SmartICE

« Essentielle à la vie dans le Nord, la glace relie les collectivités comme une autoroute et permet à la population de se déplacer sur le territoire ainsi que de chasser pour se nourrir. Les gens craignent de plus en plus de circuler sur la glace en raison des conditions moins prévisibles et plus dangereuses, ce qui a une incidence sur les moyens de subsistance et la santé des Autochtones. »

- Carolann Harding, directrice générale de SmartICE

Éviter la glace mince

De manière générale, nous savons tous que le réchauffement climatique est le plus grand défi de la région de l’Arctique. Mais quelles sont les conséquences concrètes pour les collectivités locales? Pour les habitants du nord du Canada, les défis comprennent le danger que représente la fonte des glaces alors qu’ils effectuent leurs activités quotidiennes. Toutefois, un organisme novateur à but non lucratif du Canada atlantique, SmartICE Sea Ice Monitoring & Information Inc., s’attaque de front à ce problème tout en outillant les collectivités autochtones où il exerce ses activités.

« Essentielle à la vie dans le Nord, la glace relie les collectivités comme une autoroute et permet à la population de se déplacer sur le territoire ainsi que de chasser pour se nourrir, explique Carolann Harding, directrice générale de SmartICE. Les gens craignent de plus en plus de circuler sur la glace en raison des conditions moins prévisibles et plus dangereuses, ce qui a une incidence sur les moyens de subsistance et la santé des Autochtones. »

Fondé en 2017 à St. John’s et à Nain, à Terre-Neuve-et-Labrador, l’organisme SmartICE a conçu deux outils de surveillance environnementale à distance pour évaluer l’épaisseur de la glace : le SmartBUOY et le SmartQAMUTIK. 

Le SmartBUOY est un capteur stationnaire qui, lorsqu’il est inséré dans la glace, enregistre diverses données, comme la température de l’air, de la neige, de la glace et de l’eau. Le SmartQAMUTIK est un capteur tiré par motoneige pour mesurer l’épaisseur de la glace et de la neige.

Les données qui sont recueillies presque en temps réel sont combinées aux observations des collectivités locales, par exemple l’emplacement de fissures ou de trous de phoques dans la glace ainsi qu’aux connaissances autochtones et traditionnelles transmises de génération en génération sur la façon d’évaluer et de tester l’état de la glace. Mis ensemble, ces renseignements sont utilisés pour créer des cartes de risques liés aux déplacements sur la glace. En plus d’être publiées en ligne et sur l’application mobile SIKU, ces cartes sont diffusées sur les réseaux sociaux et présentées par la presse parlée à plus de 20 collectivités autochtones canadiennes où opère SmartICE. 

« Nos données permettent de prendre des décisions plus éclairées en ce qui concerne les déplacements sur la glace et les activités économiques des collectivités, comme celles exercées par les pourvoiries et les pêcheries, explique Mme Harding. En enrichissant le savoir autochtone et local et en soutenant l’utilisation traditionnelle de la glace, SmartICE appuie la culture locale, l’apprentissage intergénérationnel et le bien-être des collectivités. »

Le modèle d’affaires de l’entreprise à vocation sociale vise à augmenter les possibilités économiques et à assurer le développement social, tout en préservant et en respectant les cultures locales. SmartICE a remporté de nombreux prix reconnaissant l’utilité de sa technologie pour les collectivités arctiques du Canada : le prix Momentum for Climate Change Solutions des Nations Unies en 2017, le Prix du Gouverneur général en 2019 et le prix Frederik Paulsen Arctic Academic Action Award en 2021 pour « une initiative scientifique orientée vers l’action qui peut inverser concrètement les effets dramatiques du changement climatique ». Mme Harding a elle-même été finaliste pour le Prix de l’évolution sociale – influence nationale dans le cadre des Prix canadiens de l’entrepreneuriat féminin RBC 2021.

« Le choix d’un modèle d’entreprise sociale est conforme aux valeurs sociétales inuites, telles que la protection de l’environnement et de la collectivité, ainsi que l’innovation et l’ingéniosité, explique Mme Harding. Il s’agit également de maximiser l’impact social et d’améliorer les perspectives de formation et d’emploi pour les jeunes Inuits. »

SmartICE a notamment généré des retombées positives pour les jeunes Autochtones, grâce à la création d’un programme de préparation à l’emploi et de développement technologique à Nain, dans la région de Nunatsiavut, à Terre-Neuve-et-Labrador. Établi en 2019, le programme permet aux jeunes Inuits d’acquérir les compétences nécessaires pour construire les dispositifs de surveillance de haute technologie de SmartICE. SmartICE embauche ensuite les diplômés du programme mené par les jeunes pour travailler dans son usine de production. Ce programme contribue à réduire les obstacles à l’éducation et à l’emploi auxquels se heurtent les jeunes Inuits.

« Le soutien au perfectionnement des compétences fourni par SmartICE favorise l’employabilité, ajoute Mme Harding. Les Inuits formés à l’utilisation de notre technologie sur glace acquièrent des compétences techniques largement transférables. L’embauche d’opérateurs inuits est essentielle pour que les membres de la collectivité aient confiance dans les données de SmartICE, sachant qu’elles ont été produites en combinant les connaissances autochtones et locales, les observations locales et la technologie conçue dans l’Inuit Nunangat. »

SmartICE s’est également engagée à favoriser la collaboration avec les Autochtones en milieu de travail. Afin d’accroître la diversité et l’inclusion, SmartICE a restructuré son conseil d’administration pour y inclure 50 % d’Autochtones, 40 % de femmes et 50 % de représentants du Nord. En tant qu’entreprise sociale, la réussite de SmartICE ne se mesure pas à l’aune du profit, mais à celle des personnes et des collectivités avec lesquelles elle collabore – ce dont Mme Harding est fière en tant que dirigeante de l’entreprise.

« Il est important que SmartICE réponde aux besoins des collectivités, déclare Mme Harding. Ce sont elles qui nous font part de leurs besoins par l’intermédiaire de comités de gestion communautaire, de conseils communautaires ou de consultations avec les aînés, les chasseurs et les trappeurs, pour n’en citer que quelques-uns. Tout profit généré par l’entreprise sociale est consacré à la création de retombées sociales visant à aider les collectivités et les personnes qui en sont membres. C’est là l’objectif d’une entreprise sociale. » 

Pour les habitants du Nord canadien, le succès se mesure également chaque jour où la technologie est combinée aux savoirs autochtones et locaux pour permettre aux membres de la collectivité de naviguer en toute sécurité sur les autoroutes de glace.

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