Priorité au discours prononcé
Je salue Son Excellence le très honorable David Johnston, gouverneur général du Canada ainsi que les Aînés, dirigeants, membres de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, mesdames et messieurs ici présents. Je suis honoré d’être en territoire algonquin pour célébrer cet événement et commémorer le 250e anniversaire de la Proclamation royale.
J’aimerais remercier la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales d’avoir organisé ce symposium. J’ai une relation spéciale avec la Coalition, puisqu’elle a été la première organisation dont j’ai rencontré les représentants quand j’ai été nommé ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord. À cette réunion, j’ai été reconnaissant de pouvoir engager un dialogue ouvert et honnête sur nos priorités communes quant à l’émergence de collectivités autochtones saines et plus prospères et autonomes.
La réussite des négociations des traités modernes et des ententes sur l’autonomie gouvernementale se traduisent par une autonomie et une certitude renforcées ainsi que par la création de débouchés économiques pour les collectivités autochtones de façon à concilier les droits et les intérêts de toutes les parties.
Aujourd’hui, nous soulignons le 250e anniversaire de la Proclamation royale de 1763. Voilà une occasion unique de reconnaître l’importance de ce document fondamental pour tous les Canadiens et son rôle crucial dans la délimitation de nos territoires et dans l’établissement de la relation issue des traités qui se poursuit encore aujourd’hui.
L’anniversaire de la Proclamation royale nous donne l’occasion de réfléchir à notre histoire commune et au rôle essentiel qu’ont joué, et continuent de jouer, les Premières Nations et tous les Autochtones dans l’identité culturelle, la réussite économique et la défense militaire de notre pays.
Les alliances militaires conclues entre le Royaume-Uni et les Premières Nations constituèrent un élément clé du réseau de défense de l’Amérique du Nord britannique. Pendant la guerre de 1812, les guerriers métis et des Premières Nations ont joué un rôle crucial dans la défense des terres britanniques contre l’invasion américaine. Et à la suite de la Première Guerre mondiale, pas moins de 50 Autochtones ont été décorés de médailles pour leur bravoure.
Cet anniversaire est aussi l’occasion de réfléchir aux principes enchâssés dans la Proclamation royale, c’est-à-dire l’obligation du gouvernement de consulter les Premières Nations et de collaborer avec elles ainsi que celle de protéger les droits ancestraux dans tout le pays. Aujourd’hui, nous constatons à quel point ces principes ont influencé, et continuent à influencer, les relations entre les Autochtones du Canada et la Couronne.
L’anniversaire de la Proclamation royale est aussi un bon moment pour nous attarder à notre histoire commune, ce qui favorise une meilleure compréhension de la relation entre les Canadiens d’origine autochtone et non autochtone. C’est aussi une occasion pour nous de poursuivre les gestes de réconciliation. La Proclamation royale a servi de fondement au processus de conclusion de traités dans tout le Canada. Les protocoles et les procédures qu’elle a établis ont permis la mise en valeur ordonnée des terres dans ce qui forme aujourd’hui le sud de l’Ontario, et plus tard dans l’Ouest canadien. Bien qu’elle visait à contrôler l’expansion des colonies vers l’ouest et à régulariser la relation entre les Autochtones et les colons, la Proclamation royale est aussi devenue la première reconnaissance publique des droits des Autochtones en matière de terres.
La publication de la Proclamation royale et les promesses connexes qui ont été faites au fort Niagara en 1764 ont jeté les bases de la reconnaissance et de la protection constitutionnelles des droits ancestraux au Canada. Cette entente a été officiellement intégrée dans la Loi constitutionnelle de 1982, qui garantit que la Charte ne portera atteinte à aucun droit ancestral ou issu de traités.
Fondamentalement, la Proclamation royale a établi les procédures utilisées pour acquérir des terres des Premières Nations, ainsi que la nécessité de signer avec les Premières Nations les ententes qui ont permis le développement pacifique et prospère du Canada. Avant les années 1970, les traités conclus couvraient près de 50 p. 100 de la superficie du Canada et créaient une relation solide et permanente entre la Couronne et les Premières Nations signataires.
Avec la Proclamation royale, les traités sont devenus un élément important de l’édification de la nation. Les traités demeurent l’expression la plus manifeste de la relation respectueuse entre la Couronne et les Autochtones visés par un traité – une relation dynamique et vivante qui nous appelle tous à travailler ensemble afin de trouver des solutions pratiques pour atteindre nos objectifs communs.
Deux cent cinquante ans après la publication de la Proclamation royale, les principes directeurs qu’elle établit continuent de guider la négociation et la mise en œuvre des traités modernes au Canada. Notre objectif est d’aller de l’avant pour trouver des solutions communes qui favorisent les rapprochements et l’autonomie tout en créant des débouchés économiques pour les Autochtones et leurs collectivités. Même si nous réalisons des progrès, il reste beaucoup de travail à accomplir, et pour y parvenir, il faut que tous fassent preuve d’engagement et de collaboration. Nous voulons tous obtenir des résultats concrets.
Il y a longtemps que la Proclamation royale et les principes qu’elle établit ont commencé à guider le Canada au-delà des pratiques de la doctrine de la découverte, selon laquelle les états revendiquent la souveraineté sur les terres qui sont nouvelles pour eux. L’histoire nous rappelle d’injustices provenant de doctrines, politiques et pratiques basées sur la supériorité des peuples selon leur race ou leur religion et sur les différences ethniques ou culturelles. Dans cette même ligne de pensée, il n’y a pas de place au Canada pour la doctrine de la découverte, qui n’influence en rien nos relations avec les Autochtones du pays.
L’anniversaire de la Proclamation royale nous donne une occasion de réfléchir sincèrement aux 250 dernières années et de considérer les forces qui nous ont aidé à façonner le Canada moderne. Cet événement est aussi une occasion de parler des prochaines étapes pour les Autochtones et tous les Canadiens en fonction des connaissances tirées de notre histoire commune.
Après la Proclamation royale, il y a eu la réunion, en 1764, entre le surintendant des Affaires indiennes, Sir William Johnson, et les Premières Nations, dont le nombre de membres s’élevait à 20 000. Cette réunion visait à renouveler la relation avec les alliés des Premières Nations et à créer de nouvelles alliances avec les anciens alliés de la France. À l’approche de l’anniversaire de cette rencontre historique l’été prochain, nous devons continuer de travailler ensemble à renforcer le fondement de notre relation.
Le gouvernement du Canada demeure résolu à améliorer ses rapports découlant des traités historiques. Nous croyons qu’en collaborant avec les Autochtones visés par un traité, les provinces et les territoires, nous arriverons à dynamiser et améliorer les relations issues des traités de façon à obtenir des résultats pratiques et positifs. Ensemble, nous pouvons bâtir un Canada plus fort et plus prospère.
Notre gouvernement a entendu les appels qui lui ont été lancés partout au pays : il faut que nos partenaires et nous prenions des mesures pour aller de l’avant avec la mise en œuvre des traités modernes. La négociation de traités est un aspect clé du renouvellement de notre relation et de la réconciliation avec les Autochtones du Canada.
Le Canada continue à travailler avec ses partenaires autochtones dans un esprit de respect mutuel et de réconciliation afin de renouveler notre relation de longue date. Je me réjouis à l’idée de poursuivre nos travaux communs. Et je vous souhaite à tous un excellent symposium.
Merci.