Rideau Hall, le mardi 11 novembre 2014
Sous réserve de modifications
Il y a un appel — une visite — que les parents de tout soldat redoutent. Malheureusement, trop de familles canadiennes au fil du temps ont eu le malheur d’apprendre ainsi la mort de leur enfant.
Il est inconcevable de perdre un enfant. Comme nous l’avons vu dans les dernières semaines, nous partageons tous la douleur et la perte causées par la mort d’un soldat. Et la blessure ne s’adoucit jamais.
D’où l’importance du jour du Souvenir. Nous devons nous souvenir de tous les soldats qui ont donné leur vie pour défendre nos valeurs.
Nous devons nous remémorer qui ils étaient, ce qu’ils ont fait et ce pour quoi ils combattaient. Nous devons nous rappeler qu’ils étaient plus que des soldats en uniforme. Ces hommes et ces femmes avaient des familles et des amis; ils étaient aimés.
Madame Michaud, votre fils, le caporal-chef Charles‑Philippe Michaud, était un membre estimé des Forces armées canadiennes qui a été reconnu à plusieurs reprises pour son travail. Il exécutait ses fonctions avec respect et passion, et il savait inspirer les gens autour de lui. Lorsqu’il n’était pas en service, il pratiquait le hockey et aimait jouer de la guitare et du saxophone.
Je sais tout cela — et je peux en faire part aux gens ici présents —, parce que même si son décès remonte à 2009, vous avez su garder son souvenir bien vivant.
Très récemment, nous avons déposé des couronnes devant le Monument commémoratif de guerre du Canada. J’ai eu l’honneur d’en placer une au nom de tous les Canadiens et les Canadiennes.
Vous avez déposé votre couronne au nom de toutes les mères canadiennes qui ont perdu un enfant.
Aujourd’hui, toutefois, vous représentez non seulement les mères, mais aussi les pères, les épouses, les époux et les enfants, de même que toutes ces personnes dont l’être cher est mort en servant les Forces armées canadiennes.
Vous endossez cette lourde responsabilité parce que vous savez combien il est important pour les gens dans le deuil de savoir qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils sont dans nos pensées et dans nos cœurs.
Durant la cérémonie du Souvenir au monument commémoratif, j’étais très conscient de me tenir dans l’ombre de tous ceux qui nous ont précédés, de tous ceux qui ont célébré le 11 novembre depuis la Première Guerre mondiale.
Nous pouvions ressentir une autre présence ce matin, celle des figures qui se dressent sur le monument et qui posent leur regard interrompu sur notre capitale nationale. Elles livrent non pas un message de guerre, mais un message de paix et de liberté.
J’aimerais vous faire part des mots qu’a livrés le roi George VI, lorsqu’il s’est adressé à la population canadienne lors du dévoilement du monument, il y a 75 ans :
« Ce n’est pas par hasard qu’apparaissent côte à côte les figures dominantes de la Paix et de la Liberté. La Paix et la Liberté ne sauraient être séparées longtemps l’une de l’autre. Il fait bon de posséder dans une capitale du monde un symbole évocateur d’une si grande vérité. Sans liberté, il ne peut y avoir de paix durable, et sans paix, point de liberté durable. »
Sans hommes comme le caporal-chef Michaud, nous ne connaîtrions pas la paix et la liberté que nous apporte le Canada. Et même lorsque cette paix est tragiquement brisée, comme elle l’a été il y a trois semaines devant le monument, elle ne disparaît pas à jamais.
Grâce à des parents comme Mme Michaud, la mère décorée de la Croix d’argent, nous gardons à l’esprit ce pour quoi nos fils et nos filles continuent de se battre, ce pour quoi ils sont morts depuis la naissance de notre nation.
En ce jour du Souvenir, témoignons notre reconnaissance à tous ceux qui servent et souvenons-nous de tous ceux que nous avons perdus.
Continuons également d’œuvrer pour la paix et la liberté dans le monde entier. Si elles nous semblent parfois inatteignables, elles demeurent pourtant dignes que nous luttions pour elles.
Merci.