WFN Fish Farm
Le WFN Fish Farm Limited Partnership (WFN), qui appartient à la Première Nation de We’koqma’q (prononcé Way-go-ho-maw), est une ferme d’élevage de truites arc-en-ciel anadromes située dans l’estuaire du lac Bras d’Or sur l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. La ferme aquacole a été fondée quatre ans avant que la collectivité de We’koqma’q, une nation mi’kmaq, n’en reprenne l’exploitation en 2015, en formant un partenariat juridique. À l’époque, elle comptait huit employés. Aujourd’hui, le WFN comprend une écloserie, un site d’engraissement et une usine de transformation répartis sur plusieurs sites du Cap-Breton. Elle emploie 77 personnes, dont 70 sont originaires de la Première Nation de We’koqma’q.
« L’aquaculture est devenue un moteur économique important pour les collectivités des Premières Nations, générant davantage de revenus pour ces populations grâce à leur participation directe à tous les secteurs de la chaîne de valeur de l’aquaculture, de l’écloserie à la table, déclare Reg Hurst, directeur général de la bande We’koqma’q. Les collectivités des Premières Nations participent aussi indirectement à cette chaîne de valeur, en offrant des services de soutien tels que les services environnementaux, la construction, la plongée et la réparation de bateaux. »
Il est difficile de dissocier le WFN de la collectivité de We’koqma’q, tant elles sont liées. Le WFN, principal employeur de cette pittoresque collectivité rurale, réinvestit tous ses bénéfices dans son entreprise ou dans les programmes sociaux, le logement et les infrastructures de la collectivité.
« We’koqma’q Proud » (« We’koqma’q et fiers de l’être ») est le slogan de la collectivité; elle a, en effet, de nombreuses raisons d’être fière. La Première Nation de We’koqma’q, qui signifie « près de l’eau », a connu une croissance considérable. Les registres du gouvernement montrent que sa population est passée de 620 habitants en 2006 à 1 051 en février 2022. Selon le site Web de la collectivité, la Première Nation de We’koqma’q se targue d’un taux de rétention de 90 % de ses membres.
« La Première Nation de We’koqma’q travaille dans le secteur de l’aquaculture et ses objectifs à long terme visent à assurer la stabilité financière de la collectivité, à maintenir des emplois pour les membres de la bande et à développer une pêche verticalement intégrée dont l’exploitation se poursuivra pendant des générations, explique la chef Annie Bernard-Daisley, chef de la bande depuis 2020. Toutes les activités relatives à l’aquaculture et à la transformation du poisson sont assurées par le partenariat, qui est détenu à 100 % par la bande. »
La chef de la collectivité et le conseil sont convaincus que l’aquaculture continuera d’offrir d’importantes perspectives d’emploi aux membres de cette dernière et à fournir les fonds nécessaires à son amélioration. Ils ont raison. Bien que ce secteur soit traditionnellement risqué, l’aquaculture fait partie de l’économie océanique. L’« économie bleue », comme on l’appelle souvent, représente, au Canada, un secteur d’activité de 36 milliards de dollars par an qui génère 350 000 emplois. D’ici à 2030, la valeur de ce secteur devrait doubler pour atteindre 3 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. C’est près de 20 % de plus que la croissance de l’économie mondiale au sens large. Grâce au WFN, la collectivité a enregistré une augmentation de 132 % de ses revenus depuis qu’il a repris la ferme en 2015.
L’un des moyens utilisés par la collectivité pour atteindre ses objectifs consiste à établir des partenariats solides qui, dans certains cas, remontent à des centaines d’années, comme l’alliance formée avec les colons acadiens qui sont arrivés dans la région au début des années 1600. C’est ainsi que, lorsque les pêcheurs et les cueilleurs de We’koqma’q se sont vu attribuer des quotas de pêche pour les mollusques et les poissons de fond à la fin des années 1990, ils se sont tournés vers les Acadiens pour évoluer dans cette nouvelle industrie. La collectivité de We’koqma’q a cherché à établir un partenariat avec Premium Seafoods, une entreprise de pêche appartenant à des Acadiens et située à Arichat, en Nouvelle-Écosse. Cette entreprise dirige depuis 1984 une usine de transformation du poisson florissante et elle a généreusement accepté d’encadrer la collectivité.
Le WFN a également établi un partenariat avec Cooke Aquaculture Inc. (CAI). L’entreprise, située au Nouveau-Brunswick, est la plus grande entreprise indépendante de produits de la mer au monde. CAI a accepté de vendre le poisson du WFN sous sa marque, dont la qualité des produits est reconnue mondialement. La croissance du WFN s’en est trouvée renforcée, ce qui lui a permis non seulement de créer près de 24 nouveaux emplois, mais également de transformer ses quelque 36 postes saisonniers en emplois à temps plein tout au long de l’année. Outre l’aide apportée au WFN, les entreprises aquicoles de la région, comme les sociétés d’alimentation et d’approvisionnement, ont pu également en profiter.
Les poissons du WFN étaient vendus à la fois à l’échelle locale et mondiale, et l’entreprise s’était forgé une réputation pour ses produits de qualité. À la fin de 2019, le WFN avait transformé plus d’un million de livres de fruits de mer, générant près de six millions de dollars pour la collectivité. L’entreprise prévoyait de doubler les ventes dans les deux années suivantes, ce qui représente une croissance exponentielle par rapport à ses débuts, lorsqu’elle produisait environ 70 000 truites par an, pour des recettes de 680 000 dollars.
Il était temps d’investir de nouveau dans cette croissance, et dans la sienne. Il était aussi important pour le WFN de développer ses activités et de diversifier ses produits et ses débouchés afin de se prémunir contre les effets éventuels de la pandémie.
Cette fois, le WFN s’est associé au gouvernement du Canada, par l’intermédiaire de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA). L’Agence a joué un rôle d’éclaireur, collaborant avec la collectivité mi’kmaq pour relever les programmes et le soutien nécessaires pour poursuivre l’élan que le peuple We’koqma’q et le WFN avaient déjà créé avant la pandémie.
Le WFN souhaitait moderniser sa barge de pêche et ses cages vieillissantes pour augmenter ses capacités et cherchait également à acquérir un système d’alimentation automatisé de pointe qui permettrait de réduire les coûts d’exploitation et d’accroître la rentabilité. En outre, elle cherchait à acheter un congélateur rapide et du matériel d’emballage qui lui permettraient d’élargir sa gamme de produits et de vendre au détail des produits de poisson surgelés individuellement (au lieu de produits frais). Un des plus grands producteurs de truites arc-en-ciel du Canada atlantique aurait ainsi accès à de nouveaux marchés.
Ajoutons que le WFN souhaitait également obtenir la certification Best Aquaculture Practices (BAP). Présente dans plus de 35 pays, la certification BAP est une accréditation volontaire qui est financée par la Global Seafood Alliance, une association commerciale internationale à but non lucratif. Elle certifie chaque étape de la chaîne de production et d’approvisionnement, de l’écloserie à votre table, en donnant priorité à quatre secteurs clés, soit la responsabilité environnementale, la santé et le bien-être des animaux, la responsabilité sociale, et la sécurité alimentaire, afin d’assurer la sécurité, la responsabilité et l’éthique des produits de la mer issus de l’aquaculture. Comme de plus en plus de vendeurs de poissons et de fruits de mer cherchent à s’approvisionner auprès d’entreprises qui détiennent ces normes, la demande pour des produits certifiés BAP ouvre au WFN de nouveaux marchés.
Le gouvernement du Canada a soutenu le WFN au moyen d’une série d’investissements d’octobre 2020 à juillet 2021. Grâce à des contributions supplémentaires du gouvernement de la Nouvelle-Écosse et d’autres organismes de financement, le WFN a mis en œuvre son plan et s’est trouvé en bonne position pour répondre à la demande croissante du marché pour des produits de la pêche de qualité supérieure et d’origine durable, tant à l’échelle locale que mondiale.
La stratégie du WFN comprenait également l’embauche d’un directeur des ventes et du marketing chargé de l’élaboration d’une approche visant à élargir la portée de l’entreprise et à maximiser ses profits. C’était d’autant plus important que la collectivité avait décidé de vendre ses produits sous sa propre marque, directement aux clients. Cette démarche s’inscrivait dans le cadre d’un objectif à long terme visant à assurer la stabilité financière de la collectivité et à créer des emplois durables pour ses membres grâce à une pêche fructueuse qui survivra aux générations.
« La stratégie globale consiste à accroître les revenus autogénérés de la bande pour soutenir les programmes au fil du temps, explique Donald Davis, directeur général des opérations commerciales. Si l’on considère les collectivités rurales, la possibilité de générer des revenus et les possibilités d’emploi représentent tout un défi. Autrefois, la collectivité devait transporter nos membres en autobus jusqu’aux usines de transformation du crabe locales afin de créer des emplois. Aujourd’hui, la pisciculture a lieu directement dans la collectivité.
« L’aquaculture sur le lac Bras d’Or était parfaitement adaptée. Cette occasion correspondait à notre objectif global de création d’emplois et de revenus pour la collectivité. En fait, notre objectif de créer des occasions d’emploi utiles dans notre collectivité a été une des plus grandes retombées de nos réussites économiques. »
La collectivité de We’koqma’q a connu un succès notable en peu de temps. En investissant dans des partenariats stratégiques, notamment avec le WFN, ils ont travaillé dur pour passer du sous-emploi chronique à la création d’une économie autonome, tout en restant fidèles à la culture mi’kmaq. Ils ont de nombreuses raisons d’être de « fiers We’koqma’q ». Ceci met peut-être en évidence le partenariat le plus solide et le plus durable de la collectivité, c’est-à-dire sa population.