Notes pour une allocution
de
l’honorable Joe Oliver
ministre des Ressources naturelles du Canada
à la
Confederation of Indian Industry
Le 15 janvier 2014
Mumbai, Inde
Le discours prononcé fait foi
Merci et bonsoir à tous. Je suis enchanté d’être de retour à Mumbai.
C’est un honneur particulier de me trouver à nouveau parmi vous. La Confederation of Indian Industry est une organisation ancrée dans l’histoire mais tournée vers l’avenir, une organisation qui représente la crème des entreprises indiennes. Nous les Canadiens savons qu’en Inde, nous sommes parmi nos amis. Il ne me semble pas contradictoire d’affirmer que j’apprécie d’autant l’accueil chaleureux d’aujourd’hui que je le sais coutumier.
Le Canada est extrêmement fier de sa relation avec l’Inde – fier d’être un ami proche et un allié. Comme je l’ai déjà dit – et je le constate encore, nos peuples entretiennent des liens solides, et nos pays travaillent à bâtir une relation encore plus solide et prospère.
Accélérer la croissance économique au moyen de l’innovation, de la transformation, de l’inclusion et de la gouvernance, voilà un thème fort pour la rencontre de cette année. Or, la relation entre l’Inde et le Canada connaît justement une croissance florissante.
Nous nous rencontrons à un moment extraordinaire de notre relation : un moment de dynamique grandissante, de complémentarité remarquable et de grand potentiel.
Nos deux pays ont démontré leur volonté de renforcer cette relation vitale. Ainsi, depuis 2008, il y a eu 10 visites de ministres indiens au Canada. En retour, des ministres canadiens, dont moi-même, ont fait 13 visites en Inde. D’ailleurs, je suis enchanté d’être ici pendant que l’hiver bat son plein au Canada, mais non pour cette raison. Quand même, la semaine dernière à Toronto, il faisait moins 18 degrés Celsius, environ moins 35 avec le facteur de refroidissement éolien. Ça, mes amis, c’est du froid!
Malgré nos climats différents, l’histoire a fait de nous des amis et des alliés, et le commerce nous transforme de plus en plus en partenaires. Et c’est pour faire progresser cette relation économique, dans le domaine énergétique en particulier, que je suis en Inde.
Lors de ma dernière visite il y a un peu plus d’un an, j’ai parlé des extraordinaires possibilités de développement économique qu’amènent l’émergence de l’Inde parmi les puissances économiques mondiales et les besoins d’énergie associés à sa croissance économique et à l’essor de sa classe moyenne.
L’Inde est aujourd’hui le quatrième pays en importance pour la consommation d'énergie, et on prévoit que le pays va quadrupler son approvisionnement électrique au cours des 25 prochaines années. C’est tout un défi. Mais le Canada – puissance énergétique – a les ressources, la technologie et l’expertise pour aider l’Inde à le relever, ce qu’elle saura faire.
En 2012, les investissements bilatéraux Canada-Inde étaient évalués à 4,4 milliards de dollars et les échanges commerciaux représentaient 5,1 milliards de dollars. Et nous tenons à intensifier la coopération dans ces domaines.
Il est prioritaire pour le gouvernement du Canada et pour moi personnellement de renforcer la relation avec l’Inde dans le domaine de l’énergie. C’est pourquoi je suis encouragé par les progrès notables que nous avons réussi à accomplir en cette seule dernière année.
Permettez-moi de faire un survol rapide des trois secteurs dans lesquels notre engagement renouvelé apporte des bénéfices réels.
Les hydrocarbures
Premièrement, l’énergie. Nous avons lancé avec succès le dialogue ministériel Canada-Inde sur l’énergie. Le premier ministre Singh et le premier ministre Harper ont annoncé ce projet en novembre 2012.
En octobre 2013, j’ai eu le plaisir d’accueillir une délégation dirigée par le vice‑président de la Commission de planification de l’Inde, Montek Singh Ahluwalia, pour la première réunion tenue dans le cadre de ce dialogue. Nous avons signé le cadre de référence qui définit les domaines de coopération prioritaires, soit la promotion des échanges commerciaux et des investissements dans le pétrole et le gaz naturel, la détermination des domaines de coopération technologique sur le plan de l’’énergie, sources renouvelables comprises, et la mise en commun de l’expérience acquise dans ce secteur, y compris en ce qui concerne les réseaux électriques intelligents.
Le dialogue, présidé par M. Ahluwalia et moi-même, reconnaît une adéquation quasi parfaite entre les ressources abondantes du Canada et la croissance de la demande en Inde. Il pose la coopération énergétique au cœur de notre partenariat stratégique. Et il garantit que les questions d’énergie recevront l’attention requise aux plus hauts niveaux de nos gouvernements.
Nous avons aussi signé un protocole d’entente sur la coopération au sujet du pétrole et du gaz naturel avec le ministère du Pétrole et du Gaz naturel. Ce protocole établit les fondements d’une coopération stratégique et technique dans les hydrocarbures, notamment des projets de recherche conjointe, les échanges de connaissances et l’encouragement à la coopération entre les sociétés d’hydrocarbures canadiennes et indiennes.
Déjà, le renforcement de notre relation en matière d’énergie porte fruits. Ce mois-ci, l’Inde recevra sa troisième cargaison de pétrole canadien depuis octobre 2012. Nous espérons que la tendance se maintiendra à mesure que les raffineurs indiens découvriront les avantages d’importer du pétrole du Canada.
L’énergie nucléaire
L’année 2013 a aussi été celle d’une avancée majeure dans le dossier nucléaire : l’entrée en vigueur de l’Accord de coopération nucléaire entre le Canada et l’Inde en septembre. Cet accord permettra aux entreprises de nos deux pays d’exporter des substances, de l’équipement et de la technologie nucléaires contrôlés à des fins pacifiques, sous réserve des mesures de sécurité appliquées par l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Cet accord arrive à point nommé, au moment où l’Inde s’emploie à combler ses besoins d’énergie par l’électrification à partir de sources de faible intensité carbonique. En effet, la Société de l’énergie nucléaire a annoncé un ambitieux programme pour accroître la production d’énergie nucléaire : quatre réacteurs à eau lourde sous pression de 700 MW, de conception locale proche de la technologie CANDU, sont déjà en construction et dix autres devraient être construits d’ici 2023.
Cet accord et l’intérêt manifeste des deux pays pour la collaboration sont tout à fait logiques sur les plans commercial et technologique, car nos programmes reposent sur une technologie comparable d’eau lourde sous pression.
Un comité mixte, mis sur pied en vertu de l’Accord de coopération nucléaire, est déjà à l’œuvre et recense les domaines de coopération à privilégier, notamment en sciences et dans le secteur industriel. Par exemple, il serait possible de collaborer au développement de cycles de combustibles avancés, comme le thorium, qui abonde en Inde. Des discussions sont également en cours sur la coopération en matière réglementaire, sur les isotopes médicaux, ainsi qu’au sujet de l’intérêt de l’Inde pour l’uranium canadien, car nos réserves abondantes de ce métal peuvent aider à répondre à la demande croissante d’énergie dans votre pays.
J’estime que l’Accord de coopération nucléaire apportera d’importants avantages à nos deux pays, notamment de nouveaux débouchés pour le Canada et, pour l’Inde, une diversification accrue de ses sources d’énergie.
Les progrès réalisés depuis un an sont remarquables – non pas seulement pour les hydrocarbures et le nucléaire, mais aussi en foresterie.
La foresterie
On peut s’attendre à ce que la croissance économique de l’Inde s’accompagne d’une forte augmentation de la demande de produits ligneux. Or, le Canada, aux premiers rangs dans le monde pour les produits du bois de haute qualité, est bien placé, ici encore, pour satisfaire pour une bonne part à cette demande, qu’il s’agisse de portes, fenêtres et moulures, de produits d’emballage, de meubles, ou encore de pâtes et papiers.
L’an dernier, nous avons aidé financièrement le gouvernement de la Colombie-Britannique à ouvrir un bureau de développement du marché des produits ligneux canadiens à Mumbai. Ce bureau met en vitrine les produits ligneux canadiens dans la fabrication de meubles de bureau, de portes et de fenêtres, et s’emploie à dégager de nouvelles perspectives pour nos deux pays.
Les entreprises indiennes investissent directement dans le secteur forestier canadien. Aditya Birla, par exemple, possède deux usines de pâte pour transformation chimique et a investi 250 millions de dollars dans une troisième. Nous nous félicitons de tels investissements, car nous savons qu’ils représentent un avantage réciproque, des profits pour les investisseurs indiens et des emplois pour les travailleurs canadiens.
Les mines
Hier, à New Delhi, j’ai renouvelé un protocole d’entente entre mon ministère, Ressources naturelles Canada, et le ministère des Mines de l’Inde touchant les sciences de la Terre et le secteur minier.
J’ai aussi cosigné une lettre d’intention avec le ministre de l’Acier, Beni Prasad Verma, exprimant notre volonté d’accentuer la collaboration dans le secteur du fer et de l’acier et dans les industries connexes.
Dans tous ces champs de coopération, les hydrocarbures, le nucléaire, la foresterie et les mines, les faits montrent la solidité de notre relation. Cependant, nous ne sommes pas au bout de cette dynamique.
Regard vers l’avenir
Comme je vous le disais l’an dernier, le Canada entend diversifier ses marchés énergétiques. C’est la raison de notre Plan de développement responsable des ressources : ce plan facilitera la mise en place de nouveaux pipelines vers nos côtes Est et Ouest et fera en sorte que nos ressources puissent se rendre jusqu’à celles-ci et jusqu’aux marchés étrangers.
Il n’est nul endroit au monde où les possibilités sont plus grandes qu’en Asie. L’Inde, comme vous le savez, est l’un des plus grands importateurs de gaz naturel liquéfié, alors que le Canada vient au cinquième rang des producteurs de gaz naturel.
Si l’on compte les quatre demandes de permis dont est saisi présentement l’Office national de l’Énergie, nous avons à l’heure actuelle onze permis d’exportation à différentes étapes du processus d’approbation, représentant une capacité annuelle d’exportation de GNL de 165 millions de tonnes. L’un de ces permis concerne un projet de terminal de GNL pour la côte Est. D’une capacité d’exportation de 10 millions de tonnes annuellement, ce terminal offrirait un autre moyen d’acheminer les ressources du Canada vers l’Inde.
Si l’on considère les estimations actuelles de la ressource, ainsi que les projets mis de l’avant, il est clair que l’industrie énergétique mondiale croit à l’avenir du Canada en tant qu’exportateur de GNL.
Conclusion
Je terminerai comme j’ai commencé, en rappelant combien nous sommes privilégiés des circonstances historiques que nous vivons, la revitalisation de la relation entre nos deux grands pays, l’avenir prometteur de cette relation.
Cette revitalisation est déjà bien engagée. Mais si nos progrès récents ont une signification, c’est que nous devons être résolus à aller de l’avant. Dans cet effort, des organisations comme la vôtre auront un rôle essentiel à jouer. Il s’agit d’explorer les possibilités et d’en exploiter le potentiel.
Avec tout ce qui a déjà été accompli, l’Inde et le Canada entrent dans une nouvelle ère de coopération et de commerce. Faisons en sorte d’entretenir cette dynamique. Et veillons à ce que celle-ci se traduise par des décennies de prospérité pour nos deux peuples.
Merci.