Montréal (Québec)
Le 29 mai 2015
Tom Pentefountas
Vice-président, Radiodiffusion
Priorité à l'allocution
Je suis bien reconnaissant de cette invitation à venir présenter les perspectives du CRTC sur les enjeux qui façonnent l’avenir de l’industrie de la télévision.
Au CRTC, nous sommes bien au fait de la conjoncture dans laquelle se trouvent les producteurs francophones canadiens – et nous y sommes très attentifs. Je m’arrêterai sur certains des enjeux qui vous préoccupent particulièrement.
Mais je voudrais d’abord faire le point sur l’industrie télévisuelle dans son ensemble, et sur les perspectives pour l’avenir de la production au Canada – des perspectives qui sont réelles peu importe vos origines culturelles ou votre position sur la planète.
Conjoncture
Comme vous le savez, d’immenses changements s’opèrent dans le monde des communications, et de la télédiffusion, notamment. Vous vivez cette réalité à chaque jour. Vous fonctionnez dans un univers où le contenu télévisuel n’a jamais été aussi abondant – et tout ceci est soutenu par une technologie qui continue de nous étonner à chaque nouvelle saison d’écoute. Finis sont les jours où le monde de la télévision était dominé par un horaire fixe de programmation. Aujourd’hui c’est le téléspectateur qui décide quel contenu il consommera. Et son choix de contenu se multiplie exponentiellement. Nous devons tous nous adapter à ce nouvel univers.
Et vous n’êtes pas les seuls à devoir changer. Le système aussi – y compris le cadre réglementaire – qui doit rester d’actualité afin que vous puissiez avoir accès à des outils et à des occasions de faire valoir votre œuvre et de pleinement mettre en valeur votre talent. Voilà une des missions clés du CRTC. N’oublions pas que les téléspectateurs sont déjà au diapason avec ces avancées de la technologie. Leurs habitudes de consommation en sont le reflet.
Et c’est là la genèse de « Parlons télé ». Au cours des deux dernières années, nous avons mené une conversation d’envergure nationale sur l’avenir de la télévision au Canada. Nous avons entendu plus de 13 000 commentaires. Les Canadiens - mais aussi les producteurs et les diffuseurs – nous ont donné leur perspective sur la forme que prendra leur industrie au cours des années qui viennent.
Je suis heureux de mentionner que les gens des communautés de langue officielle en situation minoritaire (les CLOSM) ont aussi apporté une contribution importante à Parlons télé. De plus, il est impératif de mentionner que le groupe de discussion CRTC-CLOSM, que nous avons créé en 2007, est grandement responsable de plusieurs des avancées en matière règlementaire pour les francophones hors Québec.
Ce groupe est un lieu de communication et de collaboration entre le CRTC et les 27 CLOSM au pays. De même, c’est une tribune importante qui permet au CRTC de définir des moyens d’optimiser la participation de ces communautés à ses processus publics – et pas seulement Parlons télé - afin de tenir compte de leur situation au moment de procéder à ses analyses et ses discussions.
Donc Parlons télé nous a permis de mettre à jour notre cadre règlementaire. D’ailleurs, nous venons tout juste de terminer la publication de nos décisions.
La prémisse derrière ces décisions nous apparaît bien évidente. Le contenu télévisuel produit par les Canadiens peut se mesurer au meilleur du monde – mais l’industrie ne peut avoir les mains liées. Elle doit fonctionner dans un climat qui lui permet de se déployer à la hauteur de son potentiel. Nous souhaitons soutenir et accompagner les créateurs et les producteurs, et mettre en place les conditions qui favorisent l’exportation de leur produit. Nous voulons également que les téléspectateurs tirent profit du vaste choix de contenu à leur disposition.
Ce sont donc des changements qui sont conçus pour promouvoir l’ouverture, l’innovation et la qualité. Et ce sont des changements qui sont mis en œuvre de façon prudente et de façon mesurée – en tenant compte des réalités du marché et de l’industrie.
Nous éliminons les obstacles qui ont nui aux télédiffuseurs et aux producteurs, et nous faisons place aux nouvelles approches. Il est de plus en plus difficile de contraindre le consommateur dans ses choix de contenu. Les mesures que nous mettons en place créent un climat dans lequel les téléspectateurs choisissent le contenu produit par nos créateurs parce c’est un produit de première qualité. Et le hasard fait que c’est fait par des Canadiens.
Nous sommes donc dans une conjoncture qui est en fait une immense opportunité pour vous. Mais cette conjoncture en est une qui est résolument tournée vers l’avenir. Il faut saisir la balle au bond.
Financement
Les productions télévisuelles canadiennes sont financées à partir de plusieurs sources de fonds publics et privés. À l’heure actuelle, l’industrie fonctionne avec un soutien financier qui s’élève à plus de 4 milliards de dollars par année.
Cependant, les diffuseurs publics n’ont plus les mêmes moyens que dans le passé. Et nous en connaissons tous les incidences sur le monde de la production. La vérité, c’est que les pressions sur le trésor public sont grandes, y compris les exigences en santé, en infrastructure et en programmes sociaux. Il faut voir les choses en face et ne pas vivre dans le passé : les niveaux de soutien financier que nous avons connus pour les diffuseurs publics font maintenant partie de l’histoire.
Il est aussi vrai que bon nombre d’entreprises canadiennes ont investi des sommes considérables pour élaborer et offrir du contenu bien d’ici. Et parallèlement, elles tirent profit des fonds publics qui sont mis à disposition. Par exemple, entre 2010 et 2014, le Fonds des médias du Canada a contribué à lui seul plus de 1,4 milliards de dollars à 1 923 émissions de télévision et 335 applications logicielles et contenus de médias numériques – ce qui s’est traduit par l’investissement d’un total de 4,8 milliards de dollars dans la production de contenu canadien.
Les investissements privés apportent le complément à ces sommes et c’est ce genre d’assemblage qui définira l’avenir financier du secteur de la production – et notamment la production du contenu destiné aux nouvelles plateformes.
Il ne faut pas se cacher qu’au Canada la production est financée, en grande partie, par l’argent des contribuables. Les fonds investis par les producteurs représentent seulement 1,4 % des budgets de production dans ce pays. Et en plus, les productions sont financés individuellement « projet par projet ». Le résultat est que les investissements en infrastructure de production sont limités. Cela est d’autant plus vrai pour les producteurs francophones hors Québec.
Parlons télé : mettre en place les conditions du succès
En préparant cette consultation avec les Canadiens, notre toile de fond était ce nouvel environnement de consommation télévisuelle. Alors qu’auparavant, c’était le diffuseur qui dictait le contenu et l’horaire de consommation, les rôles sont maintenant inversés. C’est le téléspectateur qui est dans le siège du conducteur.
Et pour gagner le consommateur d’aujourd’hui, il y a un seul mot clé – la qualité. C’est sur ce terrain qu’a lieu la concurrence pour le cœur et l’esprit du téléspectateur.
En plus d’éliminer les obstacles à la création de contenu original, nous exigeons que tous les radiodiffuseurs investissent financièrement dans les émissions que créent les Canadiens. Car nous voulons aussi que les créateurs et les distributeurs choisissent la qualité plutôt que la quantité.
Quotas
J’ai mentionné que l’avenir ne réside pas dans un monde de protection, mais plutôt dans un univers d’innovation. En cette ère d'abondance de contenu et de plateformes, les quotas sont une solution à un problème du passé. La réalité d’aujourd’hui, c’est que la qualité est désormais le facteur de succès le plus important.
Je sais que cette question des quotas a fait couler beaucoup d’encre. Cependant, de façon générale, les diffuseurs de contenu en français surpassent les quotas puisqu’ils savent bien que l’auditoire francophone est captivé par le contenu produit au Canada. De plus, il faut mentionner que les réductions de quotas ne s’appliquent pas aux canaux qui bénéficient de distribution obligatoire dans vos forfaits de base (tel que TV5/Unis et RDI). Ces canaux continueront donc d’offrir autant de contenu fait au Canada.
Élimination de la protection des genres
En ce qui a trait à la protection des genres, nous avons éliminé les règles qui contraignaient les chaînes spécialisées à ne diffuser que certains types de contenu.
Un des objectifs clés de cette décision est la mise en place d’une plus grande flexibilité dans le choix de contenu pour ceux qui le souhaitent. Il faut profiter de cette occasion pour connaître les goûts et les spécificités des auditoires et leur offrir du contenu qu’ils veulent regarder.
Aussi, cette décision contribuera à briser certains monopoles qui existent au sein de la programmation. La protection des genres a eu comme effet indirect la protection de la concurrence des marques établies et des services qui sont en majorité détenus par des compagnies intégrées verticalement.
Ententes commerciales
Bien entendu, je sais que certaines décisions du Conseil n’ont pas reçu un accueil très chaleureux de la part de tous les producteurs. Je pense notamment à la décision sur les ententes commerciales.
Comme la Canadian Media Production Association a demandé l’autorisation d’en appeler de cet élément de notre décision, je ne peux pas en parler avec beaucoup de détail aujourd’hui. Par contre, je voudrais revenir sur les facteurs qui nous ont amenés à prendre cette décision.
Comme vous le savez, les ententes commerciales entre les radiodiffuseurs et les producteurs précisent la question des droits numériques. En 2006, on a demandé au CRTC d’élaborer des lignes directrices qui décrivent des conditions de commerce. Le but était d'assurer une certaine stabilité et de fournir des précisions quant à certains droits numériques pour toutes les parties concernées.
Le Conseil ne précisait pas ce qui devait être contenu dans ces ententes. Il exigeait simplement que les grands groupes négocient de telles ententes avant que leurs licences soient renouvelées.
Le monde a bien changé depuis 2006 - c’est le moins que l’on puisse dire.
Non seulement l’intérêt du téléspectateur pour vos productions a grandi depuis, mais la question des droits numériques et d’autres droits s’est grandement précisée. Aujourd’hui, la plupart des titulaires de licence disposent d’ententes commerciales négociées.
Le CRTC croit conséquemment qu’il n’est plus nécessaire d’intervenir dans cette relation entre les radiodiffuseurs et les producteurs puisqu’ils ont les précisions et l’expérience dont ils ont besoin pour négocier des ententes futures entre eux.
Cela ne veut pas dire que nous restons à l’écart. En fait, nous donnons l’exemple.
Nous avons recommandé au gouvernement de supprimer l’obligation de signer une entente de diffusion avec un radiodiffuseur traditionnel pour pouvoir obtenir de l’aide financière. De cette façon, ils ne sont pas liés à vous et vous n’êtes pas liés à eux. Et nous avons d’ailleurs recommandé que d’autres organismes de financement suivent la même voie.
Nous avons également encouragé les gouvernements à éliminer les obstacles qui empêchent – à l’heure actuelle – les producteurs canadiens de créer des productions en ligne.
Des investissements accrus
Il faut aussi souligner que le passage du protectionnisme à la promotion est accompagné d’une plus grande dépendance sur les exigences en matière de dépenses.
Ainsi, un plus grand nombre de stations de télévision locales et de chaînes spécialisées doivent maintenant réinvestir une partie de leurs revenus dans la création de contenu produit par des Canadiens.
Nous exigerons que tous les radiodiffuseurs investissent financièrement dans les émissions canadiennes parce que nous voulons que les radiodiffuseurs et les distributeurs misent sur la qualité plutôt que sur la quantité.
Des investissements pour créer un meilleur contenu apportent plus de valeur au système de télévision. À son tour, cette valeur génère plus d’argent à réinvestir dans le contenu produit par des Canadiens. Et c’est ce cycle vertueux qui doit s’enclencher et se maintenir.
Projets pilotes
Nous souhaitons vivement que les gouvernements et les organismes partenaires adoptent des approches plus souples et davantage axées sur l’avenir pour la production et le financement d’émissions canadiennes. Le CRTC tente une expérience en lançant deux projets pilotes destinés à redéfinir les productions canadiennes.
Nous revoyons l’appellation « produit par le Canada » et nous y incluons des séries dramatiques et humoristiques qui ont un budget d’au moins deux millions de dollars par heure, ainsi que des séries basées sur des romans à succès d’auteurs canadiens. À première vue, je vous accorde que les deux projets pilotes annoncés visent surtout les productions de langue anglaise.
Mais tous les jeux ne sont pas faits. Nous avons à cœur les intérêts culturels des communautés francophones. Et nous serions prêts à recevoir des idées de projets pilotes élaborés par des producteurs francophones. Nous accueillerions avec beaucoup d’ouverture des propositions autres que celles énoncées dans la décision. Je vous invite donc très sérieusement à nous communiquer toute idée de projet qui s’inscrit dans notre philosophie d’ouverture, qui serait structurant et qui contribuerait à façonner l’avenir de l’industrie.
CLOSM
La télédiffusion compte parmi nos biens culturels et sa valeur économique et sociale est sans équivoque. Et en tant que tel, elle se doit d’être un des principaux leviers de développement – autant sur le plan culturel qu’économique.
Le CRTC prend très au sérieux son devoir de veiller à la protection et à l’essor des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Pour être entendus, les CLOSM ont besoin, plus que jamais, de la télévision et de la radio. Et elles comptent, dans une certaine mesure, sur la télévision et la radio d’État pour survivre. En 2013, nous avons renouvelé, pour une période de cinq ans, les licences de services de télévision la Société Radio-Canada/CBC.
Et nous leurs avons imposé de nouvelles exigences. Y compris une grille horaire équilibrée, des niveaux spécifiques d’émissions reflétant les CLOSM, le recours à la production indépendante issue des CLOSM, des niveaux spécifiques de programmation locale dans les marchés où se trouvent les CLOSM, le reflet des CLOSM dans la programmation d’information, et des consultations avec les CLOSM.
Et je peux vous assurer que nous n’avons pas oublié les CLOSM dans nos récentes décisions suite au processus de consultation Parlons Télé. Le CRTC apporte aussi des changements faisant en sorte qu’ils aient accès à des canaux qui répondent à leurs besoins.
- En premier lieu, d'ici mars 2016, les Canadiens pourront s'abonner à un service de télévision d'entrée de gamme qui ne coûtera pas plus de 25 $ par mois. Le service de télévision d'entrée de gamme comprendra toutes les stations de télévision locales et régionales; des canaux d'intérêt public comme la chaîne d'affaires publiques par câble, ainsi que les canaux éducatifs. Les canaux francophones qui sont compris dans les forfaits actuels, sont maintenus dans leur intégrité.
- Ensuite, d’ici mars 2016, les Canadiens pourront s’abonner à divers canaux soit en se les procurant à la carte soit en souscrivant à des petits forfaits, offerts à prix raisonnables. Les téléspectateurs pourront créer leurs offres de services télé selon leurs besoins. Ce sera donc possible, en plus du forfait d’entrée de gamme abordable, de choisir les canaux en français ou en anglais voulus de façon individuelle.
- Aussi, suite à Parlons télé, les entreprises de satellite devront offrir un canal de langue française pour tous les 10 canaux de langue anglaise, comme le font à l’heure actuelle les câblodistributeurs.
- Enfin, dans les provinces et les territoires où il n'y a pas de canaux éducatifs dans la langue de la minorité, les entreprises de câble et de satellite pourront distribuer celui d'une autre province. L'objectif est de fournir aux Canadiens des communautés de langue officielle en situation minoritaire l'accès à des canaux dans leur langue, notamment à des émissions pour enfants et adolescents.
Le marché est désormais mondial
Voilà donc en ce qui a trait aux nouvelles dispositions réglementaires qui auront une incidence positive sur le choix de contenu télévisuel francophone hors Québec. Et c’est là l’espace dit « traditionnel » dans lequel vous travaillez. Mais je suis convaincu que bon nombre d’entre vous êtes déjà en train d’explorer les opportunités dans le numérique – qui est sans aucun doute le facteur le plus puissant de la transformation actuelle des médias.
Il faut désormais percevoir votre marché comme le font les Netflix et les Amazon : c’est-à-dire un marché mondial, composé d’auditoires qui ne cherchent que le contenu original de qualité, qu’il soit du Canada, de la Belgique ou de la République du Sénégal. Pour ceux qui désirent se positionner sur l’espace numérique, le marché est grand ouvert à vos idées et à vos projets. À ce chapitre, Tou.tv, illico.tv et ONF.ca sont des précurseurs. Prenez votre place à votre tour!
Mais nous n’avons pas la tête dans le sable. Nous savons que sur le plan international, la découverte et la promotion du produit télévisuel représentent un défi de taille. Et c’est un défi égal pour l’ensemble de la production télévisuelle canadienne – anglophone et francophone. Mais cela ne change pas le fait que c’est là le marché tel qu’il se façonne devant nous.
Croyez-moi, nous sommes les premiers à souscrire à l’idée que nous devons exporter l’expertise canadienne dans le secteur culturel au même titre que nous exportons dans le secteur des ressources naturelles ou dans le secteur industriel. Cela vaut autant pour toutes les formes d’expression médiatique, y compris les dramatiques, les comédies et les documentaires.
Le CRTC fait sa part pour amener le cadre règlementaire de la télévision vers l’avenir. Cependant, certains éléments du cadre ne relèvent pas de nous. À cet effet, nous avons présenté à d’autres agences et ministères des recommandations pour permettre au secteur de la production de tirer profit du marché de l’exportation. Par exemple, nous avons recommandé que les divers organismes gouvernementaux mettent au point des stratégies pour soutenir les coproductions internationales et la distribution à l’échelle internationale.
Boîtiers décodeurs
Mais malgré ce grand tournant numérique qui définit l’avenir, souvenons-nous que la télévision n’est pas encore en voie de disparition. En 2013, les Canadiens écoutaient en moyenne 28 heures de télévision par semaine.
Il est entendu que les innovations numériques perturbent l’industrie, mais ces mêmes perturbateurs offrent également des solutions à tout ce qui perturbe.
Il n’est pas un secret que l’univers des 500 chaînes a provoqué la fragmentation de l’auditoire. Les systèmes de mesure traditionnels sont incapables de vraiment capter des données fiables sur ces téléspectateurs.
Savoir qui regarde quoi est d'une importance cruciale puisque la mesure entraîne la monétisation, laquelle signifie des revenus — des revenus que nous pouvons réinvestir dans la programmation canadienne et dans des émissions d'intérêt national.
Et nous laissons de l'argent sur la table lorsque nous n'avons pas de données précises sur les parts de marché.
Au CRTC, nous comprenons que la réussite future du secteur de la radiodiffusion dépendra de la capacité de l’industrie à exploiter la technologie pour adapter le contenu à la diversité des besoins et des goûts des Canadiens. Nous savons également que des outils comme les données recueillies par boîtier décodeur sont une des clés qui permettra à votre secteur de concurrencer avec les plateformes numériques qui sont riches en données.
L’approche consisterait à mesurer les niveaux d’écoute des diffuseurs sur lesquelles passent votre contenu, par exemple TFO et TV5 Unis. Ces données seraient suffisamment précises pour aussi vous fournir des chiffres intéressants sur la composition démographique de votre auditoire.
Puisqu'un tel système permettrait à tous les distributeurs et programmateurs d'avoir accès à ces données, l'industrie pourrait être mieux à même de fournir aux téléspectateurs canadiens les renseignements qu'il leur faut pour faire des choix éclairés. La fragmentation des auditoires et la multiplication des plateformes et des fenêtres ne doit pas inspirer crainte.
Nous avons donc demandé à l’industrie de mettre sur pied un groupe de travail pour qu’il explore un système de mesure à partir du boîtier décodeur au Canada. Le groupe de travail est chargé de proposer les normes techniques, les mesures de protection de la confidentialité et une structure de gouvernance, ainsi que de déterminer comment les coûts seront partagés.
Découvrabilité
Bien entendu, produire d’excellentes émissions et en mesurer l’écoute ne représentent qu’une partie de la bataille. S’assurer que les téléspectateurs peuvent d’abord trouver ces œuvres est tout aussi important. Le Conseil reconnaît que la visibilité du contenu sera cruciale dans le paysage médiatique de demain.
Pour qu’une émission canadienne réussisse, elle doit être largement disponible, visible sur de multiples plateformes, et facile à trouver.
C’est d’ailleurs ce que confirme l’étude produite par le secteur de la production documentaire, mais dont les résultats pourraient bien s’apparenter aux autres secteurs de la production télévisuelle. « Apprendre des auditoires de documentaires : une étude basée sur le marché » révèle que selon 60 % des répondants, il est important pour eux d’avoir accès aux documentaires canadiens, mais que seulement 7 % des répondants admettent pouvoir les trouver facilement. Voilà un écart de 53 %, et nous avons désespérément besoin de combler cette lacune.
L’étude a révélé aussi que les répondants regarderaient davantage de documentaires s’il existait plus d’outils pour en faire la découverte et la promotion. Cela signifie que les créateurs de contenu devront trouver de nouvelles façons de faire découvrir leur programmation par les téléspectateurs.
À ce sujet, le CRTC tiendra un Sommet de la découverte pour générer une nouvelle réflexion au sujet des outils et méthodes à utiliser pour connecter les téléspectateurs avec le contenu qu’ils cherchent et désirent.
Par exemple, les algorithmes – comme ceux que les détaillants en ligne utilisent pour recommander des biens aux consommateurs – pourraient faire partie des outils utilisés pour faire le lien entre les téléspectateurs et le contenu qu’ils cherchent.
Un peu à l’instar de l’industrie qui consulte des mégadonnées pour cibler la vente de détersifs pour lessive, les entreprises comme Netflix, Crave et Shomi, sans oublier Illico.tv, ONF.ca et Tou.tv, trouvent elles aussi des moyens novateurs pour tirer profit des goûts changeants des téléspectateurs. Il nous faut absolument emboîter le pas à ce chapitre.
Le Sommet de la découverte réunira des innovateurs et des chefs de file visionnaires des secteurs public et privé, du Canada et de l’étranger :
- Des personnes qui exploitent des techniques de pointe pour financer les coûts de production dans un monde d’abondance de choix, où les médias vivent des bouleversements.
- Des personnes qui comprennent que nous ne trouverons pas la voie de l’avenir dans la réglementation d’hier.
- Des personnes qui reconnaissent que devant le changement, on peut y résister ou l’on peut l’épouser, mais on ne peut pas l’arrêter. Si on ne va pas de l’avant, on prend du retard. Il n’y a pas de place pour l’immobilisme.
Il ne s’agira pas d’un exercice réglementaire, mais plutôt de donner libre cours aux idées innovatrices.
L’avenir
Il n’y a pas de secret derrière la raison pour laquelle le système de radiodiffusion connaît autant de changements depuis quelques années. Les nouvelles technologies, les nouvelles plateformes et les nouveaux appareils font leur apparition grâce à la large bande. Il va sans dire que le monde des télécommunications est de plus en plus soudé au monde de la radiodiffusion.
Vous connaissez la pyramide des besoins de Maslov. À partir du haut de la pyramide, vous avez le besoin de s’accomplir, ensuite le besoin d’estime, d’appartenance, de sécurité, et à la base les besoins psychologiques. Mais j’ajouterais qu’aujourd’hui – à la toute base – le besoin primaire pourrait bien être le WiFi. Toute blague à part, la connectivité est désormais au cœur de notre économie – et de notre culture aussi. Mais pour accomplir sa mission elle doit être disponible, fiable, sécuritaire et abordable.
Et c’est là qu’intervient le CRTC. Notre rôle consiste à mettre en place les conditions pour que les Canadiens aient accès à un système de communications de classe mondiale. Les entreprises doivent fournir un service de télécoms de base. Notre politique actuelle vise à ce que les Canadiens, partout au pays, jouissent au moins d’un accès Internet à faible vitesse. Mais il est évident que les besoins des Canadiens ont beaucoup changé.
C’est dans cette optique que nous avons lancé, tout récemment, un processus de consultation au cours duquel nous examinons les services de base dont les Canadiens ont besoin pour participer activement à l’économie numérique.
Nous entreprenons une revue en profondeur des services de télécommunications – y compris le rôle du CRTC de veiller à ce que les Canadiens aient accès à un système de communications de classe mondiale. Nous touchons à toutes les facettes de la question : De quelle vitesse de téléchargement et téléversement les consommateurs ont-ils besoins? De quels mécanismes financiers a-t-on besoin pour fournir des services de télécommunication modernes? Ou se situe la large bande? Doit-on la considérer service de base?
Ce sont des enjeux qui ont des incidences importantes sur votre secteur. Il s’agit de la connexion des foyers – et donc de votre clientèle. Je vous encourage à faire valoir vos perspectives et à vous prévaloir d’une des nombreuses opportunités pour présenter vos idées. Le processus est en cours maintenant et vous avez jusqu’au 30 juin pour fournir vos observations.
Une deuxième phase se déroulera à l’automne et nous y entamerons une consultation publique additionnelle sur les enjeux identifiés. Le CRTC tiendra également une audience publique au printemps 2016.
Conclusion
Dans toute cette conjoncture, il reste une idée centrale. Il existe un territoire immense dans lequel vous pouvez vous tailler une place avec des projets innovants et des concepts avant-gardistes. Mais pour y arriver, il faut faire tout un virage. Ce virage peut comporter des changements profonds – mais il est essentiel de l’entreprendre, non seulement pour rester d’actualité, mais aussi pour rester en affaires dans les années qui viennent. Le CRTC met en place les conditions et le climat pour vous permettre de vous affirmer dans ce nouvel environnement – voilà notre rôle parce que nous savons que vous avez le talent pour y arriver.
Cet état de fait est vrai pour tous les secteurs de notre économie. Je pense à l’industrie du bois qui doit se réinventer et aller bien au-delà des exportations du bois d’œuvre brut. Ou encore aux secteurs aéronautique et biomédicale, ou même l’industrie du taxi, qui se trouve devant des tendances mondiales qui menacent la gestion de l’offre. Le moment de faire des changements se situe au début de la courbe, et non à la fin. C’est là où nous nous situons en production télévisuelle. Le train quitte la gare et nous avons le choix de monter à bord ou de rester sur la plateforme, excusez le jeu de mots. Il s’agit d’un choix déterminant.
Vous avez les compétences et les aptitudes pour vous défendre sur toutes les scènes. Et si on dit souvent que le changement est aussi une opportunité, il faut aussi être prêt à la saisir. Je sais que c’est tout un virage à négocier. Mais il faut le faire. Et le moment de le faire, c’est maintenant.
Merci.
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