Le 30 mai 2014 - Laval, Québec
Sous réserve de modifications
Bon après-midi.
En ma qualité de bibliothécaire et archiviste du Canada par intérim, je tiens à remercier le comité organisateur de me donner l’occasion de partager avec vous mes réflexions.
Je souhaite également remercier ceux et celles qui sont à l’écoute, ici présents durant cette heure de repas.
Bien entendu, je voudrais d’abord parler de la nomination récente de M. Guy Berthiaume au poste de bibliothécaire et archiviste du Canada. Nous sommes enchantés que M. Berthiaume occupera le plus haut poste de gestion de notre institution et nous sommes persuadés que BAC bénéficiera grandement de ses compétences et de son leadership.
M. Berthiaume, permettez-moi, au nom de tous mes collègues, de vous dire que nous sommes ravis de votre arrivée.
Sommet des archives et autres consultations et études
Au cours de la dernière année, j’ai eu l’occasion de rencontrer les principaux intervenants des communautés archivistiques du Canada, et l’hiver dernier, BAC a eu le plaisir de prendre part au Sommet sur les archives, qui s’est tenu à Toronto, où, avec quelques-uns d’entre vous ici présents et nos collègues des régions, nous avons commencé à établir les fondements d’une nouvelle vision prometteuse pour les archives et le secteur du patrimoine documentaire.
Ces consultations ont permis de dégager trois thèmes : premièrement, l’importance du contexte numérique dans lequel nous évoluons; deuxièmement, le leadership attendu de BAC; et finalement, la capacité de la communauté archivistique à coordonner ses actions.
En résumé, la communauté archivistique a eu la chance d’envisager son avenir et de prévoir comment le patrimoine documentaire pourra garder sa place de choix dans l’infrastructure du savoir au pays.
Ces discussions ne sont que le début d’un processus d’examen stratégique important.
Par ailleurs, BAC a également participé aux comités d’experts de la Société royale du Canada et du Conseil des académies canadiennes qui ont mené des consultations dans l’ensemble du pays.
Nous attendons avec grand intérêt la publication de leurs rapports respectifs cet automne.
Lorsque ces rapports seront déposés, nous pourrons reprendre les discussions afin de décider des jalons importants qui nous prépareront à relever les défis du XXIe siècle.
Présentation de BAC : mandat et contexte général
Notre rôle au sein de la communauté archivistique canadienne est déterminé par le mandat défini par la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada.
Comme vous le savez, ce mandat est articulé autour de quatre grands axes :
- Préserver le patrimoine documentaire du Canada pour les générations présentes et futures.
- Être une source de savoir permanent accessible à tous, qui contribue à l’épanouissement culturel, social et économique de la société libre et démocratique que constitue le Canada.
- Faciliter au Canada la concertation des divers milieux intéressés à l’acquisition, la préservation et la diffusion du savoir.
- Et finalement, être la mémoire permanente de l’administration fédérale et de ses institutions.
À titre d’institution du patrimoine documentaire et d’organisme du gouvernement du Canada, BAC doit s’acquitter de responsabilités particulières.
Nos décisions sur l’évaluation, l’acquisition, la préservation et l’accessibilité du patrimoine documentaire sont prises en fonction de nos responsabilités envers les parlementaires et les citoyens qui les élisent.
Nos employés ont un double rôle à jouer sur le plan de la responsabilité professionnelle : ils sont à la fois des fonctionnaires, et des spécialistes du patrimoine documentaire.
En raison de notre mandat et de notre rôle, nous sommes fermement engagés envers la communauté du patrimoine documentaire. L’avènement du numérique n’a pas changé le fait que nos trois principaux secteurs d’activités sont restés les mêmes.
Fondamentalement, notre travail est toujours et encore d’acquérir, de préserver et de rendre accessible le patrimoine documentaire du Canada. Comme le disait mon professeur de latin du temps : « rien que ça mais tout ça »!
Acquisition
En ce qui concerne les acquisitions, nous devons toujours acquérir les documents représentant un intérêt national, peu importe leur support. Notre cadre de politique d’évaluation et d’acquisitions et ses divers instruments de politiques nous confèrent de solides assises pour orienter nos choix et faciliter ce processus.
À cet égard, je suis particulièrement fier de quelques‑unes de nos récentes acquisitions de documents analogiques.
Grâce à son programme de dépôt légal, BAC a solidifié l’infrastructure du savoir du Canada en acceptant plus de 100 000 documents publiés.
Au cours de la dernière année nous avons également reçu 15 collections de Canadiens ayant joué un rôle important, nous avons remis plus de 2 millions de dollars de reçus aux fins de l’impôt à divers donateurs et près de 2 millions de dollars ont été consacrés à l’achat de documents.
Du côté des archives privées, mentionnons, quelques acquisitions phares de la dernière année :
- La première version complète et autorisée de la Bible publiée au Canada.
- Le fonds John Coape Sherbrooke, la plus grande et la plus complète de toutes les collections de documents sur la guerre de 1812.
- Un journal personnel historique sur le siège de Louisbourg qui a eu lieu en 1758 sur l’île du Cap‑Breton.
Au niveau gouvernemental, nous avons toujours l’objectif d’acquérir les documents de façon numérique à partir de 2017. Il est important de rappeler que les trois quarts des fonds documentaires de BAC sont des documents gouvernementaux. En effet, agir à titre de mémoire permanente du gouvernement du Canada et de ses institutions est l’un des aspects les plus importants de notre mandat.
Notre programme de tenue de documents décrit une série d’exigences que les organismes du gouvernement du Canada doivent respecter, y compris l'exécution d'activités périodiques de disposition couvrant toutes les ressources documentaires. Le rôle de BAC consiste à autoriser ces organismes à disposer de leurs ressources documentaires — en les transférant à BAC ou en aliénant le contrôle que le gouvernement exerce sur eux.
Préservation
En matière de préservation, notre deuxième pilier, BAC demeure un chef de file mondial en matière de préservation des ressources analogiques et bientôt numérique. Notre Centre de préservation de Gatineau ainsi que le Centre de préservation de pellicule de nitrate sont de classe mondiale, tout comme l’est la nouvelle installation d'entreposage à haute densité qui est désormais achevée.
Par ailleurs, nous avons récemment produit notre Rapport sur l’état des fonds documentaires analogiques, qui donne une image globale de l’état de nos collections et fournit des indications sur la manière de déployer les ressources consacrées à nos efforts de préservation. Ce rapport est publié sur notre site Web.
Finalement, je m’en voudrais de passer sous silence nos progrès et réalisations en matière de préservation du patrimoine documentaire audiovisuel du Canada. À ce jour, BAC a procédé à la migration de près de la moitié des 178 000 heures de contenu prévues dans sa stratégie décennale de migration des enregistrements audiovisuels. Cette stratégie permettra non seulement une meilleure préservation mais également un meilleur accès.
Parlant d’accès ceci est notre troisième pilier et certainement celui auquel nous apportons dernièrement une attention particulière. En effet, c’est probablement à ce niveau que nous avons le plus bénéficié de nouvelles méthodes pour améliorer le service à la clientèle en tirant parti de la technologie numérique.
Bien sûr les chercheurs professionnels ont accès à nos collections que ce soit par le biais de l’Internet ou lors de visites en personne dans notre édifice au centre-ville d’Ottawa.
Mais nous offrons aussi des consultations avec nos spécialistes, en utilisant Skype. De cette façon, nous aidons, à distance, les chercheurs qui prévoient effectuer une visite en personne ou qui ont besoin d’aide pour trouver des documents patrimoniaux sur Internet.
Pour ce qui est du grand public, nous améliorons l’accès à notre collection en misant aussi sur les médias sociaux, comme les blogues, les balados, Flickr, Facebook et Twitter.
Le compte Flickr de BAC compte plus de 100 000 consultations par mois, et a attiré plus de 1,5 million de visiteurs depuis 2008, tandis que nos pages Facebook sont visionnées par plus de 450 000 personnes mensuellement.
En avril, nous avons reçu beaucoup d’attention grâce à l’une de nos vidéos publiées sur YouTube concernant la tristement célèbre Série mondiale de baseball de 1919, entachée par le scandale du match arrangé. La vidéo a été visionnée plus de 300 000 fois en quelques jours, et est devenue la vidéo la plus populaire de BAC à ce jour.
On peut dire que les nouvelles technologies nous permettent de démocratiser l’accès à nos collections, ce qui est tout à fait cohérent avec notre mandat d’être une source de savoir permanent accessible à tous.
Partenariats avec d’autres institutions du patrimoine documentaire
Je viens de faire un bref survol de nos activités. Elles sont de plus en plus déployées en partenariats avec des organismes et d’autres institutions de mémoire.
Par exemple, au cours de la dernière année, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le lieutenant-gouverneur de l’Ontario pour exposer les portraits d’Ontariens remarquables.
Nous avons aussi récemment prêté des documents et participé à des expositions présentées au Musée canadien de la guerre et au Musée des beaux-arts du Canada.
Nous avons offert du soutien à des activités régionales, notamment celles de la Winnipeg Art Gallery, du Musée du comté d’Elgin et du Musée de London, en Ontario.
BAC a également collaboré avec Citoyenneté et Immigration Canada afin d’élaborer un guide de recherche sur les fonds documentaires de BAC concernant l’Holocauste.
Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le Musée canadien de l’histoire. Je crois que ces ententes sont très profitables pour les deux parties.
Numérisation
Parallèlement, BAC a lancé un plan de numérisation pluriannuel qui a pour but de promouvoir l’accès à nos collections.
De façon générale, nous employons la méthode de numérisation et d’indexation ciblée qui s’articule autour de trois thèmes importants : les forces militaires, les affaires autochtones, ainsi que la politique et le gouvernement.
À ce jour, cette stratégie a eu beaucoup de succès et elle a fait grimper le nombre de pages numérisées de 2 millions l’année dernière à environ 11 millions aujourd’hui.
Pour y arriver, nous avons d’abord amélioré notre capacité interne de numérisation grâce à l’achat de deux nouveaux convertisseurs analogiques‑numériques.
Ainsi, une bonne partie de la collection Sherbrooke est déjà disponible sur Internet.
Ensuite, nous avons établi des partenariats productifs avec des tierces parties afin d’accélérer le rythme de la mise en ligne et de la disponibilité du patrimoine documentaire sur notre site Web.
Notre collaboration avec Canadiana.ca a permis de rendre disponible sur Internet 2 millions de pages de documents provenant de 78 de nos collections.
De la même façon, les données du Recensement du Canada de 1921 sont aujourd’hui disponibles en ligne avec des fonctions de recherche avancées grâce à notre partenariat avec Ancestry.ca.
BAC dans le contexte du gouvernement fédéral
BAC est appelé à contribuer aux objectifs du gouvernement du Canada.
Ainsi, notre institution participe, en collaboration avec d’autres ministères, à souligner certains jalons de l’histoire du Canada.
Avec le ministère fédéral des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, nous sommes en train de numériser quelques 640 000 dossiers de notre collection du Corps expéditionnaire canadien pour souligner le centenaire de la Première Guerre mondiale.
On travaille également à préparer les commémorations des conférences constitutionnelles de Québec et de Charlottetown de 1864.
De plus, comme vous le savez, le 150e anniversaire du Canada aura lieu dans trois ans!
Il s’agit là d’une priorité importante pour BAC et pour le gouvernement du Canada.
La planification de ces activités de commémoration va bon train et je peux dire que M. Berthiaume se joint à BAC au bon moment. En effet, nous attendons avec grand intérêt son apport à la planification de ces activités.
Conclusion et commentaires de fin
En résumé, BAC continue de s’adapter à la société numérique qui fait partie intégrante du Canada à l’approche de ses 150 ans. Je crois que nous partageons tous cette vision où le patrimoine documentaire créé numériquement est géré numériquement du début jusqu’à la fin.
Nous continuerons de collaborer avec le milieu du patrimoine documentaire pour soutenir son épanouissement.
Ainsi, nous participerons à des projets de collaboration comme Editing Modernism in Canada avec le milieu universitaire.
Nous appuyons aussi l’ensemble des utilisateurs à l’aide de projets de description comme Un visage, un nom qui est un projet de collaboration avec les Autochtones du Canada, et Visages de guerre, qui consiste à solliciter des commentaires des Canadiens.
Bibliothèque et Archives Canada favorise de bonnes relations et la collaboration avec la collectivité archivistique. À ces fins, nous avons établi trois initiatives collaboratives avec la communauté, sous la direction du Conseil canadien des archives (CCA).
Premièrement, le personnel professionnel de BAC a reçu de la formation des experts du CCA portant sur l’évaluation monétaire de matériel d’archives; sur le processus du Conseil national d’évaluation des archives ; ainsi que sur des changements à la Loi sur le droit d’auteur du Canada.
Deuxièmement, BAC a travaillé étroitement avec le CCA afin de développer une stratégie d’aligner la norme des Règles de description des documents d’archives avec les besoins de description des fonds numériques. Ce travail est encore en phase de planification, et a pour but de modifier la norme ou d’en créer une nouvelle qui sera applicable aux fonds numériques et analogiques.
Finalement, BAC a collaboré avec le CCA afin de définir et de recommander des opportunités de collaboration au sein de la communauté archivistique. Ce projet consistait à peindre un portrait de l’environnement afin de bien saisir les différents enjeux suite au Sommet des archives canadiennes. BAC a récemment partagé la version anglaise de ce rapport avec la communauté en le diffusant sur la liste de discussion d’ARCAN-L. Nous serons en mesure de l’offrir en français sous peu.
Chacune de ces initiatives met à profit l’expertise provenant du système archivistique canadien afin de pousser le dialogue entre BAC et la communauté dans divers domaines importants.
Aussi, BAC tient à jouer un rôle actif au sein du système archivistique canadien en contribuant, entre autre, à articuler la vision avec tous les joueurs clés de la communauté archivistique.
Pour terminer, j’aimerais rappeler que BAC se veut une institution ouverte, pertinente et branchée qui communique avec les utilisateurs et leur permet d’explorer leur patrimoine documentaire.
D’ailleurs, nous avons énormément travaillé cette année au développement de nos politiques internes, de nos processus et de notre gouvernance. Nous avons consulté intensément avec nos partenaires et remis en avant-plan l’expertise de nos professionnels. Nous avons fait faire des études par le Forum des politiques publiques et par Newgrange Strategies and Conversations pour bien cerner la problématique et analyser des pistes de solutions. Maintenant, je crois que la table est mise pour faire avancer les projets et initiatives amorcées durant les derniers mois.
Je crois que le Congrès de l’AAQ offre une opportunité d’échange favorisant une meilleure compréhension des besoins du milieu du patrimoine documentaire et permet le partage d’idées sur les questions et les initiatives courantes qui appuieront l’infrastructure du savoir du Canada dans le futur.
Je vous remercie de m’avoir permis de partager avec vous les efforts de BAC durant cette dernière année.