DATE/DATE :
Le 14 novembre 2013, 15 h 45
LOCATION/ENDROIT :
NorQuest College, 10232 106 Street,
Edmonton (Alberta)
SUBJECT/OBJET : Le ministre de l’Emploi et du Développement social et ministre du Multiculturalisme Jason Kenney tient une nouvelle conférence pour annoncer le financement qui aidera les infirmières canadiennes et formées à l’étranger à se trouver un emploi dans leur domaine plus rapidement.
L’hon. Jason Kenney : Merci beaucoup. Je suis ravi d’être ici avec ma collègue, la députée locale Laurie Hawn, l’honorable Laurie Hawn, qui a servi le Canada toute sa vie et tout récemment, à titre de députée responsable ici à Edmonton.
Je suis désolé d’être en retard. Je suis parti de Calgary en voiture et le trajet a pris un peu plus de temps que prévu. Je vous remercie également de m’accueillir dans votre clinique. Je ne suis pas trop dans mon assiette. Peutêtre que ça me prendrait un petit écouvillon ou quelque chose après la conférence.
En fait, en arrivant ici, j’ai demandé à mon adjoint de me trouver du ColdFX, alors je suis au bon endroit. Merci beaucoup Carolyn, Barbara et Ravi d’être ici et de prendre part à l’importante annonce d’aujourd’hui. Ravi a parcouru la distance depuis Toronto. Et Carolyn, d’où arrivezvous?
Carolyn Trumper (à côté du microphone) : Du College and Association of Registered Nurses of Alberta.
L’hon. Jason Kenney : Qui se trouve?
Carolyn Trumper : À Edmonton.
L’hon. Jason Kenney : À Edmonton. Bien, donc vous n’avez pas parcouru un long trajet. Mes amis, comme vous le savez, j’ai exercé la fonction de ministre de l’Immigration du Canada pendant cinq ans. En fait, je suis celui qui a occupé ce poste le plus longtemps dans l’histoire du pays et, dans cette fonction, j’ai fait la connaissance d’un grand nombre de nouveaux Canadiens – des centaines – qui sont arrivés ici en nourrissant de grands espoirs, mais qui ont dû composer avec la frustration d’être confinés à des emplois de survie parce qu’ils ne pouvaient faire reconnaître leurs titres de compétences par les organismes de délivrance de permis. Ces gens ne possédaient pas l’expérience de travail pertinente aux yeux des employeurs canadiens et se sont donc souvent retrouvés aux bas échelons du marché du travail du Canada, après avoir laissé les échelons élevés de la société de leur pays d’origine.
Et pour des centaines et des centaines de milliers de nouveaux Canadiens, voire des millions, cette expérience a constitué une grande frustration. Souvent même, cette situation a jeté la honte sur leur famille et euxmêmes, car ils se sont sentis trahis par l’invitation de bénéficier de la prospérité du Canada, réduits à se battre pour mettre de la nourriture sur la table familiale en effectuant un travail de base dans deux ou trois emplois au salaire minimum.
Au Canada, il y a trop d’infirmières formées à l’étranger qui deviennent femmes de chambre et trop de médecins formés à l’étranger qui deviennent chauffeurs de taxi. Et cela n’est pas seulement un mythe. Vous connaissez cette blague qu’on raconte à Toronto? L’endroit le plus sécuritaire pour avoir une crise cardiaque, c’est un taxi, car vous courez la chance que votre chauffeur soit chirurgien cardiaque. Et même si c’est pour rire, il y a un peu de vrai dans cette blague puisque dans les faits, selon nos données, on compte 300 chauffeurs de taxi qui possèdent un doctorat en médecine. C’est vraiment honteux…
Et j’ai rencontré ces gens, par centaines. Je ne l’oublierai jamais, j’ai fait une annonce semblable ici à Edmonton il y a quatre ans. Nous avons offert un financement pour aider un organisme de cette ville à former des médecins immigrants formés à l’étranger pour qu’ils deviennent des paramédicaux. Au moins, ils pouvaient travailler dans le domaine médical, renouer avec leurs compétences, œuvrer auprès des patients et se sentir valorisés en attendant de terminer le processus auprès du Collège des médecins ou de trouver un poste en résidence.
Mais au cours de cette annonce, j’ai rencontré une femme qui était au Canada depuis sept ans, qui était venue de la Syrie et qui avait fait naître des milliers de bébés dans ce pays, en tant qu’obstétricienne. Cette femme me disait qu’après cinq ans au Canada, elle nettoyait les chambres d’hôtel à Vancouver avant de venir à Edmonton. Et je me souviens d’avoir rencontré une femme médecin iranienne, une femme qui m’a dit qu’elle avait épuisé ses économies après trois ans et qui pensait n’avoir d’autre choix que de retourner en Iran, où elle ne pouvait tolérer vivre, afin de gagner un peu d’argent pour pouvoir inscrire son fils à l’école de médecine de la UBC.
Ces expériences sont beaucoup trop fréquentes. Non seulement elles représentent un échec inacceptable de la réalisation du potentiel des gens, mais elles comportent un coût économique pour le Canada. Vous savez, nous acceptons un quart de million d’immigrants chaque année – ce sont les niveaux d’immigration les plus élevés et les plus soutenus de notre histoire, et les niveaux d’immigration par habitant les plus élevés du monde développé. Et nous réalisons tous que dans le contexte du départ à la retraite des baby boomers qui débute maintenant, qui débute cette année, qu’il y a plus de Canadiens qui quitteront la population active comme retraités qu’il y aura de jeunes qui y entreront. Nous avons donc besoin des compétences, des talents des nouveaux arrivants pour alimenter notre croissance future. Mais nous devons leur offrir un emploi qui correspond à leur niveau de qualification. Nous voulons que les infirmières immigrantes travaillent ici comme infirmières plutôt que comme femmes de chambre et que les médecins formés à l’étranger travaillent comme médecins, et non comme gardiens de sécurité de nuit.
Et cela est très important, surtout pour notre système de soins de santé. Le besoin en médecins, en infirmières et en autres travailleurs de la santé augmente constamment et s’intensifiera au fur et à mesure que les citoyens vieilliront. Les infirmières offrent les soins pratiques dont nous avons tous besoin lorsque nous sommes malades ou blessés. Les gens qui ont déjà passé un peu de temps à l’hôpital admettront qu’on ne peut tout simplement pas se passer d’elles. Mais on s’attend à observer des pénuries dans la profession d’infirmière très bientôt, et cela est déjà le cas dans certaines régions du pays.
En 2011, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada a prédit une pénurie de 60 000 infirmières autorisées d’ici à 2022. Maintenant, au fur et à mesure que les infirmières nées au Canada partent à la retraite, le système sera de plus en plus tributaire des infirmières formées à l’étranger pour pourvoir les postes. L’an dernier, les diplômés internationaux en soins infirmiers représentaient presque 8 % de toutes les infirmières réglementées employées au Canada, et il ne fait aucun doute que ce pourcentage augmentera. Donc, si nous souhaitons attirer et maintenir en poste des infirmières qualifiées, nous devons veiller à ce que les processus d’évaluation et d’autorisation soient clairs et rapides et n’imposent aucun comportement artificiel.
Quelle est notre situation actuelle à cet égard?
Eh bien, elle n’est pas reluisante. Dans le système actuel, la demande de pratiquer le métier d’infirmière au Canada est souvent un processus à plusieurs étapes confus qui varie d’une province à l’autre. Un grand nombre d’infirmières potentielles d’autres pays se soumettent à des évaluations et des formations longues et coûteuses seulement pour se rendre compte qu’elles ne peuvent se trouver un emploi dans leur profession de prédilection. Et ce ne sont pas que les infirmières immigrantes qui sont pénalisées parce que leurs titres de compétences ne sont pas reconnus. Les infirmières nées au Canada se heurtent également à des obstacles réglementaires lorsqu’elles tentent d’aller exercer dans une autre province ou un autre territoire. Vous savez, nous avons conclu une entente de reconnaissance mutuelle avec les provinces, mais elle comporte de nombreuses restrictions ou exceptions, particulièrement dans le domaine des soins infirmiers, qui constituent des obstacles à la mobilité.
Afin de résoudre ce problème, le gouvernement fédéral finance trois projets qui aideront de nombreuses infirmières à faire reconnaître leurs titres de compétences plus facilement. Mais d’abord, je souhaite dire quelques mots sur la reconnaissance des titres de compétences en général.
Comme je le disais, il s’agit d’un énorme défi pour nous, et c’est pourquoi notre gouvernement investit des dizaines de millions de dollars dans la collaboration avec plus de 400 organismes de délivrance de permis, d’un océan à l’autre. Cette collaboration vise à simplifier, à rationaliser et, le plus possible, à harmoniser la reconnaissance et l’évaluation des titres de compétences associés aux professions réglementées et, à vrai dire, aux métiers.
Ce travail est très important et difficile. Si la solution était simple et facile, nous l’aurions trouvée depuis longtemps. Et nous, au gouvernement fédéral, ne tentons pas d’empiéter sur les compétences provinciales pour réglementer les professions. Ce que nous essayons de faire, c’est d’assumer un rôle de facilitation et de résolution de problèmes en réunissant toutes les provinces et toutes les différentes associations d’infirmières et d’ingénieurs et tous les différents collèges des médecins, par exemple, autour d’une table. On compte environ 45 de ces organismes de délivrance de permis professionnels et nous tentons de les réunir, un par un, autour d’une table nationale commune afin d’instaurer une approche rationalisée, commune et harmonisée de la reconnaissance des titres de compétences, dont l’objectif est de donner aux demandeurs une réponse dans un délai d’un an.
Et voici le problème. Vous vous rappelez que je vous ai parlé de cette femme médecin iranienne que j’ai rencontrée à Vancouver et qui a habité ici? Elle m’a dit : « Monsieur le ministre, je ne suis pas plus avancée qu’il y a trois ans dans mon processus d’obtention de permis et d’évaluation de mes titres de compétences. » Et elle m’a dit, comme tant d’autres : « Si on pouvait nous dire ce qui nous manque au début du processus, nous pourrions suivre une formation ou des cours supplémentaires, peutêtre un programme additionnel menant à un diplôme. Ou peutêtre que nous déciderions d’embrasser une profession ou une carrière différente. Mais s’il vous plaît, ne nous laissez pas languir. »
Et c’est véritablement ce que nous disons aux organismes de délivrance de permis professionnels. Supprimez tous les obstacles qui peuvent être des vestiges des anciennes politiques de « contrôle d’accès » ou de protectionnisme, et présentez aux gens une voie à suivre claire. S’ils le savent, les gens s’adapteront et pourront préparer un plan B pour obtenir leur permis ou entreprendre une autre profession. Ainsi, nous investissons 50 millions de dollars à cet effet sur plusieurs années, dans le cadre de notre Plan d’action économique. Nous appelons cet investissement le cadre pancanadien d’évaluation des titres de compétences étrangers. Par ailleurs, nous donnons aux gens beaucoup plus d’information sur le processus de reconnaissance des titres de compétences avant leur arrivée au Canada. Ainsi, ils peuvent présenter une demande en ligne après avoir été acceptés comme immigrants, mais avant d’être réellement arrivés ici, ce qui leur donne une longueur d’avance.
Nous offrons, par l’entremise d’organismes sans but lucratif et maintenant d’institutions financières, des microprêts d’un maximum de 10 000 $ pour aider les gens – les professionnels formés à l’étranger – à se payer des études supplémentaires. Souvent, ils ont de la difficulté à se procurer du crédit et leurs économies sont épuisées. Ils n’ont d’autre choix que de se trouver un emploi de survie et n’ont tout simplement pas la capacité financière de s’inscrire à un collège et de suivre la formation supplémentaire. Actuellement, nous établissons des conditions préférentielles avec l’aide des institutions financières pour leur offrir le financement nécessaire et travaillons à un certain nombre d’autres projets.
Par ailleurs, nous investissons dans des projets particuliers avec des associations professionnelles, comme celles du domaine des soins infirmiers, pour faire des choses très pratiques. C’est pour cette raison que je suis absolument ravi d’annoncer aujourd’hui un financement fédéral de 4 millions de dollars pour la réalisation de trois projets qui accéléreront la reconnaissance des titres de compétences des infirmières formées. Ces projets leur permettront de mettre à contribution leurs connaissances et leurs compétences plus rapidement au sein des communautés canadiennes.
C’est la raison pour laquelle aujourd’hui je suis ravi d’annoncer un investissement fédéral de 4 millions de dollars dans trois projets qui aideront à accélérer la reconnaissance des acquis dans ce domaine et qui vont permettre aux infirmières de trouver un emploi plus rapidement au sein des communautés canadiennes.
Le Conseil canadien des organismes de réglementation des infirmières et infirmiers est composé de représentants des 13 organismes provinciaux et territoriaux du Canada qui réglementent la pratique des infirmières autorisées. Le Conseil recevra presque 150 000 dollars pour son projet associé aux infirmières praticiennes. Une infirmière praticienne est une infirmière autorisée qui a reçu une formation pour remplir certaines des tâches de soins primaires habituellement exécutées par les médecins. Actuellement, il n’existe aucun système d’accréditation et de délivrance de permis d’exercer universellement reconnu pour les infirmières praticiennes. Cela signifie que les praticiennes qui ont leur permis d’exercer dans une province peuvent être incapables de trouver un emploi dans une autre province. En outre, dans ce domaine, les examens utilisés à l’échelle du pays ne sont pas uniformes, ce qui crée de la confusion pour les demandeurs formés à l’étranger. Ainsi, le projet du Conseil mettra de l’avant une approche nationale harmonisée, exactement le genre de chose dont je parle.
Deuxièmement, l’organisme Infirmières/infirmiers psychiatriques autorisés du Canada recevra un peu plus de 450 000 dollars. La demande à l’égard des services des infirmières psychiatriques autorisées est en hausse au Canada, mais selon un rapport de 2010 de l’Institut canadien d’information sur la santé, moins de 0,7 % des infirmières autorisées ont fait de véritables études en soins infirmiers psychiatriques. Les infirmières psychiatriques formées à l’étranger pourraient combler certaines lacunes, mais lorsqu’elles arrivent au Canada et sont autorisées à exercer dans une province, elles peuvent se rendre compte, encore une fois, que leurs qualifications ne sont pas acceptées dans une autre province. Les infirmières psychiatriques qui ont fait des études au Canada se heurtent à la même difficulté.
Actuellement, les infirmières psychiatriques autorisées sont seulement reconnues dans les provinces de l’Ouest et dans le territoire du Yukon. L’organisme Infirmières/infirmiers psychiatriques autorisés du Canada examinera des solutions possibles pour faire reconnaître les qualifications dans les régions du centre et de l’est du Canada et pour évaluer et intégrer les infirmières psychiatriques formées à l’étranger qui souhaitent pratiquer au Canada.
Enfin, notre gouvernement versera 3,4 millions de dollars au service national d'évaluation des infirmières et des infirmiers pour la mise au point d’un processus centralisé de demandes en ligne à l’intention de toutes les infirmières formées à l’étranger qui souhaitent être autorisées à exercer au Canada. Cela permettra de sauver du temps et de l’argent dans le cadre de l’évaluation des titres de compétences. Après trois ans, on s’attend à ce que le système permette de traiter plus de 5 000 demandes par année. Donc, beaucoup de gens en bénéficieront.
La mise en place d’un examen adapté pour l’ordinateur signifie que très bientôt, une infirmière formée à l’étranger pourrait être évaluée et prête à recevoir son permis ou son autorisation avant d’immigrer au Canada. Et certaines provinces ont élaboré des programmes de ce genre – la Saskatchewan et les Philippines, par exemple – pour former les infirmières en fonction de la norme canadienne avant qu’elles arrivent. Nous pensons que c’est une excellente façon de progresser.
Donc, tous ces projets nous aideront à remédier aux pénuries de maind’œuvre tout en améliorant l’accès aux soins de santé pour les Canadiens. Je suis très stimulé par le potentiel qui s’offre à nous. Je souhaite remercier nos trois partenaires de l’excellent travail qu’ils se sont engagés à exécuter. Comme je l’ai dit, vous le savez, s’il existait une solution très simple pour relever ces défis, nous l’aurions trouvée depuis longtemps. Une grande partie de ce travail est très détaillée – accablante – parce que nous ne souhaitons pas rabaisser la norme canadienne. Je dis toujours cela. Il ne s’agit pas de garantir à tous les professionnels formés à l’étranger que leur demande de titres de compétences sera acceptée. Avant de les évaluer, nous ne savons pas si leurs normes sont conformes à la norme canadienne. Il n’est pas question de rabaisser cette norme. Ce que nous tentons de faire, c’est de donner aux gens une voie à suivre claire, ce qui comprend une réponse dans un délai raisonnable et une mobilité à l’échelle du Canada – autant que possible, et des normes harmonisées et communes. Voilà qui est sensé.
Alors, je remercie encore nos trois organismes qui recevront ce financement; nous sommes sûrs que vous utiliserez les fonds à bon escient.
Merci beaucoup. (applaudissements)
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