Devant le Comité sénatorial permanent des transports et des communications
Ottawa (Ontario)
Le 5 mars 2014
Priorité à l'allocution
Monsieur le Président, je vous remercie.
Nous sommes heureux d’avoir l’occasion de vous présenter le point de vue du CRTC sur les occasions et les défis propres à la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) et la Société Radio-Canada (SRC) dans un contexte où le milieu des communications évolue rapidement. Le directeur général des Politiques et demandes relatives à la télévision, Peter Foster, m’accompagne aujourd’hui.
À titre de radiodiffuseur public national, CBC/Radio-Canada doit satisfaire aux objectifs de la Loi sur la radiodiffusion afin de servir adéquatement les Canadiens. Cela signifie d’offrir une programmation riche et diversifiée qui informe et divertit dans les deux langues officielles.
Vous savez probablement que récemment, le Conseil s’est penché sur l’incidence des changements technologiques par rapport à la capacité du radiodiffuseur d’atteindre ces objectifs. Cela a fait partie de notre examen global, en mai dernier, des licences de CBC/Radio-Canada pour ses services de télévision et de radio de langue anglaise et française.
Plusieurs facteurs ont influencé notre décision de les renouveler, y compris les interventions réfléchies de plus de 8000 Canadiens qui ont exprimé leur intérêt envers l’avenir de CBC/Radio-Canada. C’est aussi un reflet de notre confiance envers ses projets à long terme.
Comme l’a indiqué le président du CRTC Jean-Pierre Blais au moment d’annoncer notre décision, le renouvellement des licences de CBC/Radio-Canada atteste de notre conviction que :
Cette évaluation s’appuie, entre autres, sur le plan quinquennal de la Société intitulé « Stratégie 2015 : Partout. Pour tous. »
Outre la radiodiffusion conventionnelle ayant recours aux médias traditionnels, le plan met l’accent sur l’engagement de CBC/Radio-Canada d’entretenir une présence dynamique sur les plateformes numériques – la voie de l’avenir.
Avec des innovations incessantes prévues jusqu’à la fin de sa nouvelle licence, en 2018, ceci devrait faire en sorte que le radiodiffuseur public national mettra à la disposition des Canadiens du contenu numérique à la fine pointe. Tout aussi important, cela devrait contribuer à assurer la viabilité financière des activités de la Société.
Cette approche reconnaît qu’aujourd’hui, les Canadiens veulent avoir accès à leurs émissions préférées partout, en tout temps, en utilisant l’appareil de leur choix. Cela confirme également que CBC/Radio-Canada saisit l’ampleur des changements dans le paysage des communications et de la radiodiffusion.
Bien sûr, les Canadiens continuent de regarder la télévision conventionnelle. Avec environ 28 heures par semaine, en moyenne, la télévision accapare davantage de notre temps que toute autre activité, à l’exception du temps que nous passons à travailler et à dormir.
Mais on n’y échappe pas : les innovations technologiques sont en voie de redéfinir la notion même de radiodiffusion. Les Canadiens sont branchés 24 heures par jour, 7 jours sur 7, et avec des moyens que peu de gens auraient pu envisager il y a quelques années à peine. Le paysage télévisuel en a été modifié à jamais.
La couverture par CBC/Radio-Canada des Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi témoigne de ce contexte qui évolue. La Société a travaillé de concert avec d’autres radiodiffuseurs afin d’offrir aux Canadiens une couverture étendue à la télévision, dans Internet et sur les appareils mobiles.
Les Canadiens ont toujours accès à 700 canaux traditionnels, mais à présent la télévision est aussi offerte sur différents médias – comme en témoignent les offres de services en ligne de Netflix, Tou.tv et Apple TV.
Selon le Rapport de surveillance des communications du CRTC de 2013, un tiers des Canadiens regardent plus de trois heures de télévision en ligne par semaine. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2011 alors que ce nombre était de 2,8 heures. De plus, 4 p. 100 affirment regarder uniquement des émissions en ligne.
D’autre part, 6 p. 100 des Canadiens regardent des émissions de télévision sur une tablette ou un téléphone intelligent.
Parallèlement, le rapport a révélé qu’en 2012, les revenus des services de télévision canadiens ont atteint 6,5 milliards de dollars. Il s’agit d’une hausse de 1,9 p. 100 par rapport à l’année précédente.
Une autre tendance notable : le pourcentage de Canadiens abonnés à Netflix est passé de 10 p. 100 en 2011 à 17 p. 100 en 2012.
Le CRTC surveille les tendances, comme celle de la télévision en ligne, et vise à déterminer l’incidence de ces innovations sur les entreprises canadiennes du secteur des médias et des télécommunications.
Après un premier examen en 1999, nous avons exempté de notre réglementation les services de programmation numérique. Un deuxième examen en 2009 a confirmé le bien-fondé de cette approche.
Le CRTC n’intervient pas dans le domaine commercial à moins qu’il soit absolument nécessaire de le faire, et ce, pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. Nous laissons au marché le soin d’orienter les changements et nous intervenons seulement si ce dernier n’est pas en mesure de satisfaire aux objectifs stratégiques énoncés dans la Loi.
Certains souhaiteraient faire marche arrière, mais la radiodiffusion n’est plus ce qu’elle a déjà été – et ne le sera plus jamais. Tout comme les habitudes de visionnement des Canadiens évoluent, le système doit faire de même.
Ce n’est pas nécessairement mauvais en soi. Plutôt que de considérer des entreprises comme Netflix et YouTube comme des menaces, il faudrait plutôt voir les nouvelles possibilités qu’elles offrent.
Nous devrions en tirer parti et promouvoir l’avantage créatif du Canada à l’échelle mondiale – car aujourd’hui, les technologies de l’information et des communications sont le moteur de l’industrie et créent des occasions d’affaires.
Chose certaine, c’est la façon dont CBC/Radio-Canada semble envisager la situation.
Certaines émissions de télévision de langue française de la SRC, comme Les Invincibles, Les Parents et La Galère, peuvent être vues sur Netflix. Ceci s’ajoute à la vaste bibliothèque de titres qu’offre son site Tou.tv.
Récemment, la CBC a élargi son entente de licences avec Netflix pour ses émissions de télévision de langue anglaise. Grâce à l’entente, les nouvelles saisons d’émissions pourront être vues sur Netflix, par exemple Republic of Doyle, Heartland, Mr. D, Dragons’ Den et plusieurs autres titres. De même, en vertu de l’entente, le service offrira la populaire série Murdoch Mysteries pour la première fois.
Cette entente reflète la capacité éprouvée de CBC/Radio-Canada – et des créateurs canadiens de contenu en général – de produire des émissions de qualité qui plaisent aux auditoires canadiens et étrangers.
En octobre dernier, le CRTC a amorcé une conversation nationale avec les Canadiens au sujet de cette nouvelle ère télévisuelle. Avec « Parlons télé : une conversation avec les Canadiens », nous avons cherché à connaître les points de vue des Canadiens avant d’entreprendre des instances publiques en bonne et due forme.
Nous voulons placer les Canadiens au cœur de leur système de télévision. Aussi nous faut-il les entendre directement au sujet de leurs besoins en tant que citoyens engagés, en tant que consommateurs qui font des choix éclairés d’émissions et en tant que créateurs de contenu télévisuel.
Au cours de la première phase de la consultation, plus de 3100 Canadiens ont accepté notre invitation et ont exprimé leurs points de vue sur l’avenir de leur système de télévision.
Plusieurs Canadiens nous ont indiqué vouloir davantage de choix et exercer plus de contrôle en ce qui concerne les émissions qu’ils regardent et pour lesquelles ils doivent payer.
Aussi, au chapitre des habitudes de visionnement des Canadiens, je ne crois pas qu’il faille s’attendre à des changements dans les tendances que j’ai déjà décrites.
Le Conseil poursuit sa conversation avec les Canadiens. Le mois dernier, nous avons rendu public le cahier « Parlons télé : Faites votre choix! », qui a été créé à partir des observations reçues au cours de la phase 1.
Au cours de cette deuxième phase, nous demandons aux Canadiens d’évaluer différents résultats que pourraient entraîner certains changements pour le système de télévision et de réfléchir aux éléments importants à leurs yeux. Nous leur demandons de regarder au-delà de leurs intérêts personnels pour examiner le tableau d’ensemble et ce que cela signifie pour leur système de télévision.
Car les préférences de chacun, auxquelles s’ajoute l’effet multiplicateur des actions et des choix des autres Canadiens, ne sont pas sans conséquence. Les demandes d’un groupe peuvent affecter les choix des autres.
Ce printemps, nous tiendrons une instance officielle qui comprendra une audience publique en septembre 2014. Nous avons pour objectif d’élaborer un cadre pour le système de télévision qui est en mesure de répondre aux besoins et aux attentes de tous les Canadiens.
C’est avec plaisir que je répondrai à vos questions au sujet de ces initiatives ou de tout autre volet de ma présentation.
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