Archivé - Discours de l’honorable Joe Oliver, ministre des Finances, dans le cadre du Global Borrowers and Investors Forum 2014

Le 24 juin 2014
Londres (Royaume-Uni)

C’est un immense plaisir de me trouver ici, en Grande-Bretagne, un proche cousin du Canada. La Grande-Bretagne et le Canada partagent une histoire commune, en temps de paix comme en temps de guerre, des valeurs durables qui vont au cœur de qui nous sommes, et des liens personnels qui remontent le fil du temps. La Grande-Bretagne nous a légué bon nombre des institutions et des valeurs qui nous sont si chères aujourd’hui — un souverain, une démocratie parlementaire, un engagement passionné en faveur de la liberté, un respect profond à l’égard des droits de la personne, un esprit d’entrepreneuriat et une économie de marché libre. Notre amitié demeure inébranlable.

C’est donc un honneur pour moi de prononcer le discours d’ouverture à l’occasion du Global Borrowers and Investors Forum. Cette conférence oriente le dialogue au sujet des principales tendances observées sur les marchés financiers mondiaux. Les gens réunis dans cette salle jouent un rôle crucial pour façonner l’économie mondiale. Vos choix en matière d’investissement sont des plus importants.

John Maynard Keynes a déjà dit que le Canada était un lieu d’espoir infini.

En fait, il n’existe aucun endroit plus prometteur où investir que le Canada – et il en sera ainsi pendant de nombreuses années. Une démocratie stable fonctionnant selon la primauté du droit, ouverte au monde des affaires et à l’investissement étranger, et offrant de faibles taux d’imposition et des possibilités d’investissement très attrayantes.

Mon ami et prédécesseur, feu Jim Flaherty, a affirmé qu’en janvier 1995, le Wall Street Journal qualifiait le dollar canadien de peso du Nord. C’était il y a 20 ans et depuis, les choses ont énormément changé. Aujourd’hui, le dollar canadien se retrouve sur la liste des monnaies de réserves suivies par le FMI. Et le Canada fait bonne figure parmi les économies mondiales, dans une large mesure grâce à la contribution de Jim, dont je poursuivrai le travail.

La vigueur dont fait preuve le Canada depuis la fin de la récession n’est pas le fruit du hasard. Il nous a fallu un plan et la discipline requise pour le suivre. Nous l’appelons le Plan d’action économique. Ce plan constituait la réponse du Canada à la Grande Récession, et les effets de ce plan se font encore sentir aujourd’hui. Beaucoup de pays peinent encore à se remettre de la crise. À titre d’exemple, dans la zone euro, la croissance est fragile. Les déficits et l’endettement sont élevés et l’inflation est très faible, bien qu’il existe manifestement de grands écarts entre les différents pays. La Banque centrale européenne est récemment entrée en territoire inconnu en imposant un taux négatif sur ses dépôts, et d’autres mesures pourraient suivre.

Aux États-Unis, la reprise économique demeure faible, quoique certains signes encourageants aient été observés récemment.

La croissance en Chine a ralenti, en raison des préoccupations liées au système bancaire parallèle. Les marchés émergents sont volatils, et les normes de crédit compromis par la quête de rendement dans un contexte de taux d’intérêt peu élevés suscitent des inquiétudes.

Dans ces circonstances, le Canada, grand pays commerçant, n’est pas à l’abri. Toutefois, nous nous sommes relativement bien tirés d’affaire. La récession a frappé le pays tardivement par rapport à la plupart des autres régions du monde. Nous avons également été touchés moins durement. Nous nous sommes relevés de la crise plus tôt et nous en sommes sortis dans un état relativement meilleur que la plupart des pays développés.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. Le système bancaire du Canada, le plus stable au monde, selon le Forum économique mondial, a fait en sorte qu’aucune banque canadienne n’ait eu besoin d’être renflouée. Le vigoureux secteur des ressources naturelles au pays a contribué de façon continue à la croissance, et nous avons appliqué une politique budgétaire audacieuse, mais prudente. Nous avons mis en œuvre des mesures de stimulation économique opportunes et ciblées en vue de soutenir l’emploi. Nous avons en même temps accordé des allègements fiscaux aux particuliers et aux entreprises pour favoriser la vigueur de l’économie dans le secteur privé.

Alors que le Canada se relevait de la crise, nous avons agi de manière responsable, comme l’aurait fait Keynes, et non comme l’auraient fait ceux qui cherchent à justifier les dépenses extravagantes et le gaspillage. Par conséquent, nous sommes sur la bonne voie pour rétablir l’équilibre budgétaire en 2015.

Je me réjouis de voir le premier ministre Cameron et le chancelier de l’Échiquier Osborne instaurer un plan semblable; vous récoltez maintenant les retombées associées à la création d’emplois dans le secteur privé et à la stabilité qui prévaut au Royaume-Uni. Le plan commence à porter ses fruits. Un Royaume-Uni fort profite à tous.

Au Canada, à mesure que le déficit recule, nous élargissons nos possibilités. Au pays, un emploi sur cinq est lié au commerce, et c’est pourquoi notre gouvernement mène un ambitieux programme de libre-échange; la signature de l’entente de principe en vue de la conclusion d’un accord économique et commercial global avec l’Union européenne en constitue le joyau. Il s’agit de l’accord de libre-échange à la portée la plus vaste conclu dans l’histoire du Canada. Le marché de l’Union européenne, avec 500 millions de consommateurs et une activité économique annuelle de plus de 13 billions de dollars, offre tout un continent de possibilités pour les Canadiens.

Grâce à cet accord, le Canada sera le seul pays à jouir d’un accès préférentiel aux deux plus importants marchés mondiaux, soit l’Union européenne et les États-Unis, ce qui nous donne accès à plus de 800 millions des consommateurs parmi les plus aisés au monde.

Les industries de tous les secteurs de l’économie tirent avantage d’un accès élargi aux marchés, ce qui est particulièrement crucial pour le secteur des ressources naturelles du Canada — un secteur d’une importance primordiale pour les investisseurs. Le Canada est sur le point de devenir l’une des superpuissances du 21e siècle dans le domaine des ressources naturelles. Nous possédons tous les atouts pour y arriver.

L’infrastructure énergétique canadienne est en pleine expansion. Des centaines de grands projets d’exploitation de ressources naturelles, dont la valeur s’élève à environ 650 milliards de dollars en nouveaux investissements, sont en cours ou prévus pour la prochaine décennie.

Les ressources naturelles représentent le moteur de l’économie canadienne – elles représentent 18 % de notre PIB, près de 2 millions d’emplois et plus de la moitié de nos exportations. Nous nous trouvons au premier rang mondial en matière de production de potasse, au deuxième rang pour ce qui est de la production de l’uranium, et nous avons aussi les troisièmes réserves de pétroles avérées au monde, avec plus de 170 milliards de barils. Notre industrie minière est un chef de file mondial et nous possédons 37 billions de mètres cubes de gaz naturel — ce qui comblera l’usage domestique aux taux actuels durant plus de 200 ans.

Étant donné que nos ressources naturelles attirent beaucoup l’attention, je dois vous mentionner que la production d’électricité au Canada provient, dans une proportion de 77 %, de sources d’énergie sans émission, comparativement à moins de 50 % en Europe et à 33 % aux États-Unis. Nos sables bitumineux représentent une fraction minuscule des émissions planétaires de gaz à effet de serre — à peine un millième. En outre, nous avons réduit l’intensité des émissions issues des sables bitumineux de 26 % dans la dernière décennie et, il y a deux ans, nous avons interdit la construction de centrales classiques au charbon. Le Canada contribue à faire face à la problématique des changements climatiques.

Les questions énergétiques revêtent une importance particulière pour le monde entier, et certains pays moins bien nantis en ressources naturelles bénéficient des vastes réserves dont nous disposons. Le Canada est un fournisseur d’énergie fiable et responsable.

Ce mois-ci, plus de 500 000 barils de pétrole brut issu des sables bitumineux ont été acheminés sur les côtes de l’Espagne, la première exportation de pétrole brut lourd issu des sables bitumineux à destination de l’Union européenne.

Avec l’infrastructure appropriée, le Canada pourrait expédier davantage de pétrole de l’autre côté de l’Atlantique. Le Canada pourrait ainsi devenir une source d’approvisionnement énergétique pour nos amis européens — le type d’ami et de partenaire sur lequel on peut compter.

Mesdames et Messieurs, je vous ai présenté l’avantage du Canada — des impôts moins élevés, des budgets équilibrés, une dette plus faible, des échanges commerciaux plus ouverts et des ressources naturelles en abondance. Et les résultats des mesures que nous avons prises parlent d’eux-mêmes.

La firme KPMG a conclu que les coûts fiscaux des entreprises au Canada correspondaient à moins de la moitié de ceux aux États-Unis. L’agence Bloomberg a classé le Canada au deuxième rang des pays les plus attrayants pour les entreprises du monde entier. Le Canada affiche le meilleur bilan des pays du G-7 au chapitre de la création d’emplois, avec plus de 1 million d’emplois créés depuis juillet 2009. Pour la sixième année de suite, le système bancaire canadien a été reconnu comme le plus solide au monde par le Forum économique mondial.

Et les Canadiens n’ont jamais été aussi riches. Une étude récente menée par le New York Times révélait que, après impôt, les revenus de la classe moyenne au Canada – qui accusaient un retard important en 2000 – semblent désormais plus élevés que ceux des États-Unis. En fait, la classe moyenne du Canada est aujourd’hui parmi les plus riches du monde.

Le plan du gouvernement conservateur, axé sur des impôts bas pour stimuler l’emploi et la croissance, a créé un nouvel avantage canadien pour le 21e siècle. Il n’y a tout simplement aucun meilleur endroit au monde où investir, démarrer une entreprise ou prendre des risques. Le Canada est un exemple de réussite économique, un modèle pour d’autres pays dans un monde qui se remet de la récession.

Bien entendu, tous les gouvernements ont la responsabilité d’assainir leurs finances publiques, si les conditions économiques le permettent. De même, nous devons tous réduire les déficits et améliorer la viabilité de la dette. Nous devons tous limiter les obstacles à la concurrence. Après tout, c’est dans le secteur privé que les emplois sont créés. Si nous ne pouvons compter sur un secteur privé vigoureux et en croissance, nous ne pouvons assurer la pérennité de sociétés prospères.

L’été dernier, la suggestion du Canada selon laquelle le G-20 s’engage à élaborer des stratégies propres à chaque pays a été adoptée. Nous avons convenu que ces stratégies devraient viser à relever le PIB collectif des pays du G-20 de deux pour cent au-dessus de la trajectoire prévue.

Cela changerait la donne. La valeur de l’économie mondiale s’accroîtrait de deux billions de dollars. Mais afin d’y arriver, des réformes doivent être mises en œuvre. Et à mesure que nous allons de l’avant, nous devons rejeter les appels à détruire les fondements qui ont été établis collectivement dans le monde au cours des cinq dernières années. Nous devons nous appuyer sur nos engagements antérieurs, et non pas les abandonner, car ces engagements — la réduction des déficits, l’amélioration de la viabilité de la dette — tracent la voie vers la prospérité.

J’ai hâte de voir les résultats de ce forum et je compte sur votre appui et vos conseils à l’avenir, alors que nous travaillons de concert pour maintenir l’économie mondiale sur la trajectoire d’une reprise constante et d’une forte croissance future.

Je vous remercie.

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