Chicago, Illinois
le 16 octobre 2014
Sous réserve de modifications
Bon après-midi Mesdames et Messieurs. Je suis très heureux d’être ici parmi vous aujourd’hui. Voilà, je veux entrer tout de suite dans le vif du sujet et j’ai sous les yeux la liste des personnes que je dois saluer. Il y a tellement de personnalités de haut rang ici aujourd’hui. Sachez simplement que je suis heureux et honoré d’être en la présence de nos ambassadeurs, qui ont fait le voyage jusque dans cette ville magnifique, d’anciens premiers ministres et ainsi de suite. Je vous remercie de l’occasion qui m’est donnée de prendre la parole. Évidemment, je tiens également à remercier le Chicago Council on Global Affairs, et plus particulièrement Ivo et Rachel de nous avoir donné cette occasion.
Le Sommet canado-américain de l’énergie : Revitaliser le dialogue sur les politiques (Re‑energizing the Policy Dialogue). Je crois que je ne pourrais penser à un sujet plus important en ce moment, comme l’ambassadeur l’a souligné dans son mot d’ouverture.
Je tiens également à remercier le Chicago Council on Global Affairs pour cette occasion. Ce conseil a été créé en 1922, au cours d’une période où l’isolationnisme était répandu. Le simple acte de création constitue un signe avant-coureur du fait que vous alliez aller à l’encontre des stéréotypes, sensibiliser la population et influencer l’opinion publique.
J’espère donc que cette tradition se poursuivra aujourd’hui. Le fait d’être devant tant de personnes de si grande réputation constitue pour moi une leçon d’humilité, tout comme le fait de participer à ce sommet au nom du gouvernement du Canada.
L’année dernière, le Chicago Council on Global Affairs a lancé son initiative énergétique (Energy Initiative) – une action sans doute prémonitoire et motivée par l’importance croissante de l’énergie sur l’échiquier international.
Comme les événements récents en Ukraine l’ont mis en évidence, l’énergie demeurera au premier plan dans le contexte de la sécurité nationale, continentale et, tout aussi bien, internationale. L’accroissement de son importance est incontestable. L’énergie constitue, pour le meilleur ou pour le pire, un outil de politique étrangère.
En tant que chefs de file mondiaux dotés de ressources énergétiques considérables et d’une vaste expertise connexe, le Canada et les États‑Unis reconnaissent avoir un rôle à jouer sur la scène internationale. Il convient de souligner que nous prenons ensemble des mesures concrètes à l’égard d’un pays comme l’Ukraine, par exemple, pour aider ce pays à définir ses besoins en énergie, et nous collaborons avec nos partenaires du G7 au respect des priorités à l’appui de l’Ukraine.
En fait, le secrétaire Moniz et moi, à la suite de notre première visite à Rome – j’étais en poste depuis seulement quatre ou cinq semaines – nous avons offert un soutien au gouvernement de l’Ukraine dans ses efforts en matière de planification d’urgence dans le secteur de l’énergie, y compris le déploiement d’une équipe mixte à Kiev afin de cerner les besoins et les mesures énergétiques essentiels. Nous avons également offert une aide dans le contexte des réformes réglementaire, budgétaire et environnementale, présenté un plan pour le partage de l’expertise dans le domaine des techniques et des technologies éconergétiques, et établi une commission géologique conjointe (Canada-États‑Unis) à Kiev afin d’évaluer l’accès de l’Ukraine à des données géologiques de qualité sur les ressources pétrolières et gazières locales.
Cette collaboration est importante sur le plan géopolitique et elle fournit également une plateforme, une occasion, si vous le voulez bien, pour le Canada et les États‑Unis — de façon concurrentielle ou complémentaire — d’utiliser notre savoir-faire, nos données scientifiques, nos technologies et notre innovation à court terme, certainement, pour aider l’Ukraine à étudier ses options énergétiques à l’échelle locale ainsi que pour établir les bases de l’approvisionnement, non seulement de l’Ukraine, mais en vue d’une demande croissante sur le marché européen.
Ainsi, nous nous réunissons à un moment très, très important, une période où le paradigme énergétique mondial évolue et apporte son lot de nouveaux défis et de nouvelles possibilités à la relation énergétique entre le Canada et les États‑Unis. Je dois souligner que cette relation ne se limite pas au Canada et aux États‑Unis. Si la majorité de mon intervention et sans nul doute nos questions porteront sur cette relation, je dois reconnaître que le Mexique a traversé une période de réforme transformatrice dans le domaine de l’énergie. J’attends avec impatience le 15 décembre, quand mon homologue américain, le secrétaire Moniz, mon homologue mexicain et moi nous réunirons à Washington pour discuter.
Aujourd’hui toutefois, je veux parler de l’intégration des marchés du Canada et des États‑Unis, aller de l’avant et mettre l’accent pour un instant sur l’état actuel de notre relation énergétique.
D’abord, je suis d’avis que ceux et celles qui estiment que cette relation n’est pas cordiale sont dans l’erreur. Il y a des défis. Il y a des problèmes à résoudre, mais rien ne pourrait être moins vrai, comme le secrétaire Moniz et moi l’avons constaté dans le cadre de trois rencontres, notamment lors d’une excellente journée à Ottawa où nous l’avons accueilli dans le cadre d’un certain nombre d’activités. Notre relation énergétique et commerciale, nos liens historiques sont importants, et je crois que nous saurons relever une partie des défis.
Je dois maintenant ouvrir la boîte de pandore — le projet Keystone XL. Notre position n’a pas changé. Comme l’un de mes collègues le dirait, il s’agit d’un projet important qui favoriserait la création d’emplois et la croissance économique des deux côtés de la frontière, tout en augmentant la sécurité énergétique de l’Amérique du Nord et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. De plus, nous faisons nôtre la conclusion impérative du département d’État selon laquelle ce projet devrait être réalisé, à la fois sur le plan environnemental et économique.
Toutefois, Mesdames et Messieurs, nous devrions prendre le temps de discuter des aspects de notre relation qui sont parfois négligés; il s’agit quand même de la plus importante relation entre deux pays au monde. Il y a déjà 70 pipelines d’hydrocarbures en exploitation. Ai-je déjà mentionné que nous aimerions en voir un soixante-et-onzième? Ces pipelines traversent nos frontières en de multiples endroits. Nos réseaux d’électricité sont à ce point liés qu’il est probablement plus exact de parler d’un seul réseau plutôt que de deux, et ce réseau est reconnu partout dans le monde.
Plus tôt ce mois‑ci, le département de l’Énergie des États‑Unis a délivré — et l’on me dit que cette mesure a été ratifiée — un permis présidentiel pour une nouvelle ligne de transport de 1 000 mégawatts d’une valeur de 2,2 milliards de dollars entre le Québec et New York. De plus, la raffinerie de BP à Whiting (Indiana) a été rénovée afin de raffiner davantage de pétrole brut canadien.
Nos réseaux, Mesdames et Messieurs, sont à ce point liés que les responsables de l’examen quadriennal de l’énergie aux États‑Unis (United States Quadrennial Energy Review)ont tenu leurs premières discussions internationales à Ottawa. Après douze réunions en différents endroits aux États‑Unis, et contrairement à tout autre département du gouvernement des États‑Unis, ces responsables ont reconnu que le Canada est une partie intégrante de l’approvisionnement en énergie ainsi que du stockage et de la distribution de l’énergie aux États‑Unis.
Nous nous entraidons en cas d’incidents imprévus, quand les sources d’énergie de nos villes ou d’une partie de nos provinces ou de nos États sont compromises. Le Canada et les États‑Unis entretiennent une relation appréciable qui, je n’en ai aucun doute si l’on fait fi de quelques problèmes, fait l’envie de tout pays frontalier comme, par exemple, la Russie. N’est-ce pas la vérité, M. l’Ambassadeur? Nous devrions donc mettre l’accent sur la force et les éléments positifs de notre relation.
Les exportations de pétrole brut du Canada ont en fait augmenté de 63 % entre 2005 et 2013, et la presque totalité de ce pétrole est acheminée vers les États‑Unis. Nous fournissons 97 % de vos importations de gaz naturel et 98 % de vos importations d’électricité. En outre, 16 % de l’uranium importé aux États‑Unis provient du Canada.
Cette relation est réciproque. Près de la moitié de l’énergie importée par le Canada provient des États‑Unis. Donc, c’est le cas Mesdames et Messieurs, nos deux pays ont besoin l’un de l’autre. Chacun de nous est le plus grand consommateur d’énergie de l’autre, et l’année dernière seulement, la valeur de nos échanges énergétiques a atteint 140 milliards de dollars.
Comme je l’ai dit plus tôt, c’est la force de notre relation qui nous permet de réaliser certains projets et de relever certains défis. Je vous présente donc respectueusement des possibilités pour l’avenir.
Parlons de la collaboration entre le Canada et les États‑Unis sur le plan de l’énergie. Nous collaborons plus que jamais sur les questions énergétiques. Le secrétaire de l’Énergie des États‑Unis, M. Moniz, était à Ottawa le mois dernier, comme je l’ai déjà mentionné, pour une troisième rencontre depuis mai et il s’agissait de la première visite du genre.
Une des priorités de cette rencontre était l’établissement d’un nouveau protocole d’entente. En tant qu’avocat, et puisque je sais qu’il y a d’autres avocats présents ici aujourd’hui, je sais que parfois un protocole d’entente n’est que légèrement mieux qu’une reconnaissance de dette. Ce protocole d’entente est toutefois important puisqu’il permet une collaboration plus étroite sur certains éléments clés d’un développement et d’une consommation énergétiques responsables, une meilleure coordination relativement aux normes de rendement énergétique pour les produits de consommation afin d’accroître la fiabilité et la sécurité de l’infrastructure énergétique en Amérique du Nord, en particulier l’infrastructure d’approvisionnement, de stockage et de distribution.
De façon tout aussi importante, il complète la prochaine phase du Plan d’action conjoint pour le Conseil Canada‑États‑Unis de coopération en matière de réglementation annoncée en août et qui progresse bien. Comme je l’ai mentionné plus tôt, il sera important d’élargir nos discussions afin d’inclure notre homologue mexicain puisque les États‑Unis et le Canada offrent des possibilités uniques en matière de recherche, de développement, d’innovation et d’éducation qui aideraient le Mexique à réaliser ses réformes énergétiques.
Grâce à ces réformes, la sécurité énergétique du continent est à notre portée, et les conséquences géopolitiques économiques pourraient être très importantes. Le Canada appuie un processus de réforme opportun et transparent, et nous accueillerons favorablement les possibilités créées par un marché nord‑américain de l’énergie pleinement intégré.
Selon moi, l’activité la plus importante consiste à renforcer la confiance du public, ce qui pourrait permettre d’établir une relation d’apprentissage et d’échange avantageuse entre le Canada et les États‑Unis. Car l’ensemble de ces possibilités ainsi que les enjeux et défis connexes continueront de soulever des questions légitimes et de faire ressortir le leadership environnemental, en particulier dans le secteur de l’énergie.
Autre problème fondamental : le fait d’assurer à la population au Canada et aux États‑Unis que nous, en tant que pays et dans le contexte de notre relation, poursuivrons nos efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous misons sur de nombreux atouts au Canada. Nous nous sommes classés au deuxième rang, après le Japon, sur le plan de l’investissement dans les énergies renouvelables par habitant en 2013, devant les États‑Unis, le Royaume‑Uni et l’Allemagne. Le Canada possède un des paniers énergétiques les plus propres au monde, avec près des deux tiers de son électricité qui provient de sources renouvelables — le taux le plus élevé parmi les pays du G7.
De plus, nous sommes maintenant présents, et en fait nous dominons, dans le domaine du captage et stockage du carbone. J’ai eu l’occasion de visiter le barrage Boundary, à Estevan, la semaine dernière. Le Canada va de l’avant avec ce projet particulier en faisant des investissements considérables dans la recherche et le développement, et nous apprécions grandement le rôle important et le leadership des États‑Unis relatifs à cette technologie coûteuse, mais importante.
En 2012, les émissions de gaz à effet de serre du Canada par habitant ont atteint un niveau historiquement bas de 20,1 tonnes par personne et environ 12 % inférieur au niveau de 2005. Depuis 2005, les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont diminué de 5,1 %, tandis que notre économie a connu une croissance de 10,6 %. L’année dernière, le marché de l’énergie propre au Canada s’est classé au deuxième rang des pays du G20 sur le plan de la croissance.
Le Canada fait un effort concerté en matière d’efficacité énergétique, et ces efforts ont été reconnus par l’Agence internationale de l’énergie. Ces efforts ont permis au Canada de se classer au deuxième rang sur le plan des améliorations éconergétiques entre 1990 et 2010. Nous continuerons d’investir dans l’infrastructure verte, l’efficacité énergétique, les technologies d’énergie propre et les combustibles et carburants plus propres. Voilà les objectifs et les valeurs que nous partageons, le secrétaire Moniz et moi, de même que nos gouvernements, bien entendu.
Mais nous accordons également une très grande importance aux questions des marchés mondiaux et de la mise en valeur responsable des ressources. Nous voulons, Mesdames et Messieurs, exploiter nos ressources pétrolières et gazières de manière responsable, et nous répondrons à la demande croissante des pays et des régions des quatre coins de la planète qui désirent faire affaires avec un pays stable politiquement et économiquement.
Comme vous le savez, l’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande mondiale en énergie augmentera d’un tiers d’ici 2035 et que ce sont les combustibles fossiles qui permettront de répondre à 76 pour cent de cette demande. Alors, la question n’est pas de déterminer si nous allons exploiter ces ressources, mais bien la façon dont nous allons les exploiter. Ces ressources, nous les exploiterons de façon responsable, alors qu’une foule de possibilités s’offrent au Canada, notamment aux États-Unis, compte tenu des relations qu’entretiennent nos deux pays sur le plan de l’énergie.
J’aimerais insister quelque peu sur le climat d’investissement favorable qui règne au Canada. De grands projets de ressources d’une valeur de quelque 675 milliards de dollars sont en voie de réalisation ou sont prévus au Canada pour les dix prochaines années. Le Canada est propice aux affaires. Je suis convaincu que cette affirmation vous a été maintes fois répétée lors de vos conseils et forums. Nous possédons les ressources qui sont convoitées partout dans le monde. Nous en avons discuté lors de notre table ronde de ce matin, qui a d’ailleurs été très constructive. Nous offrons un des climats d’investissement les plus favorables. En fait, Bloomberg classe le Canada comme le deuxième meilleur pays au monde pour les affaires.
Nous avons le taux d’imposition le moins élevé du G7 sur les nouveaux investissements commerciaux, et nous avons élaboré un plan exhaustif que nous appelons, j’y ai fait allusion plus tôt, le développement responsable des ressources.
Laissez-moi vous dire en quelques mots de quoi il s’agit. Dans le cadre de ce plan, nous avons modernisé notre régime de réglementation visant les grands projets, afin d’offrir aux investisseurs un processus d’examen prévisible et rapide, nous avons éliminé certains chevauchements et nous avons pris des mesures claires et concrètes pour veiller à ce que nos ressources puissent être mises en marché de façon sécuritaire et efficace.
Une des mesures prises, et non la moindre, visait la sécurité des pipelines; je travaille d’ailleurs ces jours-ci à faire adopter une nouvelle réglementation dans ce domaine. Je tiens à faire remarquer à nos amis et à nos détracteurs que le Canada possède plus de 72 000 kilomètres de pipelines visés par la réglementation fédérale, et que ce réseau présente un excellent dossier (99,999 pour cent) en matière de sécurité. Nous désirons même améliorer ce dossier, car nous renforcerons ainsi la confiance du public. Prévention, état de préparation, intervention et responsabilité − j’aborderai ces sujets un peu plus en détail dans quelques minutes. Il s’agit de mesures importantes que nous prenons en tant que pays, et nous espérons lancer haut et fort un message qui sera entendu de tous, des investisseurs aux gouvernements, en passant par les personnes qui accordent la plus grande importance à l’intendance et au leadership en matière d’environnement. Nous espérons que tous réaliseront que le Canada est dans le coup, qu’il est très conscient des enjeux et qu’il souhaite prendre des mesures pour assurer le développement responsable des ressources.
Ce développement responsable des ressources jette les bases qui permettront au Canada de tenir compte de ce que je considère comme étant les trois éléments cruciaux du développement énergétique : la diversification de nos marchés de l’énergie; la protection de l’environnement; et la participation de la collectivité.
Premièrement, j’aborderai la question de la diversification de nos marchés de l’énergie. Et laissez-moi vous dire, Mesdames et Messieurs, que la diversification des marchés n’est pas qu’une priorité pour le Canada. Il s’agit d’une absolue nécessité.
Notre relation de longue date avec les États-Unis a mené à u
ne situation où le Canada exporte 97 pour cent de son pétrole brut et 100 pour cent de son gaz naturel vers un seul marché : les États-Unis. Comme tout homme ou femme d’affaires vous le dira, ce n’est pas une bonne idée de mettre tous ses œufs dans le même panier. Je veux dire, nous vous aimons bien vous savez, mais la diversification des marchés est une nécessité pour le Canada, et je suis ici aujourd’hui pour bien vous le faire comprendre.
Heureusement, la demande croissante de pétrole et de gaz partout sur la planète représente une occasion à moyen terme, disons 2017-2022, que le Canada, en toute honnêteté, ne peut tout simplement pas se permettre de manquer. Une série de projets d’investissements progressent bien, que ce soit dans des terminaux de gaz naturel liquéfié sur nos côtes du Pacifique et de l’Atlantique ou dans des supports pipeliniers sur les deux côtes, afin de contribuer à acheminer l’énergie produite au Canada aux ports de mer et à divers marchés à travers le monde. Nous avons déjà commencé à expédier de petites cargaisons de pétrole canadien vers de nouveaux marchés, y compris en Espagne et même en Inde. Mais, je l’admets, il reste encore du travail à faire. En ce sens, comme je vous l’ai dit un peu plus tôt, nous prenons en tant que gouvernement un certain nombre de mesures importantes afin de faire participer la population du Canada, et nous l’espérons, celle des États-Unis, au développement responsable des ressources.
Le deuxième élément crucial est un engagement envers l’intendance et le leadership en matière d’environnement. Notre principe est en fait assez simple. Aucun projet n’est autorisé, à moins qu’une étude exhaustive et indépendante fondée sur des preuves scientifiques ne détermine qu’il est sécuritaire pour le public et pour l’environnement. Une panoplie de mesures prises par notre gouvernement ont permis de renforcer la sécurité du transport maritime, des pipelines, et comme je l’ai mentionné plus tôt, du transport ferroviaire, afin de mettre en place ce qui est sans contredit le système de transport d’énergie le plus sécuritaire au monde.
De plus, nous harmonisons et nous améliorons nos régimes de responsabilité pour l’ensemble des pipelines, des installations nucléaires et des activités d’exploration extracôtière pour renforcer la confiance des investisseurs et envoyer un message fort et cohérent selon lequel la santé et la sécurité de nos collectivités, de notre pays et de nos eaux ne seront pas compromises.
Cela nous amène à aborder l’élément qui, à mon sens, est le plus important, c’est-à-dire la participation des populations, afin d’accroître la confiance. Il s’agit d’un élément essentiel pour le développement responsable des ressources au Canada. Et je crois que nos deux pays ont tout avantage à consacrer davantage d’efforts à cet égard.
Pour ce qui est du Canada, nous somme déterminé à maintenir un dialogue constructif avec les collectivités tributaires des ressources naturelles, afin de les faire participer au développement et à la sécurité environnementale, que ce soit la prévention des accidents, l’accroissement de notre capacité d’intervention, l’imposition d’obligations accrues en matière de responsabilité et d’indemnisation aux entreprises qui œuvrent dans l’exploration énergétique, l’établissement de normes de déclaration obligatoire visant le secteur de l’extraction harmonisées avec celles des États-Unis et de l’Europe.
En outre, un élément essentiel de notre dialogue est axé sur les Premières Nations, de sorte qu’elles participent dès le départ au développement responsable des ressources.
En tant qu’infirmier et avocat – oui, avocat, ne m’en tenez pas rigueur, je vous en prie – ayant vécu et travaillé dans des collectivités autochtones en région éloignée durant quelque huit ans, je peux vous assurer que ces collectivités offrent d’incroyables possibilités. Souvent on les considère comme présentant des défis ou des problèmes, mais je crois que ces collectivités représentent des sources importantes de ressources humaines pouvant appuyer le développement responsable des ressources, favoriser l’emploi et le commerce et offrir des contributions importantes et une expertise unique dans le domaine de l’environnement et du transport de l’énergie, en particulier nos Premières Nations situées sur les littoraux de l’Atlantique et du Pacifique.
Bon, maintenant que je vous ai donné un bref aperçu de notre plan de développement responsable des ressources, j’aimerais parler plus précisément des États-Unis et du Canada. Il est vrai que notre situation est saine et que nous travaillons à l’assainir dans le cas des enjeux qui nous préoccupent aujourd’hui, et je suis convaincu que le Sommet aura permis et continuera d’améliorer notre relation. Et malgré l’importance, comme je l’ai dit plus tôt, de diversifier nos marchés de l’énergie, d’accroître la protection de l’environnement et de faire participer les collectivités, il existe une quatrième priorité qui se démarque des autres si je puis dire. Il s’agit de notre relation énergétique avec les États-Unis.
Bien que les États-Unis ne cessent d’accroître leur autonomie énergétique et qu’ils prennent, tout comme le Canada, des mesures pour réduire leur dépendance au pétrole, les États-Unis continueront de devoir importer plusieurs millions de barils par jour de pétrole pendant encore des décennies. Avec une infrastructure adéquate en place, le Canada peut répondre à ce besoin, à cette demande, de façon fiable et responsable, en tant que principal ami et allié de votre pays.
Les États-Unis ont clairement un choix à faire. Ils ont la possibilité de commercer avec le Canada, comme ils l’ont toujours fait, et comme ils continueront à le faire j’en suis convaincu. Certaines options ont posé des problèmes ici aux États-Unis. Le pétrole brut du Venezuela, qui serait remplacé par le pétrole canadien dans le golfe, n’est visé par aucun règlement sur les émissions. En outre, le Venezuela a menacé pas moins de cinq fois de cesser ses exportations de pétrole vers les États-Unis.
Les sables bitumineux canadiens offrent une solution de rechange aux fournisseurs de brut lourd moins fiable, tout en créant des emplois des deux côtés de la frontière. En fait, selon une étude du Canadian Energy Research Institute, les sables bitumineux canadiens pourraient soutenir près de 170 000 emplois annuellement aux États-Unis au cours des 25 prochaines années, qu’il s’agisse d’emplois de développeur de logiciels à Bothell, dans l’État de Washington, d’emplois dans le secteur manufacturier de la quasi-totalité des États, ou encore de tant d’autres dans le secteur du raffinage à Chicago et en périphérie. La capacité des États-Unis se situe dans le domaine de la valorisation et du raffinage du pétrole, ce qui représente des possibilités pour l’instauration d’une relation très complémentaire.
Poursuivons. Environ 2 000 entreprises américaines ont des contrats de fourniture de biens et de services à l’industrie des sables bitumineux. De concert avec les États-Unis, nous avons introduit de nouvelles normes d’émission très strictes pour nos voitures et nos camions. Toutes ces mesures ont donné de vrais résultats. Le Canada a réussi à réduire ses émissions de GES à un niveau qui équivaut à la fermeture de 37 centrales électriques au charbon. La tendance à long terme montre que les émissions de gaz à effet de serre par baril sont en baisse, ayant chuté de 28 pour cent de 1990 à 2012. Et je crois qu’un investissement encore plus important dans les sables bitumineux nous permettra, à titre de fournisseur d’énergie, de maintenir cette tendance.
Maintenant, je réalise que certains de nos plus grands détracteurs semblent ignorer que le niveau d’émissions attribuables au brut des sables bitumineux se compare à celui du brut lourd de la Californie. En fait, à l’heure actuelle, le secteur des sables bitumineux émet moins de GES que l’ensemble des centrales au charbon du Kentucky. Relativement parlant, nous parlons d’un faible taux d’émissions – environ 0,01 % des émissions mondiales. Mais nous tenons à assumer notre responsabilité à titre de citoyens du monde, et c’est pourquoi nous en ferons plus, en étroite collaboration avec nos amis américains. Nous devons le faire. Et nous avons une formidable occasion ce soir de progresser dans cette voie.
Enfin, laissez-moi réitérer l’importance de votre présence ici au cours des prochains jours et l’importance de l’énergie dans les affaires internationales. Dans un monde aussi instable, il est plus important que jamais que le Canada et les États-Unis travaillent ensemble en tant que partenaires, qu’ils agissent conjointement en tant qu’amis, que membres d’une même famille, et jouent un rôle de chefs de file en tant qu’alliés, comme nous le faisons déjà dans tant de domaines, en particulier à l’heure actuelle. Pour le Canada, cela veut dire avant tout appuyer notre principal ami et allié, tout en augmentant notre approvisionnement vers de nouveaux marchés en accroissant ainsi accroître la sécurité énergétique mondiale.
Dans le cadre de ces efforts, ce Conseil et ce Sommet offrent un forum important pour discuter des défis et des possibilités qui sont devant nous. Je vous remercie de la contribution que chacun et chacune d’entre vous avez fait en venant ici ce soir, afin de permettre la tenue de ces importantes discussions.
Pour ma part, Mesdames et Messieurs, mon nom est Greg Rickford. Je suis le député du merveilleux comté de Kenora, un territoire de quelque 300 000 kilomètres carrés situé dans le nord-ouest de l’Ontario. C’est un privilège et un honneur de servir mes concitoyens et, en ma qualité de ministre des Ressources naturelles, de vous servir vous aussi, que vous soyez Canadiens ou Américains. Merci de m’avoir donné la chance de prendre la parole devant vous.