La Première nation Abegweit
Mais le chef Gould et son Conseil travaillent à créer de nouvelles réalités. La construction récente d’un centre commercial polyvalent de 6 500 pieds carrés à Scotchfort est l’une des façons dont ils cherchent à bâtir la stabilité économique et la durabilité dont leur collectivité a tant besoin.
Conformément au plan communautaire global de la Première nation Abegweit de 2018, le bâtiment abritera plusieurs entreprises appartenant à la bande ainsi qu’un marché, une cuisine commerciale et un espace événementiel. Il offrira également une expérience touristique authentique, en partageant l’histoire et la culture de la Première nation Abegweit par le biais de la narration et de l’art.
« La Première nation Abegweit se trouve sur la Route 2, une artère principale du réseau routier de l’Île-du-Prince-Édouard », fait remarquer le chef Gould. « Plus de 5 000 véhicules y passent chaque jour, et durant la haute saison touristique, ce chiffre passe à 12 000. La nouvelle infrastructure est le premier aspect de l’entrée de la Première nation Abegweit sur le marché du tourisme. Elle encouragera la croissance des entreprises, proposera des activités touristiques et mettra en valeur les talents de nos artisans locaux ».
Jessica Francis, 27 ans, écrivaine et artisane locale qui travaille dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie de la Première nation Abegweit depuis plus de dix ans, partage cet avis. « Je suis ravie de voir tout le potentiel que recèle ce bâtiment pour rassembler non seulement notre collectivité, mais aussi la communauté environnante. L’arrivée de la Première nation Abegweit dans le secteur du tourisme de l’Île-du-Prince-Édouard est synonyme de grandes choses. Des possibilités d’emploi, de la publicité pour nos artisans et, plus important encore, une occasion pour notre peuple d’apprendre à connaître notre culture ».

Chief Roderick Gould Jr.
Le projet de 3,7 millions de dollars devrait créer 24 emplois pour la Première nation Abegweit au cours des cinq prochaines années. Cela aidera la collectivité, dont les principales sources d’emploi sont traditionnellement la pêche et l’agriculture, à surmonter ses problèmes d’emploi et à créer une culture d’entrepreneuriat, en particulier chez les jeunes, dont beaucoup ont été embauchés dans l’équipe de construction.
« La construction du bâtiment a apporté de l’espoir et de l’enthousiasme au sein de la collectivité », déclare le chef Gould. « Cela a un effet positif sur nos jeunes, qui voient maintenant des emplois dans la collectivité qu’ils pourraient vouloir faire. Même au cours de la phase de construction, nos jeunes ont pu voir ce qui était possible ».
En outre, un grand nombre des artisans qui devraient présenter et vendre leur art sont des membres plus jeunes de la collectivité Abegweit. Riley James Bernard, 29 ans, le partenaire de Jessica Francis, explique les ramifications plus profondes du partage de son travail et de sa voix en tant qu’artiste Abegweit.
« Pour moi, les œuvres d’art sont un moyen essentiel de s’exprimer, de transmettre des valeurs et des leçons. De nombreuses personnes sont perdues parce qu’elles n’ont pas découvert de moyen de s’exprimer ou de se comprendre. En dotant notre communauté d’un tel bâtiment, nous apprenons aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls et que leur voix compte. Nous disposerons littéralement d’une plateforme qui donnera à notre art et à notre âme la chance de voyager dans le monde entier ».
Le bâtiment sera également utilisé pour accueillir les événements publics de la bande, comme la Journée de la vérité et de la réconciliation. Le chef souhaite que cela permette aux habitants de l’Île-du-Prince-Édouard d’en apprendre davantage sur la Première nation Abegweit et sur d’autres cultures autochtones.
« Parvenir à la réconciliation et apprendre la vérité commence par chacun d’entre nous », ajoute le chef Gould. « Ce bâtiment dotera la collectivité d’un espace pour partager notre vérité. Nous utiliserons cet espace pour faire part de notre histoire, notamment concernant les pensionnats, la rafle des années 60 et d’autres politiques canadiennes destinées à éradiquer notre peuple ».
Ce projet est également une incitation plus immédiate pour la bande. Elle permettra à la Première nation Abegweit de se rapprocher de l’autonomie, ce qui se traduira par un meilleur contrôle de ses terres et de ses ressources.
« Ce nouvel élément d’infrastructure a été l’élément déclencheur de la création par la bande d’une société de développement économique et d’une loi des finances, et de sa participation au processus d’élaboration de notre propre code foncier, qui soustraira la bande à une grande partie de la Loi sur les Indiens », explique le chef Gould.
Le chef et son Conseil envisagent également de créer d’autres possibilités économiques, notamment par l’aménagement d’un terrain culturel le long de la rivière Hillsborough, désignée comme faisant partie du Réseau des rivières du patrimoine canadien. Le terrain, récemment offert à la Première nation Abegweit par la province, abrite un monument qui reconnaît la contribution des Mi’kmaq à l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi que la contribution des Irlandais, des Écossais et des Acadiens.
« La Première nation Abegweit aménage cette zone pour raconter comment nous vivions, travaillions et utilisions la rivière », déclare le chef Gould à propos de l’expérience autoguidée et à faible empreinte qu’il propose. « Cela comprendra la construction d’une longue maison, de sueries et d’une zone de feu sacré, et permettra des expériences touristiques, notamment des propositions de nourriture autochtone ».
Le chef espère que cette expérience touristique, ainsi que celles qui seront créées dans son nouveau centre communautaire, permettront de faire part des vérités de la Première nation Abegweit et de poursuivre le processus de réconciliation avec l’Île-du-Prince-Édouard et plus.
Jessica Francis est d’accord. « Ce bâtiment est porteur d’espoir, non seulement pour les autres artisans de la communauté et moi-même, mais aussi pour les nouvelles générations. Ce bâtiment sera un endroit dont ils pourront être fiers et où les jeunes pourront apprendre que l’art est important pour notre culture, et voir que les gens sont prêts à en découvrir plus à notre sujet et à accepter les connaissances que nous leur transmettons ».