Notes d'allocution pour l'honorable Hunter Tootoo, C.P., député Ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne à l'Assemblée des Premières Nations : Assemblée extraordinaire des Chefs

Discours

Gatineau (Québec)

LE DISCOURS PRONONCÉ FAIT FOI

Permettez-moi d’abord de prendre acte du fait que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel de la Nation algonquine.

Je m’adresse à vous les aînés, le Chef national Bellegarde, les membres de l’exécutif de l’APN et tous les Chefs présents à l’assemblée et vous remercie de m’avoir invité aujourd’hui.

Depuis toujours, les pêches ont été le pivot de la vie indigène. Elles nous ont nourris. Elles ont coloré nos légendes qui éclairent notre vie, et elles doivent continuer à nous aider à l’avenir.

Par conséquent, je suis plus que fier d’être le tout premier Autochtone à être ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne. 

Cependant en tant qu’Inuit, je me permets de vous rappeler et à tous les Canadiens, que ce pays a une autre particularité qui doit devenir centrale à notre façon de penser, c’est le Nord. 

Nous possédons la ligne de côte la plus longue au monde et elle est la plus longue dans le Nord.  D’une génération à l’autre et au fil du temps, cette grande étendue arctique deviendra plus vitale à notre économie, à notre environnement et à nous-mêmes.

Aujourd’hui, je vais souligner quelques aspects de l’approche de notre gouvernement vis-à-vis des pêches. Je vais mentionner certains objectifs et la manière dont nous prévoyons les atteindre pour les pêches en général et les vôtres en particulier.

Pour nous, ici réunis aujourd’hui, la pêche fait partie intégrante des relations qu’entretient le gouvernement avec les peuples autochtones. Ce contexte est en pleine évolution. 

En général, le Premier ministre souhaite que ses ministres et ses représentants favorisent une nouvelle et meilleure relation entre les Nations, qui soit basée sur la confiance. Nous devons à la fois respecter la tradition autochtone et libérer le potentiel autochtone. Comme le Chef national Bellegarde l’a justement souligné, le pays a besoin de combler de nombreux retards.

Pour les pêches en particulier, tout le monde s’accordera à dire que nous avons besoin à la fois de promouvoir la conservation et des avantages économiques appropriés. Nous devons respecter les nombreux stocks et espèces tout en respectant leurs utilisateurs et en travaillant avec eux.

À Pêches et Océans, nous devons nous évertuer, avec vous, à gérer les pêches en pleine conformité avec la protection constitutionnelle des droits des Autochtones et des droits issus de traités. Nous devons également aligner ces droits avec les intérêts des autres pêcheurs.

Et, je devrais même ajouter, avec les intérêts de l’environnement.  Nous sommes tous sur un même pied d’égalité face à la Terre. Et vous, plus que beaucoup d’autres dans le monde actuel, comprenez la véritable dimension de notre responsabilité.

Vous comprenez que notre relation avec la nature est de l’ordre du sacré. Nos aînés nous ont appris à chasser et à pêcher de façon durable et en respectant un certain équilibre.  

En tant que père de quatre enfants, je suis convaincu que les générations à venir peuvent bénéficier de l’éthique sur l’environnement inculquée par nos peuples. Mais nous devons inculquer cette éthique de manière plus globale encore.

Les Nunavois ont déjà constaté les effets du changement climatique dans l’Arctique. Le changement climatique global menace notre monde dans son entier.

Le Premier ministre a clairement exprimé que la protection de l’environnement et le changement climatique demeurent des priorités absolues. Il a déjà montré un leadership en la matière et le Canada a déjà affirmé ses engagements dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.

J’ai la ferme intention de jouer un rôle de leadership dans ce domaine puisque cela relève de mon portefeuille. Je travaillerai avec la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, l’honorable Catherine McKenna, et la ministre des Sciences, l’honorable Kirsty Duncan, pour étudier les répercussions du changement climatique sur les écosystèmes marins.

L’analyse est cruciale. Je m’en remettrai exclusivement aux éléments de preuve – en prenant le changement climatique en considération – lorsque je prendrai des décisions qui toucheront les stocks de poissons et la gestion des écosystèmes.

Notre gouvernement compte promouvoir la science. Tout en respectant notre savoir ancestral, nous avons besoin de rassembler tous les éléments de preuve scientifiques possibles et de toutes les sources.

Nous avons besoin de ces connaissances pour assurer la protection des stocks de poissons et la santé des océans. Nous en dépendons pour contrôler les contaminants et la pollution. Nous en dépendons pour appuyer une aquaculture responsable et durable – une aquaculture qui respecte la pêche sauvage et son environnement – sur toutes les côtes du Canada. 

Pour commencer, je compte restaurer le financement important des sciences qui a été précédemment coupé.  Et, ensuite, je chercherai comment, nous tous et en travaillant ensemble, pouvons accroître notre compréhension des enjeux environnementaux.

Je me suis également engagé à augmenter le nombre d’aires marines protégées au Canada pour l’élever à 5 pour cent d’ici 2017 et à 10 pour cent d’ici 2020. Nous aurons besoin de compter sur beaucoup d’entre vous comme partenaires clés pour atteindre cet objectif, car nous ne pourrons y parvenir sans votre appui et votre participation.

Et, je m’engage à travailler de bonne foi lorsque viendra le moment de réviser la Loi sur les pêches. Le Premier ministre, dans sa lettre de mandat, m’a demandé de revoir les modifications apportées par le précédent gouvernement, de réinstaurer les protections éliminées et intégrer des mécanismes de protection modernes.

Permettez-moi de dire deux choses sur cette révision : Premièrement, nous avons l’intention d’entreprendre une large consultation. Tout en prêtant une attention bien particulière à l’opinion des peuples autochtones, nous devrons également nous entretenir avec les provinces et les territoires, l’industrie, et les groupes de conservation et environnementaux. Les Canadiens qui sont les premiers touchés auront leur mot à dire.

Deuxièmement, la Loi sur les pêches comporte une exigence encore plus large, celle qui est liée à l’évaluation environnementale en général. Je travaillerai donc avec mes collègues du Cabinet pour revoir les processus d’évaluation mis en œuvre au Canada, et m’assurer qu’ils fonctionnent bien.

Le Premier ministre Trudeau met fréquemment l’accent sur le fait que nous ne pouvons prétendre avoir une économie forte sans un environnement sain. Nous devons apprendre des échecs précédents et trouver les meilleures manières de réussir. Un processus d’évaluation environnementale solide ne peut que bénéficier à notre économie, notre environnement et notre avenir.

Notre gouvernement a l’intention de soumettre tout projet de développement majeur à de rigoureuses évaluations. Elles devront, en outre, respecter l’obligation de consulter les peuples autochtones. Elles devront également soutenir les principes exprimés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Lorsqu’on parle de respect des accords, permettez-moi aussi de mentionner le processus des traités au Canada. Ma collègue, la ministre Bennett, des Affaires autochtones et du Nord, mène les négociations au nom du gouvernement. Cependant, les composantes relatives aux pêches sont fondamentales dans le processus, et je suis pleinement engagé à les consolider.

Cela fait bien longtemps que nous sommes bien placés pour savoir que ces négociations peuvent être complexes et conduire à des frustrations. Mais, nous savons également que le Canada a su résoudre d’autres problèmes qui, au départ, pouvaient sembler tout aussi complexes et tout aussi frustrants. Je suis prêt à affronter cette situation en ce qui concerne les affaires des Autochtones, y compris les pêches.

Je suis Inuit et je suis avec vous. Sur ce, la charge de mon portefeuille ministériel reste au service de tous les Canadiens. J’ai un devoir envers quiconque dépend de nos pêches, de nos eaux et de nos milieux marins pour en tirer sa subsistance, pour perpétrer sa culture ou pour son simple plaisir.

Je m’attends à ce que l’Assemblée des Premières Nations me tienne pleinement responsable de tous les dossiers que j’ai mentionnés.  Mais, j’attends de vous également, et des autres intervenants, que vous sachiez allier les croyances anciennes avec les nouvelles idées. J’attends de vous, et des autres, que vous trouviez de nouvelles manières productives, prospères et par-dessus tout durables d’utiliser les ressources que le Créateur nous a confiées.

Je ne voudrais pas citer le Premier ministre trop souvent mais je tiens tout de même à reprendre cette phrase : « Au Canada, mieux est toujours possible ».

Faire « mieux » est possible dans nos pêches, mais à force de nombreuses consultations, d’un dévouement particulièrement important, et de beaucoup de travail en partenariat.

J’ai déjà mentionné le rôle central des pêches dans la vie des Autochtones. J’ai également mentionné la centralité croissante du Nord dans la vie des Canadiens. Permettez-moi maintenant de mentionner un autre besoin central, celui d’une consultation, d’une coopération et d’un partenariat adéquats, pour le pur bénéfice de notre avenir.

Les frictions dans le domaine des pêches ne profitent jamais à personne. Les progrès mutuels nécessitent toujours des respects mutuels. 

J’ai soulevé quelques-uns des objectifs du gouvernement, qui, je l’espère, s’avèrent également vos objectifs. Pour les atteindre, on aura besoin de vous tous. Je suis heureux d’être ici aujourd’hui et de commencer à travailler avec vous.

J’ai un dernier commentaire et ça concerne la Garde côtière canadienne. Pour s’assurer de la sécurité sur l’eau, elle dépend d’un solide réseau de bénévoles et sachez que beaucoup d’entre eux sont des Autochtones.

Pour ne citer qu’un exemple, lorsque le Leviathan II s’est échoué au large de Tofino vers la fin du mois d’octobre, des pêcheurs de la Première Nation Ahousaht faisaient partie des premiers à intervenir. Beaucoup d’autres peuples autochtones habitant les côtes ont, par le passé, prêté main forte aux efforts de sauvetage et de  nettoyage en cas de pollution et veulent apporter encore plus leur contribution dans le futur.

Tous les Canadiens doivent en être reconnaissants. Et je souhaite, tout personnellement, vous remercier pour chaque contribution passée que vous avez apportée en vue de protéger la santé de nos pêches et de nos voies navigables. Je suis ravi de pouvoir coopérer avec vous tous dans le futur et je tiens à vous remercier de nouveau très sincèrement de m’avoir invité en ce lieu aujourd’hui. Merci.  

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