Banquet de la Conférence annuelle des ministres de l'énergie et des mines (CMEM)
Discours
L’honorable Jim Carr, ministre des Ressources naturelles
Discours principal
Banquet de la Conférence annuelle des ministres de l’énergie et des mines (CMEM)
Musée canadien pour les droits de la personne, Winnipeg, Manitoba
Le 22 août 2016
Merci Christyne [Christyne Tremblay, sous-ministre, Ressources naturelles Canada] et bienvenue au centre de l’univers, c’est-à-dire Winnipeg, et aussi au cœur du gouvernement du Canada. D’une certaine manière, il s’agit d’une métaphore à propos de la situation actuelle au pays, où une sous-ministre de l’Environnement du Québec peut littéralement devenir du jour au lendemain sous-ministre des Ressources naturelles du Canada. Je crois qu’il s’agit d’un excellent exemple de l’importance de la collaboration entre les provinces et le gouvernement fédéral.
J’aimerais également remercier Kim Rudd, ma secrétaire parlementaire, qui a fait, j’en suis certain, un travail remarquable en mon absence aujourd’hui, comme toujours.
Je voudrais également souhaiter la bienvenue aux ministres de l’ensemble du pays et remercier tout particulièrement mon partenaire, le ministre Cullen [Cliff Cullen, ministre de la Croissance, de l’Entreprise et du Commerce du Manitoba], qui coprésente et copréside cette importante conférence ministérielle. L’autre jour, nous avons eu la chance de passer un long moment dans son bureau et je trouve toujours formidable d’être au Palais législatif du Manitoba, puisque cet édifice, bâti en 1916, est l’exemple parfait d’un foyer pour la démocratie. Félicitations à vous et à votre nouveau gouvernement pour cette remarquable victoire. Je me réjouis à l’idée de collaborer avec vous.
Je veux également souligner le fait que nous nous trouvons sur les lieux du Traité nº 1, sur le territoire de la nation métisse.
Cette ville m’est chère, non seulement parce qu’il s’agit de ma ville natale, mais également parce que l’histoire de Winnipeg est étroitement liée à celle du Canada, et ce, de diverses manières. Ses origines sont liées à son emplacement à l’embranchement de deux grandes rivières, qui correspondent aux voies traditionnelles empruntées par les peuples autochtones.
Ses forts ont été construits par les Français et les installations permanentes, par un Écossais. Les fourrures ont été la première activité commerciale de Winnipeg. La ville a connu un essor grâce au chemin de fer et, au fil des ans, elle s’est constitué un riche assortiment de traditions issues de multiples cultures (racines autochtones, nation métisse, Européens et Asiatiques) grâce aux gens qui sont venus s’y installer, attirés par les occasions qui s’y trouvent. À bien des égards, Winnipeg reflète l’histoire du Canada.
Je dois vous informer que j’arrive tout juste de Sudbury, une grande ville minière, que j’ai visitée dans le cadre d’une séance de réflexion du cabinet. Je ne sais pas quelle idée vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à une séance de réflexion du cabinet, mais en réalité j’ai dormi dans un dortoir d’étudiants et je partageais ma chambre avec les ministres Morneau [Bill Morneau, ministre des Finances] et Bains [Navdeep Bains, ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique]. Le plancher était fait de béton, les murs étaient exempts de toute œuvre d’art. C’était, somme toute, un environnement plutôt stérile. C’est tout le contraire de la conversation qui a eu lieu avec mes collègues, lorsque nous nous sommes réunis sous la direction du premier ministre.
Je peux vous dire que nous avons parlé de relations : les relations entre le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités; la relation fondamentale entre les gouvernements et les communautés autochtones; et la relation de confiance que les individus cherchent à établir entre eux.
Nous avons parlé du Canada et des États-Unis. Nous avons parlé de l’importance de cette relation, qui survivra à toutes les élections présidentielles, et des liens qui nous unissent. Nous avons parlé des changements climatiques et d’un cadre pancanadien.
Nous avons aussi parlé de la relation du Canada avec les communautés autochtones. Je sais que Phil Fontaine, ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations et mon ami depuis 35 ans, a donné un discours des plus inspirants ce matin. Je le sais, parce que j’ai eu de nombreuses occasions par le passé d’écouter ses discours inspirants et il parvient toujours à transmettre une grande leçon de vie, comme ces gens qui comprennent la relation entre les hommes, la terre, l’eau et l’air, pour souligner que cette relation n’est pas née d’aujourd’hui. Nous avons une responsabilité, depuis des générations, d’honorer ceux qui nous ont donné toutes ces choses que nous apprécions, et nous avons à notre tour l’obligation de léguer cette terre, cet air et cette eau à nos enfants et à ceux qui les suivront. Il s’agit d’une leçon que nous devons tous comprendre, qui fait partie de notre essence même et des relations qui importent le plus.
Nous devons en outre collaborer avec les communautés autochtones, comme nous prévoyons de le faire. Je suis très heureux de vous informer que le petit-déjeuner de demain sera marqué par la première participation significative de chefs autochtones à une réunion des ministres de l’énergie et des mines et je suis ravi que cela se produise ici même, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine.
Nous nous rencontrons à un moment charnière, un moment où le monde opère une transition historique vers un avenir sobre en carbone; où, comme l’a déjà mentionné Ken Neufeld, la responsabilité environnementale est jugée essentielle au développement économique; un moment où une nouvelle relation se noue avec les peuples autochtones et où nous avons besoin de la confiance du public pour atteindre l’un ou l’autre de ces objectifs, comme le reflète le thème de cette réunion. À titre de ministres de l’énergie et des mines, nous nous trouvons au centre de ces enjeux et nous devons faire preuve de leadership à une époque de grands changements. Ce défi devrait plutôt nous motiver que nous effrayer.
Ce soir, j’aimerais donc aborder trois points essentiels pour honorer nos obligations et établir la confiance : la participation, l’innovation et la collaboration au niveau international.
Un des éléments clés des directives du premier ministre concernait spécifiquement la collaboration avec les États-Unis et le Mexique en vue d’élaborer un ambitieux programme nord-américain sur l’énergie propre et l’environnement.
Nous y avons travaillé très tôt au cours de notre mandat. J’ai rencontré mes deux homologues nord-américains, le secrétaire Joaquín Coldwell du Mexique et le secrétaire Moniz des États-Unis, lors d’une rencontre organisée par l’Agence internationale de l’énergie qui s’est déroulée à Paris deux semaines avant la COP 21, soit deux semaines à peine après l’arrivée au pouvoir de notre gouvernement. Le premier ministre Justin Trudeau tenait à ce que le Canada soit un membre fondateur de Mission Innovation, une entente selon laquelle les pays signataires s’engagent à doubler le montant de leur investissement dans la recherche‑développement concernant les énergies propres. Le Canada a signé l’entente à Paris, le 30 novembre, de même que 19 autres pays.
Les secrétaires Joaquín Coldwell et Moniz ont ensuite convenu de venir ici, à Winnipeg, en plein cœur de l’hiver, pendant une journée typique de février. Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas des scientifiques, saviez-vous que les échelles de température Celsius et Fahrenheit se rencontrent à moins 40? Ce jour-là, le type de thermomètre que vous utilisiez n’importait pas. Le secrétaire Moniz a quitté Winnipeg sur cette savoureuse réplique pleine de vérité : « Après vous avoir visité, je vais devoir me rendre en Alaska pour me réchauffer. »
Si la collaboration internationale est essentielle pour façonner notre avenir, il est tout aussi important pour nous d’investir dans des innovations qui nous permettront de saisir les occasions qui se présenteront.
Plus précisément, nous devons investir dans les technologies propres, l’efficacité énergétique et la recherche en vue de trouver des façons plus écologiques d’exploiter nos ressources. C’est le cas pour le pétrole et le gaz, ainsi que pour le secteur minier, un domaine pour lequel le reste du monde se tourne vers le Canada en raison de notre leadership en matière d’innovation, de gérance de l’environnement, d’implication des peuples autochtones et de responsabilité sociale des entreprises. Ce qui est ressorti clairement du congrès de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, du forum sur les ressources naturelles de l’Ontario et de nombreuses rencontres et visites dans le pays, c’est que l’exploration et l’extraction sont des industries qui reposent sur les connaissances. Nous devons demeurer à la fine pointe de l’innovation, aider nos entreprises scientifiques et technologiques à percer les marchés, trouver de nouvelles ressources minérales et apporter des solutions qui aideront les entreprises à demeurer concurrentielles tant au pays qu’à l’étranger.
Notre premier budget a reflété cet engagement envers des innovations qui mèneront à des technologies propres. Il a affecté 2 milliards de dollars à un fonds pour travailler avec les provinces à la décarbonisation de l’économie; plus d’un milliard de dollars pour le développement de technologies plus propres dans les industries des ressources naturelles, dont l’industrie minière; plus de 100 millions de dollars pour améliorer l’efficacité énergétique; plus de 130 millions de dollars pour la recherche dans le domaine des technologies énergétiques; et des milliards de dollars supplémentaires pour les transports en commun et d’autres infrastructures écologiques, dont des bornes de recharge pour les véhicules électriques et des stations de ravitaillement pour les véhicules à carburant de remplacement.
Notre premier budget a en outre prolongé le crédit d’impôt pour l’exploration minière de 15 % et confirmé notre intention d’aller de l’avant avec d’autres mesures utiles.
Fait peut-être tout aussi important, nous sommes en train de mettre sur pied des mesures incitatives pour le secteur privé qui nous permettront d’atteindre nos cibles et de rendre nos économies plus respectueuses de l’environnement. Il y a quelques années, j’ai été président-directeur général du Conseil des affaires du Manitoba, et c’est dans ce rôle que j’ai compris le pouvoir de l’entrepreneuriat, de la prise de risques et que j’ai appris à collaborer avec le gouvernement pour créer des emplois et de la richesse. Parce que nous savons bien qu’il ne peut y avoir partage de la richesse s’il n’y a pas eu d’abord création de richesse.
Alors tout en gagnant la confiance du public, nous devons investir dans des innovations qui ouvriront la voie à avenir sobre en carbone et faire appel au secteur privé pour résoudre nos problèmes actuels.
Comme nous venons de le mentionner, il est important de mettre l’accent sur l’écologisation de l’industrie minière, afin d’accroître la confiance du public et de veiller à ce que notre industrie de l’exploration et de l’extraction demeure un chef de file mondial et continue d’offrir des emplois bien rémunérés aux Canadiens dans l’ensemble du pays.
Fait plus important encore, nous devons rassembler les différents ordres de gouvernement en vue d’obtenir un véritable effort national. Il est impossible de mettre sur pied de grands projets nationaux et d’élaborer des politiques pour bâtir le pays, si les différents ordres de gouvernement ne parviennent pas à se parler. La première ministre Notley [Rachel Notley, première ministre de l’Alberta] l’a bien exprimé au cours d’une récente conférence de presse avec le premier ministre du Canada. Elle a dit : « Il s’agit surtout d’écouter la position de chacun afin de trouver une solution ensemble. Ça n’a rien à voir avec la politique. Il s’agit de mener les travaux à bien. »
Pour notre gouvernement, mener les travaux à bien signifie un retour à un fédéralisme coopératif, qu’il s’agisse d’amener les premiers ministres provinciaux et les dirigeants des territoires avec nous à Paris pour assister à la COP 21, et même les chefs des partis de l’opposition. Il peut s’agir aussi de rencontrer les représentants des provinces et des municipalités. Enfin, il peut s’agir de réunir des Canadiens de tous les milieux, y compris certains qui ne se sont pas adressé la parole depuis fort longtemps.
C’est particulièrement le cas en ce qui concerne l’exploitation de nos ressources naturelles. Le grand chef Perry Bellegarde [chef national de l’Assemblée des Premières nations] l’a très bien exprimé ainsi : « Avant de construire quoi que ce soit, construisez des relations positives et respectueuses », ce qui s’avère l’un des thèmes principaux de notre séance de réflexion, ainsi que de cette rencontre et aussi, je pense, la voie à suivre pour aller de l’avant ensemble, en collaborant à la réalisation de nos objectifs nationaux.
Et c’est exactement ce que nous faisons. Nous organisons des dizaines de tables rondes où sont conviés des environnementalistes, des dirigeants de sociétés énergétiques et minières, des dirigeants autochtones et des dirigeants municipaux. Lorsque vous réunissez autour d’une table des gens aux intérêts aussi variés, il est étonnant de voir à quel point ils sont ouverts et prêts à écouter, à apprendre et à trouver un terrain d’entente. Notre objectif doit être de cerner le point d’équilibre entre l’exploitation des ressources et la responsabilité environnementale, tout en nous assurant de respecter le savoir et la culture des Autochtones.
Toutefois, comme le premier ministre l’a mentionné à plusieurs reprises — et il s’agit d’un point très important — « Il est faux de penser qu’il faille choisir entre les pipelines et les éoliennes. Nous avons besoin des deux. » Le fait est que, bien qu’il soit enthousiasmant de penser à un avenir caractérisé par une énergie propre et une économie sobre en carbone, nous ne sommes pas encore rendus là. Même au lendemain de l’Accord de Paris, alors que le monde continue sa transition vers les énergies renouvelables, la demande de combustibles fossiles augmentera, en fait, pendant plusieurs dizaines d’années encore.
Notre défi, à titre de ministres et à titre de Canadiens, est d’aménager des infrastructures et d’acheminer nos ressources aux marchés mondiaux, puis d’utiliser ces revenus afin de financer notre transition vers des énergies plus propres et de tirer parti de nos ressources minérales et fossiles d’aujourd’hui pour obtenir l’énergie propre de demain.
Le monde recherche des solutions et l’innovation canadienne peut les offrir. Ce qui confirme de nouveau l’importance d’obtenir la confiance du public, de rassurer les investisseurs et d’établir une approche pour l’exploitation durable de nos ressources.
Notre gouvernement a travaillé en vue de créer cette certitude et d’établir cette confiance grâce aux principes que nous avons annoncés en janvier dernier dans le cadre de notre stratégie intérimaire; grâce au comité de trois membres chargé de faire rapport au gouvernement sur le projet TMX de Kinder Morgan en novembre et pour lequel il faut rendre une décision définitive d’ici Noël; et grâce à un examen fondamental des lois canadiennes concernant les évaluations environnementales, y compris la modernisation de l’Office national de l’énergie. Nous sommes déterminés à faire en sorte que les provinces et les territoires, ainsi que les groupes et les citoyens intéressés, puissent participer à cet examen.
Cette conférence fait office de point de départ non négligeable pour ces discussions, mais nous prévoyons que cette conversation s’intensifiera au cours des semaines et des mois à venir.
À titre de ministres, il nous incombe de contribuer à la Stratégie canadienne de l’énergie. Ma participation à cette mission remonte à 2009, alors que j’ai aidé à rassembler tous les principaux groupes de réflexion du Canada dans la même pièce, ici même, au coin des rues Portage et Main. On appelle maintenant ce qui en a résulté le Consensus de Winnipeg, marquant le début d’un processus qui a abouti l’an dernier à l’élaboration de la stratégie énergétique du Conseil de la Fédération canadienne. Cette stratégie représente une réalisation politique remarquable des premiers ministres de toutes les allégeances politiques, qui ont saisi l’importance de mener à bien ce mandat qui transcendait les partis et les positions politiques.
À titre de gouvernement national, nous tenons à jouer un rôle constructif pour faire progresser ces travaux. Notre pays est confronté à plusieurs enjeux qui tombent sous des responsabilités partagées entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Ainsi, le succès nécessitera une action concertée. Je suis d’avis que nous pouvons respecter la répartition constitutionnelle des pouvoirs tout en reconnaissant l’existence d’un intérêt pancanadien qui exige de collaborer afin d’améliorer le rendement énergétique du Canada.
La Déclaration de Vancouver, signée par les premiers ministres canadiens en mars dernier, identifie trois des domaines clés pour lesquels nous devrions collaborer en tant que ministres de l’énergie : l’efficacité énergétique et la conservation de l’énergie, les technologies énergétiques propres, et l’approvisionnement en énergie des personnes et des marchés. Ces rencontres constituent une occasion pour nous de transformer la stratégie en résultats concrets sur lesquels nous pourrons rendre des comptes aux premiers ministres à l’automne.
Il s’agit d’une occasion pour les différentes générations de refaçonner l’avenir énergétique du Canada. Pour y parvenir, nous devons faire preuve d’un grand leadership et d’une ferme volonté de collaboration, une volonté comme celle dont les provinces et les territoires ont fait preuve le mois dernier lors de la réunion du Conseil de la Fédération, au cours de laquelle les premiers ministres ont fait une avancée historique, cette fois-ci en matière de commerce interprovincial. Ainsi, ils ont confirmé le bien-fondé de ce que nous savions déjà : le Canada va mieux lorsque les Canadiens travaillent ensemble.
Je fais également preuve d’un optimisme prudent à propos des progrès possibles sur les défis qui nous attendent : les changements climatiques, la Stratégie canadienne de l’énergie, la tarification du carbone et l’exploitation de nos ressources pour assurer la prospérité que nous recherchons pour tous les Canadiens, tout en protégeant l’environnement que nous chérissons. Il ne s’agit pas d’une mission facile, mais les Canadiens n’ont jamais été intimidés par les défis.
Notre histoire est marquée par une succession de générations ayant de grands rêves, qui sont parvenus à accomplir de grandes choses grâce à la collaboration. Nous avons vu cette force à l’œuvre lors de la construction du chemin de fer d’un océan à l’autre, lors de la création d’un système de télécommunications qui a pu relier tout un pays et lors de la conception d’un bras robotisé canadien qui s’est rendu dans l’espace.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à de nouveaux défis. Toutefois, avec de la volonté et beaucoup d’efforts, je crois que nous sommes prêts à relever le défi de notre époque. Je suis impatient de commencer à rédiger le prochain chapitre de notre histoire avec vous dès demain, à la première heure. Je vous remercie beaucoup.
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