Ottawa, le jeudi 22 août 2013
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
Je suis heureux de me joindre à vous pour souligner la philanthropie, et je suis d’autant plus ravi que cette discussion soit organisée en collaboration avec le nouveau programme de maîtrise en philanthropie et leadership dans le secteur à but non lucratif de l’Université Carleton — le premier diplôme en son genre au Canada.
Je ne vous apprends rien en disant que la philanthropie joue un rôle essentiel dans notre société. Vous êtes ici parce que vous en êtes convaincus, parce que vous croyez qu’il est important de donner.
J’aimerais discuter brièvement de la valeur d’un tel diplôme. Les universités ont toujours été axées vers l’avenir, suivant et anticipant les changements sociaux, préparant les étudiants à vivre, travailler et prospérer dans une nouvelle réalité.
La philanthropie existe depuis plusieurs siècles, sous une forme ou une autre, évoluant sans cesse pour répondre aux besoins de l’époque.
Il nous incombe d’évoluer avec elle.
À mesure que le nombre d’étudiants inscrits au programme de maîtrise augmentera, ils puiseront dans l’éducation et l’expérience pratique pour devenir les dirigeants dont le secteur philanthropique a besoin. Ils seront à même de réagir aux tendances, mais aussi de les créer. Ils modifieront le visage changeant de la philanthropie.
À cet égard, les considérations sont nombreuses.
Voici un aperçu de ce que j’ai appris depuis le début de mon mandat de gouverneur général.
J’ai échangé avec de nombreux Canadiens : ceux qui ont remporté du succès, ceux qui ont connu des difficultés, et bien d’autres.
Durant mes conversations, j’ai été ému de constater que, peu importe leurs circonstances, les gens veulent redonner à la société. Ils ont des idéaux, des buts et une vision. Ils ont de la passion et de l’énergie, et ils désirent édifier un pays où il fait bon vivre.
Les Canadiens sont unis par leurs convictions : aider les autres, donner généreusement de leur temps et leurs talents, sans oublier leurs ressources, et renforcer leur pays.
C’est ainsi qu’une multitude de projets positifs ont vu le jour, comme je l’ai observé dans des communautés partout au pays. Ce fut entre autres le cas à Winnipeg, où Hannah Taylor a fondé la fondation Ladybug pour aider les sans-abris dans sa communauté.
Je pourrais passer des heures à vous parler de ces réussites, mais, heureusement pour vous, je ne le ferai pas! Je me contenterai de dire combien j’étais fier de voir les gens trouver des moyens novateurs et créatifs pour aider les autres.
Malgré tous les progrès accomplis, nous avons encore des défis à relever. Il reste de graves problèmes sociaux et sociétaux à régler, certains dus à un manque de ressources, d’autres à un manque de direction — mais aucun à un manque de dévouement. La pauvreté et la maladie mentale sont de bons exemples.
Le Canada et le secteur philanthropique ont besoin de gens comme vous, des dirigeants actuels et en devenir d’organisations du secteur tertiaire, des gens déterminés à explorer les problèmes communautaires et à trouver des solutions.
Comme l’a écrit Zoltan J. Acs, professeur à l’Université George Mason, aux États-Unis, dans son ouvrage Why Philanthropy Matters, la philanthropie s’inscrit dans un contrat social implicite qui nourrit et revitalise la société en permanence.
Comme le savent si bien les dirigeants communautaires qui sont avec nous aujourd’hui, tous les étudiants inscrits au programme de maîtrise sont visés par ce contrat social.
En tant que membres de la communauté philanthropique, vous avez une réelle contribution à apporter au renforcement et à la revitalisation du contrat, pour votre bien et celui des autres. Vous avez l’importante responsabilité de le maintenir afin que nous puissions améliorer le monde qui nous entoure.
Laissez-moi illustrer votre responsabilité. Les philanthropes sont de plus en plus portés à parler de l’incidence de leurs dons. Ils veulent que leurs contributions aient une signification et des effets à long terme. Ils souhaitent que leur investissement dans le changement social produise des retombées.
Et ils s’attendront à ce que vous — les dirigeants du secteur philanthropique et d’organisations à but non lucratif — dépensiez de manière réfléchie, fassiez preuve d’innovation et laissiez un impact mesurable.
Voilà pourquoi le professionnalisme et l’éthique comptent parmi les principes à assimiler durant vos études, puis à respecter rigoureusement dans l’exercice de votre profession.
Vous jouez un rôle important et devez garantir le respect de normes strictes. Ce n’est pas un engagement pris à la légère, mais il en vaut véritablement l’effort.
Vous entreprenez un long parcours qui, bien que semé d’embûches, s’avérera très gratifiant.
À vous qui commencez vos études, et aux autres qui continueront d’aider la communauté et d’édifier une nation plus avertie et bienveillante, je pose les questions suivantes : quel est l’avenir de la philanthropie?
Qu’en sera-t-il du secteur philanthropique lors du 150e anniversaire de notre pays, en 2017?
Et par la suite?
Il me tarde de connaître vos opinions et vos idées sur l’état actuel de la philanthropie et sur la façon d’encourager les Canadiens à donner.
C’est en travaillant ensemble que nous créerons un Canada où chacun de nous pourra prospérer. Il ne s’agit pas d’un concept abstrait, car je l’ai vu de mes propres yeux. L’avenir du don au Canada repose entre vos mains, entre bonnes mains.
Je vous souhaite la meilleure des chances dans vos études et vous remercie de maintenir la philanthropie parmi les valeurs canadiennes. Je remercie aussi les concepteurs de ce programme, qui offre aux Canadiens la chance de devenir les dirigeants dont le secteur philanthropique et les organisations sans but lucratif ont besoin.