Le 28 juillet 2015
Le 30 juillet 1974, vers 13 h 30, environ 130 cadets de l’Armée de la Compagnie « D » étaient rassemblés avec leurs instructeurs dans une des casernes de ce qui était alors le Camp des cadets de Valcartier pour y suivre un cours sur la sécurité des explosifs. Ce cours visait à apprendre aux cadets à déceler des engins explosifs et à en informer immédiatement la police ou toute autre personne en autorité s’ils découvraient des engins comme ceux dont on avait fait la démonstration pendant le cours. Plusieurs genres d’engins explosifs inertes (munitions factices) avaient alors été présentés par un des instructeurs de la Force régulière, qui les avaient fait circuler dans le groupe pour que les cadets les examinent et les manipulent. Cela comprenait des grenades de type M‑61 de couleur bleue; cette couleur montrant clairement qu’il s’agissait d’engins inertes.
Selon les divers comptes rendus recueillis auprès de témoins oculaires aux fins du rapport d’enquête, une grenade de type M-61 de couleur verte contenant une charge explosive active, circulait en même temps que les grenades bleues (inertes). Selon le rapport en question, plusieurs des cadets ont remarqué la différence de couleur, mais ils ont cru que c’était aussi un engin inerte. Vers 14 h 20, après avoir obtenu la permission de l’instructeur, un cadet a enlevé la goupille de la grenade verte, ce qui a provoqué une explosion. Six cadets, tous âgés de 13 à 15 ans, ont été tués, et 54 autres personnes ont été blessées.
Le rapport d’enquête de 1974 a indiqué qu’immédiatement après l’explosion, une inspection de la boîte utilisée pour transporter les engins explosifs inertes qui avaient été employés pendant la démonstration devant les cadets a révélé qu’il y avait un contenant de grenades M‑61 munies d’une charge explosive active (réelle). Ce contenant était vide et, selon le rapport, il était possible qu’une grenade en soit sortie pour tomber parmi les grenades inertes. Personne n’a pu déterminer clairement comment une grenade à charge explosive active (réelle) avait pu se retrouver dans la boîte de transport des engins explosifs inertes utilisés pour la démonstration.
Des accusations au pénal ont été portées contre l’instructeur de la Force régulière qui avait donné le cours sur la sécurité des explosifs aux cadets de la Compagnie « D ». Comparaissant devant un juge de la Cour des sessions de la Paix de Québec, en 1977, l’instructeur a été déclaré non coupable des accusations portées contre lui. En ce qui concerne d’autres accusations, les enquêteurs n’ont pas été en mesure, à l’époque, d’établir avec certitude comment la grenade active avait pu tomber dans une boîte qui portait clairement la marque indiquant que son contenu devait servir aux démonstrations. Faute de preuves concluantes, aucune autre accusation n’a été portée.
Au moment de l’incident, les personnes touchées directement ont reçu des soins immédiats. Cependant, les soins fournis immédiatement après l’incident et l’accès à un soutien continu à long terme pour les cadets (qui ne sont pas membres des Forces armées canadiennes) n’ont pas été considérables; comme des problèmes afférant à la santé mentale et d’autres difficultés plus permanentes se sont manifestés, les survivants et des défenseurs de leurs droits ont réclamé une enquête plus approfondie et un dédommagement de la part du ministère de la Défense nationale.
En mai 2014, le ministre de la Défense nationale a autorisé l’ombudsman pour le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes à mener une autre enquête sur l’incident. Le rapport d’enquête a été publié en juillet 2015, et le ministre de la Défense nationale a aussitôt ordonné à son ministère de prendre sans tarder des mesures pour donner suite aux recommandations de l’ombudsman et faire en sorte que les victimes reçoivent les soins et la reconnaissance qu’elles méritent.
Le Programme des cadets a beaucoup changé depuis cet accident tragique, notamment en ce qui concerne l’attention accordée à la protection des jeunes hommes et femmes confiés aux soins du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes : dans toutes les activités des cadets, la toute première priorité est de veiller à la sécurité et au bien-être des cadets.
L’incident demeure une tragédie nationale qui ne doit jamais se reproduire. C’est pourquoi le cours sur la sécurité des explosifs a été supprimé du Programme des cadets en 1975, et les cadets ne manipulent plus de grenades à charge active ou inerte pendant leur entraînement. Le risque inhérent à toutes les activités d’entraînement est évalué régulièrement. Immédiatement après tout accident survenant au cours de l’entraînement, une enquête approfondie a lieu, et les changements recommandés sont examinés et mis en œuvre pour que l’on remédie à toute lacune et que l’incident ne se reproduise plus par la suite.
Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes continuent à travailler avec diligence pour prévenir les tragédies de ce genre. Il existe maintenant un réseau beaucoup plus vaste de soutien et de ressources pour aider les cadets, leurs instructeurs et les familles en cas d’événements ou d’accidents traumatisants. Aujourd’hui, si un cadet est blessé, on déploie d’énormes efforts pour veiller à ce qu’il reçoive des soins médicaux immédiats et que sa famille et lui bénéficient de conseils et de renseignements sur les ressources en soins de longue durée auxquelles ils peuvent accéder, au besoin.
Depuis 1974, la population canadienne en est venue à mieux comprendre les effets psychologiques des événements traumatisants. Les jeunes, en particulier, ont besoin de compassion et de soutien pour faire face à la situation d’une façon qui favorise la poursuite de leur développement. Dans le Programme des cadets d’aujourd’hui, on accorde une attention spéciale au bien-être physique et mental des cadets, et, avec leur famille, ils reçoivent conseils et renseignements sur les ressources mises à leur disposition si jamais ils en ont besoin.
Les cadets participant à des activités autorisées ont droit, aux frais de l’État, à des soins médicaux et dentaires d’urgence et à des soins de suivi limités. Si d’autres soins de suivi leur sont nécessaires, le cadet et sa famille bénéficient de conseils et de renseignements sur les soins disponibles par l’intermédiaire de programmes d’assurance administrés par la Ligue navale et les Ligues des cadets de l’Armée et de l’Air du Canada, par les régimes de soins de santé provinciaux ou par des entités privées.
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Tous ceux et celles qui croient avoir été touchés par cet incident sont invités à communiquer avec le ministère de la Défense nationale en composant le 1-844-800-8566 ou en écrivant à 1974@forces.gc.ca.