Dorimène Desjardins (1858-1932)

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Dorimène Desjardins est considérée comme la cofondatrice des caisses à titre de collaboratrice d’Alphonse Desjardins, son époux qui, le 6 décembre 1900, fonda la première caisse populaire. Elle contribua grandement au succès de la première caisse, rencontrant les membres, tenant la compatibilité de la caisse et, de 1903 à 1906, en assumant même de manière officieuse la gérance. Elle devint veuve en 1920 et, en tant que dépositaire de la vision et de l’autorité morale de son mari, elle exerça son influence pour s’assurer que les caisses populaires évoluent dans la direction qu’avait mise de l’avant Alphonse Desjardins. De plus, Dorimène Desjardins incarne la contribution de nombreuses femmes qui ont participé à la mise sur pied ou au fonctionnement d’une coopérative ou d’une entreprise familiale, en plus d’avoir été un modèle d’engagement pour les femmes au sein des caisses populaires Desjardins.

Marie-Clara Dorimène Roy-Desjardins voit le jour le 17 septembre 1858, au sein d’une famille modeste et sans instruction. L’adversité amène ses parents à la confier, très jeune, à une parente vivant à Lévis. Grâce à sa tante et à son oncle, qui étaient sans enfants, Dorimène peut bénéficier de l’éducation habituellement réservée à une jeune fille issue d’un milieu aisé. Peu après la fin de ses études, elle rencontre et fréquente Alphonse Desjardins, un jeune journaliste qui réside à quelques rues de chez elle. Ils se marient en 1879, et de cette union naîtront 10 enfants, dont trois mourront en bas âge. De 1882 à 1884, le couple se fait construire une maison sur un terrain situé à Lévis. C’est dans cette demeure que débutent les opérations de la première caisse populaire, le 23 janvier 1901.

Dorimène Desjardins va jouer un rôle capital dans le succès de cette première caisse populaire, investissant temps et énergie pour lui permettre de prendre son élan. Celle-ci partage les idéaux de son époux et comme lui, elle est sensible au sort des gens exposés à la précarité financière et à ses écueils. Alphonse Desjardins travaille toutefois comme sténographe à la Chambre des communes à Ottawa et doit s’absenter six mois par année. Au cours de ces absences, Dorimène tient la comptabilité de la caisse et reçoit les membres, tout en gérant son foyer. De 1903 à 1906, elle va aussi avoir la responsabilité des opérations financières de la caisse, sans toutefois porter le titre officiel de gérante. Devenue veuve en 1920, elle s’impose comme la dépositaire de la vision de son mari, exerçant alors une autorité morale auprès des dirigeants des caisses.

Dorimène Desjardins décède le 14 juin 1932 à l’âge de 73 ans. Les caisses populaires lui organisent d’imposantes obsèques à Lévis. Cette grande dame, à qui on reconnaît force, intelligence, compétence et esprit d’entreprise, est louangée par l’Action catholique qui voit en elle « … l’une des femmes les plus au courant de la question économique considérée du point de vue social ». Ce journal souligne aussi le rôle crucial qu’elle a joué au sein des caisses populaires en affirmant que : « Sans elle, reconnaissons-le, les caisses populaires Desjardins n’existeraient probablement pas ».

Dorimène Desjardins rejoint donc son illustre époux Alphonse au nombre des personnages historiques nationaux. L’une des grandes figures du mouvement coopératif canadien, Alphonse Desjardins a été désigné personne d’importance historique nationale en 1971. Une plaque de bronze, située à la Cité Desjardins de Lévis, souligne sa contribution à l’histoire canadienne.

Les caisses populaires (Mouvement Desjardins), l’œuvre de ces deux grands personnages, occupent une place de choix dans l’histoire du mouvement coopératif canadien; elles ont été désignées événement historique national en 1984. Fondé en 1900, ce modèle coopératif constitue l’une des premières coopératives financières à voir le jour au Canada. Il s’impose rapidement comme une solution de rechange aux banques puisqu’il facilite l’accès à des services de crédit et d’épargne chez les cultivateurs, les petites entreprises et les salariés. Fortes de l’appui de l’Église catholique et des nationalistes québécois, les caisses populaires ont aussi profondément marqué l’orientation et l’esprit philosophiques des coopératives au Québec en plus d’avoir un impact notable sur le mouvement coopératif ailleurs au Canada, notamment en influençant le développement de lois provinciales sur les coopératives financières.

Avec le temps, les caisses populaires, qui se dotent d’institutions centrales et développent une vaste gamme de services financiers, constituent le Mouvement Desjardins, la toute première coopérative financière en importance au Québec et le plus grand groupe financier coopératif au Canada. Les caisses populaires ont également été exportées avec succès dans les communautés francophones du Canada et de la Nouvelle-Angleterre, où elles rayonnent encore de nos jours, en plus de servir de modèle pour la création de coopératives ailleurs dans le monde.  

 

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