Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Citrobacter spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Citrobacter spp.

SYNONYME OU RENVOI : Citrobacter amalonaticus, Citrobacter braakii, Citrobacter farmeri, Citrobacter freundii, Citrobacter koseri, Citrobacter sedlakii, Citrobacter werkmanii, Citrobacter Youngae, groupe Ballerup, groupe Bethesda, groupe Bethesda‑Ballerup Note de bas de page 1,Note de bas de page 2.

CARACTÉRISTIQUES : Les bactéries du genre Citrobacter font partie de la famille des Enterobacteriaceae; il s'agit de bacilles ou de coccobacilles Gram négatif et facultativement anaérobiques de 0,3 à 1 µm de diamètre et de 0,6 à 6 µm de long Note de bas de page 3  dont la mobilité est assurée par des flagelles péritrichesNote de bas de page 1 ,Note de bas de page 2 . Les bactéries du genre Citrobacter fermentent le mannitol et produisent du H2S gazeux; elles sont aussi capables d'utiliser le citrate de sodium comme unique source de carboneNote de bas de page 2 ,Note de bas de page 4 . Le genre peut être divisé en 43 sérogroupes O selon l'antigène O du lipopolysaccharide (LPS) et en 20 groupes selon la composition en sucres du LPS.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Les bactéries du genre Citrobacter sont des agents pathogènes nosocomiaux opportunistes raresNote de bas de page 5  qui entraînent normalement des infections des voies urinaires, des bactériémies, des sepsis abdominaux et des abcès cérébraux ainsi que des pneumonies et d'autres infections néonatalesNote de bas de page 6  comme la méningite, le sepsis néonatal, l'infection articulaire et la bactériémieNote de bas de page 7  Les infections du système nerveux central (SNC) sont plus courantes chez les nourrissons de moins de 2 mois que chez les enfants plus âgés et les adultes immunodéprimés; cependant, certains cas rares ont été signalés. C. koseri et C. ferundii causent des méningites néonatales pouvant évoluer vers l'abcès cérébralNote de bas de page 1 ,Note de bas de page 5 . Chez l'ensemble des patients, les infections à Citrobacter comportent un risque de mortalité de 33 à 48 % et, chez les nouveau‑nés, ce risque s'élève à 30 %Note de bas de page 6 ,Note de bas de page 7 . Les nourrissons ayant réussi à combattre l'infection pourront présenter des séquelles neurologiques importantes touchant le SNC; un retard mental profond, une hémiparésie et des convulsions sont entre autres possibles.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Comme le microorganisme fait partie de la flore intestinale normale, les infections à Citrobacter sont observées partout dans le monde Note de bas de page 1,Note de bas de page 5. Les nouveau‑nés (en particulier les nouveau‑nés prématurés) et les patients immunodéprimés, âgés ou présentant un terrain débilité sont davantage à risque de contracter l'infection Note de bas de page 4,Note de bas de page 7.

DOSE INFECTIEUSE : Environ 10UFC/ml Note de bas de page 8.

GAMME D'HÔTES : Humain, animaux et organismes aquatiques (poisson‑chat), entre autres Note de bas de page 2,Note de bas de page 9,Note de bas de page 10.

MODE DE TRANSMISSION : Les bactéries du genre Citrobacter peuvent se propager par contact direct avec les membres du personnel hospitalier, par transmission verticale de la mère à l'enfant ou par ingestion de matériel contaminé (voie fécale‑orale), mais la transmission directe entre humains demeure le mode de transmission le plus fréquentNote de bas de page 7 ,Note de bas de page 11 . Au Canada, une éclosion d'infections à Citrobacter a été associée à la consommation de persil contaminé par du purin de porcNote de bas de page 11 ; 8 infections des voies urinaires et 1 décès ont alors été observés.

PÉRIODE D'INCUBATION : Chez le nouveau‑né, l'infection peut apparaître entre quelques heures et 42 jours après la naissance Note de bas de page 7.

TRANSMISSIBILITÉ : La transmission directe entre humains est possible; cependant, la période d'infectiosité est inconnue.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Intestin de l'humain et des animaux, sol, eau, eaux usées et aliments Note de bas de page 7.

ZOONOSE : Aucune.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Les bactéries du genre Citrobacter sont sensibles aux aminosides, au chloramphénicol, à l'association imipénem/cilastatine, au triméthoprime et à l'association sulfaméthoxazole/triméthoprime Note de bas de page 7.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : Une résistance aux céphalosporines, à la ceftazidime, à l'association pipéracilline/tazobactam, aux pénicillines anti‑pseudomonas Note de bas de page 13, à l'ampicilline Note de bas de page 7, à la céfalotine Note de bas de page 3 et à la carbenicilline a été observée.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les désinfectants phénoliques, l'hypochlorite de sodium à 1 %, l'éthanol à 70 %, le formaldéhyde, le glutaraldéhyde, les iodophores et l'acide paracétique sont efficaces contre les bactéries du genre Citrobacter Note de bas de page 14. L'éthanol (0,41 M) Note de bas de page 15, les nettoyants à base de chlorhexidine Note de bas de page 16, les préparations d'hexachlorophène ou d'iodophores Note de bas de page 17 et l'eau de Javel Note de bas de page 16 peuvent aussi présenter une certaine efficacité.

INACTIVATION PHYSIQUE : L'exposition à une pression de 230 MPa pendant 15 minutes inactive 90 % des bactéries du genre Citrobacter Note de bas de page 18. Citrobacter spp. sont aussi sensibles au rayonnement UV, aux micro‑ondes, au rayonnement gamma, à la chaleur humide (121 °C pendant au moins 20 minutes) et à la chaleur sèche (165‑170 °C pendant 2 heures) Note de bas de page 19Note de bas de page 22.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Dans le sol et l'eau Note de bas de page 7.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l'apparition de symptômes. Les bactéries du genre Citrobacter peuvent être détectées par des méthodes sérologiques ou des méthodes moléculaires. Il est aussi possible d'avoir recours à l'analyse des empreintes génétiques obtenues par PCR afin de confirmer la transmission verticale de l'infection de la mère à l'enfant Note de bas de page 1. L'infection peut aussi être confirmée par d'autres méthodes bactériologiques et sérologiques Note de bas de page 3.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Administrer le traitement médicamenteux approprié.

IMMUNISATION : Aucune.

PROPHYLAXIE : Le traitement prophylactique consiste en l'administration d'antibiotiques comme l'amoxicilline et d'inhibiteurs des bêta‑lactamases Note de bas de page 23,Note de bas de page 24.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Aucun cas n'a jusqu'à présent été signalé.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Selles humaines Note de bas de page 1, abcès cérébraux Note de bas de page 7, liquides cérébraux Note de bas de page 25, souris de laboratoire Note de bas de page 26, yeux, urine, intestins, ombilic, pustules, mains Note de bas de page 7, sources environnementales (sol, eau) Note de bas de page 24.

DANGERS PRIMAIRES : Ingestion et inoculation parentérale accidentelle chez les travailleurs Note de bas de page 11.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 27.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure Note de bas de page 17.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 17.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer contenant l'agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE : Dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2010

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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