Discours-programme de l'honorable Jim Carr, ministre des Ressources naturelles dans le cadre du Congrès international, salon professionnel et bourse des investisseurs de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE)

Discours

Toronto, le 7 mars 2016

LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI.

Bonjour à tous. Permettez-moi tout d’abord de mentionner que nous nous trouvons ici sur les terres ancestrales de la Première Nation des Mississaugas de New Credit. Rod [Rodney Thomas, président de l’ACPE], je dois vous remercier au moins trois fois : tout d’abord pour la chaleureuse présentation, ensuite pour vos loyaux services au sein de l’ACPE et, enfin, pour votre participation à notre table ronde d’hier.

 Je crois comprendre que [Rodney Thomas] porte le chapeau de patron depuis trois jours. On peut faire pas mal de dégâts en trois jours quand on s’y met.

 Encore une fois, merci Rod d’avoir participé à cette table ronde hier, ici dans cet hôtel, où nous avons discuté pendant deux heures de l’avenir de l’exploitation des ressources au Canada. On trouvait également autour de la table des dirigeants autochtones, des environnementalistes, des dirigeants de l’industrie et des personnes qui, à titre de citoyens et d’intervenants du secteur, s’intéressent à la mise en valeur responsable des ressources naturelles au Canada. Il s’agissait de la sixième table ronde tenue au pays, après celles de Halifax, Toronto, Winnipeg, Calgary et Vancouver. Il se passe des choses vraiment remarquables quand des hommes et des femmes de bonne volonté qui partagent un même objectif écoutent les points de vue de chacun. Je crois qu’il s’agit de la meilleure façon de progresser sur la voie du développement durable dans le secteur énergétique au Canada. Il est très important que la collaboration soit au cœur de cette démarche.

 C’est aussi un grand plaisir pour moi de participer au coup d’envoi du plus vaste et du plus prestigieux congrès au monde dans le domaine des mines et de l’exploration. Quand on songe que le même congrès l’an dernier a réuni 23 500 délégués du monde entier, on comprend tout de suite la portée de cette discussion et l’ampleur des retombées, lesquelles viennent confirmer l’importance de ce rassemblement à l’échelle planétaire.

 C’est également inspirant de savoir que, lorsqu’il y a des discussions internationales à propos de l’exploration minière et minérale, c’est au Canada, à Toronto que ça se passe. Et il y a une bonne raison à cela : le Canada constitue la destination privilégiée sur le plan de l’exploration minière. Près de 60 % des sociétés minières cotées en bourse le sont à la Bourse de Toronto. Ensemble, elles représentent plus de la moitié du financement mondial par actions pour l’exploitation et l’exploration minières.

 Le Canada est reconnu mondialement comme un chef de file du développement durable, des pratiques avancées et des politiques anti-corruption. Les mineurs canadiens ont des choses formidables à dire sur l’innovation, la gérance de l’environnement, la participation des peuples autochtones et la responsabilité sociale des entreprises. J’aurais tout de même préféré vous rencontrer dans une conjoncture plus favorable.

 Les temps sont difficiles dans le secteur des ressources naturelles. Les marchés n’ont pas été favorables aux produits de base. Pendant que la chute des prix du pétrole faisait les manchettes, les prix des minéraux et des métaux ont été touchés tout aussi durement, voire plus dans certains cas.

 Les conséquences ont été dramatiques : vente à rabais des actifs de petites sociétés minières à court d’argent et pertes d’emploi importantes. Il y a environ un mois, le Cabinet fédéral du Canada s’est réuni au Nouveau-Brunswick pour une retraite; au même moment, une mine de potasse fermait au Nouveau-Brunswick : une perte de 250 emplois au sein d’une petite collectivité.

 Nous comprenons les conséquences de la faiblesse des prix des produits de base; nous comprenons également que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour atténuer ces conséquences. Nous vivons des temps difficiles. Personne n’a de formule magique. Nous n’y sommes pour rien si un ralentissement économique frappe un marché stratégique situé à l’autre bout du monde. Cependant, je demeure optimiste. J’ai une grande confiance en les Canadiens et en leur ingéniosité. Nous sommes travaillants. Nous sommes un peuple résilient et visionnaire qui finit toujours par surmonter les difficultés, ce pourquoi d’admire tant nos mineurs.

 Mon admiration remonte à mon passage en politique provinciale au Manitoba et à mes activités à titre de PDG du Conseil d’affaires du Manitoba. Nous comprenions bien le pouvoir et l’importance du secteur minier dans le nord du Manitoba, en particulier à Flin Flon et Thompson, et nous savions que l’exploitation minière constituait la pierre angulaire de ces communautés, créant de bons emplois et une prospérité économique pour les citoyens. J’ai découvert l’attachement des populations régionales à leurs mines, la force des partenariats, de la collaboration entre l’industrie, les peuples autochtones et les gouvernements.

 J’ai aussi constaté que l’industrie d’aujourd’hui n’est pas celle de jadis. Il est maintenant question de géocartographie, de robotique, de recherche de pointe et de haute technologie. Je souhaite donc parler de notre avenir et des moyens nécessaires pour soutenir une industrie qui emploie directement, et en aval, 375 000 Canadiens, une industrie constituant le cœur économique de nombreuses localités éloignées et une industrie qui injecte 60 milliards de dollars dans notre économie nationale.

 Je désire aussi parler de la façon dont nous pouvons vous aider à traverser ces temps difficiles afin de préparer l’industrie à réussir sur le long terme : investir en innovation, assurer un cadre réglementaire plus précis, miser sur le partenariat avec les groupes autochtones et soutenir l’exploration minérale, parce que sans elle, les mines de demain nous échapperont.

J’en suis au début de mon mandat; je ne prétends donc pas avoir toutes les réponses, sans compter qu’il s’agit pour moi d’une première rencontre avec plusieurs d’entre vous. Toutefois, le premier ministre m’a demandé de contribuer à votre succès, et ce, dans un monde qui valorise l’exploitation durable des ressources.

L’une des premières mesures que nous avons prises à titre de gouvernement a été d’assurer la participation du Canada à Mission Innovation. Peut-être vous souvenez-vous qu’en marge de la COP 21 à Paris, 20 chefs d’État ont signé un document intitulé Mission Innovation dans lequel les pays s’engagent à doubler leurs investissements dans les technologies d’énergie propre au cours des cinq prochaines années.

Le Canada, le Mexique, les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, la France et 12 autres pays ont accepté de se joindre à l’initiative. C’est un moment historique pour l’investissement public dans les technologies d’énergie propre. En même temps, Bill Gates a déclaré qu’il dirigerait un groupe de – je vais dire milliardaires, mais nous ne voudrions pas exclure les millionnaires – bref un groupe de gens avec un peu de revenus disponibles pour travailler de concert avec le secteur public afin que les entreprises et les pouvoirs publics puissent mener ensemble cette stratégie d’investissement, ce qui est sans précédent, vraiment, dans l’histoire de l’exploitation des ressources.

Quel est l’objectif de Mission Innovation? Favoriser l’innovation et la recherche-développement dans le domaine des énergies propres comme jamais auparavant. Mentionnons aussi que nous avons déjà engagé une somme supplémentaire de 200 millions de dollars par année afin d’appuyer l’innovation et les technologies propres dans les secteurs de ressources naturelles. L’innovation a toujours été le moteur de l’industrie. Elle a permis d’accroître votre compétitivité, de réduire votre empreinte écologique et de renforcer les normes de santé et de sécurité. Mais, ce n’est pas tout.

Les écotechnologies propres représentent un nouvel horizon. Nous voici devant de nouvelles occasions fort intéressantes : le fil de cuivre pour l’ère de l’énergie propre; les métaux pour panneaux solaires; les éléments de la famille des terres rares pour toutes sortes d’applications – depuis les éoliennes jusqu’aux voitures hybrides et électriques en passant par les BlackBerry, iPad, tablettes et autres nouveaux gadgets électroniques. Combien d’entre vous avez un appareil avec vous? Combien d’entre vous l’avez éteint? C’est votre industrie qui doit trouver et fournir les matières nécessaires au fonctionnement de chacun de ces appareils, et la demande ne fera que croître.

Les entreprises de technologies l’ont bien compris. Voilà pourquoi Tesla a des installations à proximité d’une mine de lithium au Nevada. Elle s’assure ainsi d’un approvisionnement local garanti d’un produit essentiel à ses batteries. La technologie de l’énergie propre a aussi le pouvoir de changer les modes d’exploitation dans les endroits éloignés, non reliés au réseau. Nous devons investir dans de telles possibilités, et j’ai un bel exemple d’une façon d’intensifier de tels investissements.

C’est arrivé le mois dernier lorsque j’ai accueilli à Winnipeg mes homologues des États-Unis et du Mexique. Ce fut intéressant d’observer comment les Mexicains abordent la question. Le secrétaire à l’Énergie des États-Unis, M. Ernest Moniz, que plusieurs d’entre vous connaissent, est originaire du Massachusetts, et donc un fan des Bruins de Boston. Eh bien, les Bruins affrontaient les Jets de Winnipeg ce soir-là. J’ai donc invité M. Moniz à la partie. Depuis ce jour, il jubile, car les Bruins ont gagné!

Ainsi, ce genre de protocole d’entente qui vient approfondir notre compréhension d’un océan à l’autre aura un impact important. Entre autres choses, il nous engage à travailler étroitement sur le partage de l’information, les infrastructures et l’énergie propre. Ces possibilités sont-elles importantes pour le secteur minier? Y a-t-il d’autres possibilités semblables? J’ai hâte d’entendre vos opinions sur le sujet.

Nous devons nous assurer d’établir un cadre réglementaire précis, car rien ne fait plus peur aux investisseurs que l’incertitude. Nous avons rapidement élaboré un processus de transition pour effectuer l’examen et l’évaluation des grands projets de ressources naturelles qui sont actuellement à l’étude. Voilà pourquoi nous nous engageons avec vous avant même que soit mené un examen approfondi du processus employé pour les évaluations environnementales au Canada. Plus tôt nous pourrons rétablir la confiance de la population envers le système réglementaire, plus tôt en découlera un appui général envers les grands projets d’exploitation durable des ressources. Nous ne voulons surtout pas perturber ou retarder ces projets outre mesure. Aucun des projets proposés à l’heure actuelle ne retournera à la case départ.

Je sais qu’il s’agit d’un enjeu important pour les petites sociétés minières, qui ont déjà du mal à trouver du financement, que ce soit dans le but de localiser plus précisément les ressources minérales, de faire progresser les projets de mines ou de se préparer à saisir d’éventuelles possibilités de croissance. Nous le comprenons. Nous comprenons aussi que l’industrie minière est à l’avant-garde lorsqu’il s’agit d’engagement et de participation des peuples autochtones. Le premier ministre Trudeau a d’ailleurs déclaré qu’il n’y a pas de relation plus importante pour notre gouvernement que celle qui existe avec les peuples autochtones.

Par votre travail, vous avez démontré qu’une implication significative précoce peut produire des résultats sur le long terme. Plus de dix mille autochtones travaillent dans les domaines de l’exploitation minière et du traitement des ressources minérales dans l’ensemble du pays, et la plupart d’entre eux occupent des emplois en amont, mais beaucoup d’autres ont découvert des occasions d’affaires dans les industries des biens et services ainsi que dans les écotechnologies. Plusieurs de vos meilleures pratiques constituent des feuilles de route qui pourraient être utilisées par d’autres secteurs des ressources.

Et nous voulons soutenir les activités d’exploration. Ainsi, nous prévoyons poursuivre nos efforts en géocartographie afin d’appuyer les activités d’exploration pour l’énergie et les métaux, surtout dans le Nord, et pour favoriser l’acquisition de nouvelles connaissances et le développement de nouvelles techniques de détection des gisements de minéraux et de ressources énergétiques. Ce sont des façons éprouvées de diminuer les risques associés à l’exploration minérale.

Nous sommes également disposés à discuter d’autres idées avec vous; alors voici les quatre enjeux sur lesquels nous pouvons collaborer : investir dans l’innovation; assurer la stabilité réglementaire; nouer le dialogue avec les groupes autochtones; et appuyer l’exploration minérale. Ces quatre enjeux sont liés par un seul et même objectif : renforcer le secteur minier canadien, lequel est solide et dynamique, tout en valorisant l’image de marque du Canada en lien avec l’exploitation durable des ressources minérales à l’étranger.

Vous avez montré au monde entier vos capacités indéniables. Vous avez l’expérience et l’expertise, et désormais, vous savez que notre gouvernement vous épaule. Le moment est venu. Mille et une possibilités s’offrent à nous. À nous de jouer.

 Merci.


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