Je suis entièrement d’accord avec lui.
La croissance exponentielle de l’information nous force à garder ces valeurs à l’esprit, et à méditer sur le rôle essentiel des documents et de la tenue de documents dans une société libre et démocratique.
Nous devons aussi nous pencher sur l’authenticité et la fiabilité dans un monde où prospèrent les blogues, les tweets et les impressions en trois dimensions.
Et ultimement, nous devrons nous demander quelles sont les conséquences de tout ça sur la mémoire collective.
Bref, nous sommes là pour rester.
BAC travaille fort en ce moment pour que les Canadiens puissent continuer d’utiliser leur patrimoine documentaire de la façon qui leur convient, maintenant, dans dix ans, et même dans plusieurs siècles.
Je vais vous décrire quelques mesures prises par BAC pour préparer l’avenir.
Nous voulons notamment collaborer avec des collectivités qui partagent nos idées, comme le système archivistique canadien et d’autres partenaires du patrimoine documentaire.
Ainsi, les changements tiendront compte du plus grand nombre de points de vue possible.
Les institutions de mémoire ont toujours dû s’adapter aux changements qui bouleversent la société et aux conséquences inattendues qui en découlent.
Elles ne peuvent donc pas se permettre de faire du surplace.
BAC en est un excellent exemple.
Notre mandat ne change pas. Nous devons :
- préserver le patrimoine documentaire du Canada pour les générations actuelles et futures
- être la mémoire permanente de l’administration fédérale et de ses institutions
Par contre, la façon dont nous remplissons ce mandat se transforme rapidement.
En quelques années seulement, nous avons mis en ligne des millions de pages de documents, de photos, de cartes, de portraits et d’autres types d’information pour que les Canadiens puissent les consulter facilement.
Avec 1,8 million de visites par mois en moyenne, notre site Web fait partie des sites fédéraux les plus fréquentés.
Notre site Flickr vient d’atteindre le seuil des six millions de visionnements.
L’année dernière, sur notre chaîne YouTube, nous avons eu notre première vidéo virale : une bobine découverte dans le pergélisol du Yukon qui montre des images exceptionnelles de la Série mondiale de 1919.
Nous avons aussi établi des partenariats fructueux avec des bibliothèques, des archives, des musées, des galeries d’art et d’autres organismes du secteur privé.
Quant à nos archivistes et à nos bibliothécaires, ils continuent d’acquérir, de préserver et de rendre accessibles les documents du passé et d’aujourd’hui.
Comme nous le savons tous, les documents analogiques et numériques continueront de se côtoyer dans un avenir prévisible.
Ainsi, à l’occasion d’une vente aux enchères de la société Christie’s, tenue à Londres il y a quelques semaines, nous avons acquis dix œuvres phares de notre patrimoine qui font partie de la collection Winkworth.
Cet achat a été possible grâce à l’appui des Amis de BAC et de Patrimoine canadien.
Ces œuvres de la collection Winkworth viennent des armoires, des garde-robes, des manteaux de cheminée et des murs du manoir de Kensington, aujourd’hui vendu, où Peter Winkworth a vécu pendant 50 ans.
Elles donnent un aperçu fascinant de la vie au Canada, avant la Confédération et au XIXe siècle.
Elles nous aident aussi à mieux connaître l’histoire autochtone et l’exploration de l’Arctique.
Le mois dernier, nous avons acheté quatre aquarelles peintes par Robert Hood, un officier britannique qui a fait une expédition dans l’Arctique pour cartographier le fleuve Coppermine dans le but de trouver le passage du Nord-Ouest.
Ces œuvres donnent de précieux renseignements sur le contexte historique entourant les expéditions dans l’Arctique du célèbre explorateur britannique sir John Franklin.
Les bibliophiles parmi vous seront très heureux d’apprendre que nous avons récemment acquis des textes, des vidéos, des enregistrements audio, des photos et des documents électroniques de la romancière et essayiste à succès Nancy Huston, une des auteures canadiennes les plus réputées sur la scène internationale.
L’œuvre de Nancy Huston reflète à la fois les réalités francophone et anglophone du Canada; nous sommes très heureux de la préserver dans des conditions optimales.
Je pourrais continuer longtemps : les photographies de Malak Karsh, les cartes de la Terre de Rupert, les bandes dessinées… La liste est impressionnante.
Pour ce qui est des acquisitions, nous travaillons avec les membres de la Conférence des archivistes national, provinciaux et territoriaux.
Nous avons commencé à élaborer une approche nationale axée sur la collaboration.
L’objectif est de mieux collaborer pour acquérir le patrimoine documentaire et d’échanger librement sur des pratiques exemplaires.
Nous lancerons bientôt un portail d’acquisitions collaboratives.
Nos discussions avec les membres de la Conférence montrent qu’il est nécessaire de préparer des lignes directrices qui aideront à trouver l’organisation la mieux placée pour faire une acquisition particulière, et à échanger de l’information sur les modèles de collaboration actuels.
Nous nous sommes posé plusieurs questions. Qui devrait préserver quoi? Quel est le meilleur endroit pour conserver un fonds d’archives?
Qu’est-ce qui revêt une importance nationale, régionale ou locale? Quel est le meilleur moyen de respecter la territorialité?
Je suis très enthousiaste, car ce sont les signes avant-coureurs des modèles à venir : des modèles qui exploiteront au maximum notre expertise et nos expériences collectives.
C’est une des raisons pour lesquelles je vous demanderai de nous aider à préparer une stratégie nationale de numérisation du patrimoine documentaire.
Comme vous le savez, nous avons créé un Forum des partenaires pour discuter en amont de notre orientation et de nos projets avec tous nos principaux partenaires, dont l’Association canadienne des archivistes, le Conseil canadien des archives, l’Association des archivistes du Québec et le Conseil des archivistes provinciaux et territoriaux.
À la dernière réunion du Forum des partenaires, le 28 avril, nous avons étudié des stratégies de numérisation élaborées à l’étranger.
Je vais vous en décrire quelques-unes, histoire de piquer votre intérêt.
Les Pays-Bas ont créé Metamorfoze, un programme national de préservation du patrimoine de documents papier.
Leur objectif est de numériser d’ici 2018 quatre-vingt-dix pour cent des livres, des magazines et des journaux publiés avant 1940 aux Pays-Bas.
Les archives nationales suédoises ont créé Digisam, un secrétariat responsable de la numérisation du patrimoine culturel ainsi que de la préservation et de l’accessibilité des documents numériques.
Digisam a notamment préparé des lignes directrices à l’intention du gouvernement suédois et du secteur privé.
Le rapport publié récemment par le Conseil des académies canadiennes montre clairement que le Canada, autrefois chef de file de la technologie numérique, accuse maintenant un certain retard.
Je n’aime pas être à la traîne, et je suis persuadé que c’est la même chose pour vous.
J’ai donc bien hâte de poursuivre les discussions pour savoir comment faire connaître le contenu le plus intéressant, le rendre repérable et y donner facilement accès.
Pour offrir des services de pointe aux Canadiens dans le monde numérique, nous aurons besoin de nos partenaires traditionnels, mais aussi de nouveaux partenaires, y compris dans le secteur privé.
Les partenariats seront aussi variés que les organisations qui les concluent.
Nous comptons sur ces partenariats pour que nos clients puissent facilement consulter notre contenu.
Par exemple, le partenariat entre BAC et Canadiana.org a permis de numériser 34,5 millions d’images sur 20 000 bobines de microfilms.
Maintenant, les Canadiens ont plus facilement accès à des dossiers d’immigration, des registres fonciers, des documents sur l’histoire autochtone, des documents de Canadiens célèbres et des documents historiques de l’administration fédérale.
Huit de nos collections, comprenant environ 700 000 images, ont été numérisées et sont maintenant accessibles sur le site Ancestry.ca.
On y retrouve notamment le Recensement de 1921, les dossiers de soldats tués au combat pendant la Deuxième Guerre mondiale et des registres de concessions des terres.
Nous avons beaucoup travaillé pour répondre aux besoins des Canadiens et leur donner accès aux documents gouvernementaux.
Nous avons même créé une approche dans le contexte de la Stratégie pour un gouvernement ouvert.
C’est une de nos contributions les plus concrètes au gouvernement ouvert.
Selon la nouvelle approche, tous les documents gouvernementaux, à quelques exceptions près, pourront être consultés librement dès qu’ils seront transférés à BAC.
C’est l’approche de l’accès « ouvert par défaut ».
C’est donc dire que même si les politiques et les textes législatifs continueront d’être respectés, l’accès ne sera plus restreint.
Avant de nous transférer leurs documents, les ministères devront avoir obtenu l’autorisation de les communiquer.
De plus, la majorité des documents de l’administration fédérale que BAC possède déjà seront mis à la disposition des Canadiens plus systématiquement.
Par exemple, les documents de plus de 110 ans pourront être consultés immédiatement.
Pour les autres, nous poursuivrons nos examens en bloc.
BAC utilise une méthode axée sur le risque : nous examinons des « blocs » de fonds documentaires pour déterminer s’ils peuvent être rendus accessibles au public selon la Loi sur l’accès à l’information et la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Nos partenariats avec d’autres institutions culturelles comme les archives, les bibliothèques, les musées, les universités et les galeries d’art sont un autre motif de fierté pour moi.
Pour les archives et les bibliothèques, les programmes publics sont un excellent moyen de mettre en valeur ce qu’elles font et ce qu’elles ont.
Les documents originaux suscitent une émotion que les reproductions numériques ne peuvent tout simplement pas recréer.
Vous vous souvenez peut-être de l’époque à laquelle le 395, rue Wellington exerçait une présence dynamique au cœur d’Ottawa. J’ai l’intention de lui redonner ce lustre.
Nous avons déjà obtenu un certain succès.
Nous avons invité David Ferriero, 10e archiviste national des États-Unis, et David Fricker, directeur général des archives nationales de l’Australie, dans le cadre d’une série de conférences publiques.
Nous avons aussi établi un partenariat avec le Musée des sciences et de la technologie pour réaliser une exposition conjointe sur l’expédition de Franklin, présentée dans le hall d’entrée du 395, rue Wellington.
L’exposition Volte-face, qui présente des portraits de Canadiens fascinants, est en cours dans le même édifice.
Il y a même des expositions prévues jusqu’en octobre 2016.
J’ai hâte de les visiter, car elles présenteront notre collection de bandes dessinées, l’histoire de la robotique, notre patrimoine sur les Métis et notre passe-temps national. Je parle du hockey, pas de la politique!
La prochaine année sera bien remplie. Nous prêterons des documents à des organisations pour rehausser la visibilité de BAC auprès du grand public et lui faire connaître la valeur et l’envergure de nos collections.
Ce type de collaboration s’intensifie à l’aube du 150e anniversaire de la Confédération, en 2017.
Ainsi, nous avons conclu un partenariat de trois ans avec le Musée des beaux-arts du Canada afin de monter six expositions sur la photographie canadienne du XIXe siècle.
Nous participons aussi à de grands projets du Musée canadien de l’histoire.
D’ici 2017, plus de 50 pièces de notre collection y seront présentées dans des expositions, notamment des œuvres d’art, des cartes et des documents textuels.
Nous serons également bien présents dans la salle du Canada, qui sera bientôt rénovée.
En outre, nous avons prêté des documents de premier plan au nouveau Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg.
Ce n’est là qu’un aperçu des nouvelles avenues empruntées par BAC.
Nous voulons être sûrs que nous sommes sur la bonne voie.
C’est pour ça que nous avons rapidement appliqué une importante recommandation du rapport publié en novembre dernier par la Société royale du Canada, intitulé : L’avenir au présent : les bibliothèques, les centres d’archives, et la mémoire collective au Canada.
La première recommandation était que BACélabore un plan stratégique quinquennal en consultation avec les intervenants appropriés.
Nous nous sommes donc engagés à préparer notre prochain plan triennal, qui couvrira la période 2016-2019, en étroite collaboration avec nos employés, nos clients et nos partenaires.
Le processus de consultation est déjà commencé – nous avons rencontré d’importants utilisateurs du milieu universitaire le 1er juin – et il se poursuivra jusqu’à la fin du mois.
Le Forum des partenaires discutera de la première ébauche de notre plan à sa prochaine réunion, prévue cet automne.
Par contre, il y a une chose sur laquelle tout le monde s’entend déjà : la nécessité de créer un nouveau programme d’aide pour les collectivités du patrimoine documentaire.
Quand je suis arrivé à BAC, l’honorable Shelly Glover, ministre du Patrimoine canadien, m’a demandé de revoir nos priorités dans le but de créer un nouveau programme financé à même notre budget.
L’idée était excellente, et j’ai immédiatement lancé le processus. J’ai aussi discuté des paramètres du programme avec des partenaires des collectivités des bibliothèques et des archives.
Le fruit de ce travail est le Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire, qui assurera l’accessibilité du patrimoine documentaire local grâce au travail des institutions régionales.
Comme je l’ai dit tantôt, je suis convaincu qu’il faut préserver et exposer une grande partie de notre patrimoine documentaire là où il sera le plus apprécié, c’est-à-dire le plus près possible de ses utilisateurs potentiels.
Les archives, les bibliothèques financées par le secteur privé, les associations professionnelles, les sociétés d’histoire, les organisations de généalogie et les musées ayant des archives pourront profiter du nouveau Programme.
BAC accordera à des organismes admissibles des contributions totalisant 1,5 million de dollars par année.
Je suis très enthousiaste quand je pense aux possibilités offertes par le Programme.
C’est une première étape importante, qui soulignera la valeur du patrimoine documentaire du Canada et la diversité des organismes qui en sont responsables.
Le Programme tient aussi compte du fait que toutes les institutions de mémoire doivent collaborer pour atteindre leurs objectifs.
Il appuiera les collectivités locales du patrimoine documentaire de plusieurs façons :
- il fera mieux connaître les institutions locales du patrimoine documentaire et rendra leurs collections plus facilement accessibles;
- il renforcera la viabilité des institutions locales du patrimoine documentaire.
Nous accepterons les demandes jusqu’au 4 septembre, alors vous pouvez attendre que j’aie fini avant d’aller remplir vos formulaires!
Il y aura un cycle de financement par exercice. Le prochain cycle devrait commencer à la fin de février.
Nous cherchons des projets qui entrent dans les catégories suivantes :
- la numérisation pour favoriser l’accès et la préservation
- les traitements de conservation et de restauration
- la capacité de préservation numérique
- les expositions virtuelles et physiques, y compris les expositions itinérantes
- la formation et les ateliers sur les compétences de base
- l’élaboration de normes
Nous encouragerons les projets menés en partenariat, surtout entre des bibliothèques et des archives.
La redistribution de fonds à une tierce partie sera autorisée. Les grandes organisations qui en ont la capacité pourront donc entreprendre des projets d’envergure régionale, voire nationale.
Un comité consultatif externe sera établi; il comprendra des membres de toutes les régions et de tous les types de collectivités du patrimoine documentaire au Canada.
Il offrira des conseils et me soumettra des recommandations sur les demandes de financement.
Vous voudrez sans doute obtenir plus d’information, lire les lignes directrices et, bien entendu, télécharger le formulaire de demande.
Tout ce dont vous avez besoin, mis à part votre créativité, se trouve sur notre site Web : www.bac-lac.gc.ca/fra/contributions. Vous pourrez aussi prendre des brochures sur le Programme à l’arrière de la salle.
Un des principaux avantages du Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire est qu’il aidera BAC à collaborer plus étroitement avec les institutions locales.
Ensemble, nous pouvons documenter et rendre accessible la mémoire permanente du Canada pour les générations actuelles et futures.
Je profite de l’occasion pour remercier publiquement l’honorable Shelly Glover.
Sans son appui inébranlable, je ne ferais pas cette annonce aujourd’hui.
Le technologue Jeff Jarvis a fait remarquer que le contenu non interrogeable ne sera jamais trouvé.
Les archives doivent s’assurer que les utilisateurs peuvent trouver le précieux contenu qu’elles préservent.
Pour y arriver, nous devons d’abord faire connaître notre existence.
En effet, pour rendre notre patrimoine largement accessible, nous avons besoin d’un profil public bien affirmé.
Il faut donc que les gens connaissent et comprennent bien notre travail.
J’espère vous avoir inspirés en réaffirmant le rôle essentiel que les archives jouent et continueront de jouer, peu importe ce que l’avenir nous réserve.
Merci.