Le 4 novembre 2014
Toronto, Ontario
Le texte prononcé fait foi.
Je vous remercie pour cet acceuil chaleureux et bonjour et à tous.
C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui. Je sais que tous les orateurs disent cela au début de leur discours, mais je peux vous assurer que je le dis très sincèrement.
Car c’est une magnifique occasion pour moi de parler avec des gens qui travaillent aux premières lignes, c’est-à-dire qui traitent directement de questions d’argent avec les consommateurs canadiens. Par le fait même, ils discutent avec eux de leurs rêves, de leurs espoirs et leur bien-être financier futur.
Des millions de Canadiens vous voient comme le visage de l’industrie financière. Vous êtes les personnes vers qui ils se tournent quand ils veulent épargner ou investir. Vous parlez avec eux tous les jours, que ce soit dans votre bureau ou dans leurs foyers.
Vous avez des connaissances de première main sur les défis auxquels ils sont confrontés lorsqu’il est question de joindre les deux bouts, de mettre de l’argent de côté, avec l’espoir de le voir croître, et de planifier leur , difficiles à prédire pour quiconque.
Vous êtes éavenir. Cet avenir qui comprend généralement des hauts et des basgalement bien au courant des défis que doivent relever les gens à différentes étapes de la vie. Par exemple, de la difficulté à rembourser un prêt étudiant, à payer le coût d’un mariage, à épargner pour l’achat d’une première maison, à gérer les finances d’une famille de plus en plus nombreuse et à planifier la retraite.
Je suis sûre que certains d’entre vous ont également aidé des clients à faire face à des événements plus redoutables et qui surviennent de manière inattendue dans une vie, comme la perte d’un emploi, la maladie, le divorce, voire même la faillite.
Ou encore des événements plus agréables comme investir une partie d’un gros bonus ou d’un héritage, ou pourquoi pas un gros montant gagné à la loterie! (douce illusion pour la plupart d’entre nous … :-)
Le secteur financier dans lequel vous travaillez est l’un des piliers de la prospérité du Canada. Un autre pilier important est la gamme de régimes réglementaires qui permettent aux consommateurs d’avoir confiance dans le système financier.
Et j’ose ici mentionner un troisième pilier : un pilier constitué de Canadiens qui assument leur responsabilité d’acquérir des compétences financières et de les maintenir tout au long de leur vie.
Je pense que tout le monde dans cette salle sera d’accord pour dire que la littératie financière n’est pas un luxe mais une nécessité.
Dans l’économie d’aujourd’hui de plus en plus numérique, savoir comment gérer les questions d’argent et d’investissement est une nécessité. Et pour prendre des décisions éclairées concernant les produits et les services, les consommateurs doivent d’abord comprendre ce qui leur est offert.
Pour compliquer encore plus les choses, nous vivons à une époque où les produits et les services financiers sont de plus en plus complexes.
Les nouvelles technologies et les innovations en matière financière évoluent plus rapidement que jamais, ce qui amène des changements spectaculaires dans la façon dont nous dépensons, épargnons et investissons notre argent.
Réfléchissons un instant aux bouleversements apportés par la technologie numérique. Tout est devenu aujourd’hui beaucoup plus pratique. Mais cela a aussi généré de nouveaux risques, risques que nous commençons tout juste à comprendre.
Certes, chaque Canadien devrait tirer profit de plus grandes connaissances en matière de littératie financière et se tenir informé tout au long de sa vie. Des consommateurs instruits sur le plan financier contribuent aussi à l’édification d’une économie forte et stable. Et cela peut être très bon également pour les affaires.
Cela est vrai dans un monde idéal, mais ... voici la mauvaise nouvelle. Bon nombre de Canadiens ne possèdent même pas les connaissances financières de base nécessaires pour prendre de bonnes décisions au sujet de leur argent.
Cette situation doit changer si nous voulons continuer à prospérer en tant que personnes et en tant que nation.
J’aimerais, aujourd’hui, dresser le portrait de la littératie financière au Canada.
Je vous parlerai de ce que fait l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, appelée souvent l’A-C-F-C, pour protéger les consommateurs de produits et de services financiers, soit en surveillant les institutions financières sous réglementation fédérale et en aidant les Canadiens à renforcer leurs compétences en littératie financière.
Mais je voudrais aussi vous parler de la façon dont les organisations des secteurs public, privé et sans but lucratif peuvent contribuer à bâtir une société dans laquelle les gens possèdent de meilleures compétences en matière financière.
Comme il s’agit d’un travail considérable, le gouvernement fédéral ne peut pas le faire seul.
La seule manière pour nous de mettre au point des approches et des solutions pour faire face à un marché en rapide évolution est si les organismes de nombreux secteurs acceptent de collaborer et de coordonner leurs efforts.
Heureusement, le leadership dont nous avons besoin pour mener une telle action est maintenant en place. Ma collègue, Jane Rooney, a récemment été nommée au poste de première chef du développement de la littératie financière du Canada.
En fait, « être nommée » à ce poste ne décrit pas vraiment ce qui s’est produit, car dès le premier jour, elle est entrée dans le feu de l’action.
Dans un laps de temps très court, elle a rassemblé personnes et ressources pour entreprendre l’élaboration d’une stratégie nationale pour la littératie financière.
Elle a fait cela en mobilisant différents niveaux de gouvernement, le secteur financier, les entreprises, les organismes communautaires et les groupes d’intérêts, et même les familles et les particuliers d’un bout à l’autre du Canada.
Votre propre organisation a contribué en offrant de précieux commentaires sur l’orientation stratégique concernant les enjeux liés aux personnes âgées. Je suis sûre que les commentaires fournis par votre organisation sont fondés sur ce que beaucoup d’entre vous, ici aujourd’hui, ont observé dans leurs interactions avec les consommateurs canadiens.
Nous vous remercions de partager ainsi votre point de vue, et nous espérons que les courtiers indépendants en sécurité financière continueront à participer au dialogue qui contribue à façonner la stratégie.
Avant d’aborder plus en détail les défis que l’on doit relever lorsqu’il s’agit d’aider les Canadiens à acquérir des compétences en littératie financière pour suivre le rythme des changements, et les avantages que l’on peut en tirer, j’aimerais vous parler davantage de notre organisme.
À la fin des années 1990, un examen marquant du secteur des services financiers a révélé qu’un « déséquilibre existait entre les institutions et les consommateurs sur le plan de l’information et du pouvoir de négociation ».
En 2001, le gouvernement fédéral a fait un premier pas pour régler cette disparité en créant l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, ou l’ACFC, si l’on préfère.
L’Agence a un double rôle à jouer :
- s’assurer que les institutions financières se conforment aux dispositions relatives à la protection des consommateurs;
- promouvoir la sensibilisation des consommateurs à l’égard de leurs droits et de leurs responsabilités, ainsi que de la nécessité d’acquérir des compétences en littératie financière.
Par conséquent, depuis plus d’une décennie, nous avons travaillé à promouvoir un comportement responsable des marchés financiers et à accroître le pouvoir des consommateurs canadiens de produits et de services financiers.
Remarquez que j’utilise ici le « nous royal ». Je me suis jointe à l’agence en 2008, et j’ai été nommée commissaire il y a un peu plus d’un an. Mais, plutôt que de vous en dire plus, laissez-moi vous montrer ce que nous faisons aujourd’hui.
[Montrer la vidéo]
Cela est bien mieux que de dresser une longue liste de tout ce que nous faisons pour combler notre mandat en matière d’éducation et de protection des consommateurs, non?
En fin de compte, l’Agence veille à ce que les gens reçoivent les bons renseignements et qu’ils aient la possibilité d’acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour prendre des décisions financières éclairées.
Tant votre secteur que l’organisation que je dirige sont d’accord sur la valeur des règles relatives aux pratiques du marché et sur les avantages que l’on peut tirer en protégeant les intérêts des consommateurs.
Au fil des ans, des organes de direction et des règles ont été mis en place pour guider la façon dont les professionnels financiers traitent les questions de relations avec les clients, de conflits d’intérêts et de divulgation.
Ces mesures ont permis de réaliser d’importants progrès dans l’augmentation du niveau de confiance des investisseurs et le renforcement de votre secteur.
De même, l’ACFC supervise les lois, les engagements et les codes de conduite volontaires applicables aux institutions financières sous réglementation fédérale et qui ont pour but de protéger les consommateurs. En grande partie, ces règles et ces engagements offerts aux consommateurs par les institutions financières font en sorte que les consommateurs obtiennent des renseignements appropriés. En d’autres termes, nous prêtons attention à la formulation de ce qui est écrit « en petits caractères ».
Lorsque les consommateurs magasinent pour des produits financiers, ils doivent comprendre clairement les options qui s’offrent à eux. Ils doivent également connaître les caractéristiques et les avantages des produits, les limites ou les risques qui leur sont associés, de même que leurs coûts, à la fois avant d’acheter le produit et une fois qu’il est en leur possession.
Lorsqu’ils magasinent, les consommateurs doivent être en mesure de comparer les produits ou les services. Et ils doivent être capables, pour pouvoir prendre des décisions, de reconnaître dans ces produits les éléments de marketing qui sont axés uniquement sur la vente.
Les institutions financières ont la responsabilité de fournir aux consommateurs des renseignements que ces derniers peuvent comprendre facilement.
À cet égard, l’Agence travaille avec les institutions financières pour s’assurer que leurs produits, leurs politiques et leurs pratiques se conforment à ces règles et à ces engagements, et qu’ils fournissent aux Canadiens des renseignements financiers exacts et opportuns pour les aider à accroître leurs connaissances en matière financière et, au bout du compte, à faire des choix financiers qui conviennent à leurs besoins.
Simultanément, nous travaillons à sensibiliser les consommateurs au sujet de leurs droits et de leurs responsabilités. Dans le passé, nous avons souvent entendu dire que les documents, comme les formulaires de demande, étaient trop complexes et créaient de la confusion.
Dans les plaintes que nous avons reçues, la frustration des consommateurs était facilement décelable.
Une des façons que nous avons utilisées pour régler ce problème a été d’adopter le Règlement sur le coût d’emprunt; celui-ci est entré en vigueur en 2010. Ce règlement constituait une mise à jour des règles applicables aux produits de crédit à la consommation, tels que les cartes de crédit, les marges de crédit et les prêts hypothécaires.
À cette époque, ma prédécesseure a publié une directive pour aider les institutions concernées à intégrer les principes clés du langage clair et simple dans les politiques et les procédures qu’ils utilisent pour élaborer des documents.
Aujourd’hui, on peut en voir les résultats chaque fois que l’on examine un relevé de carte de crédit. Ces relevés doivent désormais contenir des encadrés informatifs qui donnent des détails en langage clair et simple, comme :
- la façon dont le taux d’intérêt est calculé sur les avances de fonds, les paiements en retard et les soldes impayés;
- la durée de la période sans intérêt si vous payez le solde en entier à la date d’échéance (en passant, la période minimale sans intérêt est maintenant d’au moins 21 jours grâce à l’adoption de ce règlement);
- le temps qu’il faudra pour ramener le solde à zéro si le consommateur ne fait que le paiement minimum par mois.
Il y a des avantages pour tout le monde à ce que ces produits soient divulgués de manière claire.
Je suis sûre qu’il est beaucoup plus facile de traiter avec des clients potentiels lorsqu’ils comprennent ce qui leur est proposé et qu’ils jouent un rôle actif dans la prise de décision.
Voilà une façon de donner du pouvoir aux consommateurs.
Je ne veux pas cependant que vous ayez l’impression que nous considérons que notre travail est d’intervenir une fois les faits accomplis et d’adopter une loi pour régler les choses.
En tant qu’organisme de réglementation moderne, nous préférons agir de manière proactive et préventive.
Nos relations avec les institutions financières sous réglementation fédérale ne créent pas une division entre « elles » et « nous ».
Nous cherchons plutôt à travailler ensemble dans un esprit de collaboration. Notre but est d’éviter les préjudices qui pourraient toucher les consommateurs. C’est beaucoup mieux que d’avoir à éponger les dégâts par la suite.
Nous faisons donc tous les efforts possibles pour maintenir un dialogue ouvert et proactif avec les banques.
Et cela, pour deux raisons principales :
- Tout d’abord, pour être informés quant à l’orientation que choisissent les banques et aux nouveaux produits et services qu’elles ont l’intention d’offrir à l’avenir.
- Ensuite, afin qu’elles comprennent bien nos attentes en matière de conformité.
Nous croyons fermement que des relations de confiance sont la clé pour obtenir de meilleurs résultats.
Travailler à maintenir des connexions ouvertes et solides est l’une de nos approches qui nous permet de demeurer à l’affût des enjeux en matière de protection des consommateurs.
Cela signifie également que nous devons nous tenir informés de ce qui se passe à l’avant-garde du changement.
Il y a quelques semaines à peine, Apple a annoncé une nouvelle catégorie de produits. Il ne s’agit pas d’un autre ordinateur ni d’un appareil numérique − mais de quelque chose appelée Apple Pay. Apple Pay pourrait changer la donne.
Bien que la technologie qui soutient cette forme de paiement ne soit pas nouvelle, la forte saturation du marché d’Apple pourrait propulser les consommateurs dans une nouvelle réalité. De plus, il est probable que cela incitera d’autres acteurs de l’industrie des paiements à mettre au point des produits concurrents.
Nous ne savons pas, à ce moment-ci, quelle forme de paiement émergent prévaudra. Mais nous savons que les services financiers vont subir de profonds changements.
Heureusement, nous avons déjà commencé à mener des recherches sur la mesure dans laquelle les consommateurs sont protégés lorsqu’ils utilisent des paiements mobiles au Canada.
Et, en nous fondant sur ces résultats, nous élaborons des documents d’information pour aider les consommateurs à mieux saisir les détails de cette nouvelle forme de paiement, de même que les risques potentiels.
Les paiements mobiles ne sont qu’un des exemples de la façon dont le marché avance à pas de géant.
En tant qu’organismes de réglementation, nous devons suivre le rythme si nous voulons garder un œil sur les intérêts des consommateurs.
Transition vers le mandat lié à la littératie financière
Même si le fait de fournir aux consommateurs une protection au moyen de la réglementation et du respect de la conformité est plus pertinent que jamais, cela n’est tout simplement pas assez.
Bien sûr, nous pouvons bâtir le meilleur régime de réglementation au monde. Mais, qu’est-ce que l’on en tire si les consommateurs ne comprennent pas les produits qu’ils achètent, la façon de les utiliser de manière responsable et la façon d’en bénéficier?
Les consommateurs ont, pour leur part, la responsabilité de se renseigner avant de prendre des décisions. Et pour cela, ils doivent avoir des compétences en littératie financière.
Par conséquent, nous consacrons beaucoup de temps à travailler au deuxième volet de notre mandat, soit encourager les Canadiens à acquérir des compétences en littératie financière.
Ce travail comprend :
- premièrement, sensibiliser les consommateurs aux obligations des institutions financières envers les consommateurs de produits et de services financiers et aux questions relatives à la protection des consommateurs;
- deuxièmement, favoriser une meilleure compréhension des produits et des services financiers, ainsi que des questions qui s’y rapportent. Par exemple, nous offrons de nombreux renseignements sur des sujets tels que la façon d’ouvrir un compte bancaire ou de magasiner pour un prêt hypothécaire;
- troisièmement, faire en sorte que des outils et des publications soient mis à la disposition des consommateurs pour les aider à prendre des décisions financières éclairées.
Ces activités sont importantes si l’on considère l’état des compétences en littératie financière, aujourd’hui, au Canada.
Nous avons défini la littératie financière comme le fait d’offrir aux gens la possibilité d’acquérir les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour prendre les décisions qui conviennent le mieux à leurs besoins.
Une personne qui possède des compétences financières, c’est quelqu’un qui comprend :
- comment fonctionne le système financier;
- comment gérer son argent;
- comment faire des choix selon ses revenus et des choix qui conviennent le mieux à ses besoins.
Malheureusement, de nombreux Canadiens n’en sont pas encore là. Beaucoup trop de Canadiens ne possèdent même pas les connaissances financières de base nécessaires pour prendre les bonnes décisions au sujet de leur argent.
Pour situer la discussion dans son contexte, je dois vous ramener à 2008. Je doute devoir en dire beaucoup plus après avoir mentionné cette date. Nous savons tous ce qui est arrivé ensuite.
Nous avons tous vu les marchés boursiers chuter. Un événement qui a marqué le début d’une récession qui a encore des incidences aujourd’hui sur la croissance de l’économie.
Cela a ébranlé le Canada, mais heureusement, nos banques ont survécu, et les prix des maisons n’ont pas chuté comme ils l’ont fait au sud de la frontière. Cependant, cette situation a aussi mis en lumière les difficultés éprouvées par les gens dans la compréhension et le traitement de produits et de services financiers complexes.
Le gouvernement du Canada n’a pas eu d’autre choix que de prendre des mesures. Une de ces mesures gouvernementales a été de créer l’Enquête canadienne sur les capacités financières.
Les résultats de l’enquête ont révélé que 40 % des Canadiens présentaient des lacunes dans au moins trois des cinq domaines de la capacité financière, soit :
- tenir une comptabilité;
- prévoir pour l’avenir;
- se tenir au courant des produits et des services offerts;
- choisir des produits tels que des fonds communs de placement et des polices d’assurance;
- joindre les deux bouts.
Nous avons également appris d’autres faits intéressants, par exemple que plus de la moitié des Canadiens n’ont pas de budget.
Dans certains groupes d’âge, ce manque de planification est encore plus grave.
- Plus de la moitié des Canadiens âgés de 18 à 29 ans, ainsi que la majorité des personnes âgées de plus de 70 ans ont déclaré ne pas avoir de budget.
- Pire encore, près d’un tiers des Canadiens ont du mal à payer leurs factures et à faire face à leurs engagements financiers. Parmi les Canadiens qui prévoient acheter une maison, 48 % avaient épargné moins de 5 % du coût.
- Deux tiers des acheteurs potentiels de maison, soit 67 %, ont dit qu’ils avaient épargné moins de 10 % du coût.
L’Enquête sur les capacités financières a aussi révélé que les Canadiens avaient des lacunes en matière de connaissances financières.
- Parmi les Canadiens qui prévoyaient acheter une maison, 52 % ne s’attendaient pas à avoir des frais à payer autre que le versement initial.
- Et seulement 40 % des Canadiens ont déclaré avoir une bonne idée du montant d’argent qu’ils devaient épargner pour maintenir le niveau de vie désiré à la retraite.
Nous ne sommes pas la seule organisation à avoir observé cela.
Vers la même époque, l’Institut canadien des comptables agréés a également constaté que :
- près de la moitié de tous les Canadiens reportent des soldes de cartes de crédit d’un mois à l’autre, comparativement à un tiers il y a quelques années;
- moins de la moitié des Canadiens économisent un montant suffisant de leur chèque de paie pour avoir un revenu de retraite convenable;
- près de la moitié des Canadiens auraient du mal à faire les paiements mensuels sur leurs prêts hypothécaires et autres dettes si les taux d’intérêt devaient augmenter de manière significative − ce qui arrivera tôt ou tard.
Ce dernier point soulève de graves préoccupations. Il reflète deux faiblesses :
- le taux d’épargne des particuliers au Canada, qui connaît une baisse depuis 1982;
- le niveau élevé d’endettement de nombreux Canadiens.
Un record, en fait.
Entre avril et juin de cette année, selon Statistique Canada, le niveau moyen d’endettement des ménages par rapport au revenu disponible était de 163,6 %. Cela signifie que les Canadiens doivent quelque chose comme 1,64 $ pour chaque dollar qu’ils gagnent.
Cet endettement provient de sources telles que les marges de crédit, les prêts automobiles et les cartes de crédit.
Qu’arrivera-t-il lorsque les taux d’intérêt commenceront à grimper de nouveau?
Les Canadiens seront-ils en mesure de rembourser leurs dettes?
L’avenir pourrait être chaotique pour plusieurs. Notre rôle de renforcement des compétences en littératie financière est donc plus important que jamais.
En réponse à la crise économique de 2008, le gouvernement fédéral a pris une autre mesure : il a créé un groupe de travail sur la littératie financière.
Le Groupe de travail a réuni les meilleurs cerveaux et des compétences de divers horizons afin de s’attaquer à un enjeu crucial. Il a attiré des membres des secteurs des affaires et de l’éducation, des organismes communautaires et des universités.
Les membres du Groupe de travail ont parcouru le pays pour rencontrer des Canadiens. Ils ont entendu leurs points de vue et découvert leurs valeurs et leurs expériences.
Le Groupe de travail a également commandé une étude originale, et examiné les pratiques exemplaires internationales. Et en 2011, il a publié un rapport final dans lequel on recommandait l’élaboration d’une stratégie nationale pour renforcer la littératie financière des Canadiens.
Le Groupe de travail a également fait une autre recommandation clé.
Par ailleurs, on a demandé la nomination d’un champion qui serait responsable de l’élaboration et de l’exécution de la stratégie et qui devrait rendre des comptes aux Canadiens devant le Parlement.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, ce poste a été pourvu au printemps dernier lorsque Jane Rooney est devenue la première chef de la littératie financière au Canada. Son mandat est de collaborer avec des partenaires multiples et divers d’un bout à l’autre du pays, et de coordonner leurs activités, dans le but de renforcer la littératie financière des Canadiens.
Son but ultime est d’aider les gens à acquérir des compétences et des connaissances en littératie financière, de même que la confiance dont ils ont besoin pour prendre des décisions financières responsables tout au long de leur vie.
Et nous sommes sur la bonne voie. L’élaboration de la stratégie fera de cet objectif une réalité. Ce faisant, Jane suit la feuille de route des priorités établies par le Groupe de travail dans ses recommandations.
Le travail de renforcement de la littératie financière des Canadiens est une responsabilité partagée.
Par conséquent, comme première étape, Jane a créé un comité directeur formé de représentants provenant d’un large éventail d’intervenants : des particuliers, des gouvernements, des institutions financières, des entreprises et des organisations du secteur bénévole. Un de ces membres est M Cary List, président et chef de la direction du Financial Planning Standards Council.
En plus de contribuer à l’élaboration de la stratégie, les membres du comité agiront également en tant que champions de la littératie financière au sein de leurs propres organisations et secteurs, et ils s’emploieront à faire participer les intervenants de partout au pays.
Le travail d’élaboration de la stratégie est maintenant bien engagé. Ce que je voudrais souligner ici c’est qu’il y a de nombreuses organisations − publiques, privées et sans but lucratif − qui font déjà un excellent travail dans le domaine de la littératie financière.
L’objectif global est donc :
- de veiller à ce que ces efforts soient coordonnés;
- d’utiliser et de promouvoir les ressources à bon escient;
- de s’assurer que les incidences des programmes sont bien comprises, mesurées et diffusées à un large public.
Nous tenons également à combler les lacunes et à répondre aux besoins de tous les Canadiens.
Sans entrer dans trop de détails, je peux vous dire que la stratégie est fondée sur l’idée que la littératie financière est une compétence essentielle qui doit être acquise au moyen d’une formation continue, échelonnée sur toute la vie.
En d’autres termes, on reconnaît que les gens ont besoin de maîtriser et d’utiliser différentes compétences en littératie financière à différents moments de leur vie.
Par conséquent, la stratégie aborde d’autres options, comme le fait de déterminer des « moments propices à l’apprentissage » et de miser sur ceux-ci.
Qu’est-ce qu’un moment propice à l’apprentissage? Eh bien, c’est le genre d’événement ou de situation qui comporte une dimension financière et qui survient dans la vie de la plupart des consommateurs.
C’est là un bon moment pour enseigner les compétences en littératie financière. Par exemple, un moment d’enseignement peut être lorsqu’une personne entreprend son premier emploi, entre à l’université, fonde une famille, achète une maison, ou commence à planifier sérieusement pour la retraite.
Nous imaginons que certains de ces moments peuvent survenir en milieu de travail ou dans le cadre de programmes gouvernementaux, ou même lors de rencontres avec vous, les personnes qui fournissent des conseils financiers. Je reviendrai sur votre rôle un peu plus loin.
Compte tenu de la diversité et des besoins différents au sein de la population canadienne, nous avons adopté, dans l’élaboration de la stratégie, une approche en plusieurs étapes. Pour chaque étape, des consultations publiques ont été tenues, ou le seront, dans tous les coins du pays.
La première étape, qui a été publiée le mois dernier, est axée sur les aînés et les personnes qui approchent cette étape de la vie – c’est-à-dire les personnes qui ont atteint, ou qui atteindront bientôt, l’âge traditionnellement associé à la retraite.
Il y a une bonne raison d’accorder la priorité aux aînés. L’Enquête canadienne sur les capacités financières 2009 a révélé que, dans l’ensemble, les aînés étaient deux fois moins susceptibles que les jeunes adultes d’obtenir une note élevée dans l’évaluation des cinq éléments de la capacité financière. De manière particulière, les résultats des personnes âgées ont été généralement plus faibles pour ce qui est de tenir une comptabilité, de prévoir pour l’avenir et de se tenir au courant.
Nous avons reçu de précieux conseils du public et des intervenants sur la façon d’aider les aînés à améliorer leurs compétences dans ces domaines. Entre autres les commentaires suivants :
- La population d’aînés est diversifiée. Cela suppose que nous devons communiquer différemment avec les différents groupes d’aînés.
- Il existe un besoin de communications claires et simples.
- Les décisions prises et les comportements adoptés tôt dans la vie ont une incidence significative sur les aînées et sur leur bien-être financier. Cela montre que la stratégie doit mettre l’accent sur une approche qui encourage l’éducation continue en matière de littératie financière.
- Les coûts des services de santé aux aînés ne sont pas bien compris, et cette question doit être traitée.
- Enfin, dans un certain nombre de propositions, on a mentionné que les produits et les services financiers offerts aux personnes à revenu faible et modeste étaient plus limités qu’ils ne devraient l’être, en particulier dans le domaine de la planification financière.
La stratégie pour la littératie financière des aînés est maintenant disponible sur le site Web de l’ACFC à sinformercestpayant.gc.ca.
Nous avons lancé notre processus de consultation pour la deuxième étape de la stratégie, qui portera sur les groupes prioritaires suivants :
- les Canadiens à faible revenu qui ont besoin d’un coup de main pour se sortir de la pauvreté;
- les Autochtones qui sont nombreux à n’avoir qu’un accès limité aux services et à vivre dans des régions éloignées et des conditions défavorables;
- les nouveaux arrivants au Canada, qui peuvent être moins portés à accéder aux services financiers de base et être moins confiants lorsqu’il est question de prendre des décisions financières.
La troisième étape de la stratégie nationale portera sur l’établissement des priorités et la création de plans d’action pour les jeunes et les adultes.
La stratégie sera publiée en 2015, et elle nous fournira une feuille de route pour répondre aux besoins particuliers des groupes prioritaires et de tous les Canadiens, tout au long de leur vie.
Nous avons mené de nouveau l’Enquête canadienne sur les capacités financières et les résultats détermineront également l’orientation de la stratégie nationale.
Nous utiliserons également les critères de référence de l’Enquête, mais mis à jour, pour évaluer nos progrès dans les années à venir. Nous prévoyons publier les résultats préliminaires de l’enquête à l’occasion de notre quatrième Conférence nationale sur la littératie financière qui aura lieu à Vancouver, en novembre, plus tard cette semaine.
Mettre en place des règlements au sein de l’industrie pour protéger les consommateurs et poursuivre les efforts de collaboration pour offrir des possibilités d’éducation et des moments propices à l’apprentissage constituent des engagements louables.
Mais nous considérons également les Canadiens comme des partenaires. Cela signifie qu’ils partagent la responsabilité du développement de leurs compétences en matière de littératie financière.
Pour les appuyer dans cette tâche, la chef du développement de la littératie financière pilote un autre projet visant à mettre au point une base de données sur les ressources en littératie financière, projet que nous lancerons officiellement dans les prochains jours.
La base de données permettra aux consommateurs d’accéder à un large éventail de documents liés à la littératie financière, offerts par les secteurs public, privé et sans but lucratif.
Je suis très enthousiaste au sujet de cette base de données qui offre une quantité abondante de renseignements. Je suis également heureuse de dire que la base de données sera fondée sur un effort de collaboration continu. Bon nombre d’organisations et de personnes différentes ont fourni des renseignements et des outils, et elles continueront de le faire. Cela signifie que nous pouvons offrir aux Canadiens un accès au meilleur et au plus large éventail de renseignements possible.
Voilà, je vous ai dressé le portrait de la littératie financière au Canada. Mais la question que vous vous posez probablement est : Qu’est-ce que tout cela signifie pour moi?
Alors, permettez-moi de revenir au début de mon discours lorsque je disais que vous pouviez faire toute une différence en prenant des mesures pour renforcer la littératie financière de vos clients.
Votre industrie a fait des progrès considérables ces dernières années pour protéger ses clients et leur donner les moyens d’agir.
Les conseillers financiers interrogent régulièrement les investisseurs pour s’assurer qu’ils comprennent leurs objectifs financiers et pour connaître leur tolérance au risque. Ces conseillers déploient également des efforts concertés pour offrir aux clients des produits et des services qui leur conviennent.
Mais il existe beaucoup d’autres façons d’aider les consommateurs à atteindre leurs objectifs financiers et à renforcer leurs connaissances et leur confiance, ce qui, en retour, ajoute de la valeur à votre service.
Parmi ces façons, mentionnons celle de sensibiliser vos clients au sujet de leur niveau de littératie. Quel est leur niveau de compréhension à l’égard des questions d’argent et d’investissement? Comprennent-ils la terminologie financière?
Steven Pinker, un psychologue canadien qui enseigne à l’Université Harvard, a récemment analysé les raisons pour lesquelles les gens ont souvent des difficultés à écrire.
Et je crois que les conseils qu’il propose dans son livre intitulé The Sense of Style s’appliquent de manière égale à tous les domaines de la communication.
Pinker met en garde ses lecteurs quant aux « dangers du savoir ». Ces dangers nous guettent, dit-il, lorsque nous supposons que les autres savent aussi ce que nous savons.
Une autre hypothèse facile à poser est que les gens sont à l’aise avec les technologies; qu’ils savent, par exemple, comment chercher des renseignements sur le Web et comment utiliser les outils qui leur sont offerts.
Ainsi, le fait d’avoir une bonne idée du niveau où les gens se situent en termes de connaissances financières et techniques constitue un excellent point de départ pour les aider à élargir encore plus leurs horizons.
N’oubliez pas non plus qu’une suite de petits changements conduit souvent à des résultats significatifs. Quelque chose d’aussi simple que d’encourager un client à établir un budget, tout en le guidant vers les renseignements dont il a besoin pour démarrer, peut lui donner un bel élan.
Nous avons souvent entendu des Canadiens décrire la manière dont ils ont amélioré leurs compétences en littératie financière et comment ils ont utilisé ces dernières pour payer des dettes, poursuivre des études ou atteindre d’importants objectifs de vie. Maintes et maintes fois, ils nous ont dit que leur réussite reposait sur des gestes simples, comme établir un budget, tenir une comptabilité ou faire preuve de plus de discipline pour payer les soldes de cartes de crédit.
Tout comme une mauvaise habitude peut nous entraîner sur une pente glissante en créant d’autres mauvaises habitudes, de bonnes habitudes engendrent souvent d’autres bonnes habitudes.
Permettez-moi de faire une dernière référence à l’Enquête canadienne sur les capacités financières, qui évalue les participants sur cinq éléments. Chacun de ces éléments pourrait facilement servir de point de départ pour une conversation avec un client afin de l’aider à mieux s’informer et à être plus conscient des pratiques qui lui permettront d’atteindre ses objectifs financiers.
Maintenant, je suis sûrement en train de porter de l’eau à la rivière. Plusieurs d’entre vous effectuent probablement déjà une partie ou la totalité de ces choses. Mais voici cinq conversations qui seraient profitables pour un grand nombre de Canadiens.
Vivre selon ses moyens : Bien que vous ne puissiez pas vous assurer que vos clients dépensent moins d’argent qu’ils n’en gagnent, vous pouvez leur suggérer des moyens d’économiser et les informer de l’importance de rembourser leur dette chaque mois.
Tenir judicieusement un budget : Expliquez à vos clients les avantages qu’il y a à économiser de l’argent et à établir un budget avec soin, et indiquez-leur où ils peuvent se procurer des feuilles budgétaires ainsi que d’autres ressources budgétaires en ligne ou sur papier.
Prévoir pour l’avenir : Dans bien des cas, les Canadiens ont besoin d’aide pour comprendre les régimes de pension d’employeur et comprendre comment tirer pleinement parti des REER, des régimes d’épargne libres d’impôt et d’autres instruments d’épargne à long terme.
Choisir avec soin des produits financiers : Aidez les clients à choisir des produits dont les coûts et les avantages sont adaptés à leur mode de vie et à leur niveau de revenu.
Se tenir au courant : Encouragez vos clients à chercher d’autres sources de renseignements, comme le site Web de l’ACFC et sa base de données sur les ressources en littératie financière qui sera bientôt disponible.
Vous êtes également invités à contribuer au portail. Si vous avez créé des documents et des outils pour vous ou vos clients – ces derniers pourraient être utiles pour un public plus vaste. C’est facile de soumettre une demande. Il suffit d’utiliser la base de données sur les ressources qui se trouve sur notre site Web. J’espère que vous nous ferez connaître ces documents et ces outils.
Et, je vous invite à participer aux activités prévues pour le Mois de la littératie financière, que nous célébrons pendant tout le mois novembre. Il est encore temps d’ajouter des événements à notre calendrier 2014.
Cette année, le thème est « Collaborer pour améliorer la littératie financière ». Nous avons choisi ce thème pour souligner l’importance que nous accordons au fait d’exploiter de nombreuses sources pour fournir aux Canadiens les renseignements et les outils dont ils ont besoin pour comprendre et gérer leurs finances personnelles. Des gens comme vous peuvent faire une grande différence dans l’augmentation du niveau de connaissances en matière de littératie financière.
Vous pouvez tous prendre part au Mois de la littératie financière, soit en faisant sa promotion, soit en sensibilisant le public, soit en organisant des événements que vous pouvez promouvoir à l’aide de notre Calendrier des événements du Mois de la littératie financière.
Et j’ai un dernier conseil à vous donner : Recherchez les « moments propices à l’apprentissage » lorsque vos clients ont à prendre des décisions importantes, et misez sur ceux-ci.
Nous avons beaucoup de chance de vivre dans un pays aussi prospère et aussi riche en possibilités que le Canada.
La réglementation financière qui protège les consommateurs est l’un des piliers qui ont contribué à ce succès. Un secteur financier qui donne du pouvoir à ses consommateurs et qui joue un rôle actif pour les aider à générer de la richesse constitue un autre pilier. Et un troisième pilier comprend les Canadiens qui assument la responsabilité de leur propre formation tout au long de leur vie, perfectionnant sans cesse les compétences qui leur permettent d’atteindre la réussite financière.
Vous êtes les personnes qui, chaque jour, d’une certaine façon, contribuent à solidifier ce soutien.
Vous êtes particulièrement bien placés pour répondre aux besoins de vos clients en les guidant dans un univers financier qui leur est peut-être tout à fait étranger. Vous pouvez les aider en leur fournissant les renseignements et les conseils dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et ainsi atteindre leurs objectifs. En les aidant à démystifier le monde de la finance et en leur donnant du pouvoir, vous en tirerez aussi des avantages.
Il est juste de dire que nous bénéficions tous des épargnants et des investisseurs avertis, car les consommateurs qui possèdent de bonnes compétences financières contribuent à édifier une économie forte et stable.
J’espère que vous vous joindrez à nous en tant que partenaire pour aider vos concitoyens à acquérir et à mettre en pratique les compétences dont ils ont besoin pour gérer leurs finances et investir judicieusement.
Je vous remercie.