Présidente de l’ASPC comité permanent de la santé : Intervention du Canada face au nouveau coronavirus (Le 29 janvier 2020) 

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Remarques d'ouverture

Ottawa, Canada
Le 29 janvier 2020

Introduction

Monsieur le président,

Je vous remercie de me donner l’occasion de prendre la parole devant le Comité permanent de la santé au sujet des efforts déployés par l’Agence de la santé publique du Canada pour se préparer et réagir à l’arrivée du nouveau coronavirus au Canada, qui est une situation en pleine évolution. Je suis ici aujourd’hui en compagnie de la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, et du Dr Stephen Lucas, sous-ministre, Santé Canada. Notre objectif, c’est le confinement : limiter les répercussions du virus et contrôler sa propagation. Cela inclut la détection et la gestion réussies des cas existants, et la gestion de la désinformation pour réduire la peur. L’essentiel, c’est l’uniformité de notre approche sur le plan fédéral, provincial et municipal; la collaboration est absolument impérative. L’expérience à ce jour d’intervention face aux cas du virus au Canada démontre un niveau élevé de coordination intergouvernementale; cela signifie que le système fonctionne comme prévu. Nous avons tiré des leçons non seulement du SRAS, mais également de la pandémie de grippe H1N1 et, plus récemment, de l’éclosion d’Ebola en République démocratique du Congo. Les principales améliorations sont :

  • La création de l’Agence de la santé publique du Canada afin de fournir un leadership clair au niveau fédéral lors d’une intervention.
  • Une meilleure collaboration fédérale-provinciale-territoriale grâce à un réseau officiel d’experts de la santé publique, soit le Conseil du réseau de santé publique.
  • La création d’un poste d’administrateur en chef de la santé publique, un rôle issu de l’expérience du SRAS faisant figure d’autorité auprès de tous les Canadiens lors des événements de santé publique.

Le point sur la situation

Intervention fédérale à ce jour
Mesures frontalières

Mobilisation du système de santé

Surveillance et production de rapports

Retraçage des contacts et quarantaine

Recherche et vaccins

Communications

Conclusion

Questions et réponses

Réunion du 29 janvier 2020
de 15 h 30 à 17 h 30

1. Vous dites que le risque global de propagation au Canada est faible : quelle est la probabilité que cela change et à quelle vitesse?  

Le risque est déterminé en tenant compte à la fois de la probabilité et des répercussions de la maladie. Les principaux facteurs qui sont pris en compte sont la propagation géographique, la facilité avec laquelle la maladie se propage et la gravité de la maladie.

Le risque pourrait passer de faible à modéré ou élevé, si nous observons des éclosions localisées au Canada ou en Amérique du Nord, une propagation accrue de personne à personne ou une maladie plus grave et un nombre croissant de décès.

Actuellement, la maladie est principalement localisée à l’extérieur du Canada et de l’Amérique du Nord, avec très peu de cas liés à des voyages signalés à l’extérieur de la Chine et une propagation de personne à personne limitée. Dans ces conditions, le risque global couru par les Canadiens demeure faible.

2 Comment travaillez-vous avec les provinces et territoires en ce qui concerne cette éclosion?

Il est important que nous assurions une intervention FPT coordonnée face à cette situation. Comme pour tout événement important touchant la santé publique, les provinces et territoires se tourneront vers le gouvernement fédéral pour diriger la coordination générale de l’intervention et pourraient également demander une aide particulière au gouvernement fédéral.

L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) surveille de près l’éclosion des maladies respiratoires causées par un nouveau coronavirus (SRAS-CoV-2). Il s’agit d’une situation émergente qui évolue rapidement.

L’ASPC, en tant que coprésidente du Réseau pancanadien de santé publique (RSP), le principal forum de collaboration entre les hauts fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux de la santé publique, surveille et coordonne activement cette situation et y fait face depuis le début.

Le 28 janvier, le Réseau de santé publique a activé un Comité consultatif spécial (CCS) sur le coronavirus conformément aux conditions du Plan d’intervention FPT en matière de santé publique dans les cas d’incidents biologiques. Ces conditions comprennent la nécessité d’adopter des approches cohérentes en matière de contrôle aux frontières, de retraçage des contacts et de suivi ainsi que de communications publiques et professionnelles.

Le Comité consultatif spécial, composé de hauts fonctionnaires de la santé publique et du Conseil des médecins hygiénistes en chef (CMHC), dirige la coordination de la surveillance et du signalement des cas, de la politique en matière de santé publique, des conseils techniques et des communications entre les paliers de gouvernement afin d’appuyer l’intervention liée à cette éclosion.

L’ASPC continuera de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires au pays et dans le monde, y compris l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour lutter contre cette éclosion.

3. Comment coopérez-vous avec les autorités chinoises en ce qui concerne cette éclosion?

Comme le Canada, la Chine a également beaucoup appris de l’éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Les autorités chinoises de santé publique font tout en leur pouvoir pour contenir le virus et travaillent en étroite collaboration avec les autorités de l’OMS.

Cela comprend de limiter les déplacements à destination, en provenance et à l’intérieur de la zone touchée (province de Hubei) et de mettre en place un centre de quarantaine et de traitement. La Chine a été prompte à communiquer des renseignements, notamment la séquence génétique du virus dès qu’elle était disponible, ce qui a permis le renforcement rapide de la capacité de diagnostic à l’échelle internationale.

4. Quel est le niveau d’engagement actuel du Canada auprès de ses partenaires internationaux?

L’Agence de la santé publique travaille en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres partenaires internationaux, tels que les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et les membres de l’Initiative de sécurité sanitaire mondiale, ainsi que l’Australie. Ces collaborations internationales permettent de minimiser les répercussions des événements liés à la santé publique.

Elles incluent :

  • le partage de l’information sur les avertissements précoces, des évaluations des risques et des orientations techniques;
  • la collaboration sur les questions de santé en voyage et aux frontières ainsi que sur les diagnostics en laboratoire;
  • le partage de pratiques exemplaires, d’outils et de ressources.

L’ASPC est également en étroite communication avec Affaires mondiales Canada, ainsi qu’avec les ambassades canadiennes à Beijing et à Genève, pour échanger des renseignements et rester au fait des changements.

Nous nous engageons activement auprès des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis pour nous partager des renseignements au sujet de nos dépistages, de nos communications et de nos mesures aux frontières, ainsi que pour obtenir de l’information sur les cas confirmés aux États-Unis. Nous sommes convaincus que les mesures actuelles prises par l’ASPC sont appropriées pour le niveau de risque actuel, sur la base des données probantes disponibles.

Les cas aux États-Unis ont été isolés et font l’objet d’une surveillance étroite. À l’heure actuelle, aucune mesure supplémentaire n’est requise au Canada pour empêcher la propagation des cas signalés aux États-Unis. Les hôpitaux sont déjà en état d’alerte élevé, car le Canada est en pleine saison grippale. La pratique courante consiste à maintenir en tout temps des procédures strictes de prévention et de contrôle des infections pour gérer tous les types d’infections respiratoires.

5. Existe-t-il un vaccin et des antiviraux pour ce virus? Est-il prévu d’en mettre au point un?

Actuellement, il n’existe aucun vaccin approuvé qui protège les humains contre ce virus.
Un vaccin visant à fournir une protection à court terme (semblable à un vaccin contre une grippe pandémique) pour répondre à une éclosion de ce virus pourrait éventuellement être mis au point.

Dans le cadre de la réponse fédérale, nous mobilisons les capacités de recherche du gouvernement fédéral en vue d’appuyer les efforts d’intervention contre cette éclosion. Grâce à des investissements plus importants d’Affaires mondiales Canada, le Canada finance une alliance mondiale (CEPI) qui coordonne les premiers efforts déployés à l’échelle internationale pour la mise au point d’un vaccin.

Au pays, l’Agence de la santé publique du Canada travaille avec ses partenaires actuels (p. ex. la Vaccine and Infectious Disease Organization en Saskatchewan) pour mener des études de recherche visant à caractériser le virus, à élaborer des modèles animaux et à se pencher sur des vaccins au stade expérimental qui peuvent contribuer aux efforts internationaux de mise au point d’un vaccin.

6. Les masques sont-ils recommandés comme moyen de prévenir la transmission?

Pour ceux qui tombent malades, des masques peuvent être appropriés pour empêcher la propagation de la maladie à d’autres personnes. En particulier, les patients symptomatiques peuvent être invités à porter un masque pour protéger les visiteurs et les autres patients dans les établissements de triage et de soins de santé, pendant qu’ils attendent ou reçoivent un traitement.

Toutefois, il n’est pas recommandé aux Canadiens en bonne santé de porter un masque lorsqu’ils voyagent à l’étranger ou ailleurs, car cela peut en fait accroître le risque, puisque les gens peuvent se toucher plus souvent le visage sans s’être d’abord lavé les mains lorsqu’ils ajustent leur masque.

Les précautions les plus importantes sont celles déjà recommandées pendant la saison de la grippe saisonnière, notamment se laver fréquemment les mains avec de l’eau et du savon et éviter de se toucher le visage ou les yeux. Les Canadiens voyageant à l’étranger doivent également éviter tout contact avec des animaux ou des zones à risque élevé (telles que les fermes, les marchés d’animaux vivants et les zones où les animaux peuvent être abattus).

Q7. Prenons-nous des mesures pour protéger les employés fédéraux, y compris à la frontière et dans les pays touchés?

Les experts de la santé au travail de Santé Canada travaillent en étroite collaboration avec les ministères pour assurer la santé et la sécurité des employés de la fonction publique fédérale.

Nous communiquons aux travailleurs fédéraux et aux employeurs sous réglementation fédérale de l’information sur la santé et la sécurité au travail.

Un conseil de santé au travail a été envoyé aux ministères et organismes de l’administration publique centrale à l’intention des travailleurs fédéraux et aux aéroports d’entrée, avec des recommandations sur les précautions à prendre. Il s’agit notamment de sensibiliser les employeurs et les employés des lieux de travail sous réglementation fédérale aux principales sources d’information et de conseils concernant l’équipement de protection à porter pour les travailleurs de première ligne.

Santé Canada travaille également en étroite collaboration avec Affaires mondiales Canada pour s’assurer que les employés fédéraux qui se trouvent dans des pays touchés disposent de l’information sur la santé au travail dont ils ont besoin.

8. Quel est le plan du gouvernement pour renforcer les capacités de dépistage du coronavirus?

Nous disposons de multiples mesures pour alerter les voyageurs des régions touchées sur ce qu’ils doivent faire s’ils soupçonnent qu’ils sont atteints de la maladie. Nous avons formé nos agents de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour qu’ils aient les outils dont ils ont besoin pour soutenir les personnes qui peuvent être malades. Nous avons travaillé avec des compagnies aériennes partenaires pour nous assurer qu’il y a de l’information sur les vols. Nous continuerons de surveiller la situation et ajouterons des mesures supplémentaires si nécessaire.

9. Quelles sont les vulnérabilités ayant été relevées et quelles sont les approches d’atténuation envisagées?

Depuis l’éclosion du SRAS, le Canada a fait des progrès importants en ce qui a trait à sa capacité à répondre efficacement aux défis en matière de santé publique posés par les éclosions de maladies infectieuses graves.
À la suite des recommandations du Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique, un certain nombre de pierres angulaires de l’intervention d’urgence en matière de santé publique ont été mises en place ou améliorées. Il s’agit notamment de la création de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et de la mise sur pied du Conseil du Réseau de santé publique (CRSP) fédéral-provincial-territorial (FPT) en tant que forum de collaboration, de coordination et de gouvernance. Le CRSP, de concert avec le Conseil des médecins hygiénistes en chef, peut rapidement former un comité consultatif spécial (CCS) pour coordonner et gérer les urgences ou événements nationaux de santé publique. Tous ces réseaux ont été activement mobilisés tout au long de l’éclosion actuelle du nouveau coronavirus 2019.

Un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place pour aider à atténuer la propagation du nouveau coronavirus 2019 au Canada. Pour les voyageurs qui arrivent ou reviennent au Canada, des messages sont affichés sur les écrans d’arrivée aux aéroports internationaux de Toronto, Montréal et Vancouver rappelant aux voyageurs d’informer un agent des services frontaliers s’ils présentent des symptômes semblables à ceux de la grippe, et une question de dépistage de santé supplémentaire a été ajoutée aux kiosques électroniques utilisés par les voyageurs internationaux. Le Laboratoire national de microbiologie du Canada a mis au point un test en temps réel qui permet de diagnostiquer le nouveau coronavirus 2019 à partir d’échantillons cliniques et travaille en collaboration avec les laboratoires provinciaux de santé publique pour garantir une capacité de test supplémentaire dans plusieurs administrations. Un guide et des protocoles techniques ont été élaborés et diffusés aux partenaires des provinces et des territoires, ainsi qu’au secteur des transports.

Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec tous nos partenaires, ici, au Canada, et à l’étranger, en veillant à prendre des décisions et à fournir des conseils basés sur les tout derniers renseignements.

Bien que nous ne soyons jamais trop préparés et qu’un travail continu soit encore nécessaire, la capacité de préparation et d’intervention du Canada en cas d’urgence de santé publique s’est beaucoup améliorée.

Nous devons reconnaître que les menaces touchant la santé publique qui ne sont pas contrôlées partout dans le monde ont le potentiel de devenir très rapidement une menace pour la santé publique canadienne. Le soutien que nous apportons à d’autres pays pour renforcer la capacité mondiale de détection, de notification, de confinement et de traitement des menaces touchant la santé publique nous permet également d’établir des partenariats internationaux essentiels et d’acquérir un savoir-faire en matière d’intervention tout en protégeant activement nos propres intérêts.

Questions amicales

1. Comment le gouvernement est-il mieux à même d’intervenir en cas d’éclosion virale que par le passé? 

L’éclosion du SRAS de 2003 a mis en évidence les vulnérabilités mondiales dans la gestion des urgences de santé publique de portée internationale, notamment l’absence d’un cadre mondial de coordination ou de collaboration. Depuis cette éclosion, le Canada a réalisé de grands progrès en ce qui concerne la préparation aux menaces de santé publique et l’intervention face à celles-ci. Nous avons tiré des leçons non seulement du SRAS, mais également de la pandémie de grippe H1N1 en 2009 et, plus récemment, de l’éclosion d’Ebola en République démocratique du Congo.

Voici quelques améliorations importantes ayant été apportées :

  • La création de l’Agence de la santé publique du Canada afin de fournir un leadership clair au niveau fédéral lors d’une intervention.
  • La création d’un poste d’administrateur en chef de la santé publique (ACSP) qui fait figure d’autorité auprès de tous les Canadiens lors des événements de santé publique.
  • Une meilleure collaboration fédérale-provinciale-territoriale grâce à un réseau officiel d’experts de la santé publique, soit le Conseil du réseau de santé publique.
  • Une meilleure coordination au sein du gouvernement fédéral, notamment grâce à la création du Centre des opérations du gouvernement.
  • Des investissements accrus dans notre Laboratoire national de microbiologie, qui est reconnu à l’échelle internationale comme représentant un atout incroyable lors d’une éclosion de maladie infectieuse.

Par conséquent, le Canada est mieux outillé pour réagir à ce type d’événement de santé publique, car nous disposons désormais de plusieurs systèmes pour nous préparer à lutter contre de graves maladies infectieuses, pour les détecter et pour intervenir en vue de prévenir leur propagation au Canada.

2. Quelles mesures précises ont été prises pour faire face aux répercussions de ce virus sur la santé publique depuis que des cas ont été confirmés au Canada? 

Le gouvernement du Canada a travaillé avec les autorités sanitaires provinciales et territoriales sur les procédures de préparation. Celles-ci ont été déployées pour déterminer et limiter la propagation du virus :

  • Des protocoles FPT sont en place pour la surveillance et le signalement;
  • Les provinces et territoires, y compris les hôpitaux, mettent en œuvre des protocoles d’intervention pour être prêts;
  • Les experts FPT de la santé publique travaillent en étroite collaboration pour mettre à jour et élaborer un guide technique.

La coordination interministérielle est renforcée par le Centre des opérations du portefeuille de la Santé et le Centre des opérations du gouvernement.

Les mesures prises concernant les trois derniers cas montrent que nos efforts collectifs de préparation avec les provinces et territoires et les professionnels de la santé fonctionnent comme il se doit.

3. Que fait-on pour lutter contre la désinformation dans les médias et les médias sociaux en ligne?

Une stratégie de communication des risques efficace et proactive est un élément essentiel de notre intervention.

Il est important que nous rassurions les Canadiens en continuant à contrebalancer une partie du sensationnalisme des médias traditionnels et sociaux que nous constatons ici et à l’étranger. Parmi les mesures particulières que nous prenons, citons celles-ci :

  • L’ACSP en tant que principal porte-parole public avec des messages et des activités de communication coordonnés avec les provinces et territoires et les autorités de santé publique.
  • Des séances d’information technique à l’intention des médias (y compris la presse ethnoculturelle) ainsi qu’un engagement continu des intervenants et un partage des renseignements.
  • Mobilisation exhaustive sur les médias sociaux à travers de multiples comptes du gouvernement du Canada.
  • Un contenu Web centralisé sur canada.ca/coronavirus, y compris des conseils de santé aux voyageurs à jour sur voyage.gc.ca.
  • Des messages sur les écrans des aéroports, des fiches d’information pour les voyageurs qui reviennent au pays (en anglais, en français et en chinois simplifié).

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