Whistler (Colombie-Britannique)
Le 30 mai 2014
Stephen Simpson, Conseiller régional de la Colombie-Britannique et du Yukon
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes
Priorité à l'allocution
Merci beaucoup.
Eh bien, nous voici dans une autre année de changement dynamique. Et une autre année où les voix extérieures vous disent que vous avez besoin d'être prêt pour la route devant vous, qui présente bien des défis. En attendant, votre voix intérieure vous dit « quand est-ce que la partie facile arrive? »
Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais d’abord féliciter tout spécialement les personnes en nomination qui seront honorées ce soir lors de la cérémonie des Prix d’excellence.
Voici donc ma mise à jour annuelle de l'industrie et un aperçu de ce qui est dans notre mire au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)...
Secteur de la radio
Dans quelques jours, nous publierons les résultats financiers de 2013 pour le secteur de la radio. Aujourd'hui, je peux vous donner un aperçu de certains de ces chiffres.
Les recettes pour toutes les stations de radio AM et FM dans l’ensemble du Canada se sont maintenues à 1,6 milliard de dollars en 2013. Les stations ont signalé une hausse de 5 % des recettes provenant des annonces publicitaires nationales, qui ont plus que compensé une légère baisse dans les annonces locales.
En Colombie-Britannique, les recettes des stations ont légèrement augmenté en 2013. Les recettes provenant des annonces publicitaires locales sont demeurées stables à 149,5 millions de dollars, alors que celles provenant des annonces publicitaires nationales ont augmenté de 4 %, pour atteindre 58,5 millions de dollars.
À Vancouver, les recettes publicitaires locales et nationales ont légèrement diminué, avec une baisse des revenus de la radio de 2 millions de dollars, pour atteindre 124 millions de dollars en 2013. Toutefois, grâce à une réduction des dépenses, les bénéfices avant intérêts et impôts (BAII) ont grimpé, passant de 28,8 à 29,9 millions de dollars, pour une marge bénéficiaire de 24,1 %.
À Victoria, une baisse des ventes locales de publicité, a été compensée par une augmentation de la publicité nationale, et le revenu total est demeuré pratiquement inchangé. Les BAII sont passés de 2,38 à 3,02 millions de dollars, et la marge des BAII pour 2013 s’est élevée à 17,3 %.
À Kelowna, les ventes publicitaires locales ont également diminué à nouveau, et les recettes globales ont seulement été compensées en partie par une hausse des ventes publicitaires nationales. Il en résulte une baisse générale des recettes totales, qui sont passées de 11,2 à 10,7 millions de dollars. Vous vous souvenez peut-être que les BAII en 2012 représentaient une perte de 1,09 million de dollars. Toutefois, grâce à une réduction des dépenses en 2013, cette perte de BAII est réduite à 257 000 $.
La radio contribue toujours de façon importante à l’économie canadienne, de même qu’à notre culture en mettant en valeur les artistes canadiens. Toutefois, la croissance de ce secteur a manifestement ralenti au cours des dernières années. Au CRTC, nous voulons nous assurer que nos politiques favorisent un environnement où vous pouvez faire preuve de créativité et expérimenter au moyen de modèles d’affaires novateurs.
Examen de la politique sur la radio commerciale
Au chapitre des politiques régissant la radio, comme vous le savez, le Conseil procède actuellement à un examen ciblé de notre politique sur la radio commerciale. De façon générale, le secteur canadien de la radio se porte bien, et nous ne voyons pas la nécessité d’effectuer une révision majeure de la politique, dont le dernier examen remonte à 2006.
Toutefois, il conviendrait de mettre à jour certains éléments de la politique.
Nous avons sollicité des observations sur un certain nombre de questions, y compris :
- l’approche du Conseil concernant les appels de demandes et les petits marchés;
- le traitement des demandes de conversion des stations non protégées de faible puissance au statut protégé;
- les définitions de ventes locales et nationales de temps d’antenne, et la nécessité d’établir une définition pour la publicité régionale;
- une mise à jour des règles qui spécifient comment les titulaires de permis doivent tenir et présenter leurs registres et l’enregistrement des émissions;
- l’adoption possible de nouveaux mécanismes de conformité pour inciter les titulaires à respecter en tout temps leurs exigences réglementaires et leurs conditions de licence; et
- la mise en œuvre possible de la technologie de radio numérique hybride au Canada, ainsi que la nécessité d’établir un cadre réglementaire.
Vous êtes, bien sûr, impatients de savoir quels sont les changements qui pourraient émerger de ce processus. Vous comprendrez également que le processus est toujours en cours et, par conséquent, il m’est impossible de vous en dire davantage pour le moment. Je tiens toutefois à remercier ceux et celles qui ont participé à l’examen. Soyez assurés que nous examinons attentivement vos observations.
Enjeux fondamentaux du secteur de la radio
Mais il y a des enjeux fondamentaux dans le secteur de l’industrie radiophonique qui sont plus importants à long terme que les ajustements de politique spécifiques, que nous considérons actuellement.
Les Canadiens utilisent encore la radio comme une source importante de musique. D’après le rapport de la société Nielsen, 61 % des Canadiens écoutent la radio traditionnelle terrestre pour écouter de la musique qui leur est nouvelle. Ils trouvent à la radio 42 % de leurs découvertes musicales. Il s’agit de la source la plus importante parmi toutes les autres, y compris YouTube, iTunes et les médias sociaux.
Les Canadiens comptent également sur la radio comme source d’information et d’actualités, particulièrement à l’échelle locale et communautaire.
La radio est un très bon produit! Et, de surcroît, gratuit pour les consommateurs.
Mais il y a de nouveaux produits sur le marché. Tous aussi attrayants les uns que les autres… et plusieurs d’entre eux sont gratuits (ou presque).
Rdio, Slacker, Songza et Play Music de Google. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Apple pénètre le marché canadien maintenant que la Commission du droit d’auteur a rendu sa décision à l’égard des redevances pour la diffusion en continu.
Ces services offrent du contenu pour les appareils numériques mobiles, qui sont déjà bien plus nombreux que les postes de radio portatifs à l’extérieur de la maison. Les adeptes les plus enthousiastes des médias numériques sont les jeunes.
Et c’est précisément chez les jeunes que l’écoute de la radio est en baisse.
Lorsque l’on regarde les cinq principaux marchés métropolitains au Canada, les personnes âgées de 18 à 24 ans syntonisent moins la radio, dans une proportion de 30 %, que la population générale âgée de 12 ans et plus. Le groupe des 12 à 17 ans, quant à lui, affiche un taux d’écoute inférieur de 50 %. Les habitudes adoptées par les gens alors qu’ils sont jeunes ont tendance à persister; sans compter que les nouvelles technologies deviendront de plus en plus omniprésentes.
Cette situation survient au moment même où la concurrence investit le haut lieu de la radio : l’automobile.
La voiture branchée s’en vient. Cette nouvelle génération de véhicules mettra en vedette des systèmes de divertissement Web intégrés au tableau de bord, lesquels offriront un accès facile à toutes sortes de contenu. Par exemple, la société Pandora prévoyait rendre son service Web accessible dans le tiers des nouveaux véhicules vendus aux États-Unis avant la fin 2013.
La diffusion de votre contenu sur les ondes AM et FM est placée devant le défi des technologies WiFi, satellitaire et cellulaire. Mais ce sont de nouveaux canaux de diffusion. C’est votre programmation et la pertinence dans vos marchés qui ont créé les fortes configurations de fidélisation des auditeurs avec les communautés que vous desservez.
À titre de programmeurs chevronnés, vous avez la capacité de tirer profit de vos bibliothèques de contenu musical canadien et de miser sur vos animateurs pour mieux communiquer et interagir plus intensément avec les auditeurs canadiens, ce que les services musicaux ne pourraient faire.
Les radiodiffuseurs font face à de nombreux défis auxquels sont aussi confrontés leurs collègues télédiffuseurs à s’adapter au nouveau monde numérique. Ils devront prendre des mesures énergiques pour réclamer leur part de ce nouveau marché. Nous au CRTC, allons faire tout notre possible pour maintenir un environnement favorable à une industrie de la radio tournée vers l’avenir.
Télévision
Je voudrais maintenant passer à l’industrie télévisuelle.
Plus tôt ce mois-ci, le CRTC a publié son rapport statistique et financier sur les stations de télévision locales pour l’année de radiodiffusion 2013.
Les recettes ont diminué. Les recettes globales des stations privées locales ont baissé de plus de 100 millions de dollars, pour atteindre 1,94 milliard de dollars, soit un recul de 4,6 %. De cette diminution, 74,7 millions de dollars proviennent des recettes publicitaires.
Bien que les stations privées aient tenté de réduire les dépenses, leurs BAII sont passés de 22,9 millions de dollars à moins -2,3 millions de dollars, et la marge des BAII a diminué de 1,1 % pour atteindre moins -0,1 %.
Donc, il ne fait aucun doute que la télévision locale, comme la plupart des secteurs de l’industrie de la radiodiffusion, fait face à certains défis à mesure que la technologie, le marché et les comportements des téléspectateurs changent.
Les personnes ayant un compte Internet et un appareil numérique peuvent désormais accéder à un vaste choix de divertissement et d’information, gratuit en grande partie. L’éventail des choix offerts aux consommateurs est plus vaste que jamais, ce qui est tout à l’avantage des consommateurs canadiens.
Cela signifie également que le CRTC fait son travail réglementaire dans un environnement profondément transformé. De quelle façon pouvons-nous nous assurer que le système de télévision répond aux besoins des Canadiens, actuellement et à l'avenir ?
Parlons télé
Contrairement aux processus précédents du CRTC, nous avons choisi cette fois de commencer par les téléspectateurs canadiens. Nous avons lancé la première phase de l’initiative Parlons télé en octobre dernier. Nous avons interrogé les Canadiens au sujet des émissions qu’ils regardent et comment ils les reçoivent. Nous leur avons demandé s’ils sont suffisamment informés pour faire des choix éclairés et s’ils savent à qui s’adresser en cas d’insatisfaction.
Nous avons reçu une réponse immédiate et enthousiaste, comme en témoignent leurs commentaires, les discussions en ligne et même les conférences éclair.
La deuxième phase a été lancée en février, lors de laquelle nous avons mis à profit leurs contributions afin de publier un cahier de choix, c’est-à-dire un questionnaire interactif conçu pour présenter divers scénarios. Ce cahier a donné aux Canadiens l’occasion de voir comment les besoins et intérêts des autres téléspectateurs se comparent aux leurs. On a demandé aux répondants de faire des choix difficiles en ce qui concerne leur système de télévision.
Jusqu’à maintenant, plus de 10 000 personnes ont participé à l’initiative Parlons télé, et les résultats des deux premières phases ont été rendus publics.
Nous avons également publié le rapport que le gouvernement nous a demandé au sujet de l’optimisation des choix des téléspectateurs en matière de programmation télé, ainsi que les résultats d’un sondage téléphonique que nous avons mené en décembre.
La troisième phase
Le mois dernier, nous avons lancé la troisième phase de Parlons télé. À la lumière de ce que nous avons entendu jusqu’à maintenant, nous proposons un certain nombre de changements au système de télévision.
Nous invitons les membres du public à partager leurs points de vue sur ces propositions. Nous tiendrons ensuite, à compter du 8 septembre, une audience publique au sujet de l’avenir du système de télévision. Au cours de l’audience, nous offrirons aussi une discussion en ligne pour les Canadiens.
Nos propositions visent trois objectifs :
- favoriser le choix et la flexibilité dans la sélection d’émissions;
- encourager la création de contenu intéressant et diversifié par des Canadiens; et
- permettre aux Canadiens de faire des choix éclairés.
Choix et souplesse
Tout d’abord, nous voulons favoriser le choix et la souplesse. Nous proposons que tous les abonnés aient l’option de recevoir un forfait de base réduit exclusivement canadien. Ce forfait serait constitué de stations locales, de chaînes d’intérêt public qui doivent actuellement être distribuées à tous les abonnés, comme CPAC et APTN, des chaînes provinciales éducatives ainsi que des services exploités par des législatures provinciales.
Les abonnés pourraient ajouter des services de leur choix selon l’une des trois options suivantes :
- forfait à la carte, sélection de chaînes individuelles;
- forfait sur mesure, composé de chaînes payantes et spécialisées; ou
- sélection de forfaits prédéterminés par le fournisseur de câblodistribution ou de distribution par satellite.
Promotion du contenu canadien
Également, nous explorerons de possibles futurs modèles d’affaires pour les stations de télévision et envisagerons diverses façons d’appuyer les émissions produites par des Canadiens.
Nous discuterons aussi de l’élimination possible de la substitution simultanée, c’est-à-dire le remplacement du signal d'un canal américain par le signal d'un canal canadien diffusant la même émission en même temps. Nous avons reçu de nombreuses plaintes de Canadiens au sujet des erreurs de substitution qui leur font manquer certaines parties d’événements diffusés en direct, comme lors des matchs de la National Football League.
La substitution simultanée peut contraindre les radiodiffuseurs canadiens à respecter les horaires établis par les radiodiffuseurs américains. L’abolition de la substitution simultanée permettrait aux radiodiffuseurs canadiens de diffuser et de promouvoir des émissions canadiennes.
L’industrie a besoin d’avoir une connaissance précise de l'évolution des intérêts des téléspectateurs pour l'aider à répondre à ceux-ci plus efficacement. Ainsi, nous examinerons l’utilité d’un système de mesure de l’auditoire à l’aide de boîtiers de décodage, un système conçu de manière à protéger la vie privée des téléspectateurs.
Habiliter les Canadiens
Dans le cadre du processus Parlons télé, les Canadiens ont indiqué qu’ils voulaient obtenir des renseignements plus précis et compréhensibles au sujet des modalités de services de télévision qu’ils payent. Nous demanderons si des lignes directrices sont nécessaires afin de favoriser la rédaction de contrats plus clairs et d’accroître la transparence du processus de résiliation des abonnements.
De même, nous envisagerons la mise en place d’un code de déontologie pour les entreprises de distribution par câble et par satellite, ainsi que l’établissement d’un service de protecteur de la clientèle pour aider les abonnés à régler les différends qu’ils ont avec leur fournisseur.
Nous devons connaître le point de vue des Canadiens avant de prendre des décisions définitives. Nous invitons les gens à présenter, d’ici le 25 juin, leurs points de vue concernant les changements proposés à leur système de télévision.
Conclusion
Je suis reconnaissant d'être invité à votre congrès chaque année.
J’espère que l’aperçu d’aujourd’hui vous donne une meilleure idée de la façon dont nous répondons nous aussi à l'évolution constante des technologies et des comportements de consommation qui orientent les activités de votre industrie.
Merci beaucoup.