Notes en vue d’une allocution de
L’honorable Joe Oliver
Ministre des Ressources naturelles du Canada
À l’occasion de la
Réunion ministérielle de Petrotech
Le 13 janvier 2014 Greater Noida, Inde
L’allocution prononcée fait foi
Permettez-moi tout d’abord de remercier le gouvernement de l’Inde, M. Moily et les commanditaires de la conférence — Oil and Natural Gas Corporation Limited et PETROTECH — pour le leadership exceptionnel dont ils ont fait preuve pour organiser cette manifestation de classe mondiale.
C’est un honneur pour moi que de me joindre à mes collègues ministres, et je continuerai d’écouter avec intérêt les idées et vues qu’ils exprimeront.
Je suis en outre ravi que l’honorable Alison Redford soit avec nous. Mme Redford est la première ministre de l’Alberta, une province canadienne en mesure de contribuer largement à la sécurité énergétique mondiale au cours des prochaines décennies. Le Canada est très fier de sa relation avec l’Inde — il est fier de se considérer comme un ami et un allié de ce pays. Nous entretenons personnellement des relations étroites. Plus d’un million de personnes d’origine indienne vivent aujourd’hui au Canada, et nombre de ces Canadiens sont des spécialistes et des chefs de file du monde des affaires, de la recherche, des milieux universitaires et de l’administration publique.
Des liens diplomatiques solides unissent nos deux pays — et nous voulons les renforcer plus encore. Depuis 2008, des ministres indiens sont venus à 10 reprises au Canada, tandis que des ministres canadiens, dont je suis, avons effectué un total de 13 visites en Inde.
L’Inde est un partenaire commercial privilégié pour le Canada. En 2012 nos échanges bilatéraux ont dépassé les 5 milliards de dollars alors que nos investissements bilatéraux atteignaient plus de 4 milliards de dollars. Malgré cela, nos deux premiers ministres nous ont conjointement mis au défi d’améliorer notre performance : nous devons porter les échanges bilatéraux annuels à 15 milliards de dollars d’ici 2015. Nous y parviendrons seulement si le secteur de l’énergie affiche une robuste croissance.
L’an dernier, nous avons pris des mesures essentielles pour renforcer notre relation. L’Accord de coopération nucléaire entre le Canada et l’Inde, par exemple, est entré en vigueur en septembre et symbolise le respect et la confiance qui règnent entre nos deux pays. Nous avons lancé le Dialogue Canada–Inde sur l’énergie afin d’améliorer la collaboration dans un secteur d’importance vitale pour nos citoyens. Et le vice-président Montek Singh Ahluwalia et moi-même avons tenu en octobre dernier notre première réunion dans le cadre du Dialogue sur l’énergie. Nous avons également conclu un protocole d’entente pour appuyer la coopération bilatérale dans le secteur pétrolier et gazier.
Les discussions que nous avons menées ici, à PETROTECH, contribueront certainement à élargir notre relation. Le thème retenu pour la conférence — les défis et les occasions que présente la situation énergétique qui se dessine dans le monde — est axé sur l’avenir et intéresse directement le Canada en tant que pays fournisseur d’énergie.
Nous devons tous nous tourner vers l’avenir — vers un monde où la croissance économique se modifie, où la demande en énergie augmente implacablement et où l’offre d’énergie est de plus en plus diversifiée. C’est un monde où les nouvelles technologies interviennent pour permettre une mise en valeur des réserves non classiques encore inimaginable il y a dix ans à peine.
À l’horizon 2030 et au-delà, il est clair que l’Asie aura transformé le marché mondial de l’énergie. Avec sa croissance exponentielle, l’Inde assumera un rôle clé.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande d’énergie de l’Inde doublera d’ici 2035. L’Inde deviendra le principal importateur de pétrole, après la Chine, et le quatrième importateur de gaz naturel.
Le fait est que la croissance en Inde — et sur ce continent — nécessitera des ressources, des compétences et des technologies. Le Canada est un fournisseur responsable, disposé à vendre à l’Inde les ressources naturelles dont elle aura besoin, en particulier dans le secteur de l’énergie. De fait, l’énergie devient un secteur de grande complémentarité stratégique.
Le Canada a donc l’occasion d’atteindre des objectifs clés : la diversification de nos marchés énergétiques et le renforcement de notre situation d’exportateur compétitif sur la scène internationale. Quant à l’Inde, elle pourra se procurer l’énergie dont elle a besoin auprès d’un allié fiable auquel elle peut faire pleinement confiance.
Les combustibles fossiles continueront de figurer dans l’offre mondiale d’énergie pendant de nombreuses années. De fait, selon l’Agence internationale de l’énergie, nous ferons encore appel aux combustibles fossiles pour combler les trois quarts de la demande mondiale d’énergie en 2035.
Avec l’augmentation de la demande d’énergie en Inde, il sera d’autant plus nécessaire de trouver des sources de pétrole fiables, et ce, malgré les avancées remarquables des énergies renouvelables. Il ne sera pas facile de trouver dans le secteur des occasions d’investissement qui permettront de répondre à la demande d’importation et offriront un rendement attrayant.
Environ 80 % des réserves pétrolières mondiales sont contrôlées par des gouvernements nationaux ou par des sociétés qui appartiennent à l’État. C’est donc dire que seulement 20 % des réserves pétrolières mondiales peuvent être développées grâce à l’investissement privé —, et 60 % de ces réserves se trouvent dans les sables bitumineux du Canada.
Au total, les sables bitumineux recèlent des réserves prouvées d’environ 168 milliards de barils, mais les nouvelles technologies pourraient porter ces réserves à plus de 300 milliards de barils — plus que ce que possèdent l’Arabie saoudite ou le Venezuela. Le Canada aurait alors les plus vastes réserves pétrolières du monde.
De nombreux projets pipeliniers sont actuellement à l’étude, et il nous semble tout à fait possible d’alimenter l’Inde en pétrole pendant les années à venir et de contribuer ainsi à la sécurité énergétique de ce pays.
Pour diversifier les marchés énergétiques du Canada, quatre nouveaux oléoducs sont envisagés — deux d’entre eux transporteraient le brut de l’Ouest canadien vers la côte Ouest du Canada, et les deux autres achemineraient le pétrole de l’Ouest vers les raffineries et les installations portuaires de l’Est du Canada — ce qui faciliterait les exportations de pétrole canadien et contribuerait à la stabilité, à la fiabilité et à la diversité de l’approvisionnement pétrolier mondial.
La côte Est du Canada est moins éloignée de l’Inde que la côte Est des États-Unis ou la côte Ouest du Canada. Le projet de pipeline Énergie Est pourrait donc jouer un rôle de premier plan pour aider l’Inde à combler sa demande croissante d’énergie.
Le Canada possède aussi d’abondantes réserves d’un autre combustible qui jouera un rôle essentiel lorsque le monde fera la transition vers un avenir moins tributaire du carbone : le gaz naturel. Le Canada est le cinquième producteur mondial de gaz naturel et ses ressources sont estimées à 37 billions de mètres cubes — suffisamment pour maintenir le rythme de production actuel pendant plus de 200 ans. Nous sommes encore absents du marché du gaz naturel liquéfié, mais cette situation est sur le point de changer du tout au tout. De fait, 11 demandes de permis d’exportation en sont à diverses étapes du processus d’approbation, et la capacité annuelle totale pour l’exportation de GNL s’élèverait à 165 millions de tonnes.
Les investisseurs du monde entier, dont ceux de l’Inde, de la Corée, de la Chine, de la Malaisie et du Japon, prennent conscience des possibilités offertes par le GNL au Canada. Des sociétés comme Mitsubishi, Korea Gas Corporation, PETRONAS, PetroChina, India Oil Corporation et la société indienne H-Energy ont effectivement manifesté de l’intérêt.
Nous développons nos ressources énergétiques à un rythme sans précédent. Au cours de la prochaine décennie, quelque 650 milliards de dollars de nouveaux investissements viendront soutenir la réalisation de centaines de grands projets axés sur les ressources. Je songe notamment aux nouveaux pipelines qui achemineront nos ressources pétrolières et gazières vers les côtes Est et Ouest de notre pays, d’où elles seront expédiées vers les marchés mondiaux.
L’investissement étranger au Canada jouera un rôle essentiel dans la réalisation de ces projets, car à lui seul, le Canada ne dispose pas de capitaux suffisants pour les mener tous à bien.
En raison de sa situation économique très saine, de son cadre réglementaire stable et de ses très grandes compétences dans l’ensemble du secteur pétrolier et gazier, le Canada constitue une proposition très alléchante pour les investisseurs.
Nous poursuivons nos efforts pour conclure un Accord de partenariat économique global, le huitième cycle de négociations ayant pris fin en juin dernier. Nous nous apprêtons aussi à signer l’Accord de promotion et de protection des investissements étrangers Canada–Inde.
Outre les accords commerciaux, nous savons qu’il faut avoir un cadre stratégique et réglementaire pour attirer les capitaux et réaliser les grands projets liés aux ressources naturelles.
Le Canada a pris des mesures décisives pour moderniser le régime réglementaire applicable aux examens de projets liés aux ressources. Notre plan pour le Développement responsable des ressources relève le niveau de certitude et de prévisibilité pour les investisseurs, car il prévoit des échéances fixes pour les évaluations et réduit les formalités administratives.
Par ailleurs, les pays doivent continuer de manifester un engagement indéfectible envers la protection de l’environnement. Le Canada resserre ses normes environnementales et ne vise rien de moins qu’un régime de protection de l’environnement de classe mondiale.
L’un des défis de notre époque consiste à satisfaire à la demande croissante d’énergie, à hausser l’approvisionnement des économies émergentes et à développer nos ressources énergétiques de façon écologiquement responsable. Le Canada est prêt à travailler avec ses partenaires, dont l’Inde, pour relever ces défis.
Les gouvernements peuvent agir pour favoriser le commerce et l’investissement, mais l’élan doit venir du secteur privé. Nous comptons sur les entreprises de l’Inde et du Canada pour saisir les occasions qui se présentent, investir dans de nouveaux projets et créer de nouvelles technologies.
La présente conférence porte sur ce que nous devons faire pour nous assurer un avenir équitable et durable dans le secteur de l’énergie, un avenir qui s’appuiera sur de nouvelles idées, de nouvelles technologies et de nouvelles perspectives.
À cet égard, vous constaterez que le Canada est un partenaire de confiance qui joue un rôle de premier plan.
Merci.