Pond Inlet (Nunavut) - 25 août 2014
Cet été, un nombre sans précédent d’organismes des secteurs public, privé et sans but lucratif collaborent pour mener une série de projets de recherche complémentaires dans l’Arctique canadien. La recherche d’artefacts provenant de l’expédition de 1845 conduite par Sir John Franklin suscitera certainement l’intérêt du grand public. Le projet permettra également de recueillir une mine d’information scientifique dans la région la plus reculée du Canada. En travaillant ensemble et en déployant les plus récentes technologies, les partenaires approfondiront notre compréhension de l’Arctique – et du travail dans l’Arctique – d’une manière économique, efficace et productive. Le projet générera également des retombées concrètes pour les collectivités de l’Arctique.
Depuis plus de 150 ans, les expéditions envoyées dans l’Arctique canadien dans le but d’en apprendre plus sur le sort subi par l’expédition Franklin ont permis d’accroître nos connaissances de l’un des environnements les plus reculés et les plus impitoyables au monde. L’expédition de 2014 dans le détroit de Victoria est la plus ambitieuse réalisée jusqu’à maintenant, réunissant un nombre sans précédent de partenaires et de technologies complexes dans le but d’atteindre plusieurs objectifs stratégiques. L’utilisation de plateformes multiples est susceptible d’accroître de façon considérable la superficie de fond marin cartographiée au cours de l’été. Si les conditions des glaces et atmosphériques le permettent, l’équipe pourrait dépasser de beaucoup la superficie de plancher océanique balayée et cartographiée au cours des expéditions précédentes.
Quatre navires serviront de plateformes principales, soit le Navire de la Garde côtière canadienne (NGCC) Sir Wilfrid Laurier, le Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Kingston de la Marine royale canadienne, le navire de recherche Martin Bergmann de l’Arctic Research Foundation (ARF) et le One Ocean Voyager de One Ocean Expeditions (OOE). De plus, d’autres navires seront utilisés, dont deux embarcations du Service hydrographique du Canada, les vedettes de relevés hydrographiques Kinglett et Gannet, le navire de recherche Investigator de Parcs Canada, ainsi que le véhicule sous-marin autonome Arctic Explorer de Recherche et Développement pour la défense Canada (RDDC). Ensemble, ces plateformes, navires et véhicules permettront aux équipes de déployer un sonar multifaisceaux à haute résolution et un sonar à balayage latéral dans un effort orchestré avec soin en vue d’effectuer des relevés et de cartographier le fond marin tout en recherchant des preuves de la présence des épaves des navires de l’expédition Franklin.
Quatre thèmes généraux caractérisent efficacement l’expédition 2014 dans le détroit de Victoria.
Célébration de l’histoire du Canada
L’exploration du Nord est aussi importante et pertinente aujourd’hui qu’elle ne l’était lorsque l’expédition Franklin a pris la mer en 1845.
Afin de soutenir l’honneur de la Couronne britannique, la mission de Franklin consistait à découvrir un passage navigable vers l’Ouest en passant par les eaux inconnues de l’Arctique et à le cartographier. Même s’il a fallu attendre encore plusieurs décennies avant que le Canada ne devienne un pays, le courage et l’esprit d’aventure de Franklin et de son équipage ont continué de stimuler l’imagination de gens partout dans le monde. Le voyage a également contribué à établir la réputation précoce du Canada en tant que terre nordique et sauvage : un paysage accidenté de glace et de froid et habité par des gens intrépides et aventureux.
Bien que les technologies et les techniques de survie se soient perfectionnées au fil du temps, l’Arctique canadien reste un milieu difficile et une région relativement inconnue. Un plus grand nombre de navires qu’auparavant parcourent la région, malgré le manque de relevés hydrographiques et de cartes marines au-delà des principaux couloirs de navigation. Le passage du Nord-Ouest reste séduisant pour les compagnies de navigation, car il offre une route plus courte entre l’Europe et l’Extrême-Orient que celles actuellement utilisées. En septembre 2013, le Nordic Orion, un navire danois de 225 mètres renforcé pour la navigation dans les glaces, a été le premier vraquier à emprunter le passage du Nord-Ouest à des fins commerciales. Toutefois, la majeure partie des eaux arctiques sur lesquelles a navigué l’expédition Franklin n’a encore fait l’objet d’aucun levé et n’a pas été cartographiée. L’augmentation de la circulation maritime confirme l’importance de disposer de relevés hydrographiques et de cartes marines modernes afin de réduire le risque d’échouages, de pertes de vie ou de dommages à l’environnement.
Le Nord promet de jouer un rôle encore plus important dans l’histoire du Canada au cours des prochaines décennies. La demande internationale de ressources, combinée aux nouvelles technologies qui rendent l’exploitation responsable de ces ressources plus réalisable que jamais, continue d’attirer l’attention des investisseurs du monde entier. Les gens du Nord, y compris les communautés inuites et autochtones – qui composent la majorité de la population dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut – ont un plus grand mot à dire dans ces projets qu’auparavant, et ce, en raison d’une série d’accords de transfert d’attribution et de revendications territoriales. Dans le cadre de sa Stratégie pour le nord du Canada, le gouvernement du Canada continue d’exercer la souveraineté du Canada sur l’Arctique et fait des investissements ciblés dans le développement social et économique, notamment dans des projets visant à construire une station de recherche permanente ainsi qu’un port en eaux profondes dans l’Arctique.
L’expédition dans le détroit de Victoria parle du passé et de l’avenir du Nord, et met les deux éléments en perspective. La récupération d’artefacts de l’expédition Franklin jette une nouvelle lumière sur la recherche du passage du Nord-Ouest, sur l’environnement de l’Arctique et sur les premiers contacts entre les Européens, les Inuits et les autres populations autochtones. Au cours de l’expédition de 2014, l’équipe archéologique du Nunavut procédera à la réinhumation de restes des membres d’équipage de l’expédition Franklin et effectuera des relevés et des analyses supplémentaires des sites.
La Société géographique royale du Canada (SGRC) jouera un rôle de premier plan pour créer des liens entre l’expédition dans le détroit de Victoria, la population canadienne et les passionnés de géographie du monde entier. En sa qualité de centre d’exploration du Canada et de principal promoteur de la littératie géographique au pays, la SGRC informera et éduquera la population canadienne au sujet de l’expédition de cette année, sur la façon dont le projet crée de nouvelles possibilités de résoudre ce grand mystère canadien, et sur l’incidence des recherches pour trouver les épaves des navires de l’expédition Franklin sur notre patrimoine et notre histoire nordiques communs.
Pour atteindre cet objectif, la SGRC créera et administrera un site Web riche et interactif qui réunira des cartes, des renseignements sur tous les partenaires et les défis logistiques, le journal de bord du capitaine et bien d’autres choses encore. La SGRC tirera également profit de ses propriétés médiatiques, y compris les magazines Canadian Geographic et Géographica, pour aider à tracer le trajet de l’expédition Franklin et partager les résultats avec son important lectorat. De plus, par l’entremise de son programme national d’éducation, CG Éducation, la SGRC misera sur son réseau de plus de 11 000 enseignants, en concevant du matériel éducatif en trois langues (français, anglais et inuktitut) et des activités portant sur l’expédition Franklin, sur le récit des recherches de cette dernière et sur la vaste histoire de l’Arctique canadien, afin qu’il soit partagé dans les classes d’un océan à l’autre.
Avec l’appui solide de ses partenaires, notamment la W. Garfield Weston Foundation, OOE, Shell Canada et l’ARF, la SGRC concevra et distribuera un programme éducatif amélioré dans les écoles canadiennes, afin que les enseignants et les élèves puissent acquérir une meilleure base de connaissances et prendre un engagement plus ferme envers l'Arctique et la façon dont il a façonné l'histoire du Canada.
Sûreté et sécurité
Région vaste et reculée au rude climat, l’Arctique canadien est dangereux et fragile. La capacité de naviguer sur ces eaux est essentielle sur les plans de la sûreté et de la sécurité, et le projet de cet été contribuera à l’atteinte de cet objectif. Les données hydrographiques et sur le fond marin recueillies au cours de l’été par le Service hydrographique du Canada (SHC), qui fait partie de Pêches et Océans Canada, élargiront de façon considérable nos connaissances des dangers maritimes et contribueront à maintenir et à élargir les voies navigables. Le SHC utilisera les données pour créer et publier des cartes de navigation dont les navigateurs ont besoin pour naviguer dans les eaux de l’Arctique de la manière la plus sécuritaire possible.
Chaque année, les brise-glaces de la Garde côtière canadienne (GCC), y compris le NGCC Sir Wilfrid Laurier, naviguent sur les eaux de l’Arctique afin d’assurer la maintenance de centaines d’aides maritimes à la navigation (balises, bouées et autres appareils) et d’escorter les navires commerciaux et autres navires lorsqu’ils font appel à eux. Les navires de la Garde côtière canadienne offrent des services de déglaçage et de gestion des glaces, assurent la maintenance des chenaux de navigation commerciale, appuient la recherche et le sauvetage en milieu marin, et dirigent ou surveillent les interventions en cas de pollution.
Plusieurs navires, y compris le NGCC Sir Wilfrid Laurier et le NCSM Kingston, patrouillent les eaux de l’Arctique une partie de l’été. Ces sorties en mer, ainsi que les exercices et les opérations militaires de routine, contribuent à étendre la capacité du Canada à protéger le Nord et à y effectuer des patrouilles.
Recherche et technologie dans l’Arctique
La recherche dans l’Arctique
Généreux promoteur de la recherche scientifique dans le Nord, la W. Garfield Weston Foundation est un précieux partenaire de l’expédition dans le détroit de Victoria. Élément déclencheur de la participation de ce partenariat dans la recherche de cet été, la fondation collaborera avec la Société géographique royale canadienne afin d’appuyer la recherche de première ligne, et de créer et de distribuer du matériel éducatif qui apportera des récits sur le Nord canadien aux élèves de l’ensemble du pays. Au cours des dernières années, la fondation a contribué à combler des lacunes sur le plan de la recherche axée sur la découverte dans le Nord et constitue maintenant, au Canada, l’un des plus importants promoteurs privés de la recherche sur le Nord. La fondation remet de prestigieux prix et bourses aux scientifiques canadiens et permet aux stations de recherche du Nord d’offrir un soutien essentiel à la recherche sur le terrain.
La technologie
Le Canada continue de démontrer son innovation et de concevoir des outils, des techniques et la capacité nécessaires pour recueillir, interpréter et appliquer les connaissances portant sur l’Arctique.
RDDC, un organisme du ministère de la Défense nationale, est lié à certaines des nouvelles technologies qui seront utilisées dans l’expédition de cette année. L’Arctic Explorer, par exemple, est un véhicule sous-marin autonome fabriqué par l’International Submarine Engineering Ltd de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique. Il est équipé d’un sonar à ouverture synthétique à grande résolution, fabriqué par Kraken Sonar Systems Inc., de St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador, et d’un système de radioralliement acoustique fabriqué par Omnitech Incorporated, de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Cette nouvelle technologie s’ajoute aux réalisations du Canada dans les domaines de la glaciologie, du mouvement des glaces et de la navigation. Cette année, RDDC effectuera une série d’expériences sur le rendement des technologies d’imagerie sonar dans l’eau à des températures extrêmement basses.
Plusieurs autres organismes appuieront l’expédition dans le détroit de Victoria en fournissant des données scientifiques essentielles. Le célèbre satellite RADARSAT-2 de l’Agence spatiale canadienne (ASC) fournira l’imagerie des différents secteurs, ce qui permettra à un autre partenaire, le Service canadien des glaces, d’analyser le type, l’étendue et le mouvement de la glace de mer. L’ASC fournira également d’autres données et analyses par satellite, y compris l’imagerie optique du littoral non cartographié.
Soutien aux collectivités de l’Arctique
La collaboration avec les collectivités de l’Arctique est une autre facette importante de l’expédition dans le détroit de Victoria. Bon nombre des partenaires travailleront avec les collectivités de l’Arctique afin de répondre à leurs besoins locaux.
Certains partenaires apporteront une contribution directe – par exemple, l’ARF procède actuellement à la construction et à l’équipement d’un studio d’art à Cambridge Bay. Chaque année, le navire de la fondation passe l’hiver à Cambridge Bay, ce qui lui permet d’être l’un des premiers navires à se rendre dans les autres collectivités de l’Arctique lorsque la glace commence à se briser. Au cours des dernières années, l’ARF a aidé les Inuits à procéder à l’extraction et au transport de la saponite locale, le matériau de prédilection de nombreux sculpteurs.
Cette année, l’ARF appuiera également un projet de recherche dirigé par l’Université Queen’s visant à étudier la possibilité d’établir d’une pêcherie commerciale exploitée par les Inuits et située à Gjoa Haven. Le projet, connu sous le nom de programme de pêche exploratoire du golfe Reine-Maud, promet d’apporter de nouvelles connaissances sur la population de poissons de la région ainsi que sur l’incidence des pratiques actuelles de la pêche de subsistance et la possibilité de pêche commerciale.
Un autre élément intéressant de l’expédition dans le détroit de Victoria a trait à l’organisme OOE. Voyagiste privé canadien fondé en 2007, OOE offre plusieurs croisières dans l’Arctique chaque été sur un bateau scientifique européen loué. OOE remplace l’équipement scientifique par des canots pneumatiques Zodiac et des kayaks, embauche une équipe de guides, d’éducateurs et de scientifiques expérimentés – y compris des stagiaires du Collège de l’Arctique du Nunavut – et amène jusqu’à 95 passagers pour un voyage unique dans le Nord. Les voyages se font d’un point à un autre. Les passagers se rendent par avion dans des collectivités dotées de pistes d’atterrissage, comme Resolute Bay, puis sont transportés par traversier jusqu’au navire. Les excursions de OOE comportent de nombreuses escales et génèrent des retombées considérables pour les collectivités locales.
Dans le cadre de l’expédition dans le détroit de Victoria, OOE servira de plateforme pendant dix jours afin d’appuyer les opérations du navire hydrographique Investigator et du véhicule sous‑marin autonome de Parcs Canada, ainsi que du véhicule sous-marin autonome Arctic Explorer de RDDC, et d’autres équipements et membres d’équipage.
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