Jour de l’émancipation — le 1er août

Le 24 mars 2021, la Chambre des communes a voté à l’unanimité pour que le 1er août soit officiellement désigné Jour de l’émancipation. Ce jour-là, en 1834, la Slavery Abolition Act de 1833 (Loi sur l’abolition de l’esclavage) est entrée en vigueur partout dans l’Empire britannique.

Les Canadiens ne savent pas toujours que les personnes noires et autochtones ont déjà été soumis à l’esclavage sur le territoire qui est aujourd’hui le Canada. Les personnes qui ont lutté contre l’esclavage ont joué un rôle essentiel dans la formation de notre société pour qu'elle soit aussi diversifiée qu'elle l'est aujourd'hui.

Voilà pourquoi, le 1er août de chaque année, les Canadiens sont invités à mener une réflexion, à se conscientiser et à s’engager dans la lutte continue contre le racisme et la discrimination à l’égard des communautés noires et des peuples autochtones.

Le Jour de l’émancipation met en valeur la force et la persévérance des communautés noires au Canada.

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L’esclavage au Canada

La traite transatlantique des esclaves a causé la mort de millions des personnes africaines et de leurs descendants. Ils sont nombreux à avoir perdu la vie dans la résistance, lors des longues distances parcourues jusqu’aux navires d’esclaves, ou encore à cause des mauvais traitements et de la malnutrition pendant la traversée de l’Atlantique. On estime que plus de deux millions de personnes africaines sont morts durant ce déplacement forcé. Au bout du compte, la plupart des 12,5 millions d’africains en esclavage ont été transportés vers l’Amérique latine et les Caraïbes, alors que 6 % ont été amenés en Amérique du Nord.

Une fois débarqués en Amérique du Nord, les esclaves africains et leurs descendants étaient forcés à travailler dans les champs, d’effectuer des travaux manuels et de travailler dans des maisons comme domestiques. Contraints de changer leurs noms, de renoncer à leur foi, de renier leur culture et de cesser de parler leur langue maternelle, les personnes en esclavage ont été soumises à la torture et aux mauvais traitements les plus violents, tous imposés par la loi.

Dans son ouvrage Deux siècles d’esclavage au Québec, Marcel Trudel, historien québécois, estime qu’entre 1671 et 1831 près de 4 200 personnes en esclavage se trouvaient dans la région du Canada appelée la Nouvelle-France, et plus tard, le Haut-Canada et le Bas-Canada. Au début, environ deux tiers de ces personnes en esclavage étaient des personnes Autochtones, et un tiers étaient d’ascendance africaine.

Après la colonisation du Haut-Canada par les Britanniques, le nombre de personnes africaines et leurs descendants qui étaient en esclavage a considérablement augmenté, car on estime à 3 000 le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants d’ascendance africaine réduit à l’esclavage qui ont été transportés en Amérique du Nord britannique. Ces esclaves ont fini par être plus nombreux que les autochtones en esclavage. De nombreuses personnes noires en esclavage ont résisté en fuyant le Haut-Canada pour se réfugier dans un territoire appelé le Territoire du Nord-Ouest, lequel regroupait le Michigan et l’Ohio, ainsi qu’au Vermont et dans l’État de New York, où l’esclavage avait été interdit à la fin du XVIIIe siècle

Les Loyalistes noirs et les Marrons

Entre 1783 et 1785, plus de 3 000 personnes noires sont arrivés en Nouvelle-Écosse à la suite de la Révolution américaine et de la migration des Loyalistes. Ils avaient prêté le serment d’allégeance à la Couronne britannique et avaient décidé de fuir l’Amérique en révolution. Ces personnes forment le groupe le plus nombreux de personnes nées en Afrique et d’ascendance africaine à s’être rendu en Nouvelle-Écosse dans l’histoire de cette province. Malgré les promesses de prospérité, bon nombre d’entre elles se sont vu refuser l’accès à des terres cultivables. En outre, le racisme, les pénuries de nourriture et de vêtements et d’autres conditions éprouvantes, comme la famine et l’exploitation, les ont accablés. Plusieurs centaines de Loyalistes noirs – libres et en esclavage – et d’ascendance africaine en esclavage ont par ailleurs été conduits dans le Bas-Canada.

En 1796, près de 600 personnes, connues sous le nom de Marrons, ont été déportées de la Jamaïque vers la Nouvelle-Écosse, après avoir mené une rébellion contre le gouvernement colonial. Bon nombre d’entre eux ont construit la troisième fortification de la Citadelle d’Halifax et l’Hôtel du gouvernement. D’autres ont été intégrés à la milice locale pour protéger la Nouvelle-Écosse contre une invasion française redoutée. Après avoir déposé une pétition auprès des autorités coloniales pour quitter le territoire, 551 Marrons ont quitté Halifax pour Freetown, en Sierra Leone, en Afrique occidentale, où ils sont demeurés.

Le chemin de fer clandestin

En 1793, l’assemblée législative du Haut-Canada a promulgué une loi qui accordait l’abolition de l’esclavage progressive. En vertu de cette loi, toute personne en esclavage arrivant dans la province était automatiquement déclarée libre. De ce fait, jusqu’à la fin de la Guerre civile américaine en 1865, plus de 30 000 afro-américains en esclavage sont parvenus jusqu’au Canada grâce au chemin de fer clandestin. Ils se sont principalement établis dans le Sud de l’Ontario, mais d’autres se sont également installés au Québec et en Nouvelle-Écosse. D’autres migrations de personnes noires venant des États-Unis ont eu lieu durant la Guerre de 1812, lorsque plus de 2 000 réfugiés afro-américains sont arrivés en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.

Esclavage des Peuples Autochtones

L’asservissement des Peuples Autochtones est un chapitre sombre de l’histoire du Canada. Les explorateurs européens des XVe et XVIe siècles étaient réputés pour avoir enlevé des Peuples Autochtones et les avoir ramenés en Europe pour les soumettre à l’esclavage ou les exhiber. Du milieu du XVIIe siècle à 1834, on comptait 4 185 personnes réduites à l’esclavage. De ce nombre, 2 683 étaient des Peuples Autochtones. Le nombre d’autochtones en esclavage transportés au Canada français a seulement commencé à diminuer après 1750.

Les Peuples Autochtones n’avaient pas de droits fondamentaux et étaient traités comme des biens matériels, étant donné qu’ils étaient continuellement achetés et vendus. Le but premier de l’asservissement des Peuples Autochtones visait les travaux manuels et domestiques. La majorité des personnes réduites à l’esclavage étaient de jeunes femmes, dont l’âge moyen était de 14 ans. On rapporte que 57 % des Autochtones réduits à l’esclavage étaient des filles ou de jeunes femmes.

L’émancipation au Canada

La Slavery Abolition Act de 1833 a mis fin à l’esclavage dans l’Empire britannique le 1er août 1834 ouvrant la voie à la libération de plus de 800 000 esclaves africains et leurs descendants dans des régions des Caraïbes, d’Afrique, d’Amérique du Sud ainsi que du Canada.

Toutefois, pour la plupart des personnes en esclavage en Amérique du Nord britannique, cette loi n’a entraîné qu’une libération partielle : seuls les enfants de moins de 6 ans étaient libérés. Les autres personnes en esclavage devaient demeurer au service de leurs anciens propriétaires comme apprentis pendant 4 à 6 ans. Cette loi confirmait cependant que le Canada était un territoire libre pour les Afro-Américains réduits à l’esclavage. Ainsi, des milliers d’Afro-Américains sont arrivés sur le sol canadien entre 1834 et le début des années 1860.

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