Dakar (Sénégal)
29 novembre 2014
« Monsieur le Président Sall de la République du Sénégal, une deuxième fois en deux ans, je vous remercie de votre hospitalité.
« Monsieur le Secrétaire général Abdou Diouf, mes compatriotes, monsieur le premier ministre Couillard du Québec, monsieur le premier ministre Gallant du Nouveau–Brunswick, mesdames et messieurs les chefs d’État et de gouvernement, mesdames et messieurs les délégués, mes premiers mots seront pour remercier le gouvernement du Sénégal, et plus particulièrement la ville de Dakar, d’accueillir aussi chaleureusement une nouvelle fois la grande famille de la Francophonie.
« Il se trouve que c’est le Canada qui a accueilli le Sommet de la Francophonie le plus souvent – à trois reprises.
« Nous savons donc combien il faut de dévouement, de détermination et d’imagination pour donner vie à une rencontre de cette envergure et de cette importance.
« Vous l’avez fait de façon magistrale, et nous vous en remercions, « Djere Jeff » mais comme on l’a déjà mentionné, le rôle du Sénégal dans l’histoire de la Francophonie dépasse cependant très largement la seule organisation des deux sommets de Dakar.
« Nous nous trouvons en fait aujourd’hui dans la patrie de l’Organisation internationale de la Francophonie.
« C’est à partir d’ici que Léopold Sedar Senghor a déployé pendant tant d’années la ferveur et la foi qui devaient finalement donner vie à la Francophonie.
« Et, à partir de 1963, déjà, on pouvait voir à ses côtés un jeune et brillant collaborateur, Abdou Diouf, qui allait aussi participer de près à la création de l’institution qui nous réunit ici aujourd’hui.
« Ensemble, ces deux hommes, ces deux grands Sénégalais – ont transformé le rêve de la Francophonie en une organisation multilatérale moderne, crédible et efficace.
« Premier ministre pendant onze ans et Président pendant dix-neuf ans, Abdou Diouf a toujours été d’une fidélité exemplaire à l’idéal de son mentor.
« Il a guidé la Francophonie, comme un bon père de famille, de la naissance à l’âge de la maturité.
« Ce qu’il a accompli fait dorénavant partie de l’histoire, comme ce centre Abdou Diouf.
« Mesdames et Messieurs, nous aurons, aujourd’hui et demain, l’occasion de solidifier encore les bases de la Francophonie en adoptant la Stratégie économique décidée à Kinshasa, de même que le Cadre stratégique 2015–2022, auxquels le Canada a participé activement.
« Nous félicitons le Président Macky Sall de sa décision judicieuse de placer nos assises cette année sous le thème de la jeunesse et des femmes.
« Cela rejoint admirablement la priorité absolue du Canada en développement international : la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
« Mesdames et Messieurs, chaque année, des centaines de milliers de femmes ne survivent pas à leur grossesse ou à leur accouchement et, en 2013, plus de six millions d'enfants sont morts avant leur cinquième anniversaire de naissance.
« C’est pourquoi, en 2010, dans le cadre de notre présidence du G8, le Canada a suscité une mobilisation mondiale afin de réduire la mortalité maternelle et d'améliorer la santé des mères et des enfants dans les pays les plus pauvres du monde.
« Cette initiative a déjà donné des résultats très encourageants.
« Entre 2010 et 2013 – trois ans seulement – deux millions de décès ont été prévenus parce que plus d’enfants ont eu accès à de simples vaccins.
« Hier, en compagnie du Premier ministre Dionne, j’ai d’ailleurs annoncé une nouvelle contribution majeure de notre pays en faveur de l’immunisation, un des principaux piliers de notre stratégie pour la santé des mères et des enfants.
« Et demain, les participants à ce Sommet seront appelés à adopter une résolution canadienne sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
« Les taux de mortalité maternelle sont aussi en baisse.
« Je crois fermement qu’il est possible de mettre fin aux décès évitables de mères et d’enfants d’ici une génération.
« La contribution des organisations non gouvernementales demeure critique à cet objectif.
« Et je félicite les représentants de ces ONG qui sont avec nous aujourd’hui.
« Il existe un autre domaine dans lequel nous pouvons et nous devons agir : les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés.
« De 2004 à 2014, 100 millions de jeunes filles auront été forcées de se marier avant d’avoir atteint l’âge adulte.
« Lorsque les filles ne peuvent atteindre leur plein potentiel, tous en souffrent : les filles, leurs enfants, leurs collectivités et leurs pays.
« La famille est la base de toute société.
« Mais comment pourrions-nous préserver l’unité et l’harmonie de la famille, si elle est formée dans la contrainte, dans l’inégalité?
« Des situations imprévues, Mesdames et Messieurs, peuvent aussi surgir, qui interpellent la solidarité internationale, comme le virus de l’Ebola.
« Heureusement, grâce à des efforts de prévention remarquables des autorités gouvernementales et du personnel médical, le Sénégal a échappé aux pires effets de ce malheur.
« Mais la situation demeure préoccupante dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest.
« Le Canada a réagi rapidement à cette menace en appuyant les pays touchés et leurs voisins.
« D’autres mesures viennent d’être annoncées dans le cadre de ce Sommet, dont le prochain déploiement d’équipes médicales et de militaires sur le terrain pour prêter main-forte aux populations locales.
« En plus de fournir des laboratoires mobiles, nous contribuerons aussi des vaccins expérimentaux et de l’assistance financière à l’Organisation mondiale de la Santé et à d’autres partenaires internationaux.
« Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, distingués invités, en terminant, je veux vous assurer, et par votre personne, toute la Francophonie, que le Canada demeure solidaire de l’œuvre remarquable que vous nous laissez en héritage.
« Et nous serons toujours aux côtés de nos frères et sœurs internationaux francophones, surtout lorsqu’il est question de développement économique, des droits de la personne et de la démocratie.
« Sans doute, le Canada peut sembler bien lointain pour plusieurs participants à cette conférence.
« Mais, depuis que Samuel de Champlain a fondé notre première capitale nationale, Québec, en 1608, la langue et la culture françaises font partie de l’ADN du Canada.
« Ils n’étaient qu’une poignée de courageux pionniers pour affronter ce premier hiver sur le continent nord-américain.
« Aujourd’hui, plus de dix millions de francophones canadiens ont pris leur place au soleil, et, grâce à la Francophonie internationale, peuvent exprimer leur fierté et leur espoir dans le monde entier.
« Comme dans tous les pays de la Francophonie, il y a plusieurs accents différents chez nous.
« On peut y parler le français avec l’accent acadien, celui du Saguenay – Lac-Saint-Jean, de l’est de Montréal et plusieurs autres.
« C’est ce que le maire de Québec, Régis Labeaume, appelle « l’accent d’Amérique ».
« Mais, avec la même voix, nous disons aujourd’hui : vive la Francophonie!
« Merci beaucoup. »