Le 31 octobre 2013 - Vancouver (Colombie-Britannique)
Sous réserve de modifications
Distingués lauréats, distingués invités, Mesdames et Messieurs, ladies and gentlemen,
Je vous remercie de votre présence ici aujourd’hui. Il s’agit d’un événement important, car nous honorons une personne qui s’est distinguée de manière exceptionnelle dans la défense de valeurs que nous, Canadiens, chérissons.
Vous tous ici êtes l’incarnation de ces valeurs. Parmi nous se trouvent en effet des représentants de diverses confessions et religions. Il y aurait même, m’a-t-on dit, un ou deux partisans des Maple Leafs.
Et pourtant, nous voici réunis pacifiquement, en tant que Canadiens, convaincus que chacun doit avoir la liberté de suivre ses propres croyances.
Il peut parfois sembler banal de parler des droits de la personne et de la liberté en ces termes, et j’admets que ces mots peuvent souvent être employés de manière abstraite, à tort et à travers.
Toutefois, pour un trop grand nombre de gens dans le monde, ces notions renvoient à des réalités très concrètes. Et pour les défendre, il faut faire preuve de courage, à la fois en gestes et en paroles.
C’est pourquoi j’ai aujourd’hui l’immense honneur de présenter le prix John Diefenbaker pour la défense des droits de la personne et de la liberté.
Ce prix récompense ceux qui ont fait preuve d’un courage et d’un esprit d’initiative exceptionnels afin de défendre les libertés et les droits de la personne au Canada et partout dans le monde, tout particulièrement dans des circonstances difficiles.
Ceux qui connaissent l’histoire moderne du Canada savent — et, j’oserais même dire, quelques-uns parmi vous se souviennent peut-être — que John Diefenbaker a été le 13e premier ministre du Canada.
Celui que beaucoup appelaient « Dief, le chef » était un personnage hors norme. Au cours des six années pendant lesquelles il a exercé les fonctions de premier ministre, John Diefenbaker a plaidé sans relâche pour le respect des droits de la personne au Canada et dans le monde entier.
L’importance qu’il accordait à l’égalité en droits de tout un chacun, comme sa détermination à concrétiser cet idéal, ont conduit à l’adoption de la Déclaration canadienne des droits, en 1960.
Pour n’importe quel premier ministre, il aurait pu s’agir d’une contribution historique à la promotion des droits de la personne, mais Diefenbaker ne s’est pas arrêté là.
Entre autres réalisations, son gouvernement a accordé le droit de vote aux membres des Premières Nations, sans que ceux-ci ne perdent leur statut conféré par les traités, et il a nommé la première femme au Conseil des ministres.
Même si nous pouvons débattre de ses démarches, nous pouvons affirmer que, depuis qu’il a été premier ministre, les principes auxquels John Diefenbaker adhérait continuent d’occuper une place centrale dans la politique étrangère du Canada.
Et je peux vous assurer que le 22e premier ministre du Canada, Stephen Harper, est tout aussi déterminé à protéger et à promouvoir les droits de la personne au pays et à l’étranger.
Cette détermination s’est manifestée clairement en février lorsqu’il a nommé M. Andrew Bennett au poste d’ambassadeur pour la liberté de religion, une première dans l’histoire du Canada.
La création du Bureau de la liberté de religion, au sein d’Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, a été voulue en réponse à la multiplication des actes commis à l’encontre de groupes religieux dans différentes régions du monde.
Cette tendance se caractérise non seulement par une hostilité sociale accrue, mais aussi par les restrictions de plus en plus grandes qu’imposent les gouvernements aux groupes religieux.
De fait, selon une étude récente du Pew Research Center, on estime que jusqu’à 75 p. 100 de la population mondiale vit dans des pays où l’on impose de fortes restrictions à la religion. Ce pourcentage est proprement révoltant.
Les droits de la personne, la liberté, la démocratie et la primauté du droit sont au cœur des valeurs canadiennes que ce gouvernement est fier de faire respecter et de célébrer.
Comme l’a déclaré, en Birmanie, Aung San Suu Kyi, à qui nous avons conféré la citoyenneté canadienne à titre honoraire : « Je vous en prie, utilisez votre liberté pour défendre la nôtre. »
Nous avons en effet le devoir de défendre les droits des personnes qui en sont privées et de donner voix à celles qui sont bâillonnées. Et nous rendons hommage à tous ceux qui s’acquittent de ce devoir au mépris des graves risques qu’ils encourent, pour eux et pour leurs familles.
Notre lauréat aujourd’hui a fait preuve d’un courage et d’une détermination sans borne afin de défendre la cause de la liberté de religion et des droits de la personne.
Je suis extrêmement heureux d’annoncer que, cette année, le prix John Diefenbaker pour la défense des droits de la personne et de la liberté est décerné à Son Éminence le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, pour sa détermination inébranlable à lutter pour les droits de la personne, la démocratie et la liberté de religion.
Malgré les pressions exercées contre lui, le cardinal Zen a poursuivi sans relâche ses efforts pour défendre la dignité humaine.
Ses actions, y compris ses appels pour que l’on libère des prisonniers d’opinion et que l’on fasse la lumière sur les violations des droits de la personne commises sur la place Tiananmen en 1989, lui ont valu des éloges dans le monde entier.
Le Canada est solidaire des personnes qui militent pour les droits de la personne, ces gens qui s’emploient avec courage à promouvoir et à protéger les libertés fondamentales à l’échelle de la planète.
En Chine, les chrétiens qui pratiquent leur culte en dehors du cadre imposé par l’État sont contraints à la clandestinité, et leurs chefs spirituels sont susceptibles d’être arrêtés et détenus.
Les musulmans ouïgours, les bouddhistes tibétains et les adeptes du Falun Gong doivent relever d’énormes défis.
Dernièrement, l’ambassadeur du Canada en Chine a eu l’occasion de se rendre au Tibet et de faire connaître directement aux responsables les préoccupations canadiennes.
De même, notre gouvernement plaide constamment pour que l’on mette fin aux poursuites judiciaires et aux persécutions contre des personnes qui pratiquent leur religion ou manifestent leurs croyances.
Aux Nations Unies, nous avons aussi demandé à la Chine de prendre des mesures pour remédier au déséquilibre démographique entre les sexes, du fait des répercussions qu’engendre le nombre élevé de femmes et de filles manquantes.
Dans la foulée, nous lui avons demandé de mettre en place des mesures qui garantissent que les politiques relatives à la famille se fondent sur le consentement.
Certes, nous avons des échanges francs et respectueux avec d’autres gouvernements, y compris le gouvernement chinois. Toutefois, même au risque de les froisser, nous n’hésitons pas à soulever certaines questions importunes.
Cela est d’autant plus vrai du cardinal Zen.
Que ce soit à Hong Kong ou en Chine continentale, il a défendu le caractère universel des droits fondamentaux et des droits de la personne.
Il n’a pas baissé sa garde face aux violations de la liberté de religion en Chine continentale, et il a critiqué l’ordination unilatérale d’évêques catholiques par des représentants du gouvernement.
À Hong Kong, le cardinal Zen a été — et demeure — un militant infatigable des droits de la personne, un défenseur de la saine gouvernance et un guide au service de la démocratisation ouvrant la marche vers le suffrage universel.
Son engagement exemplaire lui a valu la réputation d’être « la nouvelle conscience de Hong Kong ».
Il incarne ce que l’humanité a de meilleur, de sorte que le gouvernement du Canada et les citoyens canadiens sont fiers de lui exprimer leur soutien.
Je vous demande maintenant de féliciter avec moi le lauréat de cette année, Son Éminence le cardinal Joseph Zen.