Les HMS Prince Regent, HMS Princess Charlotte et HMS St. Lawrence furent les plus puissants navires de guerre britanniques construits au Haut-Canada pendant la Guerre de 1812. Le HMS St. Lawrence, tout particulièrement, fut le plus imposant navire de guerre et le plus lourdement armé à n’avoir jamais navigué en eau douce. La seule apparition de ces navires sur les eaux du lac Ontario permit aux Britanniques de prendre le contrôle du lac sans qu’un seul coup de feu soit tiré.
La construction navale commence dès que les forces de la Marine royale britannique prennent le contrôle de la base navale de Kingston à l’hiver 1812-1813, et c’est le commodore James Lucas Yeo qui dirige les opérations à partir de mai 1813. La Marine se procure les matériaux disponibles et met à contribution les compétences et la main-d’œuvre nécessaires tant en Amérique du Nord britannique qu’en Grande-Bretagne afin de construire rapidement des navires adaptés aux conditions du lac. Entre 1813 et 1817, les chantiers navals de Kingston produisent au moins une dizaine de navires, dont les HMS Prince Regent, HMS Princess Charlotte et HMS St. Lawrence, tous mis à l’eau en 1814.
La stratégie du commodore Yeo repose sur le maintien de la supériorité navale, tant par le nombre de navires que la puissance de feu. On recrute des constructeurs de navires chevronnés à Québec, et des centaines de menuisiers et d’ouvriers travaillent d’arrache-pied à Kingston pour contrer la production de leurs homologues de Sackets Harbor, de l’autre côté du lac. Les poutres d’orme et de chêne sont achetées dans la région, alors que les canons et autres pièces d’équipement doivent traverser l’océan Atlantique avant d’être transportés par paquebot et par portage le long du fleuve Saint-Laurent. Les trois navires britanniques sont montés sur une coque en V prononcée pour les rendre plus rapides sur l’eau et munis de canons en nombre suffisant pour leur assurer une puissance de feu maximale. Les HMS Princess Charlotte et HMS Prince Regent, armés respectivement de 40 et 58 canons, sont mis en service en avril 1814. Le HMS St. Lawrence est également livré en septembre de la même année. Il est alors, avec ses 102 canons, le plus imposant navire de guerre à naviguer sur le lac, ce qui permet aux Britanniques de reprendre l’avantage.
Une fois la guerre terminée, la plupart des navires de l’escadron du lac Ontario n’ont plus leur raison d’être compte tenu des conditions de désarmement prévues dans l’Accord Rush-Bagot de 1817, et ces trois navires finissent par couler. Les épaves du HMS Prince Regent, du HMS Princess Charlotte et du HMS St. Lawrence, ainsi que la collection d’objets provenant de ces navires, témoignent de la présence de la flotte britannique à Kingston et nous permettent de mieux comprendre cette course aux armements entre Américains et Britanniques, ainsi que son rôle dans l’issue de la guerre.