Le 4 décembre 2014 - Londres, Royaume-Uni
Sous réserve de modifications
Monsieur le Président Ghani, Monsieur le Premier ministre Cameron,
Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de mentionner que le Canada tient à remercier les gouvernements de l’Afghanistan et du Royaume-Uni d’être les hôtes de la Conférence de Londres sur l’Afghanistan.
L’Afghanistan, qui est l’un des pays ciblés du Canada, reçoit l’aide du Canada depuis longtemps.
Notre mission militaire en Afghanistan est terminée, mais nous maintenons nos contributions à la sécurité du pays. En fait, comme le Canada l’a promis au Sommet de Chicago en 2012, il apportera une contribution de 330 millions de dollars sur trois ans aux Forces de sécurité nationale afghanes à compter de 2015.
De même, nous poursuivrons nos activités diplomatiques et de développement afin de soutenir les efforts que déploie le gouvernement afghan pour assurer un meilleur avenir à sa population sous la direction de M. Ashraf Ghani.
Le président Ghani est un ami spécial du Canada et nous constatons à quel point l’occasion qui se présente à son équipe est grande. Je pense particulièrement aux récentes initiatives que le président Ghani a entreprises en sa qualité de commandant en chef. Dans le cadre des attaques inquiétantes qui persistent dans ce pays, sa gestion des efforts déployés pour assurer la sécurité en Afghanistan sera essentielle au cours des mois à venir.
De façon plus générale encore, le leadership et la vision du président Ghani, combinés aux efforts de M. Abdullah Abdullah, chef de l’exécutif du gouvernement de l’Afghanistan, seront essentiels pour aider à bâtir un avenir meilleur pour un pays et une population qui méritent d’obtenir leur liberté.
Plus tôt cette année, le ministre canadien Chris Alexander a dirigé une délégation du Canada à Kaboul afin d’en apprendre plus, au nom du ministre des Affaires étrangères Baird, sur la passation historique du pouvoir dans ce pays remarquable. Il a fait état de la force des nouveaux dirigeants afghans et de l’orientation prometteuse que le président Ghani entend donner à son pays.
Depuis 2001, le Canada a été aux côtés des Afghans par l’entremise de deux Loya Jirga qui ont permis de former leur constitution et gouvernement démocratique. Nos soldats se sont battus pour obtenir la sécurité et la liberté des Afghans aux côtés de leurs braves frères et sœurs afghans. Nos investissements dans l’éducation, la santé et la prospérité des Afghans ont contribué à favoriser une tendance irréversible qui, maintenant, se reflète dans la volonté du peuple afghan.
Au moment où ce jeune pays (une grande partie de la population a moins de 35 ans) émerge de décennies de conflit, sa population est clairement favorable à son orientation future : tout le pays aspire à la modernité, à l’égalité, à la liberté et à la primauté du droit.
En fait, le Canada demeure fermement résolu à aider l’Afghanistan.
Il continuera d’investir dans l’avenir des enfants et des jeunes afghans.
Le Canada solidifiera et augmentera les gains réalisés en matière de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, encouragé plus que jamais par les efforts soutenus de la femme énergique du président Ghani.
Le Canada aidera à offrir une éducation aux enfants et aux jeunes, en plus de favoriser la participation civile et politique, la protection des droits de la personne et l’autonomisation économique des femmes.
Dans cette optique, je suis heureuse d’annoncer aujourd’hui, au nom de l’honorable Christian Paradis, ministre du Développement international et de la Francophonie, que le Canada renouvelle son appui à la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan jusqu’en 2018.
Nous le savons tous, l’Afghanistan demeure confronté à des enjeux pressants liés aux droits de la personne, et il est maintenant encore plus important d’accélérer les progrès durement obtenus.
Notre appui à la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan aidera à renforcer la capacité de l’Afghanistan à relever les défis causés par la violence qui perdure à l’égard des femmes et des filles, le mariage précoce et forcé d’enfants, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ainsi que par les belligérants qui cherchent à restreindre les libertés fondamentales. Nous espérons que, avec le soutien du Canada, les femmes et les hommes auront les mêmes droits et, par le fait même, les mêmes possibilités d’avoir une vie paisible et prospère.
Dans l’avenir, le développement et la stabilité de l’Afghanistan seront directement liés à l’autonomisation des femmes dans ce pays.
Monsieur le Président Ghani, Monsieur le Chef de l’exécutif Abdullah,
En seulement deux mois, votre gouvernement a mis en œuvre des initiatives audacieuses pour rétablir l’optimisme et l’espoir au sein de la population afghane. Le Canada sait que cet espoir est fondé.
Pour que ces premières mesures ouvrent la voie à une véritable prospérité, nous devons étudier le potentiel que présente l’économie régionale de croître rapidement, ce qui pourra se concrétiser si les infrastructures liées à l’énergie, aux chemins de fer et aux autoroutes sont mises en place, si les frontières sont ouvertes, si la primauté du droit est assurée et respectée et si les pays voisins coopèrent en vue d’améliorer les conditions dans lesquelles évoluent l’Afghanistan et l’ensemble de cette région.
Comme l’a déclaré le président afghan, le Processus d’Istanbul est au cœur de cette démarche, et les mesures visant à insuffler la confiance et à mettre en valeur le grand potentiel de la région le sont encore plus. Les partenaires régionaux devront prendre un engagement commun et démontrer leur détermination à l’égard d’une réelle stabilité et d’une véritable sécurité si nous souhaitons parvenir à cette architecture économique.
Nous félicitons le gouvernement d’unité nationale puisqu’il accorde en priorité une attention à la mise en œuvre de réformes cruciales qui, avec le temps, donneront à l’Afghanistan des bases solides pour parvenir à l’autonomie.
Le programme de réforme proposé est un document de grande envergure. Ottawa l’a lu attentivement et félicite ses auteurs pour la profondeur du document, le travail de fond qu’il a exigé et la vision puissante qu’il présente pour l’avenir de l’Afghanistan. Que ce soit en matière de gouvernance des terres, d’autonomisation des femmes, de renforcement des compétences budgétaires ou d’infrastructures nationales, le document démontre hors de tout doute que, « cette fois-ci, ce sera différent ».
C’est dans cette optique que je suis fière d’annoncer, au nom du ministre Paradis, que le Canada offrira un soutien budgétaire à l’Afghanistan d’une valeur de 135 millions de dollars jusqu’en 2017, par l’entremise du Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan, qui est administré par la Banque mondiale. De cette contribution, 10 millions de dollars seront réaffectés du Fonds et déboursés en 2014-2015 pour réduire l’écart fiscal de l’Afghanistan. De plus, le Canada est fier d’annoncer la contribution de 10 millions de dollars additionnels en nouveaux fonds destinés à l’appui budgétaire qui permettra de soutenir davantage les efforts de l’Afghanistan pour contrer l’écart fiscal.
Nous croyons que le Fonds d’affectation spéciale offrira au président Ghani et au chef de l’exécutif Abdullah l’appui essentiel dont ils ont besoin pour mener à bien le programme de réforme.
Ces investissements découlent des déclarations du Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, qui a été élaboré conjointement par l’Afghanistan et ses partenaires. Le Canada attache une grande importance à ce cadre de responsabilité mutuelle. Les investissements communs dans le développement qui renforcent le rendement du gouvernement afghan permettront au pays de parvenir à la stabilité et à la prospérité. Il nous tarde de travailler avec le gouvernement d’unité nationale pour mettre à jour le Cadre afin qu’il tienne compte des nouvelles priorités de l’Afghanistan et, en particulier, de son imposant programme de réformes.
Comme le président Ghani l’a déclaré, nous sommes guidés par les efforts de l’Afghanistan pour instaurer une économie résiliente qui favorise la croissance et la prospérité. Les capitaux arriveront au fur et à mesure que la corruption s’estompera. Dans son développement économique, l’Afghanistan peut compter sur l’appui des dirigeants canadiens dans le domaine des services financiers et des industries extractives. Nous croyons que les efforts que l’Afghanistan a déployés récemment pour combattre la corruption, notamment dans le cas de la crise relative à la Banque de Kaboul, sont un excellent point de départ.
Bien entendu, toute croissance durable à long terme repose sur notre capacité commune d’aider l’Afghanistan à confronter et à éliminer les forces qui cherchent continuellement à réprimer les progrès.
Je dois réitérer, au nom du ministre des Affaires étrangères, monsieur Baird, et du gouvernement du Canada, le besoin primordial de mettre fin aux violations de la souveraineté de l’Afghanistan et aux ingérences, qu’elles soient directes ou indirectes, par exemple l’appui à des groupes terroristes tels que les talibans, le Réseau Haqqani, Al-Qaïda et l’EIIL. Il est insensé de mettre sur le dos des politiques légitimes l’apport d’un soutien matériel à ces éléments radicaux. Au final, en Afghanistan, ce sont les Afghans et les Afghanes qui paient le prix de cette folie.
Au cours de la dernière année, nous avons été témoins des conséquences tragiques qui surviennent lorsqu’un pays fait fi des lois internationales et s’ingère dans la souveraineté d’un autre pays afin d’annexer le territoire et de fomenter l’instabilité, le tout derrière un mince écran de déni si facile à percevoir. La protection de la souveraineté de l’Afghanistan est toute aussi importante.
Sans règles, le chaos s’ensuivra. Sans la dénonciation des pires pratiques en matière de politique étrangère, l’instabilité l’emportera. Et tant que l’ingérence et les violations de la souveraineté se poursuivront, l’économie de l’Afghanistan – et celle de la région – restera prisonnière d’une pauvreté qui se perpétuera tout naturellement.
Le premier ministre de l’Inde a affirmé, durant son allocution devant l’Assemblée générale des Nations Unies, qu’il n’y pas de différence entre « bonne terreur » ou « mauvaise terreur ». En effet, il n’y a pas de place dans le monde civilisé pour recourir à la terreur en guise d’instrument politique, et aucune cause ne peut justifier d’y recourir légitimement. La promotion de la terreur, qui est encouragée par certains États ou qui y est profondément enracinée, constitue une trahison de notre ordre international.
En ce qui concerne la région, les pays voisins de l’Afghanistan doivent cesser d’utiliser la terreur à des fins douteuses. Nous devons faire face à cette menace de terrorisme et à tous ses complices. En effet, les pays qui appuient ces groupes ne sont pas les amis de l’Afghanistan, du peuple afghan, ou des personnes ici présentes aujourd’hui, qui sont réunies pour renouveler leurs efforts en vue de permettre au peuple afghan de connaître la liberté et la prospérité.
Excellences, chers collègues,
Le Canada est déterminé à poursuivre sa contribution et il restera un partenaire clé en Afghanistan, dans le cadre du travail que nous accomplissons pour surmonter les défis qui continuent d’exister.
Monsieur le Président Ghani, Monsieur le Chef de l’exécutif Abdullah, nous nous réjouissons à la perspective de travailler étroitement avec vous pour servir la population de l’Afghanistan.
Merci.