada a besoin d'utiliser ses ressources de manière ciblée. C'est pourquoi la stratégie met l'accent sur les atouts du Canada dans quatre domaines primordiaux : l'environnement, les ressources naturelles et l'énergie, la santé et les sciences de la vie, et les technologies de l'information et des communications (TIC). C'est aussi en vertu de la stratégie qu'a été établi le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation, un organisme consultatif sous la présidence de Howard Alper.
Le Canada se classe encore au premier rang du G-7 en ce qui a trait à l'intensité des dépenses consacrées à la recherche dans les établissements d'enseignement supérieur. Or, les résultats de nos investissements sont évidents dans nos universités. Les établissements canadiens continuent de se classer avantageusement à l'échelle mondiale, l'Université de Toronto et l'Université McGill de Montréal figurant en effet parmi les 20 meilleurs établissements d'enseignement du monde. L'Université de la Colombie-Britannique se distingue elle aussi de façon constante dans les classements de ce genre.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les conseils subventionnaires fédéraux contribuent grandement à accroître le rendement de la recherche au Canada en finançant des programmes dans les domaines des sciences naturelles et sociales, du génie et de la santé. Nous utilisons aussi des ressources considérables pour former, retenir et attirer au pays des talents remarquables. De nombreux programmes fédéraux soutiennent les chercheurs tout au long de leur carrière, qu'il s'agisse de bourses d'études supérieures et de stages postdoctoraux ou encore de chaires de recherche bien financées destinées à des professeurs et à des scientifiques expérimentés.
Ces mesures produisent les résultats escomptés. Des chercheurs étrangers doués prennent conscience de ce que le Canada a à offrir. Une étude récente a fait voir une migration nette des chercheurs vers le Canada de 1997 à 2010. Cette tendance a été particulièrement évidente en médecine clinique, dans le domaine des TIC et en chimie.
En dehors de nos frontières nationales, les chercheurs canadiens établissent des relations avec des collègues et des instituts. Comme beaucoup parmi vous le savent, les S et T reposent grandement sur la collaboration. Le Canada coopère de près avec les pays les plus avancés du monde sur le plan scientifique. Ainsi, il a établi des partenariats solides et très fructueux avec le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, la Chine, le Japon et, bien sûr, les États-Unis.
Le partenariat de recherche canado-américain s'exprime dans plus de 20 ententes conclues entre des ministères et organismes gouvernementaux à vocation scientifique. Cela comprend de grands projets tels que le Dialogue sur l'énergie propre et Neptune, un impressionnant réseau d'observatoires océaniques des fonds marins liés par câble sur la côte Ouest. Le National Institute of Standards and Technology des États-Unis collabore avec le Conseil national de recherches du Canada pour élaborer des normes de mesure en nanotechnologie. Et nos instituts fédéraux respectifs de recherche en santé, à savoir les National Institutes of Health et les Instituts de recherche en santé du Canada, conjuguent leurs efforts dans les domaines des maladies infectieuses, de la neuroscience, de la recherche sur le cancer et de la santé cardiovasculaire.
Notre démarche de collaboration vise en particulier à améliorer le climat d'investissement pour les nouveaux projets d'affaires, afin de favoriser la commercialisation des fruits de la recherche universitaire par des partenaires du secteur privé. Cependant, l'innovation est un processus économique complexe. Comme vous le savez, elle ne se résume pas à formuler des idées et à les transformer en produits en vertu d'un rapport linéaire de cause à effet. L'innovation est un moteur clé de la croissance de la productivité; pour comprendre ce qui la gêne, il faut comprendre ce qui se passe dans le monde des affaires et dans l'écosystème de l'innovation dans son ensemble.
Or, bien que la recherche fondamentale axée sur la découverte demeure essentielle dans la démarche de notre gouvernement, nous croyons également au pouvoir transformateur de la science sur le marché et à la nécessité pour nos entreprises d'investir davantage dans la R-D.
Un des défis de notre gouvernement consiste à amener un plus grand nombre d'entreprises à contribuer davantage à la R-D, car le secteur privé du Canada investit moins que celui d'autres pays à cet égard. Dans plusieurs secteurs industriels clés, l'intensité de la R-D au Canada est plus faible que la moyenne observée dans l'OCDE. Nos entreprises ont aussi un certain retard à rattraper lorsqu'il s'agit de l'investissement dans la machinerie et l'équipement, notamment en ce qui concerne l'adoption des TIC.
Ces lacunes au chapitre de l'innovation demeurent, malgré le fort soutien fédéral accordé à la R-D, tant indirectement grâce aux crédits d'impôt que directement à la faveur de divers programmes.
Nous savons que le problème n'a pas de cause unique. Nous savons aussi, toutefois, que la politique gouvernementale sur l'innovation doit être façonnée par une compréhension profonde des facteurs propres aux divers secteurs et influant sur les affaires.
Afin de mieux nous attaquer à ces questions, nous avons chargé un groupe d'experts indépendant d'étudier les programmes fédéraux d'aide à l'innovation dans les entreprises. Notre objectif était de faire en sorte que l'État utilise de façon optimale ses fonds réservés à la R-D. Dans son rapport, le groupe d'experts a formulé des recommandations auxquelles notre gouvernement est en train de donner suite.
Tout d'abord, nous avons doublé la taille du Programme d'aide à la recherche industrielle. Il s'agit d'un instrument très fructueux et reconnu à l'échelle internationale qui a pour mission de conseiller et d'appuyer les entreprises au chapitre de la recherche et de la mise au point de technologies.
Nous transformons aussi le Conseil national de recherches en axant ses efforts sur les besoins des entreprises, de manière à ce que les recherches menées par le secteur public puissent mieux stimuler l'innovation dans le secteur privé.
Récemment, nous avons lancé un programme pour soutenir les nouvelles technologies par l'intermédiaire des achats du gouvernement fédéral, afin d'aider les petites entreprises à se doter des moyens voulus pour soutenir la concurrence sur le marché.
Cependant, pour promouvoir une économie plus novatrice, il faut aussi fournir les ressources dont les entreprises à fort potentiel ont besoin pour croître. C'est pourquoi nous augmentons les investissements de capital de risque dans les entreprises en démarrage, nous aidons à créer de grands fonds de capital de risque, et nous soutenons les incubateurs et les accélérateurs d'entreprises pour qu'ils multiplient leurs services aux gens d'affaires.
Mesdames et Messieurs, la science sera le principal moteur de la croissance économique à long terme. Le premier ministre Harper l'a dit on ne peut mieux : « La science fait fonctionner le commerce ». Pour bien fonctionner, un système d'innovation a besoin d'une gamme d'éléments complémentaires. Les crédits affectés à la R-D n'en sont qu'un. Selon nous, le rôle du gouvernement consiste à établir des politiques qui renforcent l'activité dans les domaines des sciences, de la technologie et de l'innovation, depuis le stade de la découverte jusqu'à celui de la mise en marché des fruits de la recherche.
Aucun de ces éléments ne peut exister sans les partenariats à tous les échelons. Aujourd'hui plus que jamais, les innovations couronnées de succès sont le fait de chercheurs et d'entreprises travaillant en partenariat, que ce soit avec des établissements du savoir ou avec d'autres entreprises. C'est là un changement important par rapport à il y a 40 ou 50 ans, quand les innovations venaient en général de grandes entreprises qui agissaient seules. Le paysage a changé, et le rythme du changement s'accélère.
Dans cette nouvelle réalité, ce sont les organismes reposant sur leurs membres, comme l'AAAS, qui favorisent le partage des renseignements et la collaboration en recherche et qui stimulent les progrès sociaux, économiques et environnementaux. Maintenant, et ce sera encore plus vrai à l'avenir, les économies qui réussissent sont celles qui engendrent des connaissances en soutenant des partenariats de recherche.
Nous avons tous un rôle à jouer lorsqu'il s'agit de rapprocher les gens les uns des autres, de créer un contexte favorable aux chercheurs, aux entrepreneurs et aux décideurs, et d'aider à faire progresser les S et T au profit tant des États-Unis que du Canada.
Je vous remercie encore une fois du temps que vous m'avez accordé cet après-midi et je vous souhaite une rencontre productive et inspirante.