Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Clostridium tetani

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Clostridium tetani

SYNONYME OU RENVOI : TétanosNote de bas de page 1 ; trismusNote de bas de page 2 .

CARACTÉRISTIQUES : Clostridium tetani est une bactérie anaérobique, mobile et sporulée (spores terminales, aspect en baguettes de tambour) Note de bas de page 1, Note de bas de page 2 apparaissant sous sa forme végétative comme un bacille pléomorphe en paires ou en chaînettes courtes Note de bas de page 1. Les cultures jeunes présentent une coloration de Gram positive, tandis que la forme sporulée est Gram négatif Note de bas de page 1. Clostridium tetani est catalase négative et superoxyde dismutase négative, et il produit une neurotoxine puissante, la tétanospasmine (TeNT), qui dégrade les protéines SNARE nécessaires à la neurotransmission GABAergique Note de bas de page 1.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Le tétanos, dont l’agent étiologique est C. tetani, peut se manifester selon quatre tableaux cliniques : 1) tétanos localisé au site de la lésion, 2) tétanos céphalique consécutif à un traumatisme crânien ou à une infection, 3) tétanos généralisé, qui est la forme la plus courante (80 % des cas) et 4) tétanos néonatal, qui se produit chez les nourrissons de moins de 28 jours à la suite d’une infection du moignon ombilical Note de bas de page 3.

C. tetani colonise les petites plaies bénignes, comme les plaies perforantes causées par des échardes, et il libère la TeNT au siège de la lésion. La toxine atteint rapidement le système nerveux central (SNC) par transport rétrograde et bloque l’inhibition postsynaptique des réflexes moteurs spinaux, ce qui entraîne une contraction spasmodique prolongée des muscles squelettiques Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. Les premiers muscles touchés sont les masséters et les muscles du cou, ce qui se manifeste par une rigidité cervicale et une constriction des mâchoires (trismus) Note de bas de page 2, Note de bas de page 3. Une contraction spasmodique généralisée des muscles de la déglutition, des muscles respiratoires ou des muscles dorsaux (opisthotonos : posture caractéristique du corps) pourra ensuite être observée Note de bas de page 2 de même que, parfois, une insuffisance rénale attribuable à la rigidité musculaire Note de bas de page 3. Le décès est consécutif à un état d’épuisement, à une insuffisance respiratoire ou à un arrêt cardiaque Note de bas de page 2.

ÉPIDÉMIOLOGIE : L’incidence du tétanos dans les pays développés est faible, et le recul de cette maladie est attribuable à l’efficacité des programmes de vaccinationNote de bas de page 3 ,Note de bas de page 4 . Selon les données publiées par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, on a dénombré 0,10 cas par million d’habitants parmi la population générale entre 2001 et 2008, contre 0,23 cas par million d’habitants chez les personnes de 65 ans et plus. Le taux de létalité s’élevait à 13,2 % dans la population générale et à 31,3 % chez les 65 ans et plusNote de bas de page 4 . À l’échelle mondiale, un million de cas de tétanos et environ 300 000 à 500 000 décès sont recensés annuellementNote de bas de page 4 . Au Canada, entre 1980 et 2004, le nombre de cas signalés annuellement se situait entre 1 et 10 (moyenne de 4)Note de bas de page 5 ; aucune infection n’a été signalée chez les nouveau-nésNote de bas de page 5 . Au cours de la même période, seulement 5 décès dus au tétanos ont été déclarésNote de bas de page 5 . Le tétanos est cependant encore très répandu dans les pays en développement, où l’on observe des taux de létalité dépassant 50 %Note de bas de page 3 ; en 2008, dans ces pays, le tétanos néonatal en particulier a entraîné 59 000 décèsNote de bas de page 4 .

GAMME D'HÔTES : Humain, animaux domestiques et sauvages Note de bas de page 2, Note de bas de page 6.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : Contamination des plaies par des corps étrangers ou un sol contaminés par des spores de C. tetani Note de bas de page 2, Note de bas de page 7.

PÉRIODE D'INCUBATION : De 1 à 60 joursNote de bas de page 3 . La durée de la période d’incubation dépend de la distance séparant le siège de la plaie et le système nerveux central; les plaies situées à proximité des structures du SNC sont associées à de courtes périodes d’incubation Note de bas de page 2 .

TRANSMISSIBILITÉ : Aucune transmission directe entre humains.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Sol, matières fécales, eaux usées, sédiments marins, flore microbienne endogène de l’humain (voies digestives basses) Note de bas de page 1, Note de bas de page 7. Les spores de C. tetani peuvent survivre dans le sol pendant de nombreuses années Note de bas de page 2.

ZOONOSE : Même si l’atteinte peut être observée chez l’humain et chez l’animal, aucune donnée ne permet de croire qu’il y a transmission interespèces directe. La transmission indirecte du pathogène par contact avec des matières fécales ou des tissus animaux en décomposition contaminés est cependant possible Note de bas de page 6.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Quarante-cinq isolats de C. tetani obtenus à partir de prélèvements de plaies de patients atteints de tétanos à l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, étaient sensibles à la pénicilline et au métronidazole mais résistants au co-trimoxazoleNote de bas de page 7 ; on a cependant observé que C. tetani pouvait survivre dans les plaies de patients en dépit d’un traitement de deux semaines par des doses élevées de pénicillineNote de bas de page 4 . Un débridement adéquat des plaies est essentiel chez les patients atteints du tétanosNote de bas de page 4 .

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les spores sont résistantes à la plupart des désinfectants et, en cas de sensibilité, leur inactivation nécessite l’emploi de temps de contact prolongés Note de bas de page 2, Note de bas de page 8.

Les spores de Clostridium spp., en particulier, sont résistantes aux alcools éthyliques et propyliquesNote de bas de page 8 ; elles sont cependant sensibles à un contact de 3 heures avec des désinfectants de haut niveau comme le glutaraldéhyde à 2 % en solution aqueuse, au formaldéhyde à 8 % et à l’hypochlorite de sodium à 20 ppm (% poids/volume)Note de bas de page 8 ,Note de bas de page 9 .

INACTIVATION PHYSIQUE : Les spores produites par les bactéries du genre Clostridium sont généralement résistantes à la chaleur, tandis que l’entérotoxine, thermolabile, peut être inactivée par une exposition à une température de 60 °C pendant 5 minutes. La forme végétative peut quant à elle être rapidement inactivée par une exposition à la chaleur sèche (160 à 170 °C pendant 1 à 2 heures) ou à la chaleur humide (121 °C pendant 15 à 30 minutes) Note de bas de page 10.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Les spores peuvent survivre dans le sol pendant de nombreuses années Note de bas de page 2.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Le diagnostic repose principalement sur le tableau clinique (raideur musculaire, spasmes, trismus) Note de bas de page 3. Les cultures cellulaires et les tests de détection de la toxine ne présentent pas le même intérêt Note de bas de page 2.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Le traitement du tétanos consiste en l’administration d’immunoglobulines antitétaniques (TIg) humaines, qui peuvent neutraliser la toxine libre, mais qui n’ont aucun effet sur la toxine déjà fixée sur les neurones Note de bas de page 2, Note de bas de page 3. Le recours à de fortes doses de TIg intrathécales a été décrit comme étant d’une efficacité supérieure aux TIg intramusculaires quant à la réduction de la mortalité Note de bas de page 3. Le débridement adéquat des plaies est aussi nécessaire puisqu’il permet d’éliminer les spores et les tissus nécrosés dans lesquels la bactérie pourrait continuer à proliférer Note de bas de page 4, Note de bas de page 7. La prise en charge du tétanos requiert par ailleurs une immunisation active par l’administration de trois doses des anatoxines diphtérique et tétanique réalisée dès le diagnostic Note de bas de page 4.

IMMUNISATION : La vaccination antitétanique prend la forme d’un vaccin combiné contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (DCaT) Note de bas de page 11 qui est administré en association avec le vaccin contre la poliomyélite et Haemophilus b (DCaT-VPI-Hib) aux âges de 2, 4, 6 et 18 mois Note de bas de page 11, Note de bas de page 12. Une dose de rappel du vaccin DCaT-VPI est aussi administrée entre les âges de 4 et de 6 ans Note de bas de page 11. Par la suite, les recommandations prévoient l’administration d’une dose de rappel tous les 10 ans, à partir de la dernière vaccination infantile. Une dose de rappel unique du vaccin dcaT (Boostrix®) peut aussi être administrée pour prévenir la diphtérie, le tétanos et la coqueluche dès l’âge de 4 ans en Europe et au Canada et dès l’âge de 10 ans en Australie, de même que chez les adolescents de 10 à 18 ans aux États-Unis Note de bas de page 13. Ce vaccin contient les mêmes anatoxines que le vaccin DCaT employé pour l’immunisation primaire, mais à des doses réduites, de manière à prévenir l’accroissement de la réponse immunitaire associé à l’administration de doses consécutives Note de bas de page 13.

PROPHYLAXIE : Les immunoglobulines antitétaniques (TIg) humaines peuvent être employées en tant que traitement prophylactique chez les patients présentant des plaies à risque de tétanos Note de bas de page 2. De la pénicilline peut aussi être administrée en association avec les TIg en présence de plaies graves ou négligées Note de bas de page 2.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Trois cas de tétanos ont été signalés chez le personnel de laboratoire Note de bas de page 14.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Sol Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, exsudats de plaies Note de bas de page 7.

DANGERS PRIMAIRES : Inoculation parentérale accidentelle et ingestion de la toxine. Les dangers associés aux aérosols et aux gouttelettes ne sont pas confirmés Note de bas de page 15.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 16.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 17.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 17.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches dûment étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Janvier 2017

PRÉPARÉE PAR : Centre de la biosûreté, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés ©
Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

Détails de la page

Date de modification :