Lorsque les deux fils de Lisa Ali Learning ont été atteints de la maladie de Lyme, il y a trois ans, à Mahone Bay, en Nouvelle-Écosse, celle-ci est passée à l’action. Une fois que les garçons de Lisa ont été guéris, elle voulait s’assurer que ses enfants et leur chien pourraient continuer à passer du temps à l’extérieur sans craindre les tiques. La solution de Lisa a donné lieu à la création d’AtlanTick Repellent Inc., et son travail de sensibilisation à la maladie de Lyme a été reconnu à l’échelle du pays. Elle a notamment remporté un prix dans la nouvelle catégorie Entrepreneure prometteuse lors du 27e gala annuel de remise des Prix canadiens de l’entrepreneuriat féminin RBC présentés par Femmes d’influence. Mais selon Lisa, il y a eu un prix à payer pour cette reconnaissance.
Pouvez-vous imaginer vos jeunes enfants souffrant, parfois au point de ne pas pouvoir marcher? Lisa n’a aucune difficulté à le faire.
« Je suis leur mère. Je me sentais impuissante face à leur souffrance, et j’avais peur, parce que pendant une longue période, personne ne savait quel était le problème. »
En insistant pour que ses très jeunes garçons passent le test de dépistage de la maladie de Lyme, huit mois après le début de leurs symptômes, ils ont finalement reçu un diagnostic d’arthrite de Lyme. Aucun test n’avait été effectué plus tôt parce que le taux d’exactitude des tests de dépistage de la maladie de Lyme à un stade précoce n’est que d’environ 50 p100. Malheureusement, un pourcentage élevé de tests inexacts à un stade précoce de la maladie est commun pour les maladies infectieuses. Comme dans beaucoup d’infections, dont la varicelle et le VIH, il faut un certain temps au corps pour produire assez d’anticorps pour que le résultat du test soit positif. Il peut dont être difficile de détecter la maladie de Lyme dès le début, ce qui entraîne souvent un diagnostic erroné.
« C’est effrayant de penser qu’il pourrait y avoir des personnes atteintes de la maladie de Lyme au Canada, mais qu’on écarte cette possibilité parce qu’on leur a dit que leur test était négatif. C’est une expérience qui peut être vraiment déroutante. Quand mes fils avaient l’arthrite de Lyme, j’ai entendu beaucoup d’histoires d’enfants dont le test était négatif et qui ont reçu un diagnostic d’arthrite juvénile ou de polyarthrite rhumatoïde avec problèmes émotionnels, ou encore de TDAH, affirme Lisa. J’ai entendu parler de personnes plus âgées qui ont eu un diagnostic de maladie d’Alzheimer précoce. Et quand je dis plus âgées, je veux dire des jeunes dans la vingtaine. »
Avec l’augmentation de la population de tiques à pattes noires qui découle des changements climatiques, il était évident qu’il fallait un moyen de prévention naturel. Lisa a réussi à trouver une solution efficace et naturelle : un produit sûr pour les enfants et les animaux de compagnie qui pourraient être en contact avec les tiques.
« Après avoir vu ce que mes enfants avaient traversé, je ne voulais pas leur mettre de DEET, car il s’agit d’un poison qui est absorbé par la peau, et je ne voulais pas prendre d’autre risque pour leur santé, poursuit Lisa. Je voulais être certaine d’avoir quelque chose qui fonctionne, parce que je ne voulais prendre aucun risque, mais j’ai vite appris qu’il n’y avait pas de répulsif contre les tiques entièrement naturel homologué sur le marché canadien. »
Par conséquent, Lisa s’est mise à expérimenter avec des huiles essentielles naturelles qui semblaient empêcher les petites bêtes de s’attacher. Elle a ensuite apporté certains produits au département de biologie de l’Université Acadia pour les mettre à l’essai et les améliorer.
« Je voulais un produit appuyé par la science, avec des données précises, des études contrôlées et des essais sérieux. Comme je n’arrivais pas à trouver quelqu’un qui faisait ça, j’ai décidé que si je voulais que ça se fasse, j’allais le faire moi-même. »
C’est alors que Lisa a rencontré Mme Nicoletta Faraone, de l’Université Acadia, qui en plus d’avoir un doctorat en biologie, avait de l’expérience dans le domaine des huiles essentielles.
« Il semble que les planètes aient été alignées pour permettre notre rencontre. Nous étions toutes les deux passionnées par le projet, et bien décidées à mettre quelque chose sur le marché afin d’offrir aux Canadiens une solution à ce problème qui serait fiable, efficace et éprouvée. »
Grâce à l’expertise de Mme Faraone, le duo a pu décomposer le produit de Lisa et déterminer exactement quelles odeurs n’avaient pas d’effet sur les tiques.
« Nous avons utilisé des électrodes pour mesurer la réactivité des tiques à différentes odeurs, puis nous avons conçu un produit en fonction de ces résultats. »
Lisa avait géré et possédé plusieurs petites entreprises au cours des 20 années précédentes. Ses travaux avec Mme Faraone ont donc fait vibrer sa fibre entrepreneuriale, et ont conduit à la création d’AtlanTick Repellent Inc. et de son produit entièrement naturel qui a une efficacité de près de 98 p. 100.
À l’heure actuelle, la compagnie offre un vaporisateur pour l’extérieur sûr et naturel ainsi qu’une collection de produits, dont des tire-tiques, des accessoires et des ressources pour protéger les personnes et les animaux de compagnie contre les tiques. À l’heure actuelle, l’entreprise poursuit les démarches en vue de faire homologuer son pesticide par Santé Canada, qui exige un pouvoir répulsif d’environ 95 p. 100.[1]
« La première étape du processus de demande d’homologation de notre produit auprès de Santé Canada est celle des essais toxicologiques, qui peuvent coûter très cher et doivent malheureusement être faits aux États-Unis. C’est un processus fastidieux et coûteux, que nous ne pourrons nous permettre qu’en vendant notre vaporisateur actuel à la citronnelle et nos autres produits de protection contre les tiques. Donc pour le moment, nous continuons à réinvestir jusqu’à ce que ces tests soient terminés. »
« Comme être humain, nous avons tendance à nous dire “ Ça ne m’arrivera pas “. En raison de cette attitude naturelle, il est relativement difficile de passer le message à des gens qui n’ont pas été touchés directement ou indirectement. Notre objectif le plus important, à part la vente des vaporisateurs et autres produits, consiste à faire connaître les risques aux gens sans susciter une panique injustifiée. »
L’histoire de Lisa est le cas classique d’une entrepreneure qui voit une occasion de faire quelque chose de bon au cours d’une période difficile. Lorsque nous lui avons demandé quel conseil elle pourrait donner à des personnes qui se lancent en affaires, voici ce qu’elle a répondu :
« Faites quelque chose que vous aimez profondément. Ainsi, peu importe ce qui peut arriver ou vous décourager, vous pourrez persévérer parce que vous aurez la conviction que les résultats seront encore plus importants. Peu importe ce que c’est – ce qui est important pour vous ou ce qui vous passionne – trouvez vous-même des façons que ça se réalise, et n’abandonnez pas avant d’y arriver. Ne vous attendez pas à ne pas connaître d’échecs ou à ne pas faire d’erreurs, car ce sont les moments où on apprend le plus. »
Quant à ses fils Darian et Lucas, des tests récents ont montré qu’ils sont tous les deux débarrassés du pathogène.
Pour appuyer la jeune entreprise et lui permettre d’accroître la production de ses produits répulsifs naturels contre les tiques, le gouvernement du Canada a accordé à AtlanTick Repellent Products un montant pouvant atteindre 100 000 $, par l’entremise de l’APECA et de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat (SFE). Grâce à cette aide financière, l’entreprise peut saisir des occasions d’affaires au Canada et sur le marché mondial, alors que la population de tiques continue d’augmenter à l’échelle mondiale, de même que le nombre de cas signalés de la maladie de Lyme et d’autres maladies transmises par les tiques. L’entreprise a récemment embauché deux courtiers en vente afin d’élargir ses marchés potentiels : elle commence par viser l’ensemble du Canada pour 2020.
Pour en savoir plus sur les programmes et services offerts aux entreprises du Canada atlantique, composez le 1‑800‑561‑7862 ou rendez‑vous à www.canada.ca/apeca.
[1] Santé Canada : Lignes directrices sur la valeur – Nouveaux insectifuges personnels et modifications des étiquettes https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-produits-consommation/rapports-publications/pesticides-lutte-antiparasitaire/politiques-lignes-directrices/valeur-nouveaux-insectifuges-personnels-modifications-etiquettes.html