Notes d'allocution
Guy Berthiaume, Bibliothécaire et archiviste du Canada
Discours pour le Congrès 2015 de l’Association des archivistes du Québec
Tadoussac (Québéc)
Le 29 mai 2015
Sous réserve de modifications
Bonjour.
Merci de m’avoir invité à vous adresser la parole aujourd’hui.
Je constate que, vous les archivistes, êtes des gens très sérieux.
Il est exactement huit heures, et vous êtes déjà là, prêts à m’écouter pendant une heure.
C’est impressionnant.
J’espère que vous avez eu le temps de prendre au moins deux bonnes tasses de café!
Le dernier congrès de l’AAQ s’est tenu à peu près à la même date l’an dernier, à Ville de Laval, dans ce lieu historique et enchanteur que représente le Carrefour Laval.
C’est mon collègue, Hervé Dery, qui s’était adressé à vous à ce moment-là pour présenter les dossiers qui étaient d’actualité à BAC.
Depuis qu’Hervé a prononcé ce discours, BAC a vécu bien des péripéties…à commencer, bien entendu, par ma propre arrivée dans nos locaux de Gatineau, le 23 juin 2014.
Mais, sérieusement, au cours de l’année qui s’est écoulée depuis le congrès de Laval, BAC a connu des avancées qui sont à la fois positives et profondes.
C’est de cela dont je veux vous parler aujourd’hui.
Comme il est bien indiqué dans les documents promotionnels du congrès, les archivistes et la profession d’archiviste sont actuellement soumis à une réinvention de taille.
À mon avis, plus qu’à tout autre moment de notre histoire, les archives jouent un rôle déterminant dans notre société.
Il suffit d’écouter les nouvelles pour s’en convaincre.
La destruction de monuments historiques, comme des archives, des livres ou des monuments de pierre, démontre clairement leur importance.
Ceux qui s’opposent à la démocratie ont tout intérêt à ce que le passé ne puisse éclairer le présent.
Donc, nous sommes en pleine période de redéfinition et de réinvention et cela a une résonnance toute particulière pour moi.
Après cinq années à la barre de Bibliothèques et Archives nationales du Québec, j’ai accepté de prendre les rênes de Bibliothèque et Archives Canada en juin dernier.
Le fait de changer d’emploi nous force à repenser nos approches, à revoir nos façons de faire, à considérer de l’œil droit des choses que l’on avait pris l’habitude de regarder du gauche.
J’en sais quelque chose, j’en suis à mon 14e emploi.
Bref, on se réinvente toujours un peu à chaque nouvel emploi qu’on occupe.
Dans ce nouveau poste, j’ai la chance de pouvoir compter sur d’illustres prédécesseurs.
Je suis très fier de m’inscrire dans la lignée d’Ian Wilson, de Jean-Pierre Wallot, et de Sir Arthur George Doughty, trois géants de l’archivistique canadienne qui sont pour moi des sources d’inspiration permanentes.
Même si les Archives nationales ont été fondées en 1872, il ne faut pas oublier que Bibliothèque et Archives Canada n’a que 11 ans.
BAC est née d’une conversation.
Entre un bibliothécaire et un archiviste.
Roch Carrier était le bibliothécaire national et Ian Wilson, l’archiviste national.
Tous deux avaient compris que le web avait changé la façon dont le monde utilisait l’information et définissait la connaissance.
M. Wilson a peut-être pris une carte géographique dans ses mains – à qui appartenait ce document? À une bibliothèque ou à un centre d’archives?
M. Carrier a peut-être sorti un rouleau de film de sa poche – bibliothèque ? archives ? Qui sait ?
De leur conversation, une idée a germé.
Ils ont commencé à élaborer une organisation qui réunirait la Bibliothèque nationale et les Archives nationales,
une organisation qui conserverait des livres, des images, des œuvres d’art, des documents textuels, des enregistrements sonores et des objets, dans une seule collection intégrée et qui pourrait offrir aux chercheurs un guichet unique.
Ils ont élaboré une nouvelle expression, « le patrimoine documentaire », pour définir la portée de ce qu’ils pourraient acquérir, préserver et partager.
Et ils ont entrepris de créer une nouvelle organisation vouée à la préservation de la mémoire collective du Canada sous toutes ses formes.
Le 22 avril 2004, Bibliothèque et Archives Canada était née.
La fusion de la bibliothèque nationale et des archives nationales représentait un projet ambitieux.
Je dirais même, révolutionnaire.
Plusieurs autres pays ont tenté, sans succès, de fusionner leur Bibliothèque nationale et leurs Archives nationales. Les Pays-Bas, la Belgique, la Nouvelle‑Zélande, pour n’en nommer que quelques-uns.
Mais ici, au Canada, nous avons réussi, que ce soit grâce à BAC ou grâce à BAnQ, qui a été créée le 31 janvier 2005.
En quelques années, nous avons mis en ligne des millions de pages de documents, de photographies, de cartes, de portraits et d’autres genres d’informations, là où les citoyens canadiens peuvent facilement les consulter.
Notre site web, qui reçoit en moyenne 1,8 million de visites par mois, est devenu l’un des plus populaires du gouvernement du Canada.
Notre site Flickr vient tout juste d’atteindre la marque des six millions.
Nous avons notre propre chaîne sur YouTube, et l’an dernier, nous avons connu notre premier succès viral avec un film d’actualités très rare sur la Série mondiale de 1919, d’abord découvert dans une cachette de films enfouie dans le pergélisol du Yukon, puis quelque part dans nos vastes archives.
La découverte de la richesse et de la diversité de la collection de BAC a été l’une de mes plus grandes révélations lorsque je suis arrivé à Gatineau.
Permettez-moi de vous en donner un aperçu.
Nous possédons :
- 20 millions de livres, ce qui représente le poids de 42 grandes baleines bleues et demie!
- 250 kilomètres de documents textuels, qui, alignés, nous permettraient de nous rendre de Tadoussac jusqu’aux confins de l’atmosphère terrestre.
- 3 millions de cartes
- 30 millions de photographies, soit une pour chaque habitant du Canada… ou presque
- 550 000 heures d’enregistrements audio et vidéo, soit assez pour vous tenir occupés pendant les 63 prochaines années
- un exemplaire de tous les timbres émis par Postes Canada depuis sa création
- une collection unique de médailles
- ainsi que la plus importante collection d’œuvres d’art canadiennes au monde, avec plus de 425 000 œuvres dont des sculptures, des illustrations tirées de livres pour enfants, des bandes dessinées, des affiches politiques et des portraits emblématiques.
Et notre collection continue de s’enrichir.
Il y a quelques semaines, nous avons acquis dix pièces de la collection Winkworth lors d’une vente aux enchères chez Christie’s à Londres. Des pièces ayant une grande valeur patrimoniale.
Cette dernière partie de la collection Winkworth était rangée dans des armoires ou des cabinets, accrochée au-dessus des cheminées et sur les murs du manoir Kensington où Peter Winkworth a habité pendant cinquante ans.
Ces œuvres d’art nous offrent un intéressant aperçu de la vie au Canada avant la Confédération.
Elles permettent aussi d’approfondir notre compréhension de sujets reliés aux Premières nations et à l’exploration de l’Arctique.
Nous avons aussi acquis récemment plusieurs textes, vidéos, enregistrements sonores, photos et documents électroniques de la romancière et essayiste Nancy Huston, qui compte parmi les auteurs canadiens à succès les plus reconnus à l’échelle mondiale.
Nancy Huston est l’un des rares écrivains dont l’œuvre témoigne autant de la réalité anglophone que francophone du Canada.
Le mois dernier, nous avons acheté quatre aquarelles de Robert Hood, un officier britannique qui participait à une expédition terrestre dans l’Arctique en vue de cartographier le fleuve Coppermine à la recherche du passage du Nord‑Ouest.
Ces œuvres contribuent à enrichir le contexte historique entourant les expéditions arctiques et BAC possède la seule collection publique de dessins réalisés par Robert Hood.
Il y a beaucoup, beaucoup plus. Des photographies de Malak Karsh, des sites web, des cartes de la Terre de Rupert, des bandes dessinées, la liste est longue et impressionnante.
En ce qui concerne l’acquisition, nous sommes à mettre en place une approche collaborative – ce que la communauté archivistique canadienne réclame depuis plusieurs années.
En partenariat avec la Conférence des archivistes provinciaux et territoriaux, nous travaillons à élaborer une approche collaborative nationale en matière d’acquisition, une idée qui commence à prendre forme concrètement.
Nous lancerons bientôt un portail collaboratif, dans le but d’encourager la collaboration en matière d’acquisition du patrimoine documentaire et de favoriser le partage des meilleures pratiques.
Nous allons concevoir des lignes directrices afin d’identifier la localisation la plus appropriée pour les nouvelles acquisitions, i.e. : qu’est-ce qui doit être conservé, où et par qui ?
Nos discussions avec la Conférence des archivistes provinciaux et territoriaux ont aussi amené la mise en place du groupe de travail sur l’audiovisuel, un forum qui va créer des outils pour assurer la préservation des documents audiovisuels, par exemple, un recueil de formats de fichiers et de normes.
Ces nouveaux projets sont représentatifs d’un nouveau modus operandi pour BAC, car si les éléments fondamentaux de notre mandat n’ont pas changé au fil des ans, le monde dans lequel nous accomplissons ce mandat, lui, a changé énormément.
Quand je suis arrivé à BAC, j’ai proposé que nous prenions quatre engagements pour nous aider à être une institution de mémoire prête à relever les défis du 21e siècle.
Ces quatre engagements sont que BAC :
- soit résolument au service de ses clients, de tous ses clients;
- soit reconnue comme à l’avant-garde de l’archivistique, de la bibliothéconomie et des nouvelles technologies grâce à la qualité de son personnel
- soit proactive et inscrite dans des réseaux nationaux et internationaux, en position d’écoute et de respect
- et soit dotée d’un profil public plus affirmé.
J’ai souvent discuté de ces engagements au cours des douze derniers mois, autant avec les employés qu’avec la communauté en général et avec nos clients et cette vision a été fort bien reçue.
Nous avons aussi modifié légèrement notre organisation interne afin qu’elle permette de répondre à ces engagements.
Et, de plus, nous avons récemment eu la chance de recruter Normand Charbonneau à titre de chef des opérations.
Grâce à la conjonction des projets et des personnes, nous sommes bien positionnés pour être à la hauteur des attentes du milieu.
Pour bien connaître ces attentes, j’ai accepté, depuis juin 2014, le plus grand nombre possible d’invitations à rencontrer des organisations représentant des bibliothécaires et des archivistes.
Et dans le respect de nos engagements à participer activement à des réseaux internationaux, nous travaillons avec nos collègues du Québec pour garantir la présence du Canada à des organisations internationales comme le Réseau francophone numérique (RFN), le Conseil international des archives (CIA), l’Association internationale des archives francophones (AIAF) et l’IFLA.
En 2014, j’ai eu le plaisir de participer à la rencontre de l’Association internationale des archives francophones, à l’occasion de la conférence annuelle du Conseil international des archives.
En 2015, Bibliothèque et Archives Canada a participé à l’assemblée annuelle du Portail international archivistique francophone – une source de formation importante pour la communauté archivistique francophone internationale.
Vous ne serez pas surpris d’entendre que nous travaillons en étroite collaboration avec BAnQ.
Cette collaboration est fondée sur nos valeurs communes, elle valorise l’expertise de nos collègues et la richesse de nos collections et de notre patrimoine.
Nous avons signé avec BAnQ une lettre d’entente en matière d’acquisition d’archives privées.
Nous comptons aussi nous inspirer de projets développés par la Direction générale des Archives de BAnQ au cours des dernières années, que ce soit la refonte de Pistard ou l’indexation automatisée, ou, encore, l’ouverture sur l’univers des Wiki.
Et ce ne sont que quelques projets en archivistique. Tout autant sinon plus d’autres projets se mettent en place en matière bibliothéconomie.
Mon approche personnelle en matière de collaboration est fort simple et elle se résume à deux concepts : l’écoute et le respect.
C’est cette approche qui a inspiré la création du nouveau Forum des partenaires, qui a été lancé en décembre dernier.
Nous nous sommes réunis à deux reprises à ce jour, avec douze de nos plus importants partenaires, y compris l’AAQ, et je suis déjà en mesure d’apprécier les fruits de ce rapprochement.
Je suis également très fier de notre participation au Groupe de travail sur le système archivistique canadien, lequel tient des rencontres de travail depuis huit mois.
Créé au terme du sommet des archives tenu à Toronto le 17 janvier 2014, le Groupe de travail a tenu des rencontres au cours des huit derniers mois et il a développé un projet de stratégie, ainsi qu’un échéancier s’étalant sur les dix prochaines années.
Malgré ces développements heureux, comme vous pouvez le deviner, ma vie à BAC n’a pas été qu’un long fleuve tranquille depuis un an.
Depuis mon arrivée, nous avons reçu trois rapports qui nous fortement interpelés.
Le premier est paru en novembre dernier et a été rédigé par la Société royale du Canada. Il s’intitule L’Avenir au présent : Les bibliothèques, les centres d’archives, et la mémoire collective au Canada.
Certains d’entre vous se rappelleront que BAC n’y est pas dépeinte de façon très favorable.
Le rapport contient 70 recommandations à l’intention des bibliothèques et des archives, y compris six d’entre elles qui s’adressent exclusivement à BAC.
Je crois que les quatre engagements que j’ai mentionnés au début de mon allocution nous permettront de répondre en grande partie aux attentes de la Société royale.
Cela est vrai en particulier de la recommandation 2 portant sur la participation aux travaux des associations professionnelles, de la recommandation 3 portant sur le moral des employés et de la recommandation 5 portant sur la présence du Canada dans les communautés archivistique et bibliothécaire internationales.
La recommandation 1 propose à BAC d’élaborer un plan stratégique quinquennal en collaboration avec ses partenaires.
À cette suggestion, nous avons répondu que notre prochain plan triennal 2016-2019 sera élaboré au cours de l’exercice 2015-2016, après consultation de nos employés, de nos clients et de nos partenaires.
Ce processus s’amorce d’ailleurs le 1er juin prochain à Ottawa, alors qu’une session de consultation se déroulera dans le cadre du Congrès de la Société historique du Canada.
La recommandation 4 du Rapport de la Société royale demande à BAC de consacrer des efforts à l’harmonisation des cultures bibliothéconomique et archivistique.
Je me suis engagé à respecter le caractère distinct des deux cultures professionnelles, tout en les faisant travailler en complémentarité.
Je sais que Normand Charbonneau partage aussi cette vision.
Enfin, la sixième recommandation nous enjoint à maintenir le dialogue avec les décideurs du gouvernement du Canada, une recommandation à laquelle nous nous conformons pleinement.
En particulier au cours de la dernière année, BAC a joué un rôle déterminant dans la mise en place de l’initiative fédérale de gouvernement ouvert.
Un autre rapport important a lui aussi été publié en novembre dernier, celui du vérificateur général du Canada portant sur notre traitement des documents gouvernementaux.
L’une des principales critiques du VG portait sur le retard accumulé dans le traitement des documents analogiques dont BAC est responsable.
Nous avons réagi rapidement et mis en place le Groupe de travail sur la disposition et la découverte des documents.
Le groupe de travail mené par Bob McIntosh et Sandy Ramos a déjà réussi à réduire de 70% notre arriéré de documents analogiques.
En date du 1er mai, celui-ci est passé de 98 000 boîtes non traitées à 30 000 boîtes.
Le rapport du VG mentionnait aussi notre retard à émettre les autorisations de disposition requises aux organismes du gouvernement fédéral.
Le Groupe de travail sur la disposition et la découverte a établi un plan d’action pour s’assurer que tous les organismes fédéraux possèderont des autorisations de disposition couvrant l’ensemble de leurs documents à partir de l’année 2017-2018.
Dans le cadre de ce plan, nous avons mis en place une approche plus efficiente qui nous a permis à ce jour de doter 30% des organismes du gouvernement canadien d’une autorisation de disposition.
Je suis d’ailleurs assez fier de vous confier que BAC elle-même a été la première institution fédérale à être soumise au nouveau processus de dotation d’une autorisation de disposition.
Le vérificateur général a également recommandé que BAC élabore une stratégie numérique pour garantir la préservation de ses collections et que BAC collabore avec les organismes fédéraux pour qu’ils lui transfèrent leurs documents numériques dans un format convenu.
Notre stratégie numérique a été adoptée à la fin de mars et elle est conçue pour permettre à BAC de s’assurer que toutes ses collections soient gérées de façon à en faciliter l’accès et l’exploration.
Le troisième rapport qui a été publié au cours de la dernière année est celui du Conseil canadien des académies.
Il est paru en février sous le titre : À la fine pointe du monde numérique : possibilités pour les institutions de la mémoire collective au Canada
Ce Rapport permet de bien saisir la modification radicale que la révolution numérique a entraînée dans les relations entre les institutions de mémoire et le grand public.
En particulier, il attire l’attention sur le développement d’une culture de participation citoyenne et sur la nécessité pour les institutions de mémoire de développer des relations soutenues et durables avec le public.
De plus, le Rapport souligne à quel point il est essentiel – à l’instar des meilleures pratiques développées à l’échelle internationale – que les institutions de mémoire canadiennes développent des collaborations pérennes avec le secteur privé afin de mener des initiatives transformationnelles en matière de numérisation.
Par exemple, notre partenariat avec Canadiana.org a permis à ce jour de numériser 34,5 millions d’images à partir de plus de 20 000 bobines de microfilm.
Grâce à notre partenariat avec Ancestry.ca, huit de nos collections sont en train d’être numérisées et d’être accessibles sur le site d’Ancestry.
Le partenariat est aussi au cœur de nos initiatives visant une meilleure visibilité pour BAC.
En partenariat avec d’autres bibliothèques et centres d’archives, ainsi qu’avec des universités et des musées, nous sommes en train de développer une programmation d’activités publiques variées.
J’ai bien l’intention de redonner à notre édifice d’accès qui est situé au 395 Wellington, à Ottawa, une place importante dans la vie culturelle de la Capitale nationale.
Nous avons déjà fait quelques pas dans cette direction.
Nous avons reçu monsieur David Ferriero, archiviste national des États-Unis, ainsi que monsieur David Fricker, directeur général des archives nationales d’Australie, à titre de conférenciers lors d’activités publiques.
De même, nous avons présenté dans notre hall d’entrée une exposition sur l’expédition arctique de Franklin, proposée conjointement avec le Musée des sciences et de la technologie du Canada.
L’exposition « Volte-Face — Portraits de Canadiens fascinants » a ensuite pris le relais dans le hall d’entrée principal du 395 Wellington.
Des portraits de Joni Mitchell à Louis Riel, en passant par Jacques Plante, ça vaut vraiment le détour!
Le programme de nos expositions est planifié jusqu’en octobre 2016 : l’une portera sur la bande dessinée, une autre sur l’histoire de la robotique, une autre sur le patrimoine métis, et une dernière sur notre sport national : le hockey, pas la politique !
Nous aurons également une année très chargée en ce qui concerne les prêts à d’autres organisations, ce qui permettra d’accroître la visibilité de BAC et de présenter à un plus large public la valeur et la diversité de nos collections.
Il y en a tellement, je ne sais pas par où commencer!
- Une carte d’invitation à la première exposition du Beaver Hall Group, prêtée au Musée des beaux-arts de Montréal;
- Des documents d’attestation, des cartes et des traités, prêtés au Musée canadien de l’immigration du Quai 21 à Halifax;
- Huit photographies originales de Québec, par la célèbre photojournaliste américaine Lida Moser, prêtées au Musée national des beaux-arts du Québec.
Et ce genre de collaboration s’intensifie au fur et à mesure que nous approchons du 150e anniversaire de la Confédération.
Par exemple, nous avons conclu une entente de trois ans avec le Musée des beaux-arts du Canada pour la production d’une série de six expositions explorant la photographie au Canada durant le 19e siècle.
Nous collaborons également à plusieurs projets d’envergure du Musée canadien de l’histoire : plus d’une cinquantaine d’objets tirés de nos collections seront en vedette dans différentes expositions du Musée, incluant des œuvres d’art, des cartes et des documents textuels.
Quelques-uns de nos documents vedettes ont aussi été prêtés au nouveau Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg.
Parmi ces documents se trouve un exemplaire de la Déclaration canadienne des droits, signé par John Diefenbaker en 1960, plusieurs exemplaires de certificats de taxe d’entrée pour les immigrants chinois, et le premier d’une série de traités historiques numérotés, signé en 1871 par les représentants des Premières Nations Chippewa et Crie.
En fait, même si les trois rapports qui ont été publiés depuis un an n’ont guère été tendres à notre égard, je crois que BAC mérite aussi qu’on mette de l’avant quelques-uns de ses bons coups.
Comme vous le savez, BAC possède la plus vaste et importante collection de documents originaux témoignant du rôle du Canada pendant la Première Guerre mondiale.
Certains de ces documents sont officiels, comme les dossiers du personnel et les dossiers médicaux, ou les cartes des champs de bataille.
Mais on y trouve aussi des médailles, des photographies, des journaux intimes et des lettres qui racontent la guerre d’une manière bien plus personnelle que les documents officiels.
Une récente enquête de BAC concernant l’utilisation de son site web a permis de constater que les deux sujets qui retiennent le plus l’attention des utilisateurs sont, dans l’ordre, la généalogie et la Première Guerre mondiale.
Ces deux sujets sont plus populaires que les livres rares, les documents du Cabinet ou les événements de l’histoire canadienne, par exemple.
Les documents du Corps expéditionnaire canadien appartiennent aux deux sujets en tête de liste, ce qui justifie que nous ayons consacré beaucoup d’efforts pour les rendre accessibles.
Nous avons déjà commencé à numériser tous les documents relatifs à la Première Guerre mondiale — il y en a 640 000 ! — ainsi que divers documents non officiels, comme des mémoires, des cartes et des photographies.
En fait nous avons mis en ligne, à ce jour, plus de 155 000 dossiers complets, soit presque le quart de l’ensemble des dossiers.
Quand un dossier est mis en ligne, il est relié à notre base de données et à d’autres ressources en ligne, incluant la base de données du Musée impérial de la guerre à Londres.
Le travail de numérisation des 32 millions de pages de ces dossiers constitue le plus important et le plus ambitieux projet de conservation jamais entrepris par BAC.
Tous ces dossiers s’ajoutent à une liste croissante d’autres collections entièrement numérisées, relatives à la Première Guerre mondiale, notamment des journaux personnels et des lettres d’infirmières canadiennes, des histoires orales, des peintures représentant des tranchées et des champs de bataille, et même de la musique.
Aucun de ces projets n’aurait pu voir le jour sans de nombreuses collaborations et, naturellement, sans les technologies numériques.
Le succès de projets comme celui de la numérisation des dossiers du Corps expéditionnaire canadien m’a appris une chose très importante : l’accessibilité, à nos dossiers est essentielle si nous voulons promouvoir la valeur de nos collections et de nos services.
Il est vrai que la profession d’archiviste a changé, et je crois que la portée de ce que nous pouvons accomplir s’est considérablement étendue.
À Bibliothèque et Archives Canada, comme dans la plupart des bibliothèques et des centres d’archives, notre travail doit rendre compte à la fois de l’univers analogique et de l’univers numérique, deux univers qui coexisteront pendant longtemps encore.
Nous ne devons pas compter uniquement sur la technologie pour établir des liens entre le contenu et les utilisateurs.
L’on ne saurait faire abstraction de l’élément humain.
Il y a, à l’heure actuelle à BAC, plus de 200 professionnels ayant une formation en archivistique ou en bibliothéconomie.
Bien qu’un grand nombre travaillent dans leur discipline, certains utilisent leurs connaissances et leurs compétences dans d’autres secteurs de notre organisation, comme les communications, les technologies de l’information, les programmes, les services, les politiques et, bien sûr, la gestion.
Le rôle des archivistes et des bibliothécaires a évolué et continue d’évoluer au fur et à mesure que l’écart entre l’usager et l’information se réduit.
Cette évolution crée des possibilités emballantes.
Comment la définition-même de l’archiviste se présente-t-elle ?
À la croisée des chemins, vers un nouveau monde, passionnant.
Archi-qui? Archi-quoi?
Peu importe.
La route devant nous est emballante.
Je vous remercie.