Scott Hutton devant le Comité permanent du patrimoine canadien

Discours

Ottawa (Ontario)
Le 23 février 2016

Scott Hutton, Directeur exécutif de la Radiodiffusion
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes

Priorité à l’allocution

Madame la Présidente, je vous remercie de nous avoir invités — mon collègue Michael Craig, qui est le gestionnaire principal par intérim de la télévision anglaise — et moi-même à venir comparaître devant votre comité. Nous vous félicitons, ainsi que vos membres, de mettre ainsi l’accent sur les médias et les collectivités locales. Voilà un sujet qui préoccupe grandement les Canadiens, compte tenu des annonces répétées de coupures dans les salles de nouvelles locales partout au pays.

Par coïncidence, le CRTC se penche sur le sujet actuellement. À la fin janvier, le Conseil a amorcé une audience publique sur les émissions de télévision qui touchent les Canadiens de plus près — les bulletins de nouvelles et les émissions d’actualités locales qui les informent des événements et des enjeux inhérents à leurs collectivités. Ce type d’émissions favorise le processus démocratique car il permet d’informer et de mobiliser les citoyens. Nous examinons la présence de ces émissions afin de s’assurer de l’avenir de la télévision locale et communautaire dans le contexte médiatique actuel, lequel évolue rapidement et est de plus en plus fragilisé.

Il y a des limites à ce que je peux dire sur le sujet. Comme vous le savez, le CRTC est un tribunal administratif avec des responsabilités quasi judiciaires. Comme le sujet est à l’examen, et pour préserver l’intégrité de notre processus décisionnel, notre comparution devant votre comité est nécessairement limitée à vous donner des explications sur les instances. Il va de soi que nous ne pourrons partager des renseignements obtenus de manière confidentielle ou spéculer sur les décisions ou les renouvellements de licences à venir.

Cependant, c’est avec plaisir que je vous présente un aperçu de l’état des médias locaux et ce qui a motivé l’examen que nous faisons actuellement. Je m’attarderai surtout à la télévision, mais je donnerai quelques faits saillants sur les stations de radio. Je pourrai également faire la lumière sur les obligations réglementaires des radiodiffuseurs lorsqu’ils obtiennent une licence du CRTC.

En ce qui concerne la radio… Il y a plus de 1 100 stations de radio au pays, qui sont essentiellement locales et axées sur les besoins de leurs collectivités. Les nouvelles locales, la météo et les sports sont les principaux éléments des activités de la radio privée. Dans la plupart des grands centres urbains, la radio parlée y est particulièrement populaire.

Cela dit, le secteur de la radio doit composer avec les effets croissants des services de musique en continu et de la grande disponibilité des voitures connectées.

Si les défis de la radio sont grands, ceux de la télévision le sont encore plus en cette ère de Netflix, Facebook et You Tube.

C’est pourquoi, en octobre 2013, nous avons entrepris notre vaste examen de l’ensemble du système de télévision intitulé Parlons télé. Plus de 13 000 Canadiens ont participé à notre examen, qui a comporté une audience publique en septembre 2014.

C’est au cours de ce processus que le CRTC a cerné différents défis auxquels sont confrontées les stations de télévision locales et communautaires dans un univers médiatique de plus en plus fragilisé. De manière croissante, les Canadiens utilisent différents plateformes pour consommer du contenu, qu’il s’agisse d’information ou de divertissement, et même pour diffuser leur propre contenu. Le fait que certains quotidiens aient cessé de produire une version imprimée et sont maintenant accessibles en ligne illustre ce nouveau contexte.

Les radiodiffuseurs doivent faire face à une pression additionnelle : les revenus publicitaires provenant des bulletins de nouvelles locales ont chuté dramatiquement au cours des dernières années.

Tout en tenant compte de ce contexte de changements, le Conseil croit fermement que le système canadien de télévision devrait encourager la création d’émissions canadiennes passionnantes et variées. Cette programmation devrait comprendre de l’information, de l’analyse et de l’interprétation afin d’assurer un point de vue local par rapport aux actualités — que cette programmation soit le fruit de la composante privée, publique ou communautaire du système.

Au chapitre de la politique en matière de radiodiffusion, nous visons à obtenir certains résultats :

  • permettre aux Canadiens d’être au centre de leur système de radiodiffusion;
  • mettre l’accent sur la création et la promotion d’émissions de calibre mondial qui soient produites par les Canadiens;
  • supprimer les obstacles à l’innovation.

De même, dans notre examen de la télévision communautaire et locale, nous avons cherché à faire en sorte que :

  • les Canadiens aient accès à des émissions qui sont produites localement et qui sont un reflet du milieu local, et ce, dans un contexte multiplateformes;
  • les producteurs professionnels et non professionnels ainsi que les membres des collectivités aient accès au système de radiodiffusion;
  • les émissions d’information et les bulletins de nouvelles locales pertinents soient produits et vus au sein du système canadien de radiodiffusion.

Notre examen de la télévision locale et communautaire, que nous avons entrepris en septembre 2015, vient souligner l’attachement profond des Canadiens pour le service qu’offrent, dans leurs municipalités, 85 stations de télévision privées conventionnelle et 160 stations communautaires. Cela concorde avec un sondage d’opinion publique réalisé au cours de Parlons télé, lequel a révélé que 81 % des répondants considèrent leurs émissions d’information locale comme étant importantes. Selon des données sur l’auditoire de Numeris, le téléjournal local diffusé en soirée attire plus de 20 % de tous les foyers dans certains marchés.

Au cours des huit journées d’audience, soit du 25 janvier au 3 février, l’attachement des gens pour leurs stations de télévision locales était évident. Les Canadiens nous ont dit valoriser les bulletins de nouvelles locales car ils sont en mesure d’établir un lien direct entre eux et leurs collectivités. L’information locale les aide aussi à comprendre les événements internationaux et leur permet de participer à la vie politique, économique et culturelle du Canada.

Plusieurs personnes ont partagé les sentiments qu’a exprimés Kirk Lapointe, qui a comparu devant le Conseil lors de l’audience publique. Ancien dirigeant de CTV News et directeur fondateur de la rédaction du National Post, M. Lapointe a dit : « Notre pays est trop petit pour permettre aux radiodiffuseurs de réduire encore davantage l’éclairage des studios de nouvelles, une ville après l’autre. » [Traduction]

Et pourtant, c’est exactement ce qui se produit. Un nombre alarmant de stations de télévision ont réduit la durée de leurs bulletins de nouvelles, effectué des coupures de personnel et centralisé la production de leurs émissions d’information.

En grande partie, cela est dû aux revenus publicitaires qui sont en décroissance. Les données qu’a recueillies le Conseil indiquent qu’en 2015, le coût de production des émissions de nouvelles locales était 22 % supérieur aux revenus.

Il va sans dire que le Conseil prend ses préoccupations très au sérieux. C’est pourquoi nous avons demandé au public de faire part de ses observations sur de nombreuses questions, alors que nous sommes à déterminer le meilleur moyen de soutenir les médias dans les collectivités locales.

Vous avez peut-être entendu parler du discours que le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, a prononcé la semaine dernière au Cercle canadien de Toronto. Il portait sur les nouvelles télévisées dans une ère de changement.

Le message du président était clair : même si les vieilles façons de faire des affaires ne tiennent plus, il existe une foule d’occasions de créer de l’excellent contenu qui continuera d’attirer les téléspectateurs, peu importe la façon dont les Canadiens accèdent à ces émissions.

Il a également mis en relief le fait qu’il existe énormément d’argent au sein du système de télévision qui devrait servir à régler ces problèmes. Nos recherches lors de l’examen Parlons télé ont montré que le soutien à la production télévisuelle canadienne s’élève à plus de 4 milliards de dollars par année.

Lorsque le CRTC octroie des licences de radiodiffusion locales, des conditions y sont rattachées — l’une des plus importantes étant de produire et d’offrir une programmation télévisuelle locale. En contrepartie du droit de vendre de la publicité et d’utiliser les ondes publiques pour acheminer leurs productions dans les foyers canadiens, les radiodiffuseurs ont le devoir de servir l’intérêt public.

Car notre démocratie en est tributaire. La programmation locale favorise le processus démocratique et le bien commun car elle informe et mobilise les citoyens.

Les stations de langue anglaise, qui sont la propriété des plus grandes groupes de propriété, sont tenues de diffuser au moins sept heures de programmation locale par semaine dans les marchés non métropolitains. Dans les marchés métropolitains, c’est au moins 14 heures par semaine.

En 2014, les stations de télévision ont dépensé plus de 470 millions de dollars en programmation et en émissions d’information locales, alors que les radiodiffuseurs ont consacré 150 millions de dollars aux canaux de télévision communautaire.

Ainsi, le Conseil est convaincu qu’il y a suffisamment d’argent dans le système afin de soutenir la création de bulletins de nouvelles et d’émissions d’information à l’échelle locale.

Les Canadiens ont été clairs tout au long de nos consultations publiques : ils s’attendent à ce que nous prêtions une attention particulière à la qualité et à la quantité de bulletins de nouvelles et d’émissions d’affaires publiques qu’offrent les radiodiffuseurs.

Nous avons envoyé un signal tout aussi clair à l’industrie de la télévision : nous tiendrons les radiodiffuseurs responsables lorsque viendra le moment de renouveler leurs licences en 2017. S’ils ne respectent pas leur contrat avec les Canadiens, le CRTC n’hésitera pas à poser des gestes.

À titre de président du CRTC, Jean-Pierre Blais a lancé un avertissement à l’industrie de la télévision la semaine dernière : « Les nouvelles télévisées appartiennent au marché des idées, et non pas au marché des dividendes plus élevés à remettre aux investisseurs. » Nous espérons que le message a été entendu.

Madame la Présidente, c’est ce que je peux affirmer avec assurance avant la publication de notre décision sur la télévision locale et communautaire. Évidemment, Michael Craig et moi-même serons heureux de répondre à vos questions le mieux possible. Nous attendons vos questions maintenant…

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